Читать книгу Hygiène de la voix et gymnastique des organes vocaux - Auguste 1802-1890 Debay - Страница 5
ANATOMIE. — PHYSIOLOGIE.
ОглавлениеÉnumération et description sommaire des organes de la voix.
L’appareil vocal ou phonateur se compose de quatre parties distinctes.:
1° Les poumons, faisant office de soufflet.
2° La trachée, remplissant le rôle de porte-vent.
3° Le Larynx, constituant la glotte où se produit la voix.
4° Le tuyau vocal, formé par le pharynx et la bouche d’où sort le son.
Le poumon est un organe double, essentiellement spongieux, qui remplit la cavité de la poitrine. Le poumon droit présente trois lobes; le gauche deux seulement. Le tissu pulmonaire se compose, en grande partie, d’une quantité considérable de ramifications bronchiques qui, arrivées à l’état de capillaires, se terminent par de petites vésicules aériennes. Un poumon débarrassé de son tissu nerveux et vasculaire, par la dissection, de manière que les ramifications bronchiques aient été seules conservées, ressemble beaucoup à une branche d’arbre, donnant naissance à une infinité de ramuscules.
La trachée est un tube, de 130 à 150 millimètres de longueur, composé de 18 à 20 petits cerceaux cartilagineux, tronqués postérieurement où ils sont complétés par une membrane fibreuse. La trachée monte verticalement, en avant de la colonne vertébrale, pour s’adapter au larynx; sa partie inférieure se bifurque en deux tubes qui entrent dans le poumon droit et gauche où ils se divisent en ramifications bronchiques innombrables. Ces ramifications entièrement cartilagineuses constituent le parenchyme des poumons.
Le larynx est une espèce de boîte cartilagineuse qui coiffe, pour ainsi dire, la trachée. Son ouverture supérieure ou pharyngienne s’ouvre dans la bouche; l’ouverture inférieure ou trachéale communique avec la trachée. L’ouverture supérieure du larynx, de forme triangulaire, a reçu le nom de glotte; elle est susceptible de s’élargir, de se rétrécir, et même de se fermer complètement; c’est dans la glotte que se passe le phénomène du son.
Composition du larynx. — Le larynx est composé de cartilages, muscles, cordes vocales, membranes, vaisseaux et nerfs.
Figure 1.
Larynx vu de profil, préparé pour donner au lecteur
une idée de la structure de cet organe.
1. Os hyoïde.
2-4. Petites cornes du même os.
3. Grandes cornes.
5. Ligament thyro-hyoïdien.
6. Cartilage thyroïde.
7. Cartilage cricoïde.
Les cartilages sont au nombre de cinq:
1° Le cricoïde, ainsi nommé à cause de sa ressemblance avec un anneau.
2° et 3° Les aryténoïdes ayant la forme d’un entonnoir, et servant de point d’attache aux cordes vocales. Ces cartilages forment la pièce la plus essentielle de l’appareil phonateur.
4° Le thyroïde, ressemblant à un bouclier; c’est le plus considérable de tous; il forme chez l’homme ce qu’on appelle vulgairement la pomme d’Adam.
5° L’épiglotte, cartilage plus flexible que les autres s’abaissant sur la glotte, au moment du passage des aliments dans le pharynx, et se relevant ensuite par sa propre élasticité.
Les muscles du larynx se divisent en plusieurs groupes, auxquels on a donné les noms de muscles élévateurs, abaisseurs, constricteurs, tenseurs, détenseurs, dilatateurs. Ces noms déterminent leur propriété, c’est-à-dire leur mode d’action.
Figure 2.
Larynx préparé pour démontrer les cordes vocales dans leur état de tension.
A. Reste du cartilage aryténoïde.
B. Reste du cartilage thyroïde dont la plus grande partie a été enlevée.
C. Ligaments ou cordes vocales.
D. Membrane interne du larynx.
E. Cartilage cricoïde.
F. Premiers anneaux de la trachée artère.
Cordes vocales. — Ces cordes sont formées par de petits ligaments élastiques essentiellement sonores, qui s’attachent aux parois des cartilages aryténoïdes. Leur tissu diffère de tous les autres tissus, non seulement par la couleur et la composition chimique, mais encore par la disposition des fibres. — La longueur moyenne des cordes vocales, chez l’homme, est, pendant le repos, de 18 1/4 millimètres; chez la femme de 12 2/3. Ces cordes ou ligaments offrent au maximum de leur tension, chez l’homme: 23 1/6 millimètres; chez la femme 15 1/3.
Aux cordes vocales seules ne se borne pas le tissu élastique et sonore; les ligaments qui attachent les différentes pièces du larynx, ainsi que les fibres longitudinales de la menbrane qui revêt les bronches et la trachée, sont également formés d’un tissu élastique, de telle sorte que toutes les parties de la glotte sont susceptibles de vibrations et de résonnance.
