Читать книгу Mesmer et le magnétisme animal, les tables tournantes et les esprits - Ernest 1816-1880 Bersot - Страница 24
Résurrection du magnétisme: histoire critique de Deleuze (1813). — Procédés pour magnétiser. — Caractères du somnambulisme. — Cours public du docteur Bertrand. — Expériences dans les hôpitaux de Paris (M. Dupotet). — Enquête demandée à l’Académie de médecine par le docteur Foissac.
ОглавлениеEn 1813 parut l’Histoire critique du magnétisme, de Deleuze. C’était une bonne fortune pour une doctrine assez mal famée de rencontrer un défenseur honorable, savant, judicieux, modéré dans ses opinions, un de ces patrons qui donnent aux timides le courage de confesser leur croyance. Il donnait des conseils pour l’observation des procédés physiques, mais en même temps il énonçait comme indispensables de certaines conditions morales qui reviennent à la foi, à l’espérance et à la charité, transportées dans le magnétisme:
Tous les préceptes se réduisent à celui-ci: Toucher attentivement les malades, avec la volonté de leur faire du bien, et que cette volonté ne soit distraite par aucune autre idée. Les discussions sur les moyens de se convaincre peuvent également se réduire à cette maxime: Veuillez et vous croirez.
Deleuze explique l’action du magnétisme par une analogie. Quand je veux soulever un corps, j’envoie à mon bras une quantité de force proportionnée au poids présumé de ce corps; de même, «lorsque je magnétise, j’envoie par ma volonté le fluide à l’extrémité de mes mains, je lui imprime par cette même volonté une direction, et ce fluide communique son mouvement à celui du malade; rien ne m’empêche de le lancer, mais il peut se trouver dans l’individu sur lequel j’agis un obstacle aux effets que je veux produire; alors j’éprouve plus ou moins de résistance; cette résistance peut même être invincible. Le fluide magnétique s’échappe continuellement de nous, il forme autour de notre corps une atmosphère qui, n’ayant point de courant déterminé, n’agit pas sensiblement sur les individus qui nous environnent; mais lorsque notre volonté le pousse et le dirige, il se meut avec toute la force que nous lui imprimons: il est mû comme les rayons lumineux envoyés par les corps embrasés. Le principe qui le met en action est donc notre âme, comme celui qui envoie la force à notre bras, et il est de la même nature.»
Il a publié une Instruction pratique, une sorte de manuel du magnétisme, auquel nous renvoyons.
Et voici les effets caractéristiques du somnambulisme magnétique.
Le somnambule a les yeux fermés et ne voit pas par les yeux; il n’entend pas par les oreilles, mais il voit et entend mieux que l’homme éveillé.
Il ne voit et n’entend que ceux avec lesquels il est en rapport. Il ne voit que ce qu’il regarde, et il ne regarde ordinairement que les choses sur lesquelles on dirige son attention.
Il est soumis à la volonté de son magnétiseur, pour tout ce qui ne peut lui nuire, et pour tout ce qui ne contrarie point en lui les idées de justice et de vérité.
Il sent la volonté de son magnétiseur.
Il aperçoit le fluide magnétique.
Il voit ou plutôt il sent l’intérieur de son corps, et celui des autres; mais il n’y remarque ordinairement que les parties qui ne sont point dans l’état naturel et qui troublent l’harmonie.
Il retrouve dans sa mémoire le souvenir des choses qu’il avait oubliées pendant la veille.
Il a des prévisions et des présensations qui peuvent être erronées dans plusieurs circonstances, et qui sont limitées dans leur étendue.
Il s’énonce avec une facilité surprenante.
Il n’est point exempt de vanité.
Il se perfectionne de lui-même pendant un certain temps, s’il est conduit avec sagesse; il s’égare, s’il est mal dirigé.
Lorsqu’il rentre dans l’état naturel, il perd absolument le souvenir de toutes les sensations et de toutes les idées qu’il a eues dans l’état de somnambulisme, tellement que ces deux états sont aussi étrangers l’un à l’autre que si le somnambule et l’homme éveillé étaient deux êtres différents.
Nous oublions trois commandements de l’honnête Deleuze; il veut: 1° qu’un somnambule soit toujours assisté d’un médecin; 2° qu’on ne lui lasse jamais savoir qu’on le consulte sur des maladies pendant son sommeil; 3° que dans aucun cas le magnétiseur ne permette qu’on donne au somnambule, de quelque manière que ce soit, la plus légère marque de reconnaissance.
Un an avant Deleuze, en 1812, Montègre avait publié une brochure contre le magnétisme. En 1819, Virey donna, dans le Dictionnaire, des sciences médicales, son remarquable article: Magnétisme animal. Cette même année, Bertrand professait en faveur de la doctrine un cours public. En 1820, des expériences furent commencées dans les divers hôpitaux de Paris, dirigées à l’Hôtel-Dieu par M. Dupotet. Le conseil général des hospices les interrompit, sous prétexte que les malades n’étaient pas des sujets à expérimentations. Les. résultats publiés dans des procès-verbaux signés de vingt-neuf médecins semblaient devoir être décisifs; et pourtant il restait encore quelque inquiétude, on sentait le besoin d’en venir à une épreuve suprême.