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INTRODUCTION.

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Table des matières

«Auch’ io son pittore!»

LES jouissances que donnent les arts sont si pures, si nobles, si élevées, qu’on ne saurait trop en procurer la facilité ; et quelle source plus féconde que celle de la peinture! chacun y trouve les émotions qui conviennent à son âme, à ses sentimens: avec quel bonheur elle vous initie et vous fait pénétrer dans les secrets du génie, vous fait goûter dans toute sa pureté le plaisir des sensations douces et d’une vive admiration, et excite en vous d’heureuses idées, de touchans souvenirs! Cet art divin perpétue, propage les nobles sentimens, les hautes affections, et consacre d’importantes opinions; la peinture n’a pas seulement produit des peintres, elle a enfanté des héros, des saints, des martyrs; elle donne une heureuse impulsion à la bonté, à la vertu, au patriotisme aussi bien qu’au génie; elle satisfait au besoin qu’a notre âme d’impressions illimitées, de sensations toujours renaissantes et inépuisables dans leurs effets; mais il n’y a que l’imagination et le sentiment qui puissent expliquer le charme qui y est attaché.

En France, chaque classe en partage plus ou moins les jouissances, quoique la nature, dans notre climat, n’accorde pas libéralement à ceux qui l’habitent le don de voir, d’entendre, de sentir la magie des arts; en Grèce, le peuple sentait jusqu’aux finesses de l’éloquence, jusqu’aux nuances de l’élocution; en Italie, le peuple explique aux étrangers les beautés des chefs-d’œuvre qu’il possède, il chante les vers du Tasse; en France, les êtres organisés ainsi sont très-rares, même dans les hautes classes de la société, et généralement le grand nombre en est totalement privé. Néanmoins on voit la multitude consacrer volontiers quelques momens au genre de plaisir que donne la peinture. Le peuple y cherche les tableaux qui retracent avec fidélité les scènes de sa vie; la classe plus élevée, des sensations qui répondent à ses sentimens et à ses passions. L’esprit, l’âme, les sens, interrogent les ouvrages remarquables; et, sans être initié dans les mystères de la peinture, on éprouve de véritables jouissances, chacun dans son genre et à sa manière; aussi, bien souvent le jugement d’un ignorant ne serait point à dédaigner pour l’artiste le plus distingué ; beaucoup peuvent ignorer dans cet art le secret qui se dévoile à l’âme élevée, sentant profondément; plus d’une fois, j’en suis sûre, l’artiste s’est entendu louer d’une pensée, d’une intention, d’un sentiment qu’il s’était ignoré, qu’il devait au hasard, ou seulement au génie qui inspirait son juge.

J’ai toujours été étonnée du dédain qu’ont les artistes pour les jugemens de ceux qui ne sont pas du métier. Comment ne comprennent-ils pas qu’on puisse juger souvent mieux sans la science qu’avec elle? Comment, avec de l’esprit, de l’imagination, de la sensibilité, de l’âme, un attrait infini à observer la nature, un charme inexprimable à en étudier les effets, ne serait-on pas capable d’un jugement sûr, sévère, difficile? Il peut exister beaucoup de personnes capables d’en porter de semblables; l’art du dessin manque seul à ces peintres, et la pensée de n’être pas initiés aux secrets de la palette les rend timides, incertains; ils osent à peine s’avouer leur manière de voir, et finissent par s’identifier avec celle de tous. Eh bien! pénétrons dans le sanctuaire de la science, unissons-la à nos facultés intellectuelles. La manière la plus simple, la plus facile, est, je crois, pour y parvenir, celle que je me suis faite. J’ai cherché à connaître les qualités et les défauts des grands maîtres dont nous possédons les chefs-d’œuvre; j’ai été les étudier, former mon jugement d’après eux; aidée des lumières de quelques savans, j’ai écrit leurs arrêts; dans l’exercice répété et l’habitude de voir, j’ai trouvé d’utiles secours pour acquérir les connaissances qui, par suite, m’ont fait apprécier le mérite de nos artistes; par ce moyen, j’ai fixé mon jugement quant à la science. Le plaisir que j’en ai ressenti m’a donné la pensée de le faire partager: j’ai donc recueilli ces arrêts, qui m’ont été si utiles; j’en ai fait une courte analyse. Ce petit travail est sans aucun mérite; mais il a l’avantage d’être à la portée de tout le monde; il n’effraiera personne; j’aime à me persuader même qu’on m’en saura gré, et que grand nombre de ceux qui négligeaient les jouissances que donne l’art de la peinture vont, avec ce Guide, connaître un plaisir de plus, passer quelques doux momens, peut-être oublier un instant quelques peines, et se rappeler quelques jours heureux! Pour la jeunesse, ce Guide me semble devoir être de quelque utilité ; il pourra développer quelques heureuses dispositions; qui sait? donner à la France un talent de plus: voilà comme les plus petites causes produisent de grands effets.....

Je vais commencer par donner quelques notions sur la renaissance de l’art et de ses progrès, faire connaître le caractère des différentes Ecoles de peinture; puis, je désignerai les meilleurs peintres dont le Musée royal possède des ouvrages.

Guide des dames au Musée royal de peinture

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