Читать книгу Les 73 journées de la Commune (du 18 mars au 29 mai 1871) - Catulle Mendes - Страница 9
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Enfin, au milieu de ces troubles, où chacun va sans savoir où, entre le Comité central qui fait des proclamations et le gouvernement de Versailles qui réunit des troupes, il s’est trouvé des hommes qui ont prononcé quelques paroles raisonnables.
Ces hommes, dès à présent, peuvent être certains qu’ils sont approuvés et qu’ils seront obéis par Paris, —par le Paris honnête et intelligent, par le Paris prêt à favoriser celui des deux partis qui prouvera que la justice est avec lui.
Les députés et les maires de Paris ont fait afficher la proclamation suivante:
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ.
«CITOYENS,
«Pénétrés de la nécessité absolue de sauver Paris et la République en écartant toute cause de collision, et convaincus que le meilleur moyen d’atteindre ce but suprême est de donner satisfaction aux vœux légitimes du peuple, nous avons résolu de demander aujourd’hui même à l’Assemblée nationale l’adoption de deux mesures qui, nous en avons l’espoir, contribueront, si elles sont adoptées, à ramener le calme dans les esprits.
«Ces deux mesures sont: l’élection de tous les chefs de la garde nationale et l’établissement d’un conseil municipal élu par tous les citoyens.
«Ce que nous voulons, ce que le bien public réclame, en toute circonstance, et ce que la situation présente rend plus indispensable que jamais, c’est l’ordre dans la liberté et par la liberté.
«Vive la France! Vive la République!
«Les représentants de la Seine:
«Louis BLANC, V. SCHŒLCHER, Edmond ADAM, FLOQUET, Martin BERNARD, LANGLOIS, Édouard LOCKROY, FARCY, BRISSON, GREPPO, MILLIÈRE.
«Les maires et adjoints de Paris:
«1er Arrondissement: Ad. ADAM, MELINE, adjoints. — 2e Arrondissement: TIRARD, maire, représentant de la Seine; Ad. BRELAY, CHÉRON, LOISEAU-PINSON, adjoints.—3e Arrondissement: BONVALET, maire; Ch. MURAT, adjoint. — 4e Arrondissement: VAUTRAIN, maire; LOISEAU, GALLON, adjoints. — 5e Arrondissement: JOURDAN adjoint.— 6e Arrondissement: HÉRISSON, maire; A. LEROY, adjoint. — 7e Arrondissement: ARNAUD (de l’Ariége), maire, représentant de la Seine. — 8e Arrondissement: CARNOT, maire, représentant de la Seine. — 9e Arrondissement: DESMARET, maire. — 10e Arrondissement: DUBAIL, maire; A. MURAT, DEGOUVES-DENUNQUES, adjoints. — 11e Arrondissement: MOTU, maire, représentant de la Seine; BLANCHON, POIRIER, TOLAIN, représentant de la Seine.—12e Arrondissement: DENIZOT, DUMAS, TURILLON, adjoints. — 13e Arrondissement: Léo MEILLET, COMBES, adjoints. — 14e Arrondissement: HÉLIGON, adjoint. — 15e Arrondissement: JOBBE-DUVAL, adjoint. — 16e Arrondissement: Henri MARTIN, maire et représentant de la Seine. — 17e Arrondissement: François FAVRE, maire; MALOU, VILLENEUVE, CACHEUX, adjoints. — 18e Arrondissement: CLEMENCEAU, maire et représentant du peuple; J.-B. LAFONT, DEREURE, JACLARD, adjoints.»
Il y a deux heures que cette proclamation a été affichée, et je n’ai pas encore rencontré une seule personne qui ne l’approuve entièrement. Les députés de la Seine et les maires de Paris, par suite de la fuite à Versailles du Gouvernement, sont, naturellement, nos chefs légitimes. Nous les avons élus; qu’ils nous dirigent. C’est à eux qu’il appartient de réconcilier l’Assemblée avec la Cité ; et il nous semble qu’ils ont pris le meilleur moyen d’opérer cette conciliation, en dégageant des exagérations de l’émeute tout ce que ses réclamations ont de légitime et de pratique. Donc, qu’ils soient loués pour cette tentative vraiment patriotique! Et qu’ils se hâtent d’obtenir de l’Assemblée la reconnaissance de nos droits. En cédant à la demande de nos députés et de nos maires, le Gouvernement ne pactisera pas avec l’insurrection; bien au contraire, il en triomphera radicalement, puisqu’il lui enlèvera tout prétexte d’existence et éloignera d’elle, d’une façon définitive, tous les hommes à qui la justice de quelques parties de son programme fermait les yeux sur la façon illégale et violente dont ce programme est formulé.
Si l’Assemblée consent, il ne restera plus du 18 mars que le souvenir, pénible sans doute, d’une journée sanglante, et d’un grand mal sera sorti un grand bien.
Quoi qu’il arrive, nous sommes résolus — nous, c’est-à-dire tous ceux qui, sans avoir suivi le Gouvernement à Versailles et sans avoir pris une part active à l’insurrection, désirent également le rétablissement du pouvoir légitime et le développement des libertés municipales — nous sommes résolus à suivre où ils nous conduiront nos députés et nos maires. Ils représentent en ce moment la seule autorité légale qui nous semble avoir équitablement apprécié les difficultés de la situation, et si, tout espoir de conciliation étant perdu, ils nous disaient de prendre les armes, nous les prendrions.