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UN SECRET DE FAMILLE.

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Marcof fut le premier qui parvint à dominer les sensations tumultueuses qui agitaient son coeur. Il prit un siége, s'assit, et, après avoir encore passé une fois la main sur ses yeux:

—Assieds-toi, Philippe, dit-il à voix basse, et, pour Dieu! remets-toi; si quelqu'un de tes gens entrait, notre secret ne serait plus à nous seuls.

—Jocelyn veille, répondit le marquis.

—Sans doute; mais Jocelyn ne sait rien et ne doit rien savoir.

—Tu te défies de lui?

—Quand il s'agit d'un secret pareil au nôtre, je me défie de moi-même.

—Et pourquoi donc éterniser ce secret?

—Parce qu'il le faut.

—Frère!

—Chut! fit vivement le marin en posant son doigt sur les lèvres du marquis. Il n'y a ici que deux hommes, dont l'un est le serviteur de l'autre. Le noble marquis de Loc-Ronan et Marcof le Malouin!

—Encore!

—Il le faut, vous dis-je, monseigneur; je vous en conjure!

—Soit donc!

—A la bonne heure! Maintenant occupons-nous de choses sérieuses.

—Mon cher Marcof, reprit le marquis après un silence, et en faisant un effort visible pour traiter son interlocuteur avec une indifférence apparente; mon cher Marcof, vous avez été à Paris dernièrement.

—Oui, monseigneur, et j'ai scrupuleusement suivi vos ordres.

—Ce que l'on m'a écrit est-il vrai?

—Parfaitement vrai. Le roi n'a plus de sa puissance que le titre de roi, et, avant peu, il n'aura même plus ce titre.

—Quoi! le peuple de Paris oublierait à ce point ses devoirs?

—Le peuple ne sait pas ce qu'il fait. On le pousse, il va!

—Et la noblesse?

—Elle se sauve.

—Elle se sauve? répéta le gentilhomme stupéfait.

—Oui; mais elle appelle cela émigrer. Au demeurant, le mot seul est changé; mais il signifie bien fuite.

—Qu'espère-t-elle donc, cette noblesse insensée?

—Elle n'en sait rien. Fuir est à la mode; elle suit la mode.

—Et la bourgeoisie?

—La bourgeoisie agit en se cachant. Elle pousse à la révolution; et rappelez-vous ceci, monseigneur, si cette révolution éclate, la bourgeoisie seule en profitera.

—Mon Dieu!... pauvre France! murmura le marquis.

Puis, relevant la tête, il ajouta avec fierté:

—Toute la noblesse ne fuit pas, au moins! La Bretagne est pleine de braves gentilshommes. Que devrons-nous faire?

—Ce qui a été convenu.

—La guerre?...

—Oui, la guerre! Que le roi revienne parmi nous, et nous saurons bien le défendre.

—Avez-vous été à Saint-Tady?

—Hier même j'étais à l'île de Groix, et j'en arrive.

—Vous avez rencontré le marquis de La Rouairie?

—Nous sommes restés deux heures ensemble.

—Que vous a-t-il dit?

—Il m'a montré deux lettres de Paris, trois de Londres, deux autres datées de Coblentz. De tous côtés on le pousse, on le presse, on le conjure d'agir sans retard.

—Et La Rouairie est prêt à agir?

—Oui. Les proclamations sont faites, les hommes vont être rassemblés. Les armes sont en suffisante quantité pour en donner à qui jurera d'être fidèle au roi et à l'honneur! Avant deux mois la conspiration éclatera, si toutefois l'on doit donner ce nom à la noble cause qui nous ralliera tous.

—Allez-vous donc vous joindre à eux?

—Provisoirement, oui; plus tard, je servirai le roi à bord de mon lougre quand la guerre maritime sera possible.

—Quand devez-vous rejoindre La Rouairie?

—Dans quinze ou vingt jours seulement.

