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SCÈNE VII
ОглавлениеL’INTENDANT, d’une voix mal assurée.
Nous... nous te cherchions, César.
CALIGULA, d’une voix brève et changée.
Je vois.
L’INTENDANT
Nous... c’est-à-dire...
CALIGULA, brutalement.
Qu’est-ce que vous voulez?
L’INTENDANT
Nous étions inquiets, César.
CALIGULA, s’avançant vers lui.
De quel droit?
L’INTENDANT
Eh! heu... (Soudain inspiré et très vite.) Enfin, de toute façon, tu sais que tu as à régler quelques questions concernant le Trésor public.
CALIGULA, pris d’un rire inextinguible.
Le Trésor? Mais c’est vrai, voyons, le Trésor, c’est capital.
L’INTENDANT
Certes, César.
CALIGULA, toujours riant, à Cæsonia.
N’est-ce pas, ma chère, c’est très important, le Trésor?
CÆSONIA
Non, Caligula, c’est une question secondaire.
CALIGULA
Mais c’est que tu n’y connais rien. Le Trésor est d’un intérêt puissant. Tout est important: les finances, la moralité publique, la politique extérieure, l’approvisionnement de l’armée et les lois agraires! Tout est capital, te dis-je. Tout est sur le même pied: la grandeur de Rome et tes crises d’arthritisme. Ah! je vais m’occuper de tout cela. Ecoute-moi un peu, intendant.
L’INTENDANT
Nous t’écoutons.
Les patriciens s’avancent.
CALIGULA
Tu m’es fidèle, n’est-ce pas?
L’INTENDANT, d’un ton de reproche.
César!
CALIGULA
Eh bien, j’ai un plan à te soumettre. Nous allons bouleverser l’économie politique en deux temps. Je te l’expliquerai, intendant... quand les patriciens seront sortis.
Les patriciens sortent.