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INTRODUCTION

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Table des matières

Trois métaux: le fer, le cuivre, le plomb, sont incessamment utilisés par nous dans les conditions actuelles de la vie moderne. Ils nous fournissent l’outillage de la grande industrie, servent à confectionner nos ustensiles les plus usuels, amènent l’eau dans nos villes et dans nos demeures, entrent dans la composition des vases où nous préparons nos aliments journaliers. Leurs combinaisons diverses; alliages, oxydes, sels, sont tous les jours en contact avec nous: ils permettent de préparer des matières colorantes et couvrantes variées; ils s’emploient à fabriquer, vernir ou colorier notre vaisselle culinaire, à imprégner ou blanchir nos tissus, à cimenter et enduire nos murs et souvent nos meubles; ils se retrouvent ainsi dans toutes les poussières de nos habitations. Ces trois métaux nous enveloppent de leurs molécules, et nous saturent, pour ainsi dire, de leur continuelle influence.

De ces trois substances, le fer ne fournit que des composés inertes, utiles ou indispensables à l’économie dont il fait partie intégrante et nécessaire.

Le cuivre et le plomb, au contraire, donnent surtout des combinaisons toxiques ou tout au moins nuisibles à doses répétées. Ces deux métaux n’existent pas normalement, quoiqu’on en ait dit, dans nos organes; mais grâce à leurs continuels rapports avec nous, à leur introduction voulue ou involontaire dans nos boissons, nos aliments, nos demeures, nous les retrouvons presque constamment dans le sang et dans la plupart de nos tissus.

Par quel mécanisme et dans quelles circonstances ces métaux s’introduisent-ils dans l’économie? Quel rôle y jouent-ils lorsqu’ils sont ainsi absorbés à petites doses souvent répétées? S’accumulent-ils dans certains organes tels que le foie ou les centres nerveux? Comment s’éliminent-ils? Par quelles méthodes peut-on les retrouver lorsqu’ils n’existent qu’en très faible quantité dans nos aliments, nos organes, nos excrétions? Telles sont les questions que j’ai traitées dans une série de mémoires successifs qui ont été réunis, encadrés, complétés dans ce livre.

L’absorption journalière du cuivre et du plomb a successivement été considérée, comme l’indique le titre de l’ouvrage, aux deux principaux points de vue de l’alimentation, d’une part, de l’influence des industries et des milieux où nous vivons, de l’autre. Les voies et moyens par lesquels ces deux substances arrivent jusqu’à nos organes lorsqu’on manie en grandes masses ces métaux ou leurs dérivés, et ceux par lesquels elle nous sont apportés fréquemment avec les matières alimentaires, les boissons ou grâce aux pratiques les plus usuelles de la vie, sont fort différents. Les moyens à opposer a cette introduction sont tout aussi divers. C’est ce que je me suis efforcé d’expliquer dans cet ouvrage, et ce qui en justifie le plan.

A part quelques chapitres où j’ai rapidement résumé d’excellents travaux antérieurs aux miens et que je ne pouvais passer sous silence sans être incomplet, ce livre reproduit et développe surtout les recherches personnelles que j’ai faites et successivement publiées sur les causes et le mécanisme de l’absorption, l’influence réelle, et la prophylaxie des effets des deux métaux nuisibles qui nous accompagnent partout aujourd’hui.

Ces études ont été commencées à une époque où avaient cours des idées exagérées ou par trop optimistes sur le danger ou l’innocuité des doses minimes de ces deux métaux. Faute de recherches d’ensemble et de bonnes méthodes, l’existence même du cuivre et du plomb dans nos aliments et dans la plupart des milieux où nous vivons avait été mise en doute; leur présence à peu près constante dans nos organes était niée ou méconnue. L’opinion qu’on se faisait de l’influence que peuvent exercer sur l’économie des quantités mal définies, mais toujours faibles, de ces deux métaux vénéneux n’était fondée que sur des faits douteux ou de vagues appréciations. Je pense que ces recherches auront contribué d’une part à faire disparaître des craintes mal fondées, de l’autre à fixer l’attention sur des dangers réels trop méconnus, tels que celui de l’introduction du plomb dans notre alimentation de tous les jours, et sur sa présence aujourd’hui bien démontrée dans la plupart de nos tissus.

Paris, janvier 1883.

Le cuivre et le plomb dans l'alimentation et l'industrie, au point de vue de l'hygiène

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