Читать книгу L'odeur de lavande et la cuisine du soleil - Anna Konyev - Страница 9

Chapitre 2. Si vous aimez vraiment la nature, vous trouverez la beauté partout. Vincent Van Gogh

Aujourd'hui, il pleuvait depuis le matin, et le ciel était couvert d'un lourd voile gris de mauvaise humeur et de tristesse. Nous étions encore sous les draps de soie doux, et de grosses gouttes de pluie tombaient sur le verre, comme s’ils battaient les tambours pendant un défilé militaire. La sensation de détachement complet du monde et d'unité avec la mère nature m'ont fait me réveiller et commencer une nouvelle journée. Ayant ouvert les fenêtres de la chambre et de la terrasse, j'ai ressenti soudain un puissant courant d'air frais, j'avais envie de respirer profondément, facilement, en jouissant de chaque gorgée d'air provençal. La nature semblait se réveiller d'un sommeil éternel, les pins remplissaient la terrasse d'une odeur magique d'aiguilles, les buissons luxuriants de lavande et de jasmin s'étaient fondus dans un seul parfum de fraîcheur d'été, avec une note douce et presque invisible de miel. Tout dans la nature était pressé de vivre, de grandir, de prendre de la force pour une nouvelle vie et de changer les anciennes couleurs en nouvelles. Après avoir profité de la fraîcheur du matin et avoir aéré la tête, je suis allée préparer du café frais. L'odeur des grains de café moulus réveillait du sommeil et motivait pour le début d'une nouvelle journée d'été en Provence.

Le goût du café a éveillé mon appétit et j'ai tout d'un coup eu envie de manger des toasts de blé tiède avec du fromage de chèvre maison, de la confiture de fraises, acheté par mon „Français“ au marché du matin à Sainte-Maxime dès le premier jour de notre voyage en Provence. Je suis allée à la cuisine pour faire un petit-déjeuner français, et mon amoureux a essayé de dissiper le découragement du matin avec un plan d’organisation de cette journée de pluie. Il y avait des arômes de pain frais et chaud dans la cuisine, en combinaison avec le fromage de chèvre épicé, le miel et la confiture de fraises. Les fruits frais étaient parfaits pour le toast: raisins blancs, figues bleues foncées et bien sûr des fraises fraîches et parfumées, qui ont reçu du jus sucré et un arôme délicat dans le jardin de la famille Duran.

Le petit déjeuner était presque prêt: le fromage fondait sur les croûtons chauds et croustillants, du café noir était préparé dans la cafetière, même l'odeur du lait frais semblait un peu différente de celle de la maison. Mon „Français“ préféré a essayé de couper une figue en deux, mais elle était si mûre qu'elle a explosé par un simple coup de couteau. De petites graines de fraise croquaient sous la dent, et dans la bouche il y avait un long arrière-goût de fraîcheur fruitée et de notes de miel. Gorgée par gorgée, nous avons semblé reprendre la vie, le monde autour de nous a repris des couleurs vives, les couleurs et les nuances se sont mélangées, la vie a pris du sens, et le sentiment de bénédiction a rempli l'âme. Au petit-déjeuner, nous avons décidé de passer une journée dans la nature, de nous plonger dans sa magie et d’oublier pendant au moins un jour tous les problèmes de la vie, de nous cacher de l'anxiété et de purifier notre âme dans l'unité divine avec le monde qui nous entourait. Notre choix s'est porté sur une visite de Camargue, une région naturelle française située au bord de la mer Méditerranée. C'est un paradis terrestre au coeur de la Provence dont tous les Français rêvent depuis l'enfance, l’endroit qui a beaucoup de légendes, chansons et des rites folkloriques. Nous avons apprécié à plusieurs reprises les histoires incroyables de la famille Duran sur le lieu pittoresque qu'ils ont aimé depuis sa première visite et ont essayé de visiter chaque année. L’oasis de la combinaison magique de la flore et de la faune terrestre, d'une nature sauvage et intacte, et de l'abondance du monde animal du fabuleux „Royaume de Provence“.

Nous nous sommes habillés le plus confortablement et le plus simplement possible, avons récupéré nos sacs à dos de randonnée, avons pris des maillots de bain et des chaussures remplaçables, et sommes partis sur la côte Méditerranée. La petite pluie frappait sur le pare-brise, et le soleil jouait à cache-cache avec nous. Il se cachait derrière les nuages sombres, puis illuminait le ciel, et nous caressait par ses rayons chauds. Les collisions dans la nature avaient leur propre charme, le changement de décors faisait penser et analyser. J'ai tout d'un coup pensé à des histoires bibliques, un grand déluge et l’Arche de Noé. Pour un instant, j'ai imaginé un nouveau monde, des animaux et des gens qui se sont sauvés et, bien sûr, le pigeon blanc, le premier à voir la terre promise, qui a quitté l’Arche et y revenu avec une branche verte dans le bec, qui était le symbole du début d'une nouvelle et meilleure vie. J'aimerais peutêtre aussi être sur l'arche, face à quelque chose de nouveau, plonger dans une atmosphère d'idylle et découvrir un monde magique d'illusions, de peintures brillantes et de toute sorte d'abondance de richesses naturelles.

Après avoir parcouru plusieurs centaines de kilomètres, le temps a commencé à changer, la pluie a fini, les nuages se sont disséminés parmi des nuages bleus, le soleil est monté si haut qu'il nous a fait ouvrir le toit de la voiture et de profiter de l'air frais de Provence. En arrivant au port le plus proche, nous avons laissé la voiture et nous sommes montés sur le ferry qui partait à Camargue toutes les 20 minutes. Couleur azur de l'eau de mer, rayons de soleil qui se reflétaient dans l'eau transparente, la brise légère de la mer qui jouait dans les cheveux, el les sourires des enfants et des adultes dans l'attente de quelque chose de spécial et magique.

Sur l'immense plat qui s'étendait entre les deux manches du Rhône et les eaux turquoises de la Méditerranée, se trouve l'une des plus belles réserves naturelles de France - la Camargue. Notre ferry a touché au rivage, et un endroit vraiment paradisiaque s'est ouvert devant nos yeux: une nature sauvage et intacte, l’eau bleue, divisant la réserve entre la réalité et le conte de fées, le calme, la tranquillité et le silence à chaque changement de nature.

Camargue a été créé à l'initiative du Chef de la Société nationale de protection de la nature, le professeur Louis Alexandre Mangin. Le parc c’est un marais, dont la plupart appartient aux marais salants et aux lagons marins.

Selon une vieille légende, une chapelle a été construite sur le territoire de la réserve, par deux femmes, disciples du Christ - Marie et sa servante, la gitane Sarah. Les paroissiens ont prié la gitane et ont cru qu'elle livrerait leurs prières à ses saints. C'est à partir de cette époque que l’Église des Saintes Maries de la Mer, construite au quinzième siècle, prend son existence. Maintenant l’église est l'une des attractions de la réserve, un lieu de pèlerinage pour les voyageurs croyants du monde entier. Les gens y viennent non seulement à la recherche des vérités de la vie, mais aussi à la purification spirituelle, et à la satisfaction morale de leurs besoins de beauté et d'harmonie, de l'unité de l'homme et de la nature. En regardant les visages des gens autour de nous sur le ferry, j'ai remarqué comment leurs regards changeaient à l'approche de leur objectif, comment les yeux des enfants et des couples amoureux brillaient dans l'attente de la magie et de la possibilité de plonger dans un autre monde: un monde d'amour, d'idylle et de couleurs vives. Au bord de la mer Méditerranée en Camargue vit une vieille „légende de Sarah la gitane et les deux Maries“.

„Sainte Marie de la mer“ est le nom d'une petite ville sur la côte méditerranéenne en Provence. L'attraction principale de la ville est le temple de Saintes-Maries-de-la-Mer.

Cela s'est passé au cours de la quarantième année de la naissance de Jésus-Christ, à l'époque de la persécution sévère des disciples de ses enseignements. Sept chrétiens ont été attachés et jetés dans un vieux bateau, sans nourriture ni eau et poussés par les courants. Sept - à savoir Maximin, Lazare, Marie Madeleine, Marthe, Marie Salomé, la mère de Jacques de Zébédée, Marie Jacobé et Sarah, originaire d'Égypte, ont confié leur sort au Seigneur.

Et bientôt des vagues miséricordieuses ont ramené le bateau à terre dans le lieu pittoresque de la Provincia Romana, une province romaine, la future Provence. Une fois sur terre, les voyageurs ont érigé la petite chapelle de la Vierge Marie sur le lieu de leur débarquement. Après des années, ils se sont séparés et sont allés prêcher dans les montagnes de Provence. Maximin est parti porter la parole de Dieu à Tarascon, Lazare et Martha à Aix-en-Provence, et Marie Magdalena à Marseille, ou plutôt à Tarax, Aqua Sextus et Marsalla - ce sont les noms de ces forteresses romaines.

