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CHAPITRE III
Tristes fiançailles.

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Table des matières

Le souhait du vieux marin, rapporté par nous dans le chapitre précédent, ne devait pas se réaliser. Il désirait choisir lui-même un mari pour sa petite-fille; comme nous allons le voir, le ciel en avait décidé autrement.

En attendant, Martin d’Almée continuait à dorer l’existence de son idole, autant qu’il le pouvait.

Elle avait des barques de toutes les dimensions et de tous les modèles, à la voile ou à l’aviron. On l’admirait dans ce qu’on appelle le tour de Marne. On attendait son passage, bien qu’il fût fréquent, comme une curiosité inusable.

Un jour elle demanda à son grand-père:

–Pourquoi ne m’as-tu pas appris à nager, toi, un vieux triton de mer?

–Parce que je ne sais pas.

–Comment, tu ne sais pas nager? Et pourquoi?

–Parce que, comme les trois quarts des marins, je n’ai pas voulu apprendre.

–Je ne comprends pas.

–C’est un calcul de métier. La mer est la plus perfide de toutes les amantes. Elle engloutit sans pitié un grand nombre d’entre nous. Or, quand nous sommes sur le point de faire naufrage, il vaut mieux subir le plongeon sans résistance, sans discussion, sans phrases, comme disent les littérateurs, que d’essayer une défense et un sauvetage, le plus souvent impossibles, que d’opposer à la destinée une révolte inutile. Les naufrages à portée de la côte sont très-peu fréquents. Dans ceux-là seuls un bon nageur a chance de se sauver. Quand on sombre à cent lieues de tout rivage, ne vaut-il pas mieux l’asphyxie immédiate qu’un débat fatigant et ne pouvant aboutir? C’est dans cette pensée que le plus grand nombre des matins ne veut pas apprendre à nager; c’est pour ne pas être tenté de résister au destin, lorsque, comme dit Mathurin, l’on est marqué pour la sépulture humide dans la grande tasse.

–C’est ce qu’on peut appeler une idée profonde, remarqua la jeune fille avec malice.

Elle ajouta, après quelques instants de réflexion:

–Puisque je ne puis vous avoir pour maître, je renonce à la natation. Ce sera le seul genre d’exercice que je n’aurai pas pratiqué. Il faut bien que chacun ait sa lacune.

On était au cœur du printemps. Le mois de mai paraissait vouloir justifier son nom de mois des fleurs et des sourires du ciel. Les journées étaient splendides, et le soleil parisien, qu’on peut accuser de ne jamais paraître qu’en gilet de flanelle et en bonnet de coton, semblait échappé d’Orient.

Il y avait sur la Marne un redoublement de canotage.

Un jeune homme d’allures assez excentriques était venu s’établir dans une villa voisine de l’habitation occupées par Martin d’Almée et sa petite-fille. Il appartenait, disait-on, à une famille des plus riches et des plus en renom parmi le haut commerce de Bercy, mais il vivait en plein désaccord avec ses parents, par. suite de son inconduite.

Il était à la fois ivrogne et joueur. Bien qu’il fût encore fort jeune, ces deux passions avaient déjà fait chez lui de désastreux ravages. Il est vrai qu’il avait été leur proie dès son enfance, et qu’il s’était laissé envahir par elles de façon à être entièrement leur esclave.

Pour se donner une contenance, ou pour se créer une excuse, il suivait les cours du Conservatoire dans la classe de Bonvalct, et se trouvait ainsi avoir la ressource de dire qu’il était mal vu des siens, parce qu’ils voulaient lui interdire la porte de l’Art. Il prétendait être mû par une vocation irrésistible. La vérité était que cette passion, apparente beaucoup plus que réelle, lui servait de prétexte à ne rien faire et à déserter la maison paternelle.

Il pouvait toutefois mener un certain train, car il était fils unique, et bien que mis à la portion congrue, cette portion demeurait encore assez plantureuse.

