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§ XII.—Boutures.
ОглавлениеPresque toutes les plantes en séve peuvent être multipliées par boutures. Cette opération, qui est d'une extrême simplicité, consiste à couper une partie quelconque d'un végétal, même une feuille pour quelques espèces, et à lui faire produire des racines. Certaines plantes sont d'une reprise très-facile; mais il en est d'autres qui nécessitent beaucoup de soins et ne peuvent guère être multipliées que chez les horticulteurs marchands, qui ont des bâches disposées spécialement pour cette opération; aussi nous bornerons-nous à indiquer les boutures que l'on peut faire à l'air libre et celles qu'il faut étouffer, mais qui réussissent très-bien si l'on possède seulement des cloches et un châssis.
1. Boutures à l'air libre.—C'est ainsi qu'on multiplie beaucoup d'arbres et d'arbrisseaux d'agrément. En janvier, l'on coupe des rameaux de l'année par tronçons de 0m,10 à 0m,20 de longueur, selon les espèces; on coupe la partie inférieure bien net au-dessous d'un œil; on les réunit par espèces et on les enterre à moitié de leur longueur dans du sable ou dans de la terre fine, mais dans un lieu à l'abri du hâle et de la gelée; de la fin de février au commencement d'avril, on les plante au plantoir dans un terrain bien préparé et autant que possible à une exposition ombragée; on les enfoncera de manière à laisser deux ou trois yeux hors de terre, puis après la plantation on paillera le terrain, et lorsque la sécheresse commencera à se faire sentir, on aura soin d'entretenir l'humidité de la terre par des arrosements.
2. Boutures sous cloches et sous châssis.—Beaucoup de plantes d'orangerie et de serre tempérée peuvent être multipliées de boutures au printemps sur couche tiède; elles se font en février et mars. On prépare à cet effet une couche peu épaisse, de manière à obtenir seulement une chaleur douce; on l'entoure d'un réchaud, et on la couvre d'un lit de terreau fin, auquel on peut mêler un peu de terre de bruyère; puis on pose des cloches dessus, ou bien on la recouvre d'un châssis; mais alors la hauteur de la couche aura dû être calculée de telle sorte que les boutures se trouvent peu éloignées du verre. Lorsqu'elle a pris chaleur, on coupe les boutures avec ou sans talon sur les branches les plus vigoureuses; on les étête en leur donnant 0m,08 à 0m,10 de longueur, en ayant toujours soin de couper la partie inférieure bien net au-dessous d'un œil; puis on les repique immédiatement sur la couche au moyen d'un petit plantoir, en les enfonçant de 0m,02 à 0m,03. On pourrait aussi repiquer ces boutures dans des pots que l'on enfoncerait dans la couche: c'est ainsi que l'on peut multiplier les Héliotropes, les Pétunias, les Verveines, etc. Après avoir recouvert les bordures de cloches ou de châssis, on les ombragera au moment du soleil, et la nuit on les couvrira de paillassons. Il faudra les bassiner de temps à autre avec le petit arrosoir à pomme, car les boutures ne peuvent s'enraciner qu'en maintenant la terre constamment fraîche; lorsqu'elles commenceront à pousser, comme on sera certain qu'elles sont pourvues de racines, on leur donnera un peu d'air dans le jour, en soulevant les cloches ou châssis, et au bout de quelque temps on pincera les extrémités les plus longues, puis on relèvera les boutures en tâchant de conserver à chacune une petite motte. On les plantera dans des pots, que l'on pourra replacer sur la même couche après les avoir arrosés, et, si on le juge nécessaire, on ranimera la chaleur de la couche en faisant de nouveaux réchauds; les autres soins se borneront à leur donner de l'air graduellement et à les arroser au besoin. Toutes les plantes étant ainsi traitées seront fortes et assez rustiques pour pouvoir être mises en pleine terre à l'époque où l'on en garnit les massifs et les plates-bandes.
La même opération peut être faite en été à une exposition ombragée; seulement, à cette époque, il n'est plus besoin de couche: c'est ainsi que l'on multiplie les Pélargoniums, etc. L'époque la plus favorable pour faire ces boutures est de la fin de juillet à la fin d'août. Après les avoir préparées comme nous l'avons indiqué précédemment, on les repique à 0m,03 ou 0m,04 l'une de l'autre dans des pots que l'on a remplis de terre et de bruyère mélangée d'un peu de terreau, et après le repiquage on les arrose légèrement; puis on place les pots sous cloche ou sous châssis, mais à l'abri du soleil. À l'automne, les boutures seront enracinées, et pourront être séparées, ce que l'on fera en divisant la potée en autant de parties qu'il y a de boutures; puis on les empotera séparément; étant ainsi traitées, l'on est certain d'avoir au printemps suivant des plantes de force à fleurir.
On peut encore procéder de la manière suivante pour celles qui s'enracineraient difficilement: on prend un pot ordinaire, puis ensuite un autre pot, plus étroit, mais autant que possible aussi haut que le premier; on le renverse dans celui-ci, on remplit l'intervalle avec de la terre appropriée au besoin des boutures que l'on se propose de faire, on met une petite pincée de terre sur le trou, après quoi on repique les boutures; enfin on enterre le tout sur une couche, et l'on met une cloche par-dessus.
3. Boutures par tronçons de racines.—Quelques végétaux peuvent être multipliés en coupant une racine en tronçons, que l'on plante soit en pleine terre, soit sur couche, mais toutefois en en laissant à l'air l'extrémité, d'où il sort bientôt des bourgeons.