Читать книгу Mémoires du trottoir - Aurélien 1833-1902 Scholl - Страница 7
V LE ROMAN DE FOLLETTE
ОглавлениеOLLETTE était une toute petite chienne noire à poils ras, de l’espèce des ratiers anglais. C’est la race la plus amusante et la plus remuante qui soit au monde. Vive comme la poudre, toujours en mouvement, curieuse, affairée, Follette, qui n’était guère plus grosse qu’un lapin de garenne, eût rempli une maison à elle seule. Elle montait et descendait l’escalier vingt fois par heure, allant de la chambre au salun, du salon à la cuisine, flairant partout, sautant sur les genoux de toute personne disposée à la caresser quelques instants. Il fallait qu’elle vît tout ce qui se passait, qu’elle se rendît compte de chaque chose. Dès le matin, au retour du marché, elle savait, en trois aspirations de son petit museau noir comme une truffe, ce qu’il y aurait le soir pour dîner.
On lui avait à peine coupé les oreilles, pour sacrifier à la mode, et, quand elle dressait les deux petits cornets à tabac placés aux extrémités de son front carré, cela lui faisait la plus drôle de figure qu’on puisse imaginer.
Follette avait coûté cinq cents francs, ni plus ni moins, à M. Gontier, banquier à Orléans, qui en avait fait cadeau à sa fille Alice. On eut bientôt noué connaissance. La mignonne petite bête s’attacha tout de suite à sa maîtresse; on ne pouvait voir l’une sans l’autre. Le choix d’un collier fut toute une affaire. Mademoiselle Alice se décida pour un collier composé d’une double chaîne d’acier réunie par une plaque sur laquelle elle fit graver son nom et son adresse; un petit grelot d’argent, fixé à l’une des mailles, tintait joyeusement à chaque mouvement de Follette. Le soir, mademoiselle Alice lui ôtait son collier, qui l’eût gênée pendant la nuit, et le lendemain Follette, appuyant ses deux pattes sur les genoux de sa maîtresse, tendait elle-même le cou pour reprendre les insignes qui lui allaient si bien.
Follette couchait dans la chambre de sa maîtresse; on lui avait fait un lit moelleux avec un morceau de tapis soigneusement plié au fond d’une corbeille d’osier.
L’hiver, dès que la petite chienne, après avoir tourné plusieurs fois sur elle-même, s’était couchée en rond, le museau appuyé sur son arrière-train, mademoiselle Alice la recouvrait d’un jupon devenu trop court, et qui remplissait le double emploi d’édredon et de rideau.
Le dimanche matin, il y avait un crève-cœur. Mademoiselle Alice allait à la messe avec sa gouvernante, madame Gontier étant morte depuis plusieurs années. Or, on n’ignore pas que le préjugé interdit l’entrée de l’église aux chiens de toute race et de toutes dimensions. Il n’est pas plus permis à un toutou d’Écosse ou de Havane de faire son salut qu’à un bouledogue ou à un terre-neuve.
Quand Follette voyait sa maîtresse s’éloigner, elle poussait des cris déchirants; Alice la consolait de son mieux, l’embrassant et lui passant la main sur le dos en disant: à tout à l’heure! Mais la mignonne petite bête avait le cœur gros. Elle se réfugiait sous un fauteuil et faisait entendre de petits gémissements qui indiquaient sa douleur.
Mais aussi quelle joie quand sa maîtresse rentrait. Follette faisait des bonds prodigieux pour arriver jusqu’à sa figure; elle tournait et gambadait; c’était presque du délire. Une mère qui revoit son fils qu’elle croyait mort n’a pas de transports plus touchants.
Cette demi-heure qu’avait duré la messe était un siècle pour Follette. Retrouver sa maîtresse après une si longue séparation, elle ne pouvait croire à tant de bonheur! Elle jappait et elle riait à la fois.