Sa physionomie blafarde et sombre ne prévenait pas en sa faveur. Son teint terreux indiquait des souffrances ou des appétits intimes, des désirs inassouvis, qui devaient lui faire passer plus d’une nuit blanche. Ses traits étaient réguliers, mais déjà ravagés par la débauche. Il était jeune et avait l’air vieux.

De longs cheveux blond filasse encadraient sa figure exsangue, où quelques poils de barbe sans vie couraient les uns après les autres. Son œil était vague, atone, égaré le plus souvent, un œil de ruminant pris de colère.

Il était trop maigre et trop grand, déjà voûté par des excès de tout geure.

En résumé, son extérieur inspirait l’antipathie, sans qu’on pût s’en rendre compte, ni s’en défendre.

Il avait une qualité incontestable; c’était sa bravoure. Il en avait donné la preuve, un jour où les chevaux de Marie d’Almée, attelés à son phaéton et attendant sa venue devant la porte de l’habitation, avaient échappé au domestique chargé de les tenir, et s’étaient lancés à fond de train sur la route. Une nuée de tout jeunes enfants était en train de jouer sur leur passage. Plusieurs d’entre eux devaient fatalement être écrasés. Au risque de se faire mettre en miettes, le courageux jeune homme s’élança au devant d’eux et parvint à les détourner d’abord, à les arrêter ensuite.

Tout le pays’lui avait été fort reconnaissant de cette bonne et belle action. Martin d’Almée vint le remercier avec une cordialité attendrie. L’ancien corsaire aimait et estimait les hommes vraiment braves, parce qu’il savait par expérience que leur nombre est assez restreint.

Marcellus Dereddy, c’est ainsi qu’on nommait le jeune homme, put donc se lier assez promptement avec le vieux marin. Ils se rencontraient chaque jour à la pêche sur la Marne, et par mille petites attentions auxquelles les vieux pêcheurs sont toujours très-sensibles, le jeune homme avait su se faire bien venir.

La beauté de Marie, qui venait de dépasser la quatorzième année et était déjà une véritable jeune fille, avait produit une impression ineffaçable sur Marcellus. Il ne s’était efforcé de capter la sympathie du grand-père, que pour obtenir ses entrées dans la maison, et arriver jusqu’à celle qu’on appelait tantôt la duchesse d’Orange, tantôt la Fée du canotage.

Marie, par une sorte d’intuition la préce venant equ nouveau venu dans sa vie devait amener sur elle le vent du malheur, le tenait à l’écart autant qu’elle le pouvait, mais les relations de voisinage, leurs goûts réciproques, les promenades à cheval et en voiture, où ils .étaient presque forcés de se rencontrer chaque jour, les courses en canot, presque quotidiennes, rendaient leurs rapports inévitables.

Toutefois, la froideur voulue, avec laquelle Marie d’Aimée accueillait les prévenances multiples de Marcellus Dereddy, était telle que jamais le jeune homme n’avait osé lui adresser un mot de simple galanterie.

Il retenait mal les éclairs de sa colère intime, les lueurs fauves de son dépit cruel, lorsque Marie jetait négligemment sur la table ou le guéridon le plus voisin le quotidien bouquet de fleurs rares qu’à grands frais ce sauvage apprivoisé par elle faisait venir de Paris, et qu’il venait lui offrir lui-même. Elle ne daignait lui accorder ni un regard ni un remerciement, elle ne respirait pas même le parfum des fleurs, qu’elle aimait pourtant avec passion. Jamais elle n’avait porté sur elle la moindre parcelle de ces envois,

–Marcellus est un voisin bien complaisant et semble nous être fort attaché, dit un jour Martin d’Almée à sa petite-fille; mais quel caractère sombre! Je ne voudrais pas te voir un mari semblable.

–Vous ne risquez rien, grand-père, répondit la jeune fille avec une vivacité inaccoutumée.. Je garderais plutôt le célibat pendant la consommation des siècles, que d’accepter un aussi funèbre compagnon de mon existence.

Et pourtant les circonstances en décidèrent autrement. Le destin a ses lois immuables.

Il était écrit que l’appréhension inconcevable pour les chiens gros ou petits, dont souffrait cruellement Marie d’Almée sans pouvoir la raisonner ni s’en délivrer, devait occasionner la plaie de sa vie.

