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La vitesse est la qualité primordiale de la cavalerie.

Dans les guerres à venir, la cavalerie la plus vite aura, dans le service d’exploration, un avantage si marqué, que la cavalerie ennemie se trouvera pour ainsi dire sans utilité dès le début de la campagne, et conservera une infériorité manifeste jusque sur le champ de bataille.

Toutes les grandes puissances militaires de notre époque ont compris la nécessité de la vitesse pour la cavalerie et sont parvenues, après un siècle d’efforts, à remonter leurs régiments sur le sol national; elles y sont arrivées, pour la plupart, en améliorant les espèces hippiques indigènes, par l’emploi presque exclusif, pour le croisement de leurs juments, des étalons de pur sang anglais. Cette race du pur sang, d’origine relativement moderne, a relevé notablement la qualité des chevaux dans tous les centres d’élevage, et provient de trois étalons de race orientale, importés en Angleterre à la fin du XVIIe siècle.

Par une sélection judicieuse et continue, on parvint à former ce type Thorough-bred, que nous connaissons tous, qui réunit à la fois l’endurance et la vitesse; la résistance est due au sang oriental que les produits possédaient à un haut degré, la vitesse aux reproducteurs, qui n’entraient au haras qu’après avoir acquis de brillantes performances sur les hippodromes. Cette dernière qualité a donc été prépondérante dans la transformation du cheval de guerre, de même que, dans d’autres domaines, elle a bouleversé la stratégie et la tactique, en précipitant la mobilisation, en permettant des concentrations rapides, en donnant le moyen aux troupes de projeter en un instant une gerbe de projectiles innombrables sur un point quelconque du terrain.

Nécessité du Sport pour les cavaliers militaires.

Si le pur sang est un produit de.la vitesse, le cavalier militaire, nous l’affirmons d’accord avec tous les auteurs qui ont abordé cette question, ne se forme que par la pratique constante du sport.

En campagne, le plus souvent, il faudra agir dans de mauvais terrains, parfois couverts de neige ou rendus plus difficiles par l’obscurité, et se servir presque toujours d’un animal déjà éprouvé par des fatigues considérables; il en résultera des difficultés quasi insurmontables pour le service des reconnais-sauces, pour la transmission des ordres et des renseignements. Ne nous faisons pas illusion; nous ne posséderons pas à ce moment l’endurance et le sang-froid nécessaires pour mener à bien ces entreprises pénibles et hasardeuses, si nous ne recherchons pas en temps de paix les circonstances les plus défectueuses, les plus comparables à celles où nous nous trouverons à la guerre.

Le moyen d’arriver à ce résultat, c’est la pratique du sport, du sport à outrance. La lutte, l’émulation, nous forceront seules à déployer tout ce que nous avons d’énergie et de volonté, nous donneront le mépris du danger, indispensable au métier des armes, et nous permettront de conserver toujours la vaillance et l’audace, apanages de la chevalerie.

Le général de ROSENBERG, longtemps grand-maître de la cavalerie d’outre-Rhin, s’exprime ainsi en traitant la nécessité du sport pour les cavaliers militaires:

«Comme nous n’avons pas la guerre en perma-

»nence, nos manœuvres et nos exercices ne peu-

» vent suffire à nos officiers; il faut donc pendant la

» paix, trouver une compensation au point de vue de

» l’emploi du cheval: ce sera la chasse et les

» courses. C’est là que nous pourrons récolter le fruit

» de notre travail et du degré de préparation de nos

» chevaux. Aussi peut-on difficilement s’imaginer,

» qu’il y ait des esprits assez obtus pour condamner

» cette équitation d’extérieur pour le cavalier mili-

»taire; notre élément, c’est la vitesse et la mobilité,

» même à travers les terrains les plus difficiles. On

» ne peut nier que cela soit la même chose en course

» et en chasse.

» Que deviendrait une cavalerie dont les jeunes

» officiers ne pourraient monter à cheval que dans

» le service, au manège, et sur le terrain de manœu-

» vres? Que d’idées fausses, ils se formeraient là ?

» L’officier de cavalerie doit avoir l’esprit entreprenant, » aventureux, sinon jamais il ne joindra l’en-

» nemi. Or, ce n’est pas au manège que se forment

» les caractères audacieux, mais bien à l’extérieur.