Deux Maries et leur servante Sarah (oui, Sarah était juste une servante, on l’appelait l'Égyptienne pour ne pas l’offenser) ont restées sur place. Ici, ils ont vécu le reste de leur vie dans le silence et la piété. Ils ont converti les païens dans la foi du Christ, soigné les malades, allumé le feu sur les rives de la Méditerranée dans les nuits de tempête, et ont également enterré trois femmes dans la chapelle qu'elles avaient construite.

Au XIe siècle, une église a été construite sur la place de la chapelle, dans laquelle les restes de trois saints ont été transférés. L'église est construite en tuffeau gris et ressemble à un château féodal. Au-dessus de la tour se trouve un clocher à quatre ouvertures avec trois croix et une girouette. Il n'y a pas de peintures à l'intérieur de l’église - elles sont remplacées par des figures de saints en bois. Les sculptures principales sont deux Maries dans un bateau bleu et Sarah la noire.

Au XVe siècle, dans le village qui était autour de l’église, ainsi que dans toute la Camargue, il y avait beaucoup d'étrangers: des Mosarabs - des chrétiens espagnols qui avaient adopté la langue, la culture et les coutumes des conquérants arabes et qui étaient exilés de leur pays par les édits des rois catholiques, ainsi que des exilés éternels - gitans. Les activités des déplacés étaient simples - la pêche, l’élevage et la chasse. Parmi eux, il y avait des acteurs, des magiciens, des contrebandiers, des voleurs et des braconniers.

À la gitane, ils ont prié. C'est gênant, c'est honteux de demander bonne chance à Dieu pour ses péchés. Et Sainte Sarah pourrait tout comprendre et tout dire à ses maîtresses, elles partageraient les ennuis avec la Vierge Marie, et elle persuaderait le Fils d'aider les souffrants. Le nom et l'image de Sainte Sarah apparaissent sur les marques de chevaux et de taureaux, ils sont gravés sur les balles des fusils de chasse, sur les tambourins des danseurs, et ils sont brodés sur des amulettes. Les gitans venaient en Provence le jour de St. Sarah, et parfois, il semblait que c'était le but de leurs voyages infinis. Cela continue à ce jour. La ville est devenue la „Mecque“ gitane, où tous les gitans-catholiques rêvent d'aller au moins une fois dans leur vie. Ils viennent du monde entier, des familles, des rues, des villes Les gitans riches aident leurs pauvres compatriotes à atteindre le sud de la France. Ils apportent de nouvelles robes et des bijoux en argent à Sarah.

Chaque année du 24 mai au 22 octobre, la Provence accueille la fête de sainte Sarah. La statue de Sarah est habillée de nouveaux vêtements, luxuriantes et lumineuses, avec un collier et des bracelets à cloches. Sarah a été élevés au rang du saint, mais elle était toujours gitane. La statue est portée sur la plate-forme par quatre porteurs - en règle générale, ils sont choisis parmi ceux qui ont dépensé le plus d'efforts et d'argent pour organiser la fête. La procession se déplace solennellement au bord de la mer (la côte s'est quelque peu éloignée du temple pendant deux mille ans). La statue est plongée dans la mer, et à chaque fois les vagues transportent en toute sécurité Sarah la noire vers le rivage provençal.

Les festivités durent dix jours. Ils comprennent des rodéos de cheval, des courses, des tournois de dompteurs de taureaux qui se rassemblent de toute la Camargue, des chansons, des danses, des tours de magie, des balades sur des carrousels. Et deux Maries et Sarah, la patronne de la tribu persécutée, regardent favorablement tout cela.

Des centaines de milliers de touristes viennent chaque jour à la réserve pour admirer cette belle vallée avec des limiers, de lacs salés et de marais, ainsi que des bois de cailloux, où se cache une myriade de hérons et de canards sauvages. Cependant, les flamants roses qui séjournent à ces endroits pendant la migration en Afrique du Nord, suscitent toujours l'intérêt des spécialistes des sciences naturelles. Les Français croient que le meilleur moment pour visiter la réserve est la fin du printemps ou le début de l'automne, lorsque la nature prend vie ou se prépare à un long sommeil hivernal [11].

En débarquant à la vieille chapelle, nous avons décidé de l'examiner de l'intérieur. Bien sûr, ce n'était pas une cathédrale aussi connue dans le monde entier que le Cathédrale Notre-Dame de Paris, mais l'ambiance de cet endroit n'était pas très différente des sanctuaires les plus fréquentés et les plus aimés par les touristes. Les vieux murs de pierres jaunes gardent les histoires et légendes anciennes du peuple français, les remplissent de force vitale et les transmettent de génération en génération. En entrant dans la chapelle, j'ai tout d'un coup senti la présence de Marie et Sarah qui avaient été enterrées sur leur terre natale, qui est devenue une réserve naturelle. Toute personne visitant le lieu sacré laissera ici une petite partie de son âme pour toujours, partagera ses pensées avec les protecteurs spirituels de la vieille chapelle et emportera avec lui cette atmosphère magique et paisible qui règne ici depuis le début du XVe siècle.

Nous nous sommes livrés à l'histoire et à la magie, nous avons levé l'humeur et ressenti une sorte d'esprit et après nous avons poursuivi notre route et nous sommes rendus dans un lac dont la couleur de l'eau ressemblait plus d'un côté aux émeraudes, et de l'autre aux diamants.

Dans l'eau cristalline et transparente, nous pouvions envisager non seulement nos reflets, ou le reflet des rayons du soleil, mais aussi le fond pur et sablé, les meutes de poissons rouges, qui flottaient sous nos pieds, et parfois même envisager des rochers d'algues rares, représentants de la flore moderne. Le voilier sur lequel nous avons fait le voyage a été guidé par un Français rude, il ressemblait à un courageux gondolier qui avait consacré sa vie à des promenades romantiques avec les touristes sur les canaux vénitiens. Nous avons parlé de son travail, et j'ai été agréablement surprise par le fait que cet homme ne voyait pas sa vie sans réserve naturelle, la nature magique qui avait autrefois enchanté et conquis son coeur. Il transfère des touristes sur son voilier depuis l'âge de 16 ans et ne profite que de l'occasion chaque jour pour entrer en contact avec la splendeur de la faune sauvage de cette région. Il est né et a vécu en Provence pendant plus de 40 ans, ses racines sont restées à jamais sur cette terre, il ne voyait pas l'avenir sans arbres verts, volées d'oiseaux sauvages, chevaux blancs et taureaux noirs.

Plongée dans une réflexion profonde, je regardais l'évolution de la nature, analysais notre conversation, quand, tout d'un coup, mon attention s'est tournée vers un nuage rose infini. Il était si bas au-dessus du sol, augmentait de volume et montait de plus en plus haut. Après avoir regardé mieux et s’approchant, nous avons soudainement vu plusieurs centaines de flamants roses dans cet énorme nuage. Les attractions principales attractions „vivantes“ de la réserve sont ces oiseaux royaux. La Camargue est le seul endroit en Europe où les flamants roses nichent et préfèrent rester pour l'hiver. Des créatures fières et en même temps douces, ils glissaient sur un miroir d’eau, comme des ballerines glissent sur une scène. Ils levaient leurs ailes au soleil et faisaient une danse de fidélité et d'amour devant autres oiseaux.

C'était un spectacle formidable, un jeu d'ombres et de couleurs, comme un flamenco chaud espagnol, qui réveille à la vie et remplit le coeur d'amour. Nous étions fascinés par ce spectacle, je voulais me cacher dans le coin et passer des heures à observer les relations et les traditions dans la volée d'oiseaux.

Mais les attractions les plus mémorables de ce lieu magique ne sont pas les flamants roses, mais les taureaux noirs et les chevaux blancs, sauvages et incroyablement fiers. Jusqu'à présent, il y a les combats traditionnels contre les taureaux noirs - la Corrida française, qui se déroule dans l'esprit de la force, du courage et de la volonté espagnoles - sont populaires en Provence. En ce qui concerne les chevaux blancs, les scientifiques estiment que cette race aristocratique a une histoire très ancienne. Le caractère unique de cette race réside dans sa couleur inhabituelle, du blanc neige au blond clair. Ce qui est étonnant, c'est que ces chevaux ne deviennent blancs qu'à l'âge de 4 ans, et ils naissent complètement noirs. Aujourd'hui, ces chevaux servent aux promenades à cheval et à la protection de la réserve.

Les racines préhistoriques de cette race sont indiquées, selon les experts, par les dessins rupestres de chevaux dans la grotte de Lascaux. Ces dessins ont été faits environ 15.000 ans avant J.-C, ainsi que les ossements pétrifiés de leurs ancêtres trouvés dans les fouilles en Bourgogne. De plus, les différences entre le cheval des marais moderne et son prédécesseur préhistorique sont minimales. Les chevaux de Camargue ont un extérieur plutôt primitif: tête lourde, cou court, dos musclé, de fortes jambes avec les sabots très solides. La taille au garrot est de 135 à 150 cm. Ils naissent noirs ou baie, et finissent par devenir si gris pâle qu'ils apparaissent blancs sous une certaine lumière [12].

