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CHAPITRE DEUX

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La chaleur n'était pas beaucoup plus supportable le soir, mais elle était suffisamment descendue pour être plus tolérable. Lucien aurait pu se passer de tout divertissement pour la soirée, mais il avait promis à son père d'assister au dîner des Wharton. Il avait été terriblement absent de toutes les activités sociales ces derniers temps. Son père, le duc, ne l'avait pas expressément pressé de se marier, mais il lui avait suggéré à plusieurs reprises de commencer à chercher. Il avait vingt-trois ans. Pourquoi un tel empressement ? Il n'était pas contre le mariage, mais il n'avait aucune raison d'envisager pour lui-même de tels liens du avant l'âge de 30 ans.

Il ferait une apparition au dîner et, plus tard, il irait au club avec ses deux amis les plus proches avant de partir s'occuper des affaires de la succession de leur père – ils seraient partis pour une quinzaine de jours au moins. Les jumeaux Marsden, Alexander et Andrew. Ils avaient plusieurs mois de plus que lui et avaient grandi ensemble. Sa famille était proche des Marsden, et ils avaient passé beaucoup de temps dans leurs domaines respectifs. Cette année, ils se rendaient à Huntly Manor pour la saison de Noël. Aussi loin qu'il se souvienne, tous les ans, sa famille avait pris part à des fêtes dans la propriété ducale. Les autres années avaient été passées au manoir des Marsden, et oui, le vicomte et la vicomtesse de Torrington les y avaient également rejoints.

Lucien se dirigea vers la maison que les Wharton possédaient en ville et se saisit du heurtoir, le frappant deux fois contre la porte. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit et son majordome le salua. – Bonsoir, mon seigneur, dit-il en s'inclinant rapidement. – Veuillez entrer, je vous prie.

Il conduisit Lucien dans un couloir et dans un salon. Plusieurs autres membres du groupe étaient déjà présents, dont Alex et Drew. Il était surpris de voir les jumeaux à quelque chose d'aussi civilisé qu'un dîner. Et ce à quelles fins ? Peut-être que leur père les avait forcés à y assister également.

– Lucien, le salua Andrew. – Heureux de vous voir ici ! S'il vous plaît, dites-moi que vous avez un plan pour vous échapper plus tôt.

Il en avait un, mais maintenant il n'était plus si certain que ça marcherait. Avec Alex et Drew au dîner, il ne pouvait pas invoquer un engagement précédent qu’il avait oublié avec eux. Ils pourraient concevoir un plan, pourtant. Les trois ensemble étaient assez formidables. – J'aimerais pouvoir apaiser votre inquiétude, commença Lucien. – Mais hélas, j'ai bien peur de ne pas pouvoir vous aider à vous échapper. – Qu'est-ce que vous faites ici, de toutes manières ?

– Angeline avait besoin d'une escorte, répondit Alex rapidement. – Mère et Père ne sont pas encore revenus de la campagne. Nous ne pouvions pas décider lequel de nous deux l'escorterait, alors nous sommes tous les deux venus. Plus on est de fous… Il prit une gorgée de son brandy. – Les parents devraient être à la maison demain avant que nous partions pour prendre en charge le projet de Père.

Lucien éclata de rire. – Eh bien, au moins nous sommes tous dans le même guêpier. Si vous chaperonnez votre sœur, où est-elle ?

Angeline Marsden était un enfer. La plupart des Marsden avaient une forte volonté et une nature sauvage, mais elle réussit d'une façon ou d'une autre à leur donner un air apprivoisé. Elle les avait suivies dans son enfance et emmenait souvent Émilia avec elle. D'une manière ou d'une autre, elle avait réussi à infuser son esprit loyal dans sa petite sœur à mesure qu'ils vieillissaient.

– Elle est dans le coin avec Émilia. Drew pointa le doigt dans leur direction. – Elles ont la tête collée ensemble depuis une demi-heure. Je n'ai pas peur de dire que cela m'effraie. Elles sont en train de mijoter quelque chose. J’en suis certain.

Lucien ne pouvait qu'être de son avis. Il étudia les deux filles et elles étaient en train de murmurer comme si elles partageaient de sombres secrets. Les cheveux blonds d'Émilia étaient épinglés avec élégance, pas une mèche ne dépassait. Sa robe était un rose pâle bordé de blanc qui donnait à sa peau une douce lueur. Angeline… Ses cheveux noirs étaient épinglés et certaines de ses boucles encadraient son visage de manière attrayante, et sa robe n'avait rien d'innocent. La nuance plus foncée lui allait bien, et en tant qu'homme digne de ce nom, il appréciait la coupe plus risquée du corsage.