Les expériences de quelques physiologistes tendraient à établir que les cordes supérieures n’ont point la même importance que les cordes inférieures, dans la production des sons de poitrine et de tête: la section de ces cordes n’entraîne pas la perte entière de la voix, tandis que la section des cordes inférieures amène toujours l’aphonie complète.
Membranes. — Outre la membrane muqueuse qui tapisse l’intérieur du larynx, il existe une autre membrane à tissu élastique, servant à revêtir les ventricules, et concourant à la formation des cordes vocales.
Le nerf laryngé joue un grand rôle dans la phonation; si l’on coupe, chez un chien, les filets de ce nerf qui vont animer les muscles tenseurs et constricteurs, aussitôt les cordes se relâchent, et la voix devient rauque; mais si l’on remplace l’action des muscles en rapprochant les cartilages, à l’aide d’une pince, la voix se fait entendre de nouveau dans sa pureté naturelle.
Les ventricules du larynx, aussi dénommés ventricules de Morgagni, semblent n’avoir d’autre usage que celui de donner de l’espace aux cordes vocales, et de leur permettre de vibrer en liberté.
L’appareil phonateur est diversement construit, chez les animaux; les mammifères les plus rapprochés de l’homme, les singes, par exemple, possèdent un larynx presque semblable au nôtre; la seule différence est dans-une ouverture qui existe entre les cartilages et va s’ouvrir dans un sac membraneux, appelé sac laryngé. D’autres quadrumanes sont munis d’une large caisse hyoïde, communiquant au larynx et imprimant à l’air expiré une vibration puissante; on les a nommés hurleurs. — Cette conformation est peut-être la cause qui prive les singes de la faculté de parler; car lorsqu’ils veulent crier, une grande partie de la colonne d’air expiré, s’engouffre dans le sac laryngé d’où il résulte un cri monotone, rauque et désagréable. Il serait très curieux d’expérimenter si, en pratiquant une opération propre à fermer l’ouverture qui existe entre les cartilages du larynx de ces animaux, on arriverait à leur faire articuler des mots?
Les oiseaux, possèdent deux larynx, l’un supérieur, l’autre inférieur et trois glottes successives. Ce mécanisme offre quelque analogie avec celui de la flûte, d’où résulte cette faculté, particulière à quelques oiseaux chanteurs de moduler des sons que l’homme n’imite que très imparfaitement. — Les oiseaux, à long col ont une trachée formée de plusieurs anneaux entiers; une membrane fortement tendue sur le premier anneau constitue ce que les zoologistes nomment le tambour. Leur larynx, entièrement osseux, ne leur permet qu’un seul cri d’une raucité et d’une monotomie fort désagréable: le paon, l’oie, le canard, le vautour, etc.
Aucun des animaux vivants n’offre des cordes vocales semblables à celle de l’homme. Chez les uns elles sont plus grêles, plus courtes et moins marquées; chez les autres elles sont plus épaisses, plus rapprochées et presque confondues. Les êtres moins avancés dans la série animale en offrent à peine les rudiments. Les reptiles, dont les cordes vocales sont membraneuses, ne peuvent effectuer qu’un sifflement. Chez les êtres privés de l’organe pulmonaire, l’appareil vocal n’existe point; un orgue sans soufflet serait complètement muet. Les poissons, hormis quelques-uns, et les nombreuses familles d’insectes étant dépourvus de poumons, ne font entendre qu’un bruit produit par une membrane appelée vibrateur; la cigale, le grillon, etc. sont dans ce cas.
Partie du larynx où se produit la voix. Les observations recueillies sur l’homme vivant et les expériences faites sur des larynx d’hommes et d’animaux morts, démontrent positivement que le phénomène du son se passe dans la glotte même, ni au-dessus, ni au-dessous. Lorsqu’on fait une ouverture à la trachée d’un animal vivant, la voix cesse aussitôt et revient dès qu’on bouche cette ouverture. Si l’on pratique une ouverture au-dessus du larynx, le son a lieu comme avant; mais au lieu de sortir par la bouche, il sort en grande partie par l’ouverture.
Comment se produit le son. — Nous traiterons cette question, dans tous ses détails, au chap. 3; ici nous nous bornerons à dire que le poumon sert de soufflet, la trachée de porte-vent et les cordes vocales représentent des anches membraneuses. Ces cordes, tendues par de petits muscles, sont mises en vibration par le courant d’air sorti du poumon, et ces vibrations varient du grave à l’aigu, selon que la glotte se dilate ou se resserre, que les cordes se tendent ou se relâchent.