Les bergers à cheval utilisent ces chevaux forts pour contrôler les troupeaux de taureaux noirs élevés pour les corridas traditionnelles. Les propriétaires de fermes entreprenants ont trouvé pour ses chevaux un autre emploi les en avait sellés pour les touristes venant profiter de la faune. Les chevaux Camargue, qui grandissaient pendant les siècles dans le terrain sévère, sont très résistants et forts, et peuvent travailler même à l'âge de vingt ans. Ayant rappelé que j’avais gardé plusieurs morceaux de baguette française dans mon sac à dos, j'ai commencé à prendre les réserves comestibles et je me suis dirigée vers le pâturage. Mon „Français“ a réagi avec un sourire à mon désir de nourrir les habitants de la réserve et a silencieusement m’a suivi.

J'étais entourée par plusieurs explosions émotionnelles étranges: l'une d'entre elles était le désir de se rapprocher le plus possible du troupeau sauvage afin d'examiner plus en détail leurs couleurs inhabituelles, de toucher une longue crinière soyeuse et de les nourrir avec la pâtisserie du matin. Et d'autre part, j'étais dérangée par le sentiment de la peur de la nature sauvage, par une peur de troubler une certaine paix, l'idylle de la constance dans ce monde coloré. Mon „Français“ préféré, comme s’il ressentait mon humeur et l'esprit, a embrassé mes épaules fragiles et semblait aider à faire un pas vers la nature. Nous étions au but, je tenais un petit déjeuner dans une paume minuscule et je l'ai tendue vers le troupeau de chevaux.

C'était une sensation étrange, comme d’être au bord du précipice et regarder en bas, apprécier la beauté de la nature, sa grandeur et sa force d'esprit, mais craindre de toucher, faire le premier pas à la rencontre de quelque chose inconnu. Je voulais plonger dans le monde de la nature sauvage, toucher aux racines et oublier le monde matériel, devenir une partie du beau, éternel, créé pour l'admiration et la création. Et j'ai fait soudain le pas à la rencontre.

Ma confusion et ma peur ne connaissaient pas de limites, mon coeur battait à un rythme accéléré, j'ai fermé les yeux pour une seconde et j'ai soudain senti quelque chose de chaud et de doux, touchant doucement ma main. J'ai ouvert les yeux et j'ai vu un fier cheval blanc devant moi, qui avait baissé la tête et qui mangeait de ma main. Je semblais fondre comme une bougie, j’ai expiré et souri involontairement à un animal doux et en même temps fort. La peur a disparu, j'ai caressé la crinière élégante et épaisse, j'ai touché les oreilles et j'ai réalisé qu’il n’y avait rien à craindre. Il ne nous ferait pas de mal, au contraire, il était reconnaissant de notre attention et de nos soins.

Mon compagnon a pris des photos incroyables de cette race unique, il me semblait qu’il avait pu transmettre avec une précision incroyable toute la plénitude du tableau, l'essence d'un troupeau de chevaux blancs et en même temps il avait pu de ne pas déformer la luminosité et la bonne combinaison de couleurs.

Après un long arrêt, notre chemin s'est poursuivi à travers des champs de lavande infinis et des prairies vertes, ce qui m'a rappelé un paradis du film sensationnel „Une grande année“. Une autre attraction de la Provence est les champs de lavande. La lavande est des petite fleures violettes, qui sont cultivées pour la production de l'huile de lavande et des cosmétiques naturels. L'huile de lavande a un effet calmant et anti-inflammatoire, les Français l'utilisent non seulement en parfumerie, mais aussi en médecine.

Il y a deux types de lavande qui sont cultivés en Provence - lavandin et lavande montagnarde. Le lavandin est un hybride de lavande, il est plus facile et moins cher à cultiver, et son huile est moins parfumée, mais a plus de propriétés curatives. La vraie lavande pousse dans les hautes terres, et plus elle est haute, plus l'huile est parfumée. De fin juin à août en Provence, vous pouvez vous retrouver non seulement sur la côte méditerranéenne, mais aussi au milieu d'une autre mer - parfumée, acquérant toutes sortes de nuances de violet clair à lilas foncé, et se confondant avec l'horizon. C'est le temps magique de la floraison de la lavande. Si vous fermez les yeux et imaginez la Provence, vous sentirez certainement le parfum de la lavande: tendre et calmant. Les champs de lavande ont inspiré Vincent van Gogh, et selon Romain Rolland, „la France est romantique parce qu'elle a la Provence.“

Et c'est vraiment l'un des endroits les plus uniques de France. La Provence est un coin romantique, mystérieux et magique de notre planète. Cela vous fait penser et créer, ressentir l'amour et la chaleur de l'âme, croire aux miracles et que le paradis sur Terre existe. Ce sont ces sentiments que nous voulons vivre le plus souvent possible. Je crois que les rêves se réalisent dans la fabuleuse Provence.

Les champs de lavande entourent les abbayes et les synagogues; des routes touristiques spéciales sont aménagées le long de celles-ci pour la randonnée, le vélo et les promenades en voiture. Dans toute cette splendeur, il n'y a qu'un seul inconvénient - il y a beaucoup d'abeilles et de guêpes, au printemps et en été. Mais si vous voulez goûter du vrai miel de lavande, qui ne peut être dégusté nulle part ailleurs dans le monde, vous devrez vous réconcilier avec le quartier des travailleurs aux allies. Les propriétés curatives de ce miel sont des légendes. La lavande pousse en Provence comme une mauvaise herbe, et pour la production d'huile essentielle, elle est récoltée dans de vastes champs de mi-juillet à fin août.

À cette époque, les fermes de transformation de lavande ouvrent leurs portes aux touristes, où vous pouvez regarder le processus de distillation traditionnel et acheter du miel, du savon ou du parfum de lavande. Il est difficile d'imaginer que la production d'un litre d'huile essentielle nécessite 300 kilogrammes de petites fleurs violettes. En Provence il y a un petit musée de lavande dans la ville de Coustellet. Malheureusement, nous n'avons pas encore eu le temps de visiter les pénates du „temple“ provençal, où la lavande est considérée comme une plante sacrée de la région. Mais pour tomber amoureux de ces paysages, il suffit de visiter cet endroit une seule fois.

L'air provençal regorge d'arômes de lavande et de miel, d'amandes et de pins, d'olives et de raisins, de tournesols et de cyprès. L'air de la Provence est empli des sons des troupeaux de chevaux semi-sauvages en Camargue, des cris du Torero de la corrida sans effusion de sang à Nîmes et d'Arles, des mélodies de jazz manouche émouvant à Saintes-Maries-de-la-Mer, du grondement de l'aqueduc du Pont du Gard et des chants des cigales.

En profitant des beautés locales et de l'abondance des ressources naturelles de la réserve, j'ai oublié l'agitation quotidienne et plongé tête baissée dans le royaume des arômes et des couleurs. Notre petit voyage touchait à sa fin, un paysage époustouflant s'ouvrait devant nos yeux: parmi les rochers peu élevés, il faisait du bruit avec une force incroyable, une cascade aussi pure qu'une larme.

C'était le charme de la réserve naturelle, un lieu où règnent les éléments, la puissance de la nature et à la fois le romantisme et la magie. Près de la cascade, nous avons remarqué un restaurant confortable situé sur une colline et offrant une vue fabuleuse sur les champs et les étangs infinis, sur les pâturages verts et luxuriants, les nuages roses de flamants royaux, et sur des troupeaux de chevaux blancs et de taureaux noirs. Nous avons pris une table libre à l'ombre d'un vieux platane, les rayons du soleil ont caressaient mes épaules et jouaient sur le verre d’un verre à vin Bel Air la Côte, qui peut être acheté exclusivement dans cette région.

Après avoir étudié le menu, mon „Français“ préféré a commandé du poisson avec une sauce au vin blanc accompagné par artichauts et tomates. J'ai opté pour une salade légère aux tomates marinées, au fromage de chèvre chaud, assaisonnée d'huile d'olive et d'herbes provençales. Le piment d'un plat aussi simple, mais en même temps assez raffiné, est le pistou, la pâte à base de feuilles de basilic, de fromage à pâte dure, de pignons et d'huile d'olive.

En attendant la commande, nous avons apprécié le silence et le vin français, qui peut non seulement étancher la soif, mais aussi donner la force si nécessaire pour une longue journée de marche. Même les Français dites souvent „S’il y a pain et vin, le Roi peut venir“.

Nous avons été servis des olives marinées et diverses „Tapenade“ (les pâtés d'olives avec des épices et des herbes). Ce sont des collations qui reflètent assez clairement le climat et les caractéristiques naturelles de la Provence. Une variété d'olives françaises et d'huile d'olive de haute qualité transforment, à première vue, des collations plutôt fades en une sorte de feu d'artifice de goût et d'odeur.