L’hôtel qu’occupait M. Gontier était bâti entre cour et jardin. Dans la belle saison, Follette se plaisait à courir dans l’herbe; elle poursuivait les papillons avec une ardeur qui eût excité la jalousie d’un lévrier d’Écosse. Si le vent chassait une feuille sur le sable de l’allée, Follette courait après la feuille et la rapportait gravement à mademoiselle Alice. La petite chienne avait une haute idée de ses devoirs; elle ne laissait traîner dans la maison ni un bouchon ni une boule de papier.
Un jour, en entrant dans un magasin, Alice s’aperçut qu’elle avait perdu son porte-monnaie. Elle eut beau tourner et retourner ses poches, le porte-monnaie n’y était plus.
La marchande s’avisa que Follette tenait quelque chose à la gueule, si tant est qu’on puisse appeler gueule la petite bouche terminée en pointe par laquelle Follette happait sa pâtée.
C’était le porte-monnaie que la fidèle compagne de mademoiselle Alice avait ramassé sur le trottoir. Un biscuit et beaucoup de caresses furent la récompense de son zèle.
Il n’y avait pas dans toute la ville un autre chien aussi petit que Follette. Elle souffrait bien un peu de son isolement, mais à part deux époques de l’année, il était facile de voir qu’elle avait pris son parti du célibat.
Dans la rue, un grand braque ou un bull s’arrêtait de temps en temps tout étonné, et semblait se demander si cet animal minuscule pouvait bien appartenir à la même famille que lui. Il approchait lentement, en sondeur, et flairait Follette d’un air scientifique. Celle-ci, flattée qu’on fît attention à elle, donnait deux ou trois battants de queue, puis s’éloignait en toute hâte, jugeant bien que ce n’étaient point là des maris pour elle.
Elle n’avait qu’un ami dans la ville, un grand terre-neuve, un voisin nommé Tom. Ce terre-neuve n’était déjà plus un jeune homme; il avait sept ans quand Follette atteignit son vingt-et-unième mois. La première fois qu’elle l’aperçut, Tom était étendu, en plein soleil, sur le seuil de sa maison, les pattes allongées, le nez en avant, les yeux à demi fermés. Elle reconnut en lui tous les signes de la race; il y avait dans son attitude ce je ne sais quoi qu’on ne trouve que dans les vieilles familles; c’était évidemment un grand seigneur déclasse. Follette s’approcha de lui en remuant la queue. Tom, évidemment charmé de recevoir le salut d’une si gracieuse petite bête, se leva aussitôt et s’assura d’un cou p de nez que Follette appartenait au beau sexe. Il lui allongea un coup de langue sur le museau. Follette, qui était chatouilleuse, répondit à cette politesse par une série de gambades qui mirent Tom en belle humeur. Il courut après Follette, qui tâchait de lui échapper par des circuits et des zigzags d’une charmante fantaisie. Tout à coup il s’arrêtait, attendant une nouvelle provocation. Follette alors se campait fièrement devant le molosse, et faisait entendre de petits jappements d’un timbre jeune et clair; puis elle sautait autour de Tom, essayant de lui mordiller les oreilles. Ce jeu dura jusqu’au moment où mademoiselle Alice rappela Follette. Celle-ci apprit bientôt que Tom n’était pas un chien ordinaire; un soir, il avait détendu son maître, attaqué par deux chenapans sur un chemin écarté; une autre fois, il avait sauvé un enfant qui venait de tomber dans la rivière. Il n’y avait pas, dans tout le département du Loiret, un autre chien de garde aussi brave ni aussi vigilant que Tom.
Les sentiments basés sur l’estime sont les seuls durables. L’amitié de Tom et de Follette ne devait cesser qu’à la mort.
Quatre années s’écoulèrent de cette bonne vie de province. Mademoiselle Alice avait dix-neuf ans quand M. Gontier se trouva subitement ruiné. Les banquiers honnêtes sont quelquefois frappés cruellement par le sort, les autres jamais.
