Читать книгу Essai sur la restauration des anciennes estampes et des livres rares - Alfred Bonnardot - Страница 3

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Je résolus en 1838 de réunir un grand nombre d’estampes relatives aux anciens monuments et aux événements historiques de la ville de Paris; or ces estampes, moins remarquables en général par l’art que sous le rapport de l’intérêt historique, se présentaient souvent à moi sous une apparence bien pitoyable, ce qui m’imposa la nécessité de m’exercer dans un art nouveau. Il me répugnait de confier une pièce rare aux mains peu artistiques de messieurs les encadreurs-vitriers, qui ont la prétention d’avoir réparé une estampe quand ils vous la rendent blanche comme neige avec le noir d’impression tourné au gris (). C’est un acte de vandalisme emprunté au goût froid et stupide de ces badigeonneurs modernes qui barbouillent de chaux ou de terre à poêle nos vénérables cathédrales. Il faut désenfumer, éclaircir au besoin les vieilles estampes, mais leur conserver, s’il est possible, cette légère teinte jaune qui fait ressortir la beauté de l’épreuve et la finesse du burin.

Donc, pour échapper aux vitriers, j’entrepris d’appliquer à la conservation des gravures les leçons de physique et de chimie puisées en 1829 aux cours de MM. Thénard et Gay-Lussac. Après avoir souvent, pendant six ans, renouvelé mes expériences, j’en rédigeai par écrit le résultat, afin d’en faire part à mes amis et collègues en collections. Puis l’idée me vint qu’il y aurait plus de générosité, plus d’amour pour l’art et les reliques historiques, à communiquer au public les procédés que m’avaient révélés mes recherches, mes souvenirs ou le hasard.

Cet opuscule semblera peut-être incomplet aux connaisseurs expérimentés: un habile chimiste pourra le refaire un jour avec un succès qui réduira mes efforts à une simple tentative; aussi je me borne à réclamer l’honneur du premier pas, et l’indulgence du lecteur en faveur d’une idée utile et désintéressée en ce sens qu’en dévoilant mes procédés à tous mes rivaux, je me prive de l’heureuse chance d’acheter à bas prix des pièces fort curieuses, mais si dégradées, mais en apparence si hideuses sous les taches, les rides et les lacérations, qui les défigurent, que nul n’aurait eu l’idée de me les disputer vivement.

Mon but est donc de contribuer, et cela à mon propre désavantage, à retarder, a prévenir la ruine de ces petits monuments de l’histoire et de l’art, si généralement mal appréciés il y a dix ans, et devenus aujourd’hui rares et recherchés.

Je déclare, avant d’entrer en matière, que je n’ai pu tirer aucun parti de quelques notes incomplètes publiées à ce sujet au siècle dernier d’après des renseignements en général assez ineptes (la chimie n’existant pas encore) et disséminées au milieu d’une quantité de recettes de tout genre. Je signalerai, par exemple, le Dictionnaire économique de Noël Chomel, 1732, 2 vol. in-folio. Je citerai dans le cours de cet ouvrage deux ou trois notes tirées de ce dictionnaire, uniquement pour prouver le peu de ressources qu’il renferme, au moins pour la partie qui nous occupe.

J’ai puisé mes procédés chimiques dans les ouvrages les plus modernes, qui les indiquent rarement, mais mettent sur la voie pour les trouver. Quant à la partie que je nommerai manipulative, je la traite uniquement d’après mes propres essais, éclairés quelquefois des conseils de mes amis. Je pense que cet opuscule, tel qu’il est, pourra être jugé neuf et susceptible de quelque utilité.

Essai sur la restauration des anciennes estampes et des livres rares

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