Tous les légumes de Provence au pistou

Ingrédients (2 pers)

2 tomates, 50g de parmesan, 2-3 gousses d’ail, 100g de salade verte, 30g de de pignons, 100g de fromage de chèvre, du vinaigre balsamique, 200ml d’huile d’olive, sel, poivre, quelques tiges de basilic

Préparation

Préchauffez le four à 100-120°C. Coupez chaque tomate en 8 tranches, séparez les graines avec une cuillère et posez les tomates sur une plaque à pâtisserie, en gardant la distance entre elles. Ajoutez de gousses d'ail finement hachées, salez, poivrez, et mettez au four pendant 2 heures, en pensant à arroser d'huile d'olive.

La sauce „Pistou “

Commencez par préparer le pesto ; ramassez les feuilles du basilic, les lavez à l’eau froide et séparez les feuilles des tiges. Séchez bien les feuilles de basilic (il est préférable d’utiliser un déshydrater alimentaire). Pelez et coupez l'ail. Râpez le fromage. Placez une partie du basilic dans le bol du mixeur (es feuilles peuvent être préalablement coupées grossièrement). Ajoutez le fromage, les pignons, l'ail au basilic et versez 2-3 cuillères à soupe d'huile d'olive. Broyez les ingrédients dans un mixeur, en ajoutant les feuilles de basilic restantes et l'huile d'olive. La sauce n'a pas besoin d'être trop liquide. Mettez le „Pistou“ dans un pot en verre avec un couvercle pour la conservation au réfrigérateur. La sauce peut se conserver jusqu'à 5 jours au réfrigérateur ou jusqu'à 1 mois au congélateur.

Après deux heures, retirez les tomates et laissez-les refroidir. Dans un grand bol, mélangez la salade verte et les tomates. Assaisonnez d'huile d'olive et de vinaigre. Salez, poivrez. Décorez de brins de basilic. Servez dans une grande assiette, en ajoutant le fromage de chèvre au-dessus.

En étudiant chaque jour la culture française, les traditions et les lieux uniques de la Provence, j'ai commencé à comprendre l'idée principale, plutôt une idée qui était dans l'air et qui était le charme de la vie française. Aussi étrange que ça puisse paraître, les habitants de la Provence, comme personne d’autre, peuvent profiter de chaque seconde de leur temps libre, boire un café avec des amis pendant la pause déjeuner et parler de la cuisine française pendant des heures. Nous avons oublié le temps et semblions nous dissoudre dans l'espace entre deux mondes: le réel et créé par notre subconscient, le monde idéal des couleurs vives, rempli de rêves secrets. Pendant ces moments de bonheur, j'ai profité de chaque seconde de mes vacances en France, j’ai oublié mes soucis quotidiens et je me suis plongée dans l'atmosphère magique de la Provence.

Toute notre vie, nous nous précipitons aux réunions, en ayant peur d'être en retard et de ne pas avoir le temps, nous oublions de prononcer les mots si secrets à nos proches, et nous oublions parfois même de les appeler ou les visiter. Nous avons oublié comment profiter du moment présent, nous faisons des plans pour plusieurs années à venir, nous sommes pressés de vivre et d’avoir le temps autant que possible. Nous ne remarquons pas les objets qui nous entourent dans la vie quotidienne, et ce qui est le plus terrible, les personnes avec lesquelles nous entrons en contact chaque jour et le prenons parfois pour acquis.

Saint Jacques aux artichauts violets sur le lit de confit des oignons et ses quenelles à la béarnaise

Ingrédients (2 pers)

400g de Saint-Jacques, 70g de gelée de fenouil, 50g de confit des oignons, 10g de mousse de la mer, 1 oeuf, 20g de de beurre, fondu et tempéré, 1g d’estragon frais, 1g de ciboulette, 10g de gel d’aneth

Ingrédients pour la gelée de fenouil (100g): 5g de graines de fenouil, 5g d’agaragar, 200g d’eau, sel

Ingrédients pour la mousse de la mer (100g): 10g d'algues brunes, 100g d’eau, 5 g de lécithine

Ingrédients pour le sauté d'artichaut

6 artichauts violets, 8 litres d’eau, 110g d’oignons, 6 c. à soupe d’huile d’olive, 2 gousses d’ail, 10 c. à thé de sel, poivre, ¼ tasse de vinaigre de vin blanc, ½ tasse de vin blanc, 4 branches de persil, 1,5 verres de bouillon de poisson, ½ laurier, ½ c. à thé de cumin, 3 c. à soupe de persil haché, 3 petites tomates

Préparation

Nettoyez les artichauts, coupez-les dans le sens de la longueur en 4 parties et mettez-les dans l'eau bouillante salée pendant 10 minutes, puis, égouttez la casserole. Préchauffez le four à 160°C. Faite revenir l'oignon dans l'huile d'olive dans une grande casserole à feu doux, sans lui faire se dorer, pendant environ 5 minutes. Ajoutez l'ail haché et les artichauts. Mélangez, salez, poivrez. Couvrez etfaite cuire à feu doux pendant 10 minutes, sans donner aux artichauts devenir bruns. Versez le vinaigre et le vin dans la casserole. Augmentez le feu et faites cuire jusqu'à ce que le liquide se soit évaporé de moitié. Ajoutez ensuite le bouillon, le persil, le laurier et les cumins enveloppés dans un morceau de gaze. Portez à nouveau à ébullition et recouvrez les artichauts d'une feuille de parchemin. Fermez le couvercle et mettez dans un four préchauffé, ajoutez les tomates entières saupoudrées de sucre en poudre. Faite cuire environ 1 heure 15 minutes -1 heure 30 minutes et suivez que le liquide dans la casserole bouille lentement et vers la fin de la préparation tout s’évapore. Retirez le sac de gaze et servez dans une casserole ou sur un grand plat. Saupoudrez de persil sur au-dessus.

Faite bouillir l'eau, ajoutez les grains de fenouil et les laissez reposer, salez un peu. Ajoutez l'agar-agar dilué dans l'eau au bouillon. Versez dans une forme ronde et plate, laissez solidifier et coupez un cercle d'un diamètre de tasse. Mettez les algues dans l'eau bouillante et laissez mijoter pour qu'elles donnent leur goût. Salez. Ajoutez de la lécithine et battez la mousse avec un mélangeur.

Sauce béarnaise

Battez le jaune en mousse et en ajoutant progressivement le beurre. Après avoir fait la sauce, ajoutez de l'estragon haché, de la ciboulette un peu de sel.

Dressage

Dans une assiette, mettez le confit des oignons, les artichauts, les tomates, les quenelles à la béarnaise et les gouttes de gel à l'aneth. Mettez les Saint-Jacques sur le confit. Étalez la mousse des algues et quelques gouttes de gel d'aneth autour du plat de poisson.

En étant plongé tête baissée dans la réflexion sur la recherche des vérités de la vie, nous n'avons même pas remarqué comment nous étions servis un plat principal. L'odeur de la cuisine maison a encore stimulé l'appétit qui augmentait lors d'un long voyage. Il me semblait que nous n'avions jamais goûté de légumes plus succulents même sur les marchés provençaux locaux. Une combinaison harmonieuse de couleurs donnait à la cuisine provençale d'une part une certaine originalité et le raffinement, d’une part, elle ressemblait aux recettes de fait maison d’une grand-mère. L'odeur de l'huile d'olive et un mélange d'herbes provençales donnent à la salade de légumes encore plus de piquant et de fraîcheur. Mais le clou de notre repas du midi n'était pas du tout les légumes cultivés dans la réserve et caressés par les rayons du soleil, mais le „sentiment d'amour“, qui imprégnait la cuisine provençale.

Un plat assez simple à préparer m'a rappelé les dîners de grand-père pendant les vacances d'été au village. Chaque année nous essayions de rendre visite aux parents de ma mère et de passer plusieurs semaines sans travail ni programme à la compagne. C'était un moment heureux où toute la famille se réunissait à la table à manger sur la grande terrasse de la maison de campagne, où le vase avait toujours des fleurs sauvages fraîches et un pot de lait de vache chaud. C’était grand-père qui cuisinait habituellement le dîner, il aimait beaucoup la cuisine maison et croyait que les plats de viande ne tolèrent pas les mains féminines. La mamie avait le temps de recueillir pour ce moment-là des légumes frais et des herbes dans le jardin. La coriandre parfumée et le safran, si populaires dans notre maison rappelaient les vacances d'été et le soleil. Après avoir lavé les légumes mûrs, ma grand-mère a commencé à préparer une salade de légumes ou une collation légère avec du fromage de chèvre chaud et une sauce maison à base d'huile d'olive, de jus de citron et d'un mélange d'herbes séchées. A ce moment-là, le grand-père faisait déjà un ragoût de viande de boeuf juteux et de purée de pommes de terre aux oeufs.

Une atmosphère créative régnait dans la cuisine, les odeurs de bouillon de viande, de graines de cumin frais, de persil et de feuilles de laurier rappelaient le futur festin et gardaient en suspense non seulement le cuisinier, mais aussi tous les membres d'une grande famille sympathique.