De temps en temps, l'une d'entre elle levait les yeux et vérifiait l'environnement immédiat. Quoi qu'elles soient en train de discuter, elles voulaient s'assurer que ce n'était pas de notoriété publique. Dans quoi Angeline Marsden avait-elle impliqué sa sœur? Cette fille avait besoin d'un gardien et si les jumeaux ne voulaient pas retenir leur sœur, il devrait intervenir et faire quelque chose. Sinon, sa propre sœur serait mêlée au scandale qu’Angeline était sûre de causer avec son méfait.

Quand est-ce qu'elle grandirait ? Les deux filles avaient vingt et un ans maintenant. Elles devraient être en train d'envisager de se caser et de trouver un mari. Mais non, elles étaient occupées avec leurs éternelles bêtises et il lui faudrait intervenir pour les sauver.

– Allez-vous laisser votre sœur corrompre la mienne à nouveau ? Il leva un sourcil dans la direction des jumeaux. – Quelqu'un devrait au moins essayer de les arrêter. Ce serait Lucien, mais il pensait au moins tenter de raisonner avec ses amis.

– Je pense que vous vous inquiétez pour rien, dit Alex. – Elles ne font rien dont nous devrions trop nous préoccuper.

– Je suis d’accord. C'est généralement du divertissement inoffensif. Quel problème deux filles pourraient-elles avoir de toute façon ? Drew jeta un coup d'œil derrière lui. Son ton gardait une pointe de curiosité alors qu'il demandait : – Est-ce bien Julian ?

Lord Julian Kendall était un autre de leurs camarades de classe. Il était second en ligne pour hériter d'un duché et essayait toujours de comprendre ce qu'il voulait faire de sa vie. Son frère jumeau hériterait et Julian était libre de faire presque tout ce qu'il voulait de sa vie. Il avait été question de s'enrôler dans l'armée, mais il n'avait pas encore pris sa décision. Ils étaient devenus amis parce que, avec deux paires de jumeaux à Eton, ils pensaient qu'ils devraient se regrouper et faire des ravages partout et à tout moment. Ils avaient tous une part de responsabilité dans les meilleurs méfaits et farces que l'école ait jamais vus. Le frère de Julian avait décidé de suivre son chemin une fois qu'ils seraient allés à Oxford. Il estimait qu'il devait se concentrer sur ses responsabilités en tant que futur duc de Weston.

Lucien était censé se préoccuper de ce même genre de choses. Il était l'héritier d'un duché aussi. Dans son esprit, son père resterait dans les années à venir. Il n'était pas près d'être prêt à assumer la responsabilité d'être le duc de Huntly. Il ne pouvait pas imaginer ce que son père avait vécu quand il avait hérité du titre. Il était beaucoup plus jeune que Lucien en vérité, lorsqu'il en avait hérité.

Julian se dirigea vers eux. – Content de voir des visages familiers ici.

– Qu'est-ce que vous fabriquez ici ? Demanda Alex en plaçant une mèche blonde égarée derrière son oreille. Le ton de sa voix laissait penser qu'il était sous le choc de voir Julian se montrer en société. – Cela ne semble pas être ton type de divertissement habituel.

– Et bien c’est exact. Julian grimaça. – Mais Eleanor voulait venir. Il n'y avait personne d'autre pouvant l'accompagner. Elle a son amie, Lady Hannah Jones, avec elle également. Donc, je suis coincé avec deux dames à chaperonner. Ne savent-ils pas que je suis un débauché et qu'on ne devrait pas me faire confiance?

– Et bien, commença Lucien. – Eleanor est votre sœur. Je la crois en sécurité en votre compagnie. Elle est une bonne protection pour son amie. Il frappa l'épaule de Julian avec sa main. – Je déteste vous le dire, mais elles sont tout à fait en sécurité sous votre garde.

– Bon sang, murmura Julian. – Mis à bas par la respectabilité et les liens familiaux. Jamais n'aurais-je cru voir ce jour.

