Читать книгу Mesmer et le magnétisme animal, les tables tournantes et les esprits - Ernest 1816-1880 Bersot - Страница 28
Nouvelle enquête demandée par le docteur Berna à l’Académie de médecine. — Rapport de M. Dubois, d’Amiens (1837). — Protestation du docteur Berna. — Réplique au rapport par M. Husson.
ОглавлениеPeu après, un jeune docteur, M. Berna, sollicite un nouvel examen de l’Académie. La commission, composée de MM. Roux, Bouillaud, II. Cloquet, Emery, Pelletier, Caventou, Cornac, Oudet, Dubois (d’Amiens), nomma ce dernier rapporteur. Le rapport fut lu en août 1837, et traita durement le magnétisme. Sur le fait du sommeil magnétique, on ne peut rien affirmer: on n’a eu comme preuves que les assertions des sujets magnétisés. Les piqûres sembleraient une preuve décisive; mais, avant et pendant le sommeil supposé, le sujet des expériences, dans la séance du 3 mars, paraissait ne rien sentir; sa contenance et ses réponses ont été à peu près les mêmes pendant l’opération magnétique. Et en général, comme on ne pouvait expérimenter que sur les parties naturellement découvertes, le cou et les mains, et qu’il n’était permis d’enfoncer des épingles que d’une ou deux lignes, l’insensibilité des sujets n’était pas suffisamment éprouvée. De plus, la face étant en grande partie couverte d’un bandeau, on ne pouvait s’assurer suffisamment des émotions ressenties. Sur la question si le magnétiseur, par sa seule volonté, pouvait rendre en tout ou en partie la sensibilité au somnambule, on ne saurait rien décider. Pour être certain que la sensibilité était rendue, il faudrait être certain qu’elle a été perdue. Quant à l’obéissance à l’ordre intérieur du magnétiseur, l’expérience a été fâcheuse, les actions exécutées ayant toujours été en opposition avec les commandements. Sur le transport de la vue, la propriété de voir par l’occiput, rien de péremptoire: les faits absolument décisifs ont complètement manqué, et les commissaires n’ont vu dans les rencontres heureuses que des inductions assez habiles. Enfin, pour la clairvoyance à travers les corps opaques, insuccès complet: «Que conclure, à l’égard de la somnambule, de la description minutieuse d’objets autres que ceux qu’on lui présentait? Que conclure d’une somnambule qui décrit un valet de trèfle dans une carte toute blanche? qui, dans un jeton d’académie, voit une montre d’or, cadran bleu et lettres noires, et qui, si l’on eût insisté, aurait peut-être fini par nous dire l’heure que marquait cette montre?»
Le docteur Berna protesta, et le précédent rapporteur, M. Husson, qui se trouvait indirectement atteint par ces conclusions nouvelles, dans une séance suivante, frappa rudement sur son collègue. Convenait-il d’accepter la fonction de rapporteur à un médecin qui, en 1838, avait écrit contre le magnétisme, et s’était déclaré dans cet écrit «en état d’hostilité contre les magnétiseurs?» De quel droit énonçait-il ces conclusions générales contre le magnétisme? La commission avait été nommée pour examiner deux somnambules proposés par M. Berna; son œuvre devait être intitulée: Rapport des expériences magnétiques faites sur deux somnambules. Depuis quand est-il permis, en science, de tirer de deux faits particuliers une conclusion universelle! Des expériences tentées sur les deux somnambules ont échoué ; la commission de 1826 en avait cité trois de ce genre: «On sait que rien n’est plus mobile, plus variable que les effets magnétiques; et c’est cette mobilité, cette inconstance, qui éloigne tant de personnes de s’en occuper et de les étudier. Quels sont, pourrions-nous le demander, les faits en médecine pratique, en thérapeutique, en physiologie, qui soient toujours fixes et immuables?» N’est-il pas étrange aussi qu’on ait passé sous silence les faits positifs constatés dans le précédent rapport? «Ils vous paraissent extraordinaires, mais devez-vous en conclure qu’ils n’ont pas eu lieu? La portée de l’intelligence humaine est-elle donc la mesure de la réalité de tous les faits extraordinaires dont nous sommes environnés?»