L’odeur délicieuse de ragoût régnait à la cuisine et sortait par la fenêtre ouverte, cela m'a rappelé qu’il était l'heure du déjeuner. La table était bien dressée: fleurs sauvages fraîches, plats en céramique de style provençal antique et une collection d'argenterie familiale apportée par mon arrière-grand-mère parisienne. Le grandpère a apporté une bouteille de vin Le Muscat de Lunel de la cave, qui soulignait le piquant et le raffinement du plat en viande, lui donnait certaines notes de la fraîcheur et en même temps remplissait du sens spécial et le goût unique. Le secret de la cuisine provençale réside non seulement dans la capacité de se concentrer sur la combinaison harmonieuse des couleurs des fruits et légumes, mais aussi dans la capacité de préserver la simplicité et l'intégrité de l'image globale, de transmettre l'idée principale de l'artiste, d'ajouter des notes de personnalité et de souligner des détails apparemment insignifiants d’un plat peu ordinaire.

Pendant le temps que je me livrais aux souvenirs vifs de l'enfance, mon compagnon n'a pas prononcé un seul mot. Une explication logique de ce fait pourrait être plusieurs raisons importantes à la fois. Ça pourrait être la perfection d'un dîner provençal prolongé, la profondeur des pensées soudainement montantes sur les moments les plus brillants que nous avons vécus ces derniers jours dans un paradis au bord de la terre, ou un sentiment de profonde satisfaction spirituelle et de plaisir pour chaque minute de vacances tant attendues. Ayant interrompu les doux moments de silence, il se mit soudain à siffler la chanson de la grande Édith Piaf „La vie en rose“. Je n'avais pas vu mon „Français“ de si bonne humeur depuis longtemps, il était si loin de la réalité qu'il n’a remarqué même pas le jeune serveur, qui nous regardait très attendrissement pendant quelques minutes.

Une assiette de fromages composée de quatre variétés, cette fois de fromage doux et chaud de races rares de vaches et de moutons, qui habitent depuis longtemps la Camargue, est devenue une transition harmonieuse du déjeuner au dessert. L'odeur de fromage semblait flotter dans l'air, et après avoir goûté le premier morceau, j'ai finalement commencé à comprendre la logique de repas des Français. J’ai commencé à comprendre leur capacité à passer doucement du plat principal au dessert, à apprécier un arrière-goût délicat, à compléter le tableau d’ensemble avec de nouvelles couleurs, en même temps changeant les papilles gustatives et préparant ainsi, notre corps à quelque chose de nouveau, de frais et parfois très inattendu.

Les variétés de fromages étaient si correctement sélectionnées qu'elles ressemblaient à une portée dans les mains d'un musicien, qui pouvait créer un grand chef-d'oeuvre unique à partir de quatre notes, distraire de la réalité et guérir l'âme des problèmes douloureux. Chacun des fromages était comme une suite logique l'un de l'autre: de léger et aéré à piquant et même légèrement épicé. L'assiette de fromages a été complétée par une salade légère au vinaigre balsamique à la noix et bien sûr par la confiture de figues, qui rappelait plus le goût du miel floral, que j'ai adoré déguster quand j’étais petite.

La Provence m'a charmée au premier coup d'oeil, avec son odeur et l'arrière-goût. Elle m'a donnée un „sentiment de confort“ et une sorte de calme intérieur et de paix. Tout est assez simple ici, il n'y a pas de règles strictes, le sens du temps cesse d'être l'essentiel dans la vie. On veut juste vivre, aimer et profiter de chaque rayon de soleil, respirer profondément et toujours trouver le temps de discuter avec ses proches et amis au déjeuner ou au dîner.

Nous avons réussi à compléter la mélodie raffinée du goût avec l'aide de Kir Royal, un cocktail léger à la base de champagne réfrigéré et de Crème de Cassis. Il semblerait que cette boisson était légère et inoffensive, rafraîchissante et revigorante dans les chaudes journées d'été. Mais il ne faut pas se laisser emporter par cette boisson, il faut en faire connaissance qu'en passant, comme avec une mystérieuse Française que vous avez aimé lors de la promenade du soir à Nice ou à Cannes. Derrière le mince voile de beauté, parfois une nature très insidieuse peut se cacher, capable de rendre fou et de détruire même la personne la plus prudente et de sangfroid.

Après avoir bu cette boisson magique, avoir senti son arôme et avoir plongé tête baissée dans le tourbillon ludique des passions, je voulais répéter cette expérience encore et encore. La sensation de félicité et de légèreté était accompagnée d'un crépitement ludique, et parfois même d'un picotement sur la langue; c’était de milliers de petites bulles de champagne français réfrigéré apportées d'une province voisine. La crème de Cassis soulignait le goût de cette boisson ludique, lui conférant douceur, exhaustivité et un certain charme.

En buvant un verre de boisson divine, j'ai fermé les yeux pour une seconde et je me suis imaginée sur la Promenade de la Croisette, dans une robe d'été en mousseline de couleur vanille et avec un petit bouquet de lavande dans les mains. La brise fraîche de la mer jouait dans mes cheveux, et dans l'air il y avait une odeur de sel et d'iode. En marchant vers la direction du parc de la ville, j'ai remarqué un café confortable avec une immense terrasse d'été et des meubles sculptés à l'ombre de vieux platanes. La chaleur et la soif de l'été ne me donnaient beaucoup de force et ne me motivaient pas à me promener, mes jambes semblaient me diriger vers une table libre. Le temps du déjeuner a passé il y a longtemps, et il était trop tôt pour le dîner, mais une légère sensation de faim et de soif ne me quittait pas pendant plusieurs heures.

Après avoir examiné la carte, mon choix s'est porté sur un dessert aux cerises du nom de Clafoutis. La pâte est faite d'un mélange de farine, d'oeufs et de sucre. Puis, on verse ce mélange sur les cerises dénoyautées, et après 20 minutes le dessert le plus délicat est prêt. Avant de servir, le clafoutis est généralement décoré d'une paire de cerises mûres sur une branche avec une feuille. Il avait l'air très élégant et ressemblait à une oeuvre d'art. Un détail important: il vaut mieux utiliser des cerises rouges pour que lors de la cuisson le jus ne tache pas tellement la pâte. Pour la première fois j'ai goûté ce dessert à Paris, pendant la visite de l'exposition des arts modernes. Je ne sais pas ce qui m'a captivé à ce moment précis: l'idée d'un artiste ou l'esprit d'entreprise d'un cuisinier qui pouvait transformer une branche de cerisier en chef-d'oeuvre. Un ajout exquis au dessert était Kir Royal, à base de champagne et de liqueur de cerise. Le goût des cerises mûres et un cocktail rafraîchissant ont donné de la force et ont remonté le moral. La Promenade s’est transformée en salles du palais du Louvre, et le parc de la ville ressemblait aux jardins de Versailles, avec d'immenses fontaines et promenades nocturnes sous le ciel étoilé. Dans l’âme il y avait la mélodie des bardes de rue, et ma tête tournait avec du champagne et un sentiment de fête. Il me semble parfois que dans une autre vie, j’ai été née en France, j’appréciais la fine cuisine française, je pleurais au son d'un violon et je tombais amoureuse.

Nos vacances en Provence en sont la confirmation: chaque journée passée sur la Côte d'Azur était unique à sa manière, je n'avais jamais réussi à être aussi distraite des problèmes, à oublier la réalité et à profiter de la vie, j’ai appris à aimer et ne pas penser à demain. J’étais ravie des Français, c'est une nation incroyable, capable non seulement occuper les positions de leader dans le monde de la mode, de la cuisine, de l'art et du cinéma, mais aussi de pouvoir profiter de chaque seconde de leur vie, aimer et souffrir comme si dans la première et la dernière fois, apprécier la beauté et être fier de leur merveilleux pays. J'étais remplie simplement d'un certain sentiment de l'admiration et le patriotisme tout au long de nos vacances en France.

Mon imagination était si pleine d’illusions, que j'ai complètement oublié notre déjeuner inachevé, la nature magique de la réserve et les plans pour le soir. C’était le temps pour un dessert. Pendant les vacances en Provence nous sommes tellement habitués à la simplicité et à la combinaison parfaite de la cuisine provençale de fait maison que nous avons décidé de commander quelque chose de simple et d'exceptionnel. Notre choix s'est porté sur des abricots juteux dans une sauce aux fruits au vin rosé, servis chauds ou froids, avec une boule de glace à la vanille et un brin de menthe.

En profitant du dessert d'été, nous avons commencé à discuter de notre itinéraire. La Provence est un véritable cadeau pour les amateurs d'architecture ancienne. Un mois ne suffit pas pour voir tous les sites touristiques de cette région. Les plus célèbres d'entre eux sont le palais des papes à Avignon, la Cathédrale Saint-Trophime d'Arles, la Maison Carrée à Nîmes, les ruines antiques près de Saint-Rémy-de-Provence, le Château des Baux et l'amphithéâtre romain d'Arles. Mais tout cela, nous n'avons eu qu'à le visiter dans l’avenir proche et faire nos propres conclusions sur le caractère unique et la valeur historique des villes provençales, nous promener dans les rues étroites et anciennes, étudier la culture locale, les traditions et profiter des délices de la gastronomie régionale.

