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TIMBRE DE LA VOIX.

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On entend par ce mot le caractère propre, la nature essentielle du son vocal. Chaque individu a son timbre de voix. Cependant l’homme peut, jusqu’à un certain point, imiter le timbre de ses semblables; c’est ce qui arrive lorsqu’un individu veut en singer un autre.

D’après les physiologistes les plus experts, le timbre de la voix dépend de certaines conditions générales de l’organisme, et de l’action spéciale de toutes les pièces de l’appareil vocal; c’est-à-dire de la forme et de la composition des voies aériennes, ainsi que des membranes et de leur résonnance; de la capacité de la glotte, du degré de longueur et de largeur du larynx, des sinus frontaux et maxillaires, des cavités nasales et du mode spécial de cohérence des cordes vocales; enfin, c’est de l’action isolée ou combinée du larynx, du pharynx, du tuyau buccal, du voile du palais et des fosses nasales, pendant l’émission du son, que résultent les variétés de timbre dans l’espèce humaine.

Le timbre de la voix, dans l’échelle zoologique, sert à distinguer le sexe et les espèces. Le timbre de l’homme diffère de celui de la femme. Le chien, le cheval, le taureau, etc., ont un timbre qui leur est propre; il suffit d’entendre le cri des divers animaux pour deviner le genre auquel ils appartiennent.

Il existe des rapports intimes entre l’appareil vocal et les organes génitaux: le timbre est grêle, aigre, perçant depuis l’enfance jusqu’à la puberté, à cause du peu de longueur des cordes vocales, de l’étroitesse de la glotte et du développement incomplet des cavités nasales.

La puberté augmente en tous sens le diamètre de ces parties alors la voix devient rauque, enrouée; c’est l’époque de la mue pendant laquelle on doit défendre l’exercice du chant qui pourrait provoquer d’assez graves accidents. Après la puberté, l’influence génitale existe toujours; l’abus des plaisirs amoureux altère le timbre et peut entraîner la perte de la voix: c’est ce que nous aurons occasion de démontrer physiologiquement au chapitre de cet ouvrage traitant de l’hygiène générale.

Dans plusieurs contrées l’homme n’a pas craint de porter un fer criminel sur de jeunes sujets, afin de prévenir chez eux la puberté. La castration, à cet âge, arrête le développement du larynx et la voix conserve toujours les sons grèles et flûtés de l’adolescence. Pendant longtemps l’usage exista en Italie de mutiler un certain nombre d’enfants mâles; on a porté ce nombre à quatre mille! ce qui nous paraît exagéré. Les femmes ne pouvant faire partie des chanteurs employés dans les églises, le but de ces mutilations était de leur fournir des voix de soprano. Les théâtres aussi et même les seigneurs avaient leurs castrats; ce ne fut qu’au 18e siècle que le pape Clément XIV abolit cet usage immoral et barbare.

Après la puberté et à mesure qu’on s’avance dans l’âge viril, le timbre se développe, devient mâle et sonore. Chez le vieillard le timbre perd sa pureté, la voix se couvre,la parole sort lente, cassée, chevrotante, à cause de l’altération que subissent les deux systèmes génital et vocal.

Le timbre de la femme est clair, velouté, suave; celui de l’homme est moins doux, mais plus plein, plus retentissant; le premier a quel que chose de tendre, de voluptueux; le second, plus énergique, semble fait pour le commandement.

Les tempéraments établissent aussi des différences dans le timbre de la voix: en général, l’homme sanguin, à large poitrine, possède une voix mâle et forte; celle du bilieux est passionnée, stridente, métallique; le lymphatique la traîne mollement, quelquefois avec une nonchalance qui a ses charmes; chez le mélancolique on trouve des modulations plaintives, une accentuation douce et langoureuse; dans le timbre de l’atrabilaire, il y a quelque chose de sombre et de sépulcral.

Comme il existe assez généralement une relation intime entre le timbre et les langues parlées, on a dit que l’Arabe et l’Allemand se reconnaissaient à leur timbre guttural; — le Français, à son timbre clair; — l’Italien et l’Espagnol, à leur timbre sombre. La raison de ces faits serait que les langues Arabe et Allemande abondent en articulations gutturales; les langues Italienne et Espagnole fourmillent de mots qui ne peuvent bien se prononcer qu’avec la voix sombrée; la langue française renferme une grande quantité de mots où se trouvent les articulations i et u, qui exigent le timbre clair. La diphthongue ou, si fréquente dans les langues Italienne et Espagnole, nécessite le développement complet du tuyau vocal. D’après Kœmpelen, si la longueur du canal oral est de 1 dans la prononciation de la voyelle i, elle monte à 5 pour l’articulation de la diphthongue ou.

L’éducation que l’homme reçoit et ses différentes évolutions dans l’ordre social, impriment aussi leur cachet sur son timbre vocal. — Les artisans, paysans, marins etc., habitués à parler fortement et brusquement, ont le timbre sec, dur, et bruyant, tandis que celui du citadin oisif est doux, peu élevé ; il annonce quelque chose de prétentieux, de maniéré et parfois de ridicule. On a avancé que l’être difficile et brutal avait un timbre dur, aigre ou glapissant, tandis qu’il était harmonieux, tendre et flatteur chez l’individu d’un caractère opposé. Quelques observateurs ont même prétendu que les personnes affligées d’une voix et d’un timbre faux avaient rarement le jugement juste?

Force de la voix. — La dimension et l’élasticité des cordes vocales, un ample développement de la glotte du conduit oral et des cavités de retentissement, la résonnance des membranes qui les tapissent, une large poitrine, des poumons vigoureux dans leurs mouvements d’inspiration et d’expiration, sont les conditions d’une voix forte; car ainsi que nous l’avons dit, les poumons sont au larynx ce qu’un soufflet est au tuyau d’orgue. Au contraire, l’étroitesse de la poitrine, les engorgements, les tubercules du poumon et toutes les affections chroniques de cet organe, rendent la voix faible. En général, tous les agents qui peuvent altérer les muqueuses bronchiques et laryngo-buccales, portent une fâcheuse atteinte à la force et à la sonorité de la voix. Le silence absolu trop longtemps prolongé, débilite les organes respiratoires et exerce par conséquent une influeuce très sensible sur le timbre et les qualités de la voix.

Hygiène de la voix et gymnastique des organes vocaux

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