Marcellus Dereddv, ayant appris que la Fée du canotage ne savait pas nager et voyant le danger quotidien auquel elle s’exposait avec une témérité tenant parfois de la folie, résolut de lui faire présent d’un chien terre-neuve. L’intention était bonne, mais rien ne pouvait être plus désagréable à celle qui devait recevoir cette prétendue surprise.

Le terre-neuve fut refusé, comme on le pense bien, mais l’un des principaux défauts de Marcellus Dereddy était un entêtement digne des plus durs fils de l’Auvergne. Il l’avait hérité de ses parents, partis, dit-on, le sac sur le dos, de la patrie de Vercingétorix pour tenter la fortune à Paris.

Il garda le chien chez lui, bien qu’on l’eût prié de s’en défaire, s’il voulait continuer à être reçu en bon voisin dans la maison, et il prétendit l’imposer comme gardien nautique de la jeune fille.

Comme tous les terre-neuve et tous les gros chiens en général, le pensionnaire canin de Marcellus Dereddy avait la douceur et la bonté que donne la force. Toutes les fois que l’occasion d’une rencontre avec Marie d’Almée se présentait, il essayait d’obtenir d’elle un regard ou une caresse, mais la jeune fille le tenait toujours à l’écart. Plus elle le repoussait, plus l’excellent molosse se faisait doux, tendre et calin.

–Il finira bien par vaincre votre répugnance inconcevable, disait avec insistance Marcellus à Marie d’Almée.

–Jamais, répondait-elle. Vous ne pouvez rien faire de plus accentué pour m’être désagréable que de le conserver.

Marcellus tressaillait et lançait un de ses mauvais regards, mais il continuait à garder son géant canin. Il y avait chez lui une passion folle d’imposer sa volonté.

Marie était allée passer quelques jours à Paris avec son grand-père, pour faire des emplettes et voir les pièces nouvelles qu’on jouait dans les différents théâtres. Pendant son absence, le terre-neuve semblait être en deuil. Il errait la queue basse et l’œil voilé-par la tristesse, comme s’il eut été malade.

L’excellente bête, dès qu’elle aperçut la voiture ramenant Marie d’Almée et son grand-père, se mit à bondir de joie, sauta par dessus la fermeture du jardin de Marcellus Dereddy et se trouva devant la jeuns fille au moment où elle mettait pied à terre.

Cette fois, le bon chien s’enhardit et crut pouvoir se permettre de caresser celle qui le recevait si mal depuis sa venue, mais qu’il n’en aimait pas moins avec un entraînement croissant chaque jour. Il se leva sur ses pattes de derrière et posa ses pattes de devant sur les épaules de la jeune fille.

Marie tomba inanimée.

La fureur de Martin d’Almée fut telle qu’il alla chercher un fusil et tua rai de le malheureux chien.

Marcellus Dereddy était absent.

A son retour, il fut pris d’une colère que concevront tous les propriétaires de chiens auxquels pareille contrariété est arrivée. Cette colère était décuplée par son dépit de n’avoir pu réussir à imposer sa volonté à Marie d’Almée, de n’avoir pu lui faire accepter son gardien.

Marcellus Dereddy avait des instincts et des désirs de domination inconcevables sur la jeune fille. Il ne pouvait ni s’en défendre, ni le cacher.

De part et d’autre on demeura en froid et sans mot dire, sans même se saluer pendant plus d’une semaine, mais cette rupture était trop pénible aux sentiments de Marcellus et trop préjudiciable à ses projets, pour qu’il ne cherchât pas à la faire cesser et à rentrer en grâce, d’abord auprès du grand-père, ensuite auprès de Marie d’Almée.

Il commença par essayer de gagner le fidèle Mathurin, mais toutes ses avances furent repoussées. Il résolut alors de marcher droit au but et d’aborder Martin d’Almée, un jour où le vieux marin serait absorbé dans la solitude de sa pêche quotidienne sur les bords de la Marne.

Il tomba mal.