Il leur en avait bouché un coin. Ils ne pouvaient pas échapper à leurs responsabilités autant qu'ils l'auraient voulu. Leurs jours de vie irresponsable touchaient bientôt à leurs fins. – Il y a pire, je suppose. Ses paroles étaient plus le reflet des pensées de Lucien qu' autre chose, mais les dire à voix haute sembla le calmer.

– Mordez-vous la langue, dit Drew. – Je ne vais pas abandonner mon style espiègle parce que la respectabilité tente de s'infiltrer dans ma vie. C'est trop amusant pour arrêter maintenant.

– Ne pensez-vous pas tomber amoureux un jour ? Lucien leva un sourcil. – Beaucoup d'hommes ont abandonné la débauche pour l'amour d'une femme.

Le rire de Drew résonna dans la pièce. – Je n'ai pas à trouver quelqu'un à aimer. C'est à Alex de transmettre le titre. Il repoussa Alex sur le côté qui, à son tour, jeta un regard irritable à son frère, apparemment mécontent de l'injure qui lui avait été faite. – Cela me laisse tout mon plaisir. Quelqu'un doit réconforter toutes les dames qu'il rejette. Je prendrai volontiers ce fardeau.

Lucien secoua la tête. Drew était le plus sauvage des jumeaux Marsden. – Je doute qu'Alex soit pressé d'épouser quelqu'un.

– Aucun de nous ne l'est, acquiesça Alex. – Nous avons beaucoup de temps pour comprendre ce que nous voulons dans la vie. La bonne dame attendra que je sois prêt.

Il y avait beaucoup de choses qui pourraient attendre, selon Lucien. Il jeta un nouveau coup d'œil à Angeline et Émilia. Il ne pouvait réprimer inquiétude lancinante qui avait pris racine dans ses tripes. Il fallait les surveiller, mais il se disait que cela pourrait attendre plus tard. Elles ne pourraient pas faire grand chose lors d'un dîner. Il parlerait à Émilia le matin suivant ou l'après-midi. Elle ne se lèverait probablement pas assez tôt pour recevoir une visite de courtoisie. De toute façon, cela pourrait attendre.

– Il ne leur arrivera rien, dit Alex comme s'il lisait dans les pensées de Lucien. – Je parlerai à Angeline sur le chemin du retour. J'espère bien tuer leur projet dans l'œuf de cette façon avant qu'il ne prenne forme.

Il aurait aimé que ce soit aussi simple. Angeline Marsden avait une lueur dans les yeux que Lucien reconnut. Ses frères ont toujours effacé ses manières intrigantes, mais Lucien le savait mieux. Elle voulait de l'attention et personne ne lui en donnait. S'ils prenaient le temps de lui prêter attention, peut-être qu'elle cesserait de trouver sans cesse de nouveaux ennuis dans lesquels se plonger. – Je pense que je vais leur parler maintenant.

Lucien était décidé à attendre pour parler à Émilia. Si il n'y avait eut que sa sœur, ça aurait marché, mais avec Angeline au beau milieu de tout cela… Rien ne pouvait être laissé au hasard. Et si le plan qu'elle préparait avait quelque chose à voir avec le dîner ? Alors attendre n'empêcherait rien.

– vous le regretteras, dit Alex, l'assurance résonnant à travers sa voix. Laisse les tranquille. Je suis sûr que ce n'est rien.

Lucien ignora son ami et se dirigea vers Angeline et Émilia. Elles étaient toujours en discussion intense, et ni l'une ni l'autre ne leva la tête à son approche. Pour cette raison, il saisit un peu de leur conversation sans qu'elles ne remarquent sa présence.

– Je vous promets que cela fonctionnera, déclara Angeline. –  S'il vous plaît, dites oui.

– Mais si quelque chose tourne mal ? Personne ne sera là pour vous aider.  Émilia se mordilla la lèvre inférieure. –  Je ne le sens pas.

– Dois-je de nouveau tout vous ré-expliquer ?

Lucien avait vraiment envie de les interrompre en s'exclamant,

–  oui, faites je vous prie.  De cette façon il saurait exactement ce qu'elles faisaient, ou plus important ce que mijotait Angeline ? Émilia ne semblait pas être tout à fait partante et n'avait aucune intention d'être directement impliquée. Sa sœur avait généralement plus de bon sens qu'Angeline.

– Non, dit Émilia.