» Quant aux tempéraments opposés, aux esprits

» anxieux et circonspects, craignant la responsabi-

» lité, doux, sensibles, pleins de soucis pour leur

» personne ou de précautions pour leurs subordon-

» nés, ils n’ont rien à faire dans notre arme. Qu’ils

» s’en aillent et se livrent plutôt à la poésie, qu’ils

» chantent l’amour.»

L’auteur de ces lignes remporta 178 steeple-chases, fut 100 fois placé, chargea 7 fois l’ennemi, et disputa encore, en 1894, un cross-country, alors qu’il comptait 70 ans.

La nécessité de pousser tous les cavaliers militaires dans la voie du sport a été reconnue par les chefs des principales armées modernes. L’AUTRICHE et l’ALLEMAGNE furent les premières à réorganiser les luttes hippiques tombées peu à peu en désuétude après la chute de Napoléon Ier, et le général de Rosenberg prit la direction de ce mouvement qui amena une émulation sans bornes dans la cavalerie des deux empires. Quoique perdurant encore aujourd’hui, cette question vitale y est traitée de nos jours trop officiellement, et les officiers allemands et austro-hongrois déplorent profondément qu’il ne leur soit laissé aucune initiative dans les différents exercices équestres.

Si, au contraire, nous nous tournons vers la FRANCE et l’ITALIE, nous voyons ces deux puissances encourager de tout leur pouvoir les officiers, notamment, par l’institution d’un grand nombre d’épreuves officielles, en leur laissant toute latitude et toute facilité d’assister aux chasses et aux diverses réunions hippiques auxquelles ils sont conviés. L’organisation des courses militaires en France, tant pour officiers que pour sous-officiers, est trop connue pour que nous nous y arrêtions, mais il convient de remarquer que nos voisins du Sud sont particulièrement favorisés par la présence d’un nombre considérable d’équipages de chasse sur leur territoire.

Depuis quelques années, l’ITALIE, surtout, a suivi l’exemple de la France; les courses militaires y ont été rendues officielles en 1889, et par dépêche du 17 octobre de cette même année, le ministère de la guerre a facilité l’engagement dans les épreuves militaires, des officiers et des gradés subalternes, a assuré le transport gratuit des concurrents et de leurs chevaux et a alloué des prix en espèces montant jusque 6,000 lires. En 1894 furent décrétées des courses de résistance, à exécuter dans les régions de corps d’armée, sur des parcours dépassant 300 kilomètres; des allocations de 4 à 6,000 lires y furent affectées. Les chasses, dans la campagne romaine, sont suivies régulièrement par les cavaliers des garnisons vosines; les officiers de l’école de Tor di Quinto sont tenus d’assister, avec leurs instructeurs, à toutes les chasses au renard et à une chasse au daim sur trois; la nature du terrain et les obstacles qui s’y rencontrent rendent ces réunions passionnantes pour les veneurs.

En 1890 avaient été organisées, en RUSSIE, dans chaque division, des courses annuelles de deux verstes avec obstacles, obligatoires pour les officiers subalternes. En 1896, ces épreuves furent remplacées par des courses facultatives, au nombre de dix par an, sur divers points du territoire de la Russie d’Europe; la moyenne des prix de ces réunions atteint 2,500 roubles. Sur l’initiative du prince Galitzin, aide de camp général, une société de chasse à courre vient d’être organisée à Krasnoé-Sélo. Cette société comprend les officiers des régiments de cavalerie de la garde, de l’école de cavalerie et d’un certain nombre d’autres corps de la garnison.

En SUÈDE et en NORVÈGE, l’autorité militaire a mis en honneur le steeple-chasing; les officiers, que ces deux pays nous ont envoyés le 27 août 1902, avaient remporté, dans le Nord, de nombreux trophées en plat et en obstacles.

Avant nous, les anciens, depuis les temps les plus reculés, entretenaient la vigueur et l’énergie de leurs guerriers par des luttes permanentes de tous genres. La place nous manque pour décrire ces courses mémorables de l’antiquité, dont les triomphateurs étaient appelés aux plus grands honneurs et après lesquelles on érigeait des statues aux chevaux eux-mêmes, vainqueurs de ces tournois, pour les immortaliser. Laissant de côté les luttes d’hippodrome, nous ne tiendrons compte que des épreuves se rapprochant le plus comme conditions, de celles que l’on rencontre à la guerre.

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