On sait qu’aucun autre homme n’est grincheux comme un pêcheur à la ligne, venant d’essuyer une déception dans son plaisir favori. Ce paisible par excellence devient instantanément tanément un véritable mouton enragé.

L’ancien corsaire n’avait du reste pas grand besoin d’être surexcité par une influence extérieure contre Marcellus Dereddy. Il était déjà assez mal disposé contre lui, et ne lui avait pas pardonné son insistance à garder le chien terre-neuve, qui déplaisait à sa petite-fille et avait fini par lui faire grand mal, tout en venant mendier une caresse.

Il reçut fort mal les avances et les excuses que Marcellus venait lui faire. Celui-ci ne se tint pas pour battu dès la première bourrade, et revint à la charge avec insistance.

Le vieux marin, pour éviter un éclat dont il sentait sourdre la violence en son cœur, s’écria d’une voix dure:

–Si vous continuez à me poursuivre de votre présence, je vais être obligé de vous laisser la place.

Marcellus crut encore devoir revenir à la charge; il ne fit que s’attirer cette menace et cet outrage, que le vieillard prononça avec un air des plus menaçants.

–Monsieur, vous vous êtes conduit comme un drôle; je ne veux ni ne puis vous pardonner. Si vous continuez à m’adresser la parole, vous allez vous faire calotter.

Marcellus bondit sous l’insulte, en ripostant:

–Vous avez de la chance d’être aussi vi eux.

–Moi, vieux? s’écria Martin d’Almée. Je suis mille fois plus jeune que vous, espèce de cadavre avant l’heure, et la preuve, la voici.

En même temps le vieux marin s’élança sur Marcellus et lui appliqua un maître soufflet.

–Je suis à votre disposition, ajouta-t-il, et vous verrez si je suis trop vieux les armes à la main.

Toute l’ardeur batailleuse de l’ancien coureur des mers avait reparu. Son œil était flamboyant comme aux heures des combats titanesques.

Marcellus pleurait de rage. Il demeura stupide tout un moment. Puis il releva la tête et lança ces mots à Martin d’Almée:

–Me voici bien forcé de vous envoyer mes témoins.

–Je sais que vous êtes brave répondit le vieux marin, et je les attends.

Marie d’Almée venait au-devant de son grand-père lorsqu’elle aperçut Marcellus qui s’apprêtait à tenter sa démarche de réconciliation. Elle ressentit une douloureuse étreinte au cœur, secrètement avertie par intuition que cette tentative serait fatale à son avenir. Elle résolut de tout connaître, sans se montrer.

Il lui fut aisé, en faisant un léger détour parmi les arbres ombreux qui donnent tant de fraîcheur et de séduction aux bords de la Marne, de tout voir et de tout entendre en demeurant invisible.

Marie adorait son grand-père. Elle savait que rien ne pourrait le détourner de ce duel, où, malgré son énergie indomptable, il devait voir son courage trahi par ses forces usées par l’âge. Elle résolut d’éviter ce danger à tout prix, et d’empêcher ce duel inégal. Dans l’espoir d’y arriver elle surmonta son aversion native pour Marcellus Dereddy et alla bravement le trouver.

–Je viens en suppliante auprès de vous, lui dit-elle sans autre préambule. Voulez-vous m’écouter?

–Vous savez bien, répondit le jeune homme, que mon plus grand désir au monde serait de pouvoir vous être agréable.

Marie était près d’atteindre sa quinzième année. L’éducation qu’elle avait reçue, la liberté tout américaine qui lui avait été laissée dans toutes ses allures, avaient développé avant l’heure son moral, comme son physique.

Elle avait presque toujours la physionomie un peu triste, et comme effrayée des horizons de sa vie à venir. Cette expression ombrageuse et candide à la fois était encore plus accentuée par sa pensée du moment.

Son front très-bombé indiquait l’énergie. Ses yeux d’une douceur suave, son regard d’une limpidité idéale et d’une franchise engageante étaient faits pour attendrir. Sa bouche un peu dédaigneuse, mais respirant la bontés avait des sourires parlant au cœur.