Il est prouvé que l'une des meilleures cuisines du monde est provençale: une véritable apothéose de la vie. La Provence est la patrie non seulement de la mayonnaise, des plats de viande et de poisson avec l'ajout d'huile d'olive, de tomates, d'oignons et d'ail, de thym, de romarin, de poivron rouge, de basilic, et de sauge. La population de cette région est engagée dans la production de sel, la culture du riz, de l'olive, des légumes et fruits biologiques, la vinification, l'agriculture et l'organisation du tourisme écologique. Les souvenirs gastronomiques de la Camargue sont les vins Le Muscat de Lunel et Bel Air la Côte, une variété de tapenade (des pâtes à base d'olives pilées aux épices et herbes), l'huile d'olive, le sel de mer aux épices, les saucisses fumées et le ragoût de boeuf en conserve.

Impressionnés par le dîner impeccable, nous nous sommes dirigés avec une certaine détente et satisfaction vers les rives du Rhône, où se trouvaient des terres agricoles et des célébrations de masse. Au cours de ces célébrations les touristes ont eu une occasion unique de regarder des combats de taureaux noirs, ainsi que des représentations théâtrales sur des chevaux blancs.

La ferveur, l'esprit et la vitesse sont les principales caractéristiques des taureaux noirs. Les sentiments et les émotions sont exprimés dans la course camarguaise. La course fait partie intégrante des traditions de la région, évoquant la passion et rassemblant des foules de spectateurs. Contrairement à la corrida dans la course camarguaise, le personnage principal est un homme et le taureau est le héros de cette compétition. Les taureaux sont de vrais héros qui obtiennent parfois des succès impensables et font une „excellente carrière“. Chacun d'eux a son propre nom, qui est inclus dans la liste de la course camarguaise, qui est complètement exclu de la corrida, où il y a que les noms des matadors qui restent affichés. Certains de ces taureaux, comme le taureau Goya, ont leurs propres monuments, et une tombe dans leurs villages d'origine, comme le taureau Rami. De début avril à fin octobre, la course a lieu dans les arènes d'Arles, ainsi que dans les petits villages autour d'Arles et dans la réserve naturelle de Camargue. Au début de son histoire, les combats étaient appelés „jeux de taureaux“ lorsque des animaux de toutes races et des ouvriers agricoles se rassemblaient pour mesurer leur force et jouer avec le taureau.

Les toutes les premières courses dans la ville d'Arles ont été organisés en l'honneur du comte Provence Louis II. Un peu plus tard, à la fin du XIXe siècle, la course est devenue moins violente, et il y avait une seule personne avec le taureau. Divers objets étaient attachés aux cornes de l'animal - fleurs, écharpes, cocardes - marques d'identification avec des fleurs du troupeau de taureaux camarguais, qui devraient être retirées par les débutants de ces compétitions. Un peu plus tard, les Français ont réalisé l'importance de la race de taureau de Camargue, qui, en raison de son physique et de son esprit combatif, était plus susceptible d'être utilisée pour le combat que pour le travail sur le terrain et l'abattage. Ainsi, dans de petites arènes de „bonne chance“, des taureaux de grande classe et des „razeteurs“, les hommes en blanc qui tentent de saisir le ruban accroché entre les cornes du taureau, s’affrontent. Tout commence par la fixation d'un „concorde“ sur les cornes du taureau et les récompenses attribuées à celui qui peut attraper cet objet [13].

En nous rapprochant de la rivière, nous avons remarqué un troupeau de chevaux blancs. De gros chevaux gris clair sans prétention et sauvages vivent librement dans cette réserve naturelle, paissent dans des prairies vertes infinies, et élèvent les poulains. Agiles, audacieux, exceptionnellement forts et robustes, ces petits cheveux ont longtemps été une partie importante de la vie quotidienne de la population locale, de véritables aides de bergers protégeant et déplaçant des troupeaux de taureaux locaux de taille moyenne mais agressifs. Ce sont ces taureaux noirs de combat, avec les chevaux blancs, qui s’affichent sur le blason de Camargue.

Aujourd'hui, tous deux vivent ici dans un état semi-sauvage sous la supervision du personnel de réserve. Périodiquement, ils sont collectés pour examen vétérinaire, élevage sélectif des animaux, ou pour marquage de jeunes poulains. Le reste du temps, les taureaux et les chevaux sont libres de faire ce qu'ils veulent dans la réserve. Un troupeau de „Mustangs“ français blanc comme neige, qui sautent au coucher du soleil ou à l'aube dans les eaux peu profondes, soulevant des nuages d'éclaboussures - une histoire de conte de fées pour tout photographe ou artiste, et juste un spectacle fascinant pour les invités de la région.

Aujourd'hui, nous avons décidé de passer ce soir dans la réserve, assis sur les rives de la rivière et admirer le coucher de soleil lumineux. Une chaude soirée d'été, une idylle dans la nature, des nuages roses de flamants, des troupeaux de chevaux blancs, des hérons, des canards sauvages - tout cela ressemblait plus au paradis et à l'unité dans la nature. Le sens de la recherche éternelle d'idéaux inexistants et de la poursuite du beau ont été couronnés de succès, l'idylle du spirituel et du matériel incarnée en un mot, et son mor est Provence.

La Provence est l'un de ces endroits sur terre qui sont créés pour la détente et le plaisir. L'unicité de la Provence est née de la détente du Sud, d'un soleil éclatant et d'un ciel clair, des arômes de la mer, de la lavande et des cyprès, du vent chaud, d'une cuisine provençale unique accompagnée de vins français, de rues étroites, d'anciens monastères et de châteaux.

Nous appréciions la tranquillité et le silence, l'odeur de l'eau de la rivière, l'herbe fraîche et le bruissement des roseaux, et surtout - un coucher de soleil magique.

Mon „Français“ a sorti de son sac à dos une bouteille de champagne Veuve Clicquot Ponsardin Rose, achetée à Paris, lors de la visite de la célèbre Maison du Champagne. Veuve Clicquot a laissé sa marque dans l'histoire de la France en étant la première à créer du champagne rose.

Cette variété de champagne a acquis sa renommée grâce à sa récolte exceptionnelle, dont la qualité était appréciée dans le monde entier. Veuve Clicquot Ponsardin Rose est un excellent choix pour un dîner romantique. L'arôme initial du champagne est des fruits rouges frais (framboises, fraises, cerises), puis des amandes et des abricots. C'est le vin parfait à l'apéritif, pour des dîners entre les plus proches. Nous avons décidé de déguster un verre légendaire dans un lieu particulier et un lieu spirituel. La Provence s'est avérée être un tel endroit, c'est ici que j'ai voulu me sentir heureuse et libre, me souvenir de chaque instant et avoir le temps de profiter de la beauté. Le champagne était divin: un goût délicat et légèrement fruité rafraîchissait et donnait une certaine importance à l'instant. Un long arrière-goût jouait sur la langue avec des notes fruitées et jouait la mélodie bien connue du film „Les Parapluies de Cherbourg“.

Veuve Clicquot a une histoire incroyable, bizarrement liée à la Russie. Le vin de la province de Champagne a longtemps été considéré comme la machination des forces diaboliques. Les Français étaient effrayés par de terribles mutilations - manque d'yeux, cicatrices et bras et jambes paralysées. De temps en temps, les bouteilles explosaient elles-mêmes et étaient donc considérées comme diaboliques. Il n'était pas sûr de descendre dans la cave pour les chercher - ils le faisaient qu’en portant un masque de protection en métal.

Dans des périodes particulièrement dangereuses, par exemple en mars, lorsque la température a fortement augmenté et que l'explosion d'une bouteille entraînait une chaîne d'autres, les caves ressemblaient à l'enfer. Des rivières de mousse coulaient sur le sol, et la vue semblait vraiment terrifiante aux yeux.

Il n'y avait pas de moyen particulier de lutter contre le sédimenta, mais les concitoyens faisaient de leur mieux - ils fabriquaient des sols en pente, puis ils collectaient et vendaient des fragments aux bijoutiers. Les bouteilles entières qui avaient survécu à la cave étaient une vraie récompense pour les propriétaires.

À cette époque, les femmes n'allaient pas aux caves avec une boisson gazeuse - elles n'y attendaient rien de bon. De plus, on pensait que lorsque les dames s'approchaient de la boisson au mauvais moment, elle pourrait se transformer en vinaigre.

Cependant, la fille du maire de la ville de Reims, était très pragmatique et ne ressentait aucun respect pour le donjon. M. Ponsardin, son père, avant la Révolution française était un ardent monarchiste. Il ne pouvait en être autrement pour le Français, habitué à observer le couronnement des monarques dans toute sa splendeur.

