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C’EST LA MÈRE MICHEL

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C’est la mère Michel qui a perdu son chat,

Qui crie par la fenêtre qui est-ce qui me l’rendra.

Le père Lustucru lui a répondu:

Allez, la mère Michel, votre chat n’est pas perdu.

Et la mère Michel lui a demandé,

Si mon chat n’est pas perdu, vous l’avez donc trouvé.

Il est dans un grenier qu’il fait la chasse aux rats,

Avec un fusil de paille et un sabre de bois.

Et pourtant, le cousin Lustucru avait une fameuse molaire contre le chat de la cousine, vu que cet animal était l’auteur d’une foule de larcins et de soustractions répréhensibles, commis à son détriment, en sourdine et sans tambour ni trompette, dans l’ombre et le mystère. Cependant, il n’y avait de vrai en tout cela, pour le quart d’heure, qu’un civet de chat confectionné par le susdit Lustucru, cuisinier peu délicat sur l’article de la fabrication des civets. Un matou, un véritable matou avait fort bien été mis dans la casserole du susdit cuisinier avec des petits oignons. Lustucru croyait-il tenir le chat de la mère Michel sur ses fourneaux? ou était-il dans l’habitude de confectionner des gibelottes clandestines et fallacieuses aux dépens des chats de gouttières et autres dont il pouvait s’emparer? Voilà ce que l’on ne découvrit que plus tard; mais ce qu’il y a de certain, c’est que le chat de la mère Michel était encore en vie, et dans un état de santé assez florissant, sauf la perte de l’extrémité de son individu, qu’un particulier fort barbare, sans doute, lui avait extirpée juste au bas des reins. Mais n’anticipons pas sur les événements.

Je grandissais donc entre une volée de bois vert, le chat favori de ma chère tante, et les mauvais conseils d’une foule de Gribouilles de mon âge, qui ne valaient pas mieux que moi.

Tout à coup le père Jean s’arrêta court pour éternuer: ah! xcit! ah! xcit! ah! xcit! puis il reprit la parole.

—Vas-tu à l’école, toi, petit?

—Mais oui, père Jean.

— T’y amuses-tu?

— Dame, je ne m’y ennuie pas, surtout à l’heure de la récréation.

— Ah! voilà qui est particulier; eh bien, mon petit, figure-toi que dans mon jeune temps, nous étions une douzaine de jeunes drôles, qui ne pouvions pas nous souffrir à l’école; c’était à qui de nous n’irait pas, —et pour dire vrai, j’étais le plus récalcitrant de la bande; et peu à peu j’avais si bien endoctriné mes camarades sur l’inutilité d’aller à l’école, sur les ennuis de l’étude, que, ma foi, la classe du père Biscotin restait déserte; et dans le pays, en voyant les petits polissons jouer et vaguer seuls et déguenillés dans les rues ou dans les champs, chacun se disait: Voilà les Gribouilles. S’il y avait une mauvaise action de commise, et que l’on ne connût pas l’auteur du méfait, de suite on disait: a Bien sûr c’est quelqu’un de la bande à Gribouille qui a fait le coup;» si l’on voyait un papa ou une maman corriger un méchant enfant, on disait encore: «C’est un garnement, c’est un Gribouille, il n’a que ce qu’il mérite;» enfin, j’avais une réputation colossale. Pas une farce, une naïveté, une espiéglerie ne se faisait à vingt lieues à la ronde sans que de suite on ne me l’attribuât. S’agissait-il d’un enfant glouton, qui avait manqué s’étrangler en avalant un noyau, vite on disait: «Ah! il a été malin comme Gribouille celui-là ; » un autre s’était-il laissé prendre au piége en faisant une mauvaise niche: «Ah! ah! disait-on, c’est un Gribouille, celui-ci.» Ou bien un écolier avait-il, par hasard ou par entêtement, peu ou pas appris sa leçon, vite on disait encore: «C’est un Gribouille;» celui-là, comme un goinfre, avait-il oublié les règles de la sobriété en avalant trop de raisiné ou toute autre friandise, et s’en trouvait-il très-incommodé, on criait de suite par-dessus les toits: «C’est un Gribouille.» Cet autre avait-il pris plaisir à cracher en l’air pour que ça lui retombe sur le nez, on disait encore: «C’est un Gribouille.» Tous ceux enfin qui étaient mis en pénitence avec des oreilles d’âne, ou qui avaient commis quelque grosse sottise, avaient de suite la réputation d’être de la famille; non, plutôt de la tribu des Gribouilles, car une famille eût été trop peu nombreuse pour produire tant de sujets et d’émules.

Franchement, j’étais glorieux d’une réputation aussi étendue; pourtant ça n’était pas sans me causer souvent des désagréments; sans parler des volées journalières de la mère Michel, qui prétendait que son chat avait cent fois plus de cœur et de bonne volonté pour le bien que moi.

Mais il faut, petit, que je te fasse connaître ma tante Michel. Écoute donc: ah! xcit! ah! xcit! ah! xcit! Attends, ça va se passer, ah! xcit! ah! xcit! ah! xcit! Enfin l’accès se passa, et le père Jean reprit.


La Mère Michel.


Chassé par la Mère Michel.

Les confidences de Gribouille

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