M. Gontier quitta Orléans et vint, avec sa fille, se fixer à Paris, où il espérait trouver un emploi. Il lui restait à peine quelques milliers de francs. Alice n’avait pas voulu se séparer de Follette; elle était là, compagne de l’infortune, comme elle avait été celle des heureux jours. Deux petites pièces au cinquième étage, sur la cour, remplaçaient l’hôtel et le jardin d’Orléans. Alice dépérissait de jour en jour; le chagrin de voir souffrir son père la tuait à vue d’œil. Un soir de novembre, elle s’alita pour ne plus se relever. Une fièvre intense la minait; une toux opiniâtre déchirait sa poitrine.– Follette ne quitta pas le pied du lit de sa maîtresse; quand une des mains de celle qu’elle chérissait pendait un instant hors du lit, Follette allait la lécher tendrement.
–Pauvre petite bête! murmura un soir Alice, que deviendras-tu après moi?.
Et des larmes silencieuses coulèrent sur son visage pâle et amaigri.
Le lendemain, Alice était morte. Au moment où la vie abandonna sa maîtresse, Follette ressentit au fond du cœur comme quelque chose qui se brisait. Elle sauta sur le lit, promena son petit museau noir sur la figure de la morte, la flairant, cherchant à se rendre compte de ce qui se passait.
M. Gontier, effaré, saisit la main de sa fille.
–Alice! Alice! réponds-moi!
Rien.
Il la souleva sur l’oreiller, puis, voyant que tout était fini, il poussa un cri déchirant et tomba à la renverse sur le plancher.
Deux hommes apportèrent un cercueil en bois blanc. On y coucha la fille de l’ex-banquier, puis on cloua les planches par dessus.
M. Gontier, sanglotant dans son mouchoir, accompagna le corps de sa fille. Follette seule le suivait, abîmée, le nez penché sur le pavé.
Il y avait deux jours quelle n’avait mangé; à peine avait-elle pu de temps en temps, étancher sa soif dans une soucoupe ou dans une cuvette posée par terre.
En revenant du cimetière, M. Gontier s’arrêta sur le bord de la Seine et regarda l’eau qui coulait. Tout à coup, il descendit sur la berge et se précipita dans le fleuve.
Des passants appelèrent au secours. On détacha un bateau, un homme plongea à plusieurs reprises. Ce ne fut qu’au bout d’une demi-heure de recherches qu’on ramena sur le rivage le cadavre de M. Gontier.
Des papiers trouvés sur lui permirent de le transporter à son domicile.
Follette avait suivi machinalement. Où serait-elle allée? Mais le concierge de la maison l’aperçut.
–Ah! c’est leur petit chien! s’écria-t-il. Comprend-on cela: des gens qui n’avaient pas de pain pour eux et qui se donnaient des airs de garder une bête?
Il se baissa et détacha le collier, dont il espérait tirer quelques sous. Cela fait, il allongea un grand coup de pied à la pauvre Follette, en disant d’une voix terrible:
–Allez-vous en! On n’a pas besoin de vous ici pour salir les escaliers!
Le coup était si rude que la pauvre Follette roula sur le pavé et fit deux ou trois tours sur elle-même.
Une fois remise sur ses pattes, elle se demanda avec angoisse où elle allait se réfugier. L’eau coulait d’une fontaine voisine; elle s’approcha du ruisseau pour calmer sa soif, et là elle se contempla avec terreur. Quel changement s’était opéré en elle! Qu’était devenu le temps où l’on craignait que quelqu’un ne la volât pour la vendre? Elle n’avait plus que la peau sur les os, et quelle peau! Il y avait plus d’un mois que sa maîtresse n’avait pu s’occuper d’elle et faire sa toilette; son poil, autrefois lustré, était rude et sale. Elle avait barboté dans la boue du cimetière et ne pouvait inspirer que du dégoût. La misère ne lui allait pas.
Follette prit alors la résolution d’aller mourir sur le tombeau de sa maîtresse. Retrouverait-elle le chemin du cimetière? Oui, plus tard, quand il y aurait moins de passants et de voitures.
Elle se réfugia derrière une porte cochère, dans un petit coin obscur où elle se pelotonna de son mieux; pas si bien toutefois que la concierge ne l’aperçût quand elle vint fermer la porte.–Allez-vous en! allez!…
Et encore un coup de pied.
