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Оглавление12 - Connais Ton Ennemi
Le lendemain matin, Jake et Tess prirent un petit-déjeuner puis se rendirent à pied à la Biblioteca Nazionale Vittorio Emanuele III, la bibliothèque principale de Naples. La bibliothèque, occupant l'aile est du Palazzo Reale construit au XVIIIème siècle, était un chef-dâÅuvre d'art et d'architecture royale.
Jake expliqua. « En termes purement quantitatifs, c'est la troisième plus grande bibliothèque d'Italie après les bibliothèques nationales de Rome et de Florence. Elle compte 1.480.747 volumes imprimés, 319.187 brochures, 18.415 manuscrits, plus de 8.000 journaux, 4.500 incunables et les 1.800 papyrus d'Herculanum. »
Tess réalisa alors que le goût de Jake pour les faits, chiffres et une incroyable connaissance de l'histoire relevait plus que du simple enthousiasme.
« Je me demande si je devrais être impressionnée ou inquiète. Ou peut-être que tu plaisantes. »
Jake sourit. « Désolé. J'ai une mémoire eidétique, et je me souviens de tout.
â Tout ? S'exclama Tess. Jake haussa les épaules : La moindre petite pépite d'information : expériences, impressions, visages, faits, chiffres.
â J'espère que c'est une bonne chose. »
Ils étaient à la bibliothèque pour effectuer des recherches sur la ville d'Istanbul. Le larbin du général en Irak leur avait fourni une adresse. En supposant que l'information était fiable, ils devaient localiser l'endroit et se faire une idée des environs. Ils avaient aussi besoin de développer une stratégie. Ils recherchèrent donc toute information pouvant être utile : données, chiffres, cartes. Jake n'eut pas besoin de photocopies. Il mémorisa tout.
Puis il présenta brièvement la situation. « Supposons qu'on retrouve Amir, il ne va pas nous donner la fille de Kejal sans rechigner. L'autre complication réside dans le fait que, en Turquie, Amir n'a enfreint aucune loi, ça ne sera donc pas utile de se rendre à la police. Au contraire, cela risque de soulever beaucoup de questions de la part des autorités locales. »
Jake se connecta à la base de données de la CIA qui contenait les profils des Irakiens les plus importants et y trouva le dossier d'Amir Alkan al-Saadi. Le dossier révéla qu'ils avaient affaire à un adversaire redoutable.
Amir avait fréquenté la British Royal Military Sandhurst Academy, s'étant ainsi préparé à devenir un officier de l'armée ; il reçut son diplôme avec les honneurs. Il poursuivit ses études à l'Université de Cambridge, où il reçut son diplôme également avec les honneurs.
Son ascension au sein de l'armée irakienne fut fulgurante. Il fut décoré pour avoir dirigé une brigade dans le conflit irako-iranien, l'un des plus sanglants du siècle.
En termes de tactiques utilisées, cette guerre avait été comparable à la première guerre mondiale. Les deux fronts avaient eu recours à de longues guerres de tranchées, avec barbelés, postes de mitrailleurs, charges à la baïonnette et vagues d'attaques de soldats entre les deux fronts.
Les combattants firent également usage d'armes chimiques comme le gaz moutarde, utilisé par les Irakiens contre les troupes iraniennes. Les Iraniens répliquèrent de même.
Un autre fait d'armes fit état d'Amir, alors colonel, commandant une brigade de chars de la Garde Républicaine pendant la guerre du Golfe. Il était l'un des rares survivants après que son unité fut anéantie par les Américains.
Considéré comme un haut-gradé important de l'armée irakienne, Amir sut se tenir à l'écart de Saddam Hussein en ne rejoignant pas son premier cercle.
Jake se gratta la tête. « Câest un type coriace, rusé, compétent et expérimenté, pour ne pas mentionner impitoyable. Je ne vois pas comment le convaincre de relâcher cette enfant si elle est encore en vie. »
Tess, revivant les quelques heures passées avec Amir, sembla perdre confiance. « Toutes les chances sont de son côté. Il doit y avoir un moyen pourtant. »
Jake poursuivit sa lecture. « Il semble qu'il n'ait aucune intention de rentrer de sitôt en Irak. Il attendra probablement que la guerre soit finie et que les choses se soient calmées.
â Je pense qu'il peut se le permettre. Je lis ici que la fortune familiale est ancienne, qu'il possède plusieurs maisons en Europe et qu'il a sûrement des contacts un peu partout. Il m'a également dit que des membres de sa famille avait tenu des postes diplomatiques importants depuis l'époque de l'Empire Ottoman. »
Jake repoussa sa chaise et croisa les mains. « En supposant qu'on le retrouve, nous pourrons peut-être le persuader d'une façon ou d'une autre en lui offrant une carotte en échange de la fillette. » Tess se détourna un instant de l'ordinateur. « Qu'entends-tu par carotte ?
â Je suis certain que les alliés et le nouveau gouvernement irakien voudront arrêter les hommes de Saddam pour qu'ils répondent de leurs atrocités envers leur propre peuple. Je peux peut-être mettre au point une promesse d'immunité s'il coopère.
â Si tes contacts peuvent nous faire ça, en effet cela pourrait marcher, observa Tess, mais je me souviens qu'il avait bien fait attention de se tenir à l'écart des actes par trop répréhensibles du camp de Saddam. Il se peut qu'il ne se sente pas menacé puisqu'il n'a rien fait de mal.
â As-tu mentionné qu'il avait été impliqué dans le gazage des Kurdes ? Jake demanda. Ãa peut servir de levier. »
Tess fut prise d'une vague de tristesse à la pensée de Kejal qui s'était sacrifiée pour l'aider à retrouver la liberté. « La mère de cette petite fille est morte ; et tout dépend de notre capacité à prouver sa participation à ce massacre, et si même il s'en sent coupable.
â Beaucoup de 'si", observa Jake, mais c'est le seul atout dont on dispose. »
Tess se leva. « Allons à Istanbul et, de là , on avisera. »
Jake se déconnecta de l'ordinateur et remarqua qu'il leur fallait un plan plus solide. « Quel genre de plan ? Je n'en ai aucune idée. » Ils quittèrent la bibliothèque en silence.
Sur le chemin du retour vers l'hôtel, Jake demanda : « As-tu pensé à ce qui adviendrait de cette enfant si on parvient à la libérer ? » Tess s'arrêta. « Non. Je n'ai pas encore réfléchi à ça. »