Mais même cela n'a pas empêché M. Ponsardien de changer d'avis et de devenir d'abord jacobin, puis bonapartiste. De plus, Napoléon lui avait attribué le titre de baron, qu'il a conservé même après l'instauration inverse de la monarchie. Peu importe ce qui se passait dans le pays, le père de Ponsardien n’était jamais pauvre, et la richesse ne faisait qu'augmenter chaque année.

Sa fille Nicole était la seule héritière d'une fortune considérable. De plus, la fille ne se démarquait pas parmi ses pairs: elle ne brillait pas de beauté et ne montrait pas non plus de talents particuliers. Il y a une légende que sa mère a dit à sa fille quand elle était enfant: „Tu deviendras célèbre peu de temps après le mariage, ma chère!“

Bientôt, les parents ont donné sa fille en mariage à François Clicquot. On ne parlait pas d'amour quand le mariage était une bonne affaire pour les deux familles. En tant que dot, Nicole a apporté les vignes à la famille de son beau-père, qui possédait déjà des usines de champagne. Philip Clicquot peu après le mariage de son fils a ouvert la société „Clicquot-Muiron et Fils“. Le commerce du vin était un peu un hobby - M. Clicquot s'intéressait principalement à la banque et au commerce de la laine.

Comme le chef de famille n'a pas eu le temps de gérer toutes les affaires, il a donné l'affaire du vin à son fils. Cependant, avec la mort subite de François, la situation a radicalement changé. Nicole, 27 ans, est restée veuve avec sa fille Clementina de 3 ans. La rumeur circulait dans la ville selon laquelle la jeune veuve ne pleuvait pas la mort de son mari et allait bientôt trouver un nouveau mari et vendre les vignobles avec l’usine. Après tout, une femme ne dirigerait pas le commerce du vin. La seule chose qui intéressait le public était le montant de la vente de l'entreprise.

Mais soudainement, quelques jours après les funérailles, la veuve a annoncé qu'elle dirigerait désormais seule la nouvelle firme Veuve Clicquot-Ponsardin (Veuve - appel respectueux à la veuve en France de l'époque). L'entreprise devrait également changer de type d'activité et s'occuper désormais exclusivement du champagne.

Une telle déclaration a choqué tout le monde. Les rumeurs ont commencé à circuler selon lesquelles, restant dans une maison vide et regardant le déclin des affaires familiales, la femme était devenue complètement folle, et le beau-père vieillissant avait lâché la bride à la folle Nicole. La seule question qui inquiétait tout le monde était: „Combien de temps va-t-il prendre pour détruire définitivement l'entreprise familiale?“

La version de la participation aux affaires des mauvais esprits n'était pas moins courante. Après tout, il était évident que si une femme prenait toutes ses mains, le diable ne pourrait pas s'en passer. De toute évidence, elle a vendu l'âme de son mari en échange d'aide. Il ne pouvait tout simplement pas y avoir d'autre explication à ce qui s'était passé. Depuis et jusqu'à sa mort, Nicole Clicquot était accompagnée de telles rumeurs. Et ils s’étaient nourris du succès sans précédent de la jeune fille, dont les affaires ont immédiatement monté en flèche.

Selon la légende, ce n'est qu'après avoir repris la direction de la maison Veuve Clicquot-Ponsardin que la veuve a ordonné de mettre la grande table en chêne du bureau à la cave à vin. En travaillant tous les jours, Nicole a soigneusement étudié toutes les étapes de la production du champagne: de la préparation et de la sélection des sols, aux propriétés des vignes et au colmatage des bouteilles.

La veuve travaillait sans lever la tête tous les jours jusque tard dans la nuit pendant plusieurs années afin de respecter la règle qu'elle avait dit à ses vignerons: „Mon vin n'aura qu'une seule qualité - la meilleure!“

Le reste du temps, Nicole parlait aux clients, les écoutait, inscrivait des réclamations et des préférences, puis marquait quelque chose dans un carnet, pensait et analysait.

Le plus souvent, elle entendait l’insatisfaction du reste qui s'accumulait au fond de la bouteille. Les vignerons n'ont pas réussi à faire disparaître le reste désagréable. Chaque fois qu’ils le faisaient - les bulles préférées par tous disparaissaient instantanément, quand il fallait juste essayer d'ouvrir la bouteille. Cercle vicieux.

C'est de lui que la veuve a réussi à sortir, assise dans la cave à vin. Pendant longtemps, c’était un mystère, couvert d'obscurité. Tous ceux qui n’étaient pas paresseux à la mentionner de cela se souviennent du diable. Mais les acheteurs retournaient chez Nicole pour le champagne le plus pur sans aucune trace de sédiments désagréables au fond.

Le secret de la veuve Clicquot n'a été révélé qu'après 10 ans. C'est ce à quoi une femme intelligente a pensé: dans les étagères où il y avait du champagne, il y avait des trous dans lesquels ils plaçaient les bouteilles, tête vers le bas. Ils y ont été stockés pendant un certain temps, périodiquement ils ont été retournés, changeant l'angle d'inclinaison - et tout le sédiment est resté sur le bouchon. La boisson était congelée puis débouchée doucement, remplaçant le bouchon par un nouveau. Ainsi, il ne restait que du champagne pur dans la bouteille propre de sédiments. Cette méthode a été appelée „Remuage“. Après que le secret a été révélé, tous les fabricants d'une boisson pétillante ont commencé à utiliser cette méthode. Cependant, les 10 années qu'ils ont perdues ont permis à Mme Clicquot de gagner le nom de la première maison de vin en Champagne.

Mais la situation en Europe à l'époque exigeait d'hommes d'affaires plus que la simple intelligence du vigneron. La guerre faisait rage, les gens mouraient de faim, la terreur dominait en France, l'aristocratie était dans la pauvreté à Vienne, car même le blé ne pouvait pas être vendu. Le commerce du luxe a pratiquement cessé. Une porte-parole de Veuve Clicquot-Ponsardin en Autriche a indiqué que les choses allaient très mal et qu'aucune amélioration n'était attendue. La menace d'attaque de la flotte anglaise a conduit à l'interdiction du transport par eau. La dernière goutte devait être la guerre entre la Russie et la France.

Mais Madame Clicquot était assez entreprenante pour prévoir une telle coïncidence. Son assistant, Louis Bohne, a parcouru l'Europe à la recherche des marchés les plus rentables. Il a choisi la Russie.

Il a été présenté au couple royal et a rapidement envoyé un message à la maîtresse: „Un événement joyeux arrive. La reine est enceinte. Si un héritier est né, le champagne coulera dans un état énorme. Mais ne jetez pas un oeil aux concurrents, sinon tous se précipiteront immédiatement vers le nord.“

Il avait raison. Dès la naissance du prince, des vignerons de toute la France – Moët, Ruinart, Jacquesson, Roederer - se sont rendus sur les rives de la Neva. Là, ils ont essayé de proposer diplomatiquement „une boîte de vin sans engagement pour votre maison“, mais en réponse, ils ont seulement entendu: „Oh merci ! Mais ma cave à vins est remplie d'une réserve annuelle de Klickowski“. C'est ainsi que le vin était surnommé en Russie.

Louis Bohne qui a reçu de généreuses commissions pour son travail, a écrit à la propriétaire, expliquant à quel point les Russes étaient ravis de la boisson: „Ils se réjouissent comme des enfants, regardant le bouchon partir à partir de la bouteille, et les ruisseaux moussants couler sur les robes des dames“. Mme Clicquot a pris en compte cette caractéristique et a fait le vin particulièrement pétillant pour les clients russes.

Prosper Mérimée a écrit: „Madame Clicquot a fait boire la Russie. Son vin est à appelé Klikovsky ici, et ils ne veulent pas en connaître d'autre“.

Tout le Champagne, bien sûr, se souvenait encore de l'implication dans les affaires d'une veuve de mauvais esprits. Ils disaient que c’était le diable qui lui avait donné l’idée de blason idéal pour la maison de Veuve Clicquot-Ponsardin - une ancre, presque comme sur le blason de Saint-Pétersbourg, d'ailleurs, le nom de la maison a été formée par les noms de Clicquot et Ponsardin lors de l'écriture. Sans consulter personne, Nicole a présenté ce blason et a fait mouche.

Avec l'arrivée au pouvoir de Napoléon, les règles ont changé. L'importation de vins en bouteille de France a été interdite. Il semblait que c’était la fin pour le champagne, car il était impossible de le transporter en fûts. Louis Bohne était dans une situation difficile, en faisant de son mieux pour ne pas être expulsé de Russie. Ou pire encore, être déclaré espion français.

Il a inventé une méthode qui, cependant, ne permettait pas de transporter une quantité suffisante de vin mousseux - il a été transporté dans des barils de grains de café. Cela n’était pas suffi pas et en 1809, Louis Bohne est revenu en France.