– Mais promettez-moi que vous viendrez me voir juste après que vous ayez fini. Je ne pourrai cesser de m'inquiéter tant que je ne serais pas sûre que vous allez bien.

– vous avez… Angeline arrêta de parler et se tourna pour regarder Lucien. Ses yeux s'assombrirent un peu alors qu'elle fixait les siens.

– N'étiez-vous pas en train de nous écouter ?

– Pas du tout, répondit-il doucement.

– Mais maintenant que vous en parlez, dans quoi exactement êtes-vous en train d'entraîner ma sœur cette fois ?

Émilia roula des yeux.

– Je n'ai pas besoin de mon grand frère pour intervenir et me protéger de mon amie. Retournez à votre petit groupe d'escrocs et planifiez votre soirée de malice. Nous sommes bien, ici, entre nous.

Les muscles de sa mâchoire se contractèrent aux paroles de sa sœur.

– J'ai bien peur de ne pas pouvoir ignorer ce que j'ai entendu. Vous allez me dire ce que vous prévoyez et tout de suite.

Le rire d'Angeline était comme un coup de poing dans le ventre. Il voulait étendre la main et la secouer pour la ramener à la raison. Pourquoi était-elle si difficile ? Son regard se fit insistant. Quand était-elle devenue si belle ? Ses cheveux noirs étaient entortillés en un élégant chignon et ses yeux bleus étaient comme des saphirs étincelants sur une toile parfaite. Sa fureur la rendait encore plus belle avec ses joues rouges et ses lèvres roses ourlées. Il voulait l'embrasser et c'était quelque chose d'entièrement nouveau. Une chose qu'il ne pouvait pas effacer, et ça l'effrayait d'une manière qu'il n'aurait jamais cru possible.

– Écoutez-moi, dit Angeline.

– Je n'entraîne pas Émilia dans quoi que ce soit pouvant lui causer du tort. Je ne lui ferais jamais ça. Allez ennuyer quelqu'un d'autre. Nous savons tous les deux que vous ne vous souciez pas de moi et ce sera plus facile pour nous deux si vous vous retiriez de ma présence.

Il tressaillit à ses mots. Qu'est-ce qui pouvait lui faire penser qu'il ne se souciait pas d'elle ? Bien sûr, il n'aimait pas certaines des choses qu'elle avait faites au fil des ans, mais il ne s'était jamais moqué d'elle. Elle était comme une sœur… Non, ce n'était pas vrai non plus. Il ne pourrait jamais ressentir pour sa sœur ce qu’il ressentait pour Angeline. Elle le mettait en colère au point de le faire presque craquer et le rendait fou même les bons jours, mais il n’avait jamais ressenti de sentiments fraternels pour elle. C'était beaucoup plus intense que ça.

– Je vais vous laisser toutes les deux seules pour le moment, dit-il aussi calmement qu'il put.

– Mais cette conversation n'est pas terminée.

Lucien devait mettre un peu de distance entre lui et Angeline. Il n'aimait pas la direction que prenaient ses pensées la concernant. Quelque chose avait changé et il n'avait fallu qu'un moment pour que cela change irrévocablement. Il ne pouvait pas la regarder sans voir en elle une femme désirable. Lucien ne devrait pas ressentir quelque chose d'aussi profond pour elle. Elle était la petite sœur d'Alex et Drew. Si jamais ils réalisaient que Lucien la désirait… Ils m'assassineraient.

D'une manière ou d'une autre, il devait freiner son désir involontaire. S'il ne le faisait pas, il craignait le chemin qui le mènerait à sa perte. Il devrait également trouver un moyen de faire comprendre à Angeline qu'il ne la détestait pas. Comment y parviendrait-il sans la prendre dans ses bras et l'embrasser de manière insensée, il l'ignorait. Il devait bien y avoir un terrain d'entente où il pouvait exprimer qu'il se souciait d'elle sans lui faire croire qu'ils avaient un avenir autre que de demeurer des amis proches.

Elle leva le menton et croisa son regard.

– En ce qui me concerne, Il n'y a rien que vous puisses dire que j'ai besoin d'entendre.

Avec cela, elle s'éloigna dans une crise de fureur qui n'arrangea en rien son désir croissant. Il n'avait jamais eu envie d'une femme à ce point, et il fallait que ce soit celle qu'il ne pourrait jamais avoir. Bon sang… Qu'est-ce qu'il allait faire maintenant?

Ange Rebelle

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