L’ensemble de sa tenue sérieuse, énergique et modeste à la fois, imposait le respect. Elle avait ce grand air de dignité native que possèdent seuls quelques élus ici-bas. Elle devait certainenement devenir plus tard une femme forte dans toute l’acception de l’idéal évangélique. Dès aujourd’hui elle se montrait une jeune fille courageuse et dévouée.

Marcellus avait tressailli de tout son être en voyant Marie d’Almée venir à lui. Son immense orgueil recevait satisfaction en même temps que le plus intime de ses désirs, en même temps que sa passion de tous les instants.

Marie ne chercha ni préambule, ni détour.

–J’ai entendu, dit-elle, toute votre altercation avec mon grand-père. Je n’ai point à juger de quel côté sont les Lorts. Je viens simplement vous supplier de ne pas vous battre avec le seul soutie que j’aie en ce monde. Je m’adresse à la fois à votre cœur et à votre générosité.

–Ah! c’est pour cela que vous êtes venue, répondit Marcellus avec un air assez désappointé et peu engageant pour Marie. Vous écoutez donc aux portes?

–Le hasard a tout fait. Je venais chercher mon grand-père, et.…

–Mais, si vous avez tout entendu, et tout vu, vous devez bien penser que je ne puis accéder à votre demande. J’ai reçu une insulte trop grave.

–Oui, si elle venait d’un homme de votre âge; non, puisqu’elle vient d’un vieillard.

–Et qu’avez-vous à m’offrir en retour?

Le ton dont Marcellus fit cette question était tellement incisif. il reflétait tant de passion depuis longtemps contenue que la jeune fille se mit à trembler sans même s’en rendre compte.

Elle eut cependant assez de volonté et d’empire sur elle-même pour se raidir contre cette impression, et put trouver la force de répondre:

–Je vous accorderai tout ce qu’un homme d’honneur peut demander à une jeune fille.

–Même si je vous demandais de m’agréer comme fiancé, car je vous aime avec folie malgré votre extrême jeunesse, malgré mon silence douloureux, vous avez dû vous en apercevoir. Oui, je suis capable de vous aimer jusqu’à laisser impunie une mortelle offense, mais je veux promesse pour promesse, sacrifice pour sacrifice, car je crains bien qu’il n’y ait sacrifice de votre part en m’agréant pour votre fiancé, comme il y a sacrifice de mon côté en ne me vengeant pas.

Un tremblement convulsif secoua tout le corps de la jeune fille. Elle fut sur le point de perdre connaissance; mais sa volonté et son énergie prirent le dessus. Elle put répondre avec l’accent héroïque du dévouement filial:

–Est-ce votre dernier mot?

–Oui.

–Eh bien, j’accepte, mais à une condition, c’est que vous attendrez la mort de mon grand-père pour faire valoir vos droits à ma promesse, car il pourrait se douter de ma démarche auprès de vous, et sa fureur redoublerait. Tout serait peut-être à recommencer avec une aggravation irrémédiable. En tout cas, je suis assurée qu’il ne donnerait jamais son consentement. Si nous sommes d’accord, voici ma main comme gage de ma promesse.

–Mais comment vais-je m’en sortir; avec votre grand-père? fit observer Marcellus.:

–De la seule façon honorable pour: vous deux: vous viendrez franchement et loyalement lui faire des excuses.

–Jamais!

–Son grand âge vous le permet, et puis il est chez vous une qualité dont personne ne doute, c’est le courage. Vous avez droit de faire, sans qu’on vous accuse de pusillanimité, ce qu’un autre ne pourrait.

–Jamais! répéta Marcellus.

–Alors pas de promesse de ma part, et exil éternel pour vous, loin de moi.

Ce fut au tour de Marcellus d’être bouleversé dans toute son âme. Il soutint une lutte violente contre sa nature emportée et demi-sauvage, mais il finit par prendre la main de la jeune fille, et la portant avec passion à ses lèvres en feu, il murmura plutôt qu’il ne dit:

–Je ferai ce que vous désirez.

La Créole parisienne

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