Читать книгу La vie infernale - Emile Gaboriau - Страница 16

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«Monsieur le directeur,

«Témoin de la scène de l’autre soir à l’hôtel d’A..., permettez-moi une importante rectification. Il n’est que trop vrai que des portées ont été glissées parmi les cartes, mais qu’elles l’aient été par M. X... c’est ce qui n’est pas prouvé, car on ne l’a pas VU.

«Je sais que les apparences sont contre lui; je ne lui en garde pas moins toute mon estime.

«BARON TRIGAULT.»

Pendant ce temps, Mme Férailleur et son fils se consultaient du regard. Leur impression était la même. Celui-là ne pouvait être un ennemi.

Lors donc que le baron eut lu à haute voix sa lettre:

—Je ne saurais vous exprimer toute ma reconnaissance monsieur, prononça Pascal, mais puisque vraiment vous voulez me servir, de grâce n’envoyez pas cette note... Elle vous attirerait peut-être des ennuis, et je n’en serais pas moins obligé de renoncer à l’exercice de ma profession... et je voudrais surtout être oublié...

—Soit... je vous comprends... vous espérez atteindre le traître et vous craignez de lui donner l’éveil... j’approuve votre prudence. Mais gardez toujours ma déclaration. Et si jamais il vous faut un coup d’épaule venez sonner à ma porte. Et rappelez-vous que le jour où vous aurez des preuves, je vous fournirai le moyen de rendre votre justification plus éclatante que l’affront...

Il s’apprêtait à se retirer, mais avant de passer la porte:

—A l’avenir, ajouta-t-il, je surveillerai les doigts du joueur placé à ma gauche... Et à votre place, je tâcherais de me procurer la note qui a servi pour l’article... On ne sait pas tout le parti qu’on peut tirer, à un moment donné, d’une page d’écriture...

Le baron sorti, Mme Férailleur se leva.

—Pascal, s’écria-t-elle, cet homme sait quelque chose et tes ennemis sont les siens, je l’ai lu dans ses yeux... Il t’a clairement dénoncé M. de Coralth...

—J’ai entendu, ma mère, et mon parti est pris... Je dois disparaître... De ce moment, Pascal Férailleur n’existe plus...

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le soir même, deux grandes voitures de déménagement stationnaient devant la maison où demeurait Mme Férailleur.

Elle venait de vendre son mobilier en bloc à un marchand de meubles, afin de rejoindre son fils, parti, disait-elle, pour l’Amérique.

La vie infernale

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