Читать книгу Les primeurs de la vie - Anaïs de Bassanville - Страница 3
AVANT-PROPOS.
Оглавление«Les primeurs de la vie,
» Jusque dans nos vieux jours,
» A notre âme ravie
» Se rappellent toujours.»
FRÉDÉRIC DE COURCY.
En mettant sous vos yeux, mes jeunes lecteurs, des événements imprévus venant marquer de leur sceau les divers débuts dans la vie des héros que j’ai choisis pour vous être donnés comme exemple, je n’ai fait qu’ouvrir devant moi le grand livre de l’expérience; — tout ce que je vous ai dit est vrai; et ce ne sont pas, hélas! les tableaux les plus tristes que j’ai offerts à vos yeux innocents. — «Nul défaut ne saurait être petit,» disait un ancien philosophe; —il en est de même de nos actions; nulle ne saurait être faite à la légère, même celles qui nous paraissent devoir être le plus indifférentes.
Écoutez donc pour vous servir d’expérience les douces leçons de votre mère, puisez vos forces dans les saintes joies de la famille, et à l’abri des dures leçons de l’adversité, vous marcherez sans danger au combat sous ce bouclier sacré.
La vie, hélas! se partage en deux moitiés: — l’une pleine d’espérances qui ne doivent pas se réaliser, — l’autre livrée aux regrets du bonheur que nous n’avons pas su apprécier alors qu’il était en notre possession. — Mais ce qui nous a trouvés indifférents à une époque qui n’est plus prend sa magie dans le passé, car l’espérance et le souvenir ont le même charme et le même prestige — : l’éloignement. —Je ne veux pas dire pourtant que la jeunesse n’ait pas ses peines, et peines d’autant plus vives qu’elle sent toujours les avoir méritées, car sa conscience est un juge impartial et intègre qui lui dit encore la vérité ; peines aussi qui lui semblent d’autant plus amères, qu’elle se croit en droit de demander beaucoup à la vie; et cela parce qu’elle prend ses désirs pour des promesses, ses espérances pour une dette contractée par Dieu envers elle, dette qui devra lui être remboursée tôt ou tard!...
Mais vous avez tant de force en vous, mes jeunes amis, que vos peines elles-mêmes ont encore du charme et de la poésie, et que vivre seulement est sentir pour vous du bonheur. En un mot, vous êtes à l’âge où l’on a le plus de noblesse et de grandeur, à l’âge où les croyances sont vives et la foi ardente, à l’âge enfin où, avec une bonne conduite, le bonheur présent est complet et l’avenir peut conduire à tout.
Conservez donc bien précieusement, et le plus longtemps qu’il vous sera possible, cette fleur divine appelée jeunesse. Rejetez bien loin de vous celte plaie du siècle qui tend à vieillir même l’enfance. Étrange aveuglement que de vouloir ainsi user sa vie! que de secouer l’arbre en fleurs pour lui faireporter plus tôt des fruits sans saveur, surtout quand ces fleurs sont si fraîches et si parfumées, et surtout quand, d’elles-mêmes, elles doivent tomber si vite!
Effeuillez donc brin à brin, et en leur donnant à toutes un souvenir d’amour et de regret, ces fleurs de votre bouquet de jeunesse, dont les primeurs sont si douces, et dont quelquefois les fruits mûrs sont si amers! Semez pour l’avenir, chaque jour l’amène avec lui; et faites ainsi que dans votre vieillesse vous retrouviez encore quelques rameaux fleuris à la couronne que vous auront tressée et vos vertus et vos bienfaits.