Après avoir erré de rue en rue, Follette put s’approcher d’un tas d’ordures qu’elle fouilla avidement du museau et des pattes. Elle, autrefois si difficile,–elle à qui l’on offrait des morceaux de biscuit de Reims trempés dans du lait et qui faisait quelquefois la dédaigneuse,–elle fut bien heureuse de trouver une tête de hareng saur et un vieil os de côtelette! Elle dévora–puis se remit en route, cherchant à s’orienter.
Vers cinq heures du matin, deux hommes passèrent.–Qu’est-ce que c’est que ça? dit l’un d’eux.
–Un petit chien perdu.–Il n’a pas de collier.
–Oh! alors!…
Follette se sentit prise dans les mailles d’un filet. On l’en retira pour la jeter dans une charrette où se trouvaient déjà sept ou huit chiens, de pauvres hères, tous aussi maigres qu’elle, sinon davantage. Deux ou trois avaient d’horribles maladies, de grandes places rouges sur le dos. Un autre avait les yeux couverts d’une croûte. C’était la cour des miracles de la race canine.
La charrette roula, recevant de temps en temps un nouveau prisonnier.
La fourrière.–Une grande cour. Des cages garnies de grille. Dans le mur, de gros clous où l’on pend des chiens. Ils erraient sur la voie publique. Les vagabonds de toute sorte sont un danger pour la société. Pauvres bêtes, qui n’avaient d’autre tort que de n’avoir pas su trouver à placer leur dévouement!
Mais le chien doit aussi payer une cote personnelle. Pas de maître, pas d’impôt.
Les chiens sans maître sont des malfaiteurs. Le code qu’on leur applique ne connaît qu’une peine: la mort.
Qu’importait à Follette, puisqu’elle avait résolu de mourir? La pendaison ne l’effrayait pas outre mesure. Un spasme de quelques instants–et tout serait dit.
Elle fut interrompue dans ses reflexions par l’arrivée d’une voiture à bras que poussait un homme à la trogne avinée. Il jeta un regard sur les hôtes de la fourrière, en prit cinq ou six par la peau du cou et les jeta dans son tombereau.
–Ces messieurs en voudraient un petit pour une nouvelle expérience, dit-il à l’un des gardiens.
–Eh bien! voilà! répondit celui-ci en désignant Follette.
–Ma foi, oui, fit l’homme.
Il saisit Follette et l’envoya rejoindre les autres: après quoi, il fit retomber le couvercle de son tombereau et se mit à rouler.
Le trajet fut long.
La charrette s’arrêta enfin devant un édifice d’un aspect lugubre.
On fit monter Follette avec les autres, et, au bout d’une heure environ, on la poussa dans une pièce où se trouvaient des tables devant lesquelles cinq ou six messieurs, sans habit, les manches retroussées, se tenaient debout et semblaient observer avec attention quelque chose que Follette ne pouvait a percevoir.
Les dalles sur lesquelles elle posait ses pattes étaient couvertes de sang, et le sang ruisselait encore par de petits trous pratiqués dans les tables.
Follette, toute tremblante, se retira dans un coin, et de là elle aperçut un grand chien étendu sur l’une des tables. Il était couché sur le dos et comme écartelé, les quatre pattes maintenues par des liens attachés à quatre clous. On lui avait passé dans la gueule, derrière les dents canines, une tige de fer qui se terminait aux deux bouts par un anneau dans lequel on avait fixé une corde.
Les mâchoires étaient serrées par une autre corde placée en arrière de la tige de fer, autour du museau.
«Messieurs, dit un homme à cheveux gris, pour empêcher les cris de l’animal sans empêcher la respiration, j’ai mis à nu, comme vous le voyez, la trachée-artère et l’ai soulevée sur un clou passé en dessous en travers, afin que les liquides sanguinolents ne coulent pas dans les voies respiratoires.»
L’homme qui parlait ainsi avait à côté de lui toute sorte d’instruments dont la vue seule donnait le frisson: des ciseaux courbes et élances, des pinces, des scies.
«Nous allons mettre à nu, continua-t-il, la veine jugulaire externe.»
