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AVANT-PROPOS

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Table des matières

Cet ouvrage est écrit pour les hommes de cheval et pour tous les penseurs qui s’intéressent aux faits et gestes du Roi des Solipèdes.

Quant à ceux qui, se servant de ce noble animal comme d’une machine, ne se donnent pas la fatigue de réfléchir, je les préviens qu’ils peuvent fermer mon livre: il est incompréhensible pour eux.

La seule étude du même genre digne de captiver leur esprit reste encore à faire; elle pourrait s’intituler: Psychologie d’un automobile.

L’automobile, en effet, voudrait devenir le roi du jour.

Rien ne peut arrêter l’audace des novateurs. On en trouve déjà sonnant à pleins poumons l’hallali du cheval. N’a-t-on pas récemment — que deviens-tu, ô esthétique! — inventé l’hippo moteur?

Quelle belle chose que le progrès!!!

Aussi, par ces temps de machinisme à outrance, nombre de personnes considèrent-elles le cheval comme un simple «moteur à avoine». Bien mieux encore: sous le fallacieux prétexte que, parfois chemin faisant,

«Aux petits des oiseaux il donne la pâture»,

certains automobilistes ne désignent le noble animal que sous l’appellation gratuitement blessante de «moteur à.....», — ma plume se cabre devant la crudité du mot.

MOTEUR A AVOINE.

Cliché du Sport universel illustré.


Rivalisé, par Fred Archer.

PRIX EXTRAORDINAIRE DE LA 1re CLASSE,

CONCOURS HIPPIQUE DE PARIS 1901,

A M. DE S.....

Ils oublient, les ingrats,

«Que sa bonté s’étend sur notre agriculture.»

«VOITURES DU DIABLE.»

Ces railleurs seraient-ils des êtres éthérés? Leurs gracieux «teufs-teufs» distilleraient-ils de l’essence de roses?.....

Dessin de H. Doldier.


Sans nul doute, ces spirituels chauffeurs se servent du cheval et l’aiment à la façon d’un automobile. Ignoreraient-ils donc l’opinion du brave animal sur leur machine? Il la définit ainsi dans son secret langage: «Voiture puante, laide à faire peur et poussée par le diable en personne.»

Voilà comment le fier bucéphale se dédommage des plaisanteries qui, d’ailleurs, ne lui viennent pas jusqu’à la couronne.

Voyez dans les allées du Bois galoper nos brillants sportsmen!! Admirez les luxueux équipages qui volent vers Auteuil ou Longchamps! Suivez sur un hippodrome la course d’un grand prix! Ou bien encore, regardez sur le terrain de manœuvres un régiment de cavalerie à la charge! Quel être humain resterait insensible à ces spectacles?

Ne vous souvient-il pas des acclamations enthousiastes de la foule, saluant au passage, dans une imposante revue, l’impétueux torrent de nombreux escadrons et le tonnerre roulant de nos chars à mitraille?....

Quant à vous, «teufs-teufs» parfumés, vous avez beau reluire, et, rapides comme l’éclair «apparaître en une disparition » ; on a beau vous fleurir!

Malgré les prestigieux effets de casquettes et de lunettes de vos conducteurs, vous ne donnez pas le frisson. Personne n’est empoigné..... On sent trop qu’il vous manque cette chose que ne saurait créer le génie des inventeurs: la vie, l’âme.

Roulez! chauffeurs suaves! Grisez-vous de poussière et d’espace! Avec votre mécanique vous ne connaitrez jamais les enivrements de la charge.

LES ENIVREMENTS DE LA CHARGE.

Dessin de H. Doldier.


Vous élevez l’automobilisme à la hauteur d’un sport; sport, je le veux bien, mais ce sport ne rappelle-t-il pas un peu trop celui de l’Orient-Express ou de la Malle des Indes?.... vitesse et confortable en moins.

