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1.4. Les changements de la période 1893–1901

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Avec le règlement intérieur du 9 août 1891, le Bureau d’état-major a acquis une organisation, à la fois dans ses structures et dans la répartition de ses tâches, qui ne varia plus fondamentalement jusqu’à la fin de la période étudiée. La publication de nouveaux règlements intérieurs montre plus la nécessité et la volonté de codifier le développement et l’affinement des techniques de travail d’état-major que le besoin de modifier la structure ou le fonctionnement du Bureau d’état-major. Le projet de loi sur l’organisation militaire, rejeté en 1895, reprenait d’ailleurs l’organisation en vigueur et le débat tourna autour de la double question de l’existence d’un corps spécifique d’état-major et de la formation de ses membres.26

Diverses modifications furent toutefois apportées, particulièrement dans l’organisation du travail. En 1893, le nouveau règlement intérieur désigna clairement la section qui devait s’occuper du front est et de l’armée autrichienne.27 Jusqu’alors, on pouvait déduire des textes que cette mission revenait à la Section d’état-major général. Désormais, elle incombait à la Section tactique. De plus, la Section d’état-major général reçut formellement la mission de préparer les plans de concentration de l’armée suisse, en cas de guerre contre une coalition. En 1895, le chef du Bureau d’état-major, constatant l’augmentation de la quantité de travail, obtint du Conseil fédéral que le nombre des aides soit défini chaque année en fonction des besoins et augmenté le cas échéant.28 Ces modifications en matière de personnel ne devaient pas être inscrites dans le cadre de la loi d’organisation militaire, car les changements seraient trop difficiles. On préféra jouer avec la marge de manœuvre que laissait l’arrêté fédéral du 14 octobre 1890 et utiliser la loi sur le budget, qui n’avait qu’une durée de validité d’un an. Cette manière de faire donnait toute la souplesse nécessaire et permettait de réévaluer chaque année le nombre d’aides nécessaires. Deux années plus tard, des modifications plus importantes furent apportées.29 La Section tactique fut renommée Section de mobilisation, en raison de ses activités. Les domaines de l’armement et de l’équipement de l’infanterie furent transférés de la Section tactique à celle des renseignements, qui était aussi responsable du matériel de guerre.

Une autre question d’organisation du Bureau d’état-major au milieu des années 1890 concernait le corps cycliste, qui lui était subordonné.30 Depuis 1891, date de la création de ce dernier, le Bureau d’état-major était responsable de la gestion de son personnel et de son instruction. C’était la Section tactique – plus tard Section de mobilisation – qui s’occupait de l’exécution pratique de cette double mission. En 1896, le chef du Bureau d’état-major demanda au chef du Département militaire fédéral de transférer le corps cycliste à l’infanterie.31 Keller mentionnait tout d’abord que le Bureau d’état-major ne disposait pas du personnel subalterne nécessaire à l’instruction de ce corps et soulignait les difficultés rencontrées dans ce domaine au moment de chaque école. De plus, il considérait que l’infanterie, arme d’où provenaient les volontaires, était mieux à même de sélectionner les candidats désirant intégrer le corps.

Du côté de l’infanterie, on ne partageait pas ce point de vue. L’instructeur en chef de l’arme, Peter Isler, souhaitait conserver le statu quo. Conscient que, dans le futur, il faudrait sans doute changer l’organisation du corps cycliste, peut-être dans le sens de la création de corps de troupes complets, il préférait attendre un changement de la loi sur l’organisation militaire. Il ne souhaitait pas de modification partielle immédiate qui, dans le contexte du récent rejet du projet de loi par le peuple, serait, pensait-il, mal perçue. L’infanterie réussit à faire prévaloir son point de vue et le corps cycliste ne fut intégré à cette arme qu’en 1907, avec la nouvelle loi sur l’organisation militaire.32

La fin de la décennie 1890 vit aussi la refonte de la Chancellerie et de son fonctionnement. En 1897, la comptabilité, gérée jusqu’alors par le chef de la Chancellerie, passa aux mains du chancelier de première classe.33 En 1900, des changements importants se produisirent dans la composition du personnel.34 Le major Piaget, chef de la Chancellerie, mourut et il fut remplacé par le chancelier de première classe. Par ailleurs, le chef du Bureau d’état-major souhaitait la nomination d’un nouveau chancelier et la promotion de Bochsler au rang de chancelier de première classe. Ces modifications conduisirent Keller à proposer au chef du Département militaire fédéral une nouvelle organisation qu’il désirait tester durant quelque temps. Jusqu’alors, tout le personnel de la Chancellerie était regroupé au sein de cette dernière et comptait, parmi ses missions, celle de soutenir les différentes sections dans leurs travaux de réalisation des documents imprimés. Le chef du Bureau d’état-major désirait désormais attribuer un chancelier à chacune des sections, dont les chefs seraient responsables de l’emploi efficace et des activités. Le second point important était l’attribution d’un chancelier de deuxième classe, en tant qu’aide, au chef du Bureau d’état-major et à la Chancellerie. Ces aides étaient constituées par les chanceliers des sections qui devaient remplir ces fonctions par rotation, tout en restant sous leur commandement habituel.

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