A partir de ce moment, Follette n’entendit plus rien; les mots lui arrivaient confus. Elle jetait des regards épouvantés sur le spectacle horrible qui se continuait devant elle.
Le chirurgien enleva la moitié de la peau sur la tête du pauvre chien; il lui arracha un œil. Puis il prit une scie et se mit à lui scier la cuisse; les dents de la scie grinçaient sur l’os. Enfin, il lui ouvrit le ventre dans toute sa longueur.
Et la victime ne pouvait faire un mouvement ni pousser un cri. Son sang coulait par toutes les gouttières de la table de vivisection, et les bourreaux lui avaient enlevé jusqu’au soulagement d’une plainte!
Follette eut alors une vision horrible. Elle crut reconnaître son ancien ami, Tom, son voisin d’Orléans. Oui, c’était bien lui. Quelqu’un l’avait volé sans doute, conduit à Paris, puis abandonné. Ce brave chien, qui avait sauvé la vie à son maître, qui s’était jeté dans un fleuve débordé pour ramener un enfant à ses parents désolés; ce chien qui, s’il eût été un homme, eût porté sur la poitrine cinq médailles de sauvetage et la croix d’honneur, il était là pantelant, déchiré, les entrailles à nu, les os broyés. Telle était la récompense de tant de courage, de tant de dévouement et de fidélité!…
«Messieurs, reprit le professeur, nous allons couper les parties molles avec l’écraseur.»
Tout à coup, Follette se sentit saisie par une main vigoureuse. Elle fut à son tour jetée sur une table. On lui fixa les membres à quatre clous, après avoir préalablement serré son pauvre petit museau dans une forte corde.
Pour se donner du courage, elle songea à sa maîtresse, qu’elle allait rejoindre. Le gracieux profil de la gentille Alice lui apparut comme dans un songe. Elle l’eût défendue, la chère enfant, contre les ciseaux et contre la scie des tourmenteurs; mais la mort l’avait prise la première!
L’opérateur avait ouvert la gorge de Follette; il lui mit ensuite les entrailles à nu…
Il n’en fallait pas tant. La pauvre petite bête avait déjà trop souffert; ses yeux se fermèrent et son âme, grosse comme un soupir d’enfant, s’envola vers les régions éthérées.
«Les vivisections, dit Littré, sont indispensables aux progrès de la physiologie, et par conséquent de la médecine, comme à ceux de la chirurgie. Par conséquent, elles rentrent dans les nécessités cruelles imposées à Phomme par la fatalité de sa condition et celle du monde. Mais elles doivent être faites avec réserve, et il faut éviter dans ce genre d’études tout ce qui peut leur donner un caractère de cruauté. Elles doivent toujours avoir pour but un progrès bien déterminé de la science ou de l’art.»
Eh bien! c’est ce qui n’est pas. On fait de la vivisection un abus criminel; six cent cinquante chiens ont été livrés, cette année, aux tenailles et aux écraseurs. Sans doute, les souffrances des lapins, des chats, des hérissons, des pigeons déchiquetés tout vifs par l’opérateur sont les mêmes que celles du chien. Il y a cependant cette différence que le chien est notre ami, bien plus, notre allié. Il nous garde, il nous signale le danger, il combat avec nous, il nous aime. C’est un transfuge qui a quitté les rangs des animaux pour se mettre du côté de l’homme. Le chien connaît la différence du bien et du mal, et il a l’idée de la mort. Garrotté sur la table de vivisection, il sait très bien qu’on le tue, il assiste à sa longue agonie, se demandant quand elle finira et pourquoi on la lui impose. Le plus souvent il a léché la main de son bourreau!
Qu’on épargne au moins les chiens, ces amis de nos enfants, ces défenseurs de nos foyers. S’il en faut absolument, qu’on en prenne deux, qu’on en prenne dix par an; mais qu’on ne se fasse pas un passe-temps des souffrances horribles d’un animal qui, après tout, vaut mieux que bien des hommes.
C’est pour plaider cette cause que j’ai écrit le roman d’une chienne.