L'aristocratie russe s'ennuyait sans Klikovsky, en finissant les dernières réserves stockées dans les caves. Louis Bohne, alors qu'il était en Champagne, était presque certain que les temps heureux reviendraient. Ses aspirations étaient partagées par Madame Clicquot, même si un jour les Russes ont envahi sa propre propriété.

Il y a un tel épisode dans l'histoire de Veuve Clicquot-Ponsardin. Une fois, le repos de la veuve a été interrompu par les cris déchirants d'un domestique: „Madame! Ils sont chez nous, ils ont cassé la porte et boivent notre vin!“. Nicole n’a pas bougé et a répondu: „Laissez-les boire! Plus tard, ils paieront pour tout.“

Et ils ont payé. Malgré l'interdiction, Louis Bohne affrète un navire néerlandais à Rouen, ayant décidé d'y transporter du vin en petites quantités. Inaperçu, le navire a quitté Rouen en direction de Kenningsberg. Il y avait 10 000 bouteilles à bord.

Ils disent que Louis Bohne avait pris tellement de champagne qu'il n'y avait même pas assez d'espace pour son lit. Tout au long du voyage, il s’inquiétait de chaque bouteille, car il y avait un champagne unique en 1811. Ils l’appelaient le „Vin 1811 de la comète“.

Louis Bohne a écrit Nicole, admirant le goût du vin et décrivant l'effet qu'il a produit: „Il est formidable. Lorsque vous l'essayez, vous devez vous attacher à une chaise, sinon vous risquez de vous retrouver sous une table avec des miettes de pain“. Ils l'appelaient „le vin de la comète“, et cela a vraiment fait sensation que même Pouchkine a écrit dans son „Eugène Onéguine“ „se jette dans un traîneau, et le cri de gare! gare! retentit. Son collet de poil de castor s’argente d’une fine poussière glacée. Il arrive chez Talon, sûr que Kavérine l’y attend. Il entre, et le bouchon saute au plafond; le vin de la comète jaillit.“

À l'époque où Bohne s'est amarré sur les côtes de Keningsberg, il y avait l'anniversaire du roi de Prusse. En se concentrant sur la situation, Louis, astucieux, a commencé à dire aux commerçants locaux que tout le champagne était déjà vendu, mais à titre d'exception, il était prêt à faire une exception pour ceux qui sont prêts à payer un prix exceptionnel.

Satisfait de son initiative, il disait à sa propriétaire avec enthousiasme: „J'aimerais que vous voyiez ça! Les deux tiers de la haute société à mes pieds! Il y a une queue devant les portes de mon numéro! Grâce à votre nectar, je n'ai pas besoin de chercher de commandes - ils me trouvent eux-mêmes!“

Cependant, Bohne ne s'est pas arrêté et avec une boîte de Klikovsky à ses risques et périls est-il allé à Saint-Pétersbourg. Faut-il dire que les bouteilles ont été vendues en un clin d'oeil? Et Louis Bohne a reçu les commandes pour les années à venir, alors quand l'interdiction officielle a été levée un mois plus tard, un navire avec 20000 bouteilles à bord s'est rendu sur les côtes de la Russie.

Ils y ont été immédiatement bu pour célébrer la victoire de Napoléon et en l'honneur de la veuve de Clicquot. Ils ont vendu du champagne à un prix sans précédent. Pour cet argent, il était possible de louer des appartements spacieux avec une femme de chambre et un cuisinier à Saint-Pétersbourg. Les prédictions de Nicole se sont pleinement réalisées – les Russes ont payé pour tout. Et Madame Clicquot, à son tour, a remercié généreusement le fidèle Louis Bohne - il a pu quitter un travail, agité et retourner à ses propriétés en Allemagne, où il est resté. Les autres employés ont également été remerciés par Nicole. Pendant des années, elle a nommé ses caves en leur honneur.

Le sommet du succès de la maison Veuve Clicquot-Ponsardin est survenu en 1814. Le champagne n'était pratiquement pas vendu en Europe - la principale exportation a été envoyée en Russie. La boisson est devenue si populaire que Nicole Clico a été proclamée Grande Dame. C'est encore le nom du célèbre brut, dont l'étiquette représente la veuve de Clicquot. Il est unique par son endurance - 10 - un temps inhabituellement long pour le vin mousseux. Plus tard, Nicole a acquis un nouveau vignoble et le champagne est devenu encore meilleur.

À la mémoire de la maîtresse inégalée, le vin de la maison Veuve Clicquot-Ponsardin est toujours retourné à la main. Une histoire intéressante est liée à l'apparition de la célèbre étiquette orange. Ils disent qu'une fois Nicole est entrée dans un magasin de vin et était ennuyée par le manque de champagne. Lorsqu'elle a interrogé le vendeur à ce sujet, il a indiqué un produit „indigène“, fusionnant avec le reste des bouteilles de vin.

Intriguée par cela, Nicole est rentrée chez elle, a pris des peintures et a commencé à créer. Ainsi est apparu la célèbre couleur de l'étiquette qui éclipse les autres producteurs. Personne ne sait d'où vient exactement cette couleur, mais elle est peutêtre liée au nom de la fille unique de Madame Clicquot - Clémentine - associée à un mélange d'orange et de mandarine appelé clémentine.

Pour une fille, les affaires familiales n'étaient pas intéressantes. Nicole l'avait envoyée dans un monastère anglais à Paris, et quand elle l'a emmenée de là en 1817, Clémentine a été déçue parce qu'elle trouvait trop ennuyeux de vivre dans la province. À quoi la mère lui a seulement répondu: „Ne t'inquiète pas, bébé, je t'achèterai l'intelligence quand je t'épouserai.“

Et c'est arrivé. En 1818, Nicole a épousé sa fille avec un pauvre, mais intelligent et beau homme - le comte Louis De Chevine. Elle a acheté un château aux jeunes mariés pour plaire à sa fille et à son gendre qui rêvait de son propre domaine.

Madame Clicquot elle-même ne s'est jamais mariée une seconde fois. À un âge plus mûr, cela ne l'intéressait pas autant que dans sa jeunesse. Au fil des années, elle est devenue moins féminine, mais ses qualités commerciales: la détermination, un regard sobre et Au fil des années, elle est devenue moins féminine, mais ses qualités commerciales: la détermination, un regard sobre et une perspicacité ne l'ont jamais refusée. Elle a consacré toute sa vie au „vin diabolique“ - à vendre des bijoux, à signer des hypothèques, à trouver des moyens de gagner plus, et à acheter des vignes Grand quand elle a réussi.

La vie de Nicole n'a pas changé depuis le grand succès - jusqu'à sa mort, elle a continué à travailler à la maison Veuve Clicquot-Ponsardin tous les jours jusqu'à tard dans la nuit. Elle a légué son entreprise à un compagnon, qu'elle l’a choisi elle-même pour la déception et le ressentiment de tous ses proches. Ils disent que dans le champagne, il y a un esprit de contradiction Cela est enregistré dans l'histoire la plus paradoxale de cette boisson paradoxale, inventée par la femme la plus étrange de son siècle. Vin blanc obtenu à partir de raisins noirs poussant même sur les sols les plus inadaptés. Vin festif, mis en lumière par la crête d'un siècle, plein de sang et de guerre. Un succès venu de nulle part et contre tout.

Cependant, Nicole Clicquot n'est pas la seule femme inscrite dans l'histoire de la vinification. Mais elle a été la première. Après cela, le monde a découvert Louise Pommery de l'Angleterre victorienne, qui, après la mort de son mari pendant plus de 40 ans, a géré l'entreprise de manière indépendante, en passant avec elle à travers l'occupation prussienne. Après sa mort, plus de 20 000 personnes ont défilé derrière le cercueil.

Au 20ème siècle il y avait la veuve Camille Roederer. Après la mort de son mari, elle dirigeait la maison de Louis Roederer, à qui le tsar Nicolas II a décerné officiellement le titre de fournisseur de la cour de Sa Majesté impériale. Ayant perdu son mari, Madame Lily Bollinger a pu sauver l'entreprise.

Les femmes ont donc laissé une trace indélébile dans l'histoire de la vinification, en y apportant des sortes de champagne parfaitement élaborés avec une excellente étiquette mémorable. C'est pourquoi les vrais connaisseurs et amateurs de champagne portent toujours un toast aux „veuves de champagne“ [14].

En profitant de l'histoire de France, „Français“ a levé son verre pour des femmes fortes et intelligentes capables de transformer la vie de nombreuses personnes et laisser une marque indélébile sur l'histoire de l'humanité.

Les premières étoiles brillaient dans le ciel, et les nuages légers étaient tissés à partir de la matière la plus fine, du bleu doux aux nuances de rose. La paix et l'idylle régnaient dans la nature, et nous n'en étions qu'une infime partie, mais la réalisation de cela nous a rendus heureux. J'étais allongée sur les genoux de la personne la plus proche de moi, levant les yeux vers le ciel, observant le mouvement des nuages, la naissance de nouvelles étoiles, écoutant le vent et pensant avec une certaine tristesse qu'un autre jour des vacances tant attendues en Provence touchait à sa fin.