Lorsque votre dada à roulettes reste en panne dans la campagne, — cela se voit, dit-on, — bienheureux n’êtes-vous pas de trouver pour vous remorquer à la ville l’humble cheval de labour, gagne-pain du paysan?

Dessin de H. Doldier


«ON A SOUVENT BESOIN D’UN moins vite QUE SOI.»

Alors lentement cheminant, vous pouvez méditer ces paroles du sage:

«On a souvent besoin d’un moins vite que soi.»

On reproche au cheval de faire trop de victimes. Saura-t-on jamais à combien de cavaliers il a sauvé la vie? Est-on sûr que les accidents soient toujours dus à l’impéritie de l’animal?...

Patience! Attendons quelques années.

Les «teufs-teufs» ont battu le cheval dans le record de la vitesse; ils le battront bientôt dans le record des accidents. En peut-il être autrement avec un cheval deux fois borgne et qui fait du 50 et même du 80 kilomètres à l’heure?

Dessin de H. Doldier.


SAURA-T-ON JAMAIS A COMBIEN DE CAVALIERS IL A SAUVÉ LA VIE?

On blâme l’animal pour son indocilité, espère-t-on mieux domestiquer l’aveugle matière?

Me permettrai-je encore une remarque? Tout le monde peut monter à «teuf-teuf» ; ils forment une élite ceux qui osent enfourcher un vrai cheval, un joli destrier plein de fougue et d’ardeur.

Quelle grâce fière chez l’orgueilleux animal! quelle démarche noble et quelle agilité !....

Quand ce coursier galope, il semble avoir des ailes......

Allons, Messieurs les Automobilistes, nos chevaux ont droit au respect, ne les injuriez pas; ou l’aventure de certain renard reviendrait à l’esprit:

«Ils sont trop verls.....»,

nous feriez-vous dire.

Avouez-le donc franchement! le noble coursier vous porte ombrage; vos pneus en crèvent de rage.....

Le cheval transfigure l’homme qui le monte, l’amazone gracieuse réalise la sylphide. Le reluisant «teuf-touf» a-t-il cette vertu magique?....

Dessin de H Doldier.


L’ÉQUITATION EST UN ART; L’AUTOMOBILISME N’EST QUE DU ROULAGE.

Examinez donc la situation froidement, sans parti pris, et ne comparez pas des choses qui ne sont pas comparables: l’Equitation est un art; l’Automobilisme n’est que du roulage. Pour jouer de l’orgue de barbarie, il suffit d’un manœuvre; le violon exige un artiste.

La traction mécanique soulagera le cheval dans son office, mais ne le remplacera jamais.

Est-il une fête automobile qui se puisse comparer à l’un de nos carrousels militaires? Verra-t-on longtemps tout ce que Paris compte d’illustre dans la politique, les arts, les lettres, etc., etc... parader aux Courses et au Bois en automobile?

Non certes! le Tout Paris qui brille ou veut briller, le Tout Paris qui cherche à plaire préférera encore à l’utile «teuf-teuf» le cheval superbe et divin, notre «plus noble conquête». Même dans notre pays sillonné de belles routes, on pourra restreindre les services du glorieux solipède: attelé ou monté, il restera l’aristocratique emblème de l’élégance. Entre les jambes de l’homme, le cheval sera partout et toujours un merveilleux instrument de guerre, la première arme du cavalier, la plus belle moitié de ce Centaure.

Humble destrier, généreux compagnon, toi aussi, tu contribueras puissamment à ramener la victoire sous les plis de nos étendards en deuil; la France te devra de nouveaux jours de gloire.

La fin du cheval ne viendra qu’avec la fin du Beau et le règne du Beau n’est pas près de finir

Cliché du Sport universel illustré.



CE QUE NE DÉTRÔNERONT PAS LES «AUTOS». — AU BOIS, LE TANDEM DU COMTE DE L.....

Cliché du Sport universel illustré.


L'âme du cheval

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