Le marquis, en proie à de sombres réflexions, parcourut vivement la petite pièce: puis, s'arrêtant enfin brusquement devant Marcof, et lui prenant la main:

—Frère, lui dit-il à voix basse, la guerre va bientôt éclater dans le pays. Qui sait si nous pourrons encore une fois causer ensemble comme nous sommes libres de le faire aujourd'hui. Écoute-moi donc: Si je suis tué par une balle sur le champ de bataille, ou si je meurs dans mon lit de ma mort naturelle, souviens-toi de mes paroles. Tu vois ce casier de la seconde bibliothèque?

—Oui, répondit Marcof, je le vois.

—En dérangeant les livres, on découvre la boiserie.

—Ensuite?

—A droite, au milieu de la rosace, il y a un bouton de bois sculpté en forme de gland de chêne. Ce bouton est mobile. En le pressant, il fait jouer un ressort qui démasque une porte secrète donnant dans une armoire de fer. Moi mort, tu ouvrirais cette armoire et tu y trouverais des papiers. Il te faudrait, tu m'entends bien, il te faudrait les lire avec une profonde et religieuse attention.

—Je te le promets!

—C'est tout ce que j'avais à te dire; et, maintenant que j'ai ta promesse, je suis tranquille.

—Alors, monseigneur, je me retire, reprit Marcof à voix haute.

—Quand vous reverrai-je?

—Dans douze jours; le temps d'aller à Paimboeuf et d'en revenir.

—Avez-vous besoin d'argent?

—J'ai trois cent mille francs en or dans la cale de mon lougre.

En ce moment, la cloche du château retentit de nouveau et avec force.

—Qui diable peut venir à pareille heure? s'écria Marcof.

—Des voyageurs égarés peut-être, qui demandent l'hospitalité.

—Pardieu! nous allons le savoir. J'entends Jocelyn qui monte.

En effet, le vieux serviteur, après avoir discrètement gratté à la porte, pénétra dans la petite pièce. Marcof tenait respectueusement son chapeau à la main et il avait repris son caban.

—Qu'est-ce donc, Jocelyn? demanda le marquis.

—Monseigneur, répondit Jocelyn dont la physionomie décelait un mécontentement manifeste, ce sont deux voyageurs qui demandent à vous parler sur l'heure.

—Vous ont-ils dit leur nom?

—Ils m'ont remis cette lettre.

Le marquis prit la lettre que lui présentait Jocelyn et l'ouvrit. A peine en eut-il parcouru quelques lignes qu'il devint très-pâle.

—C'est bien, fit-il en s'adressant à Jocelyn. Faites entrer ces étrangers dans la salle basse; je vais descendre.

Jocelyn n'avait pas franchi le seuil de la porte que, se retournant vivement vers Marcof, le marquis ajouta:

—Il ne faut pas sortir par la grille.

—Pourquoi?

—Ne m'interroge pas! Tu sauras tout plus tard. Passe par l'escalier secret qui aboutit à ma chambre. Tiens, voici la clef de la petite porte qui donne sur les falaises... Pars vite!

—Qu'as-tu donc? demanda Marcof en remarquant la subite altération des traits du marquis.

—Va! je n'ai pas le temps de t'expliquer. Seulement souviens-toi de l'armoire secrète, et n'oublie pas ta parole.

Et le gentilhomme, serrant les mains du marin, s'élança vivement au dehors. Marcof, demeuré seul, resta quelques moments pensif, puis il sortit à son tour; il traversa un corridor, et, en homme qui connaissait bien les aîtres du château, il ouvrit une porte donnant sur une vaste chambre éclairée par les rayons de la lune. En traversant cette pièce, le marin s'arrêta devant un magnifique portrait de vieillard. Il inclina la tête, il murmura tout bas quelques paroles, une prière peut-être; puis s'approchant du cadre, il déposa un respectueux baiser sur l'écusson placé dans l'angle gauche du tableau. Cela fait, il ouvrit une autre porte, et il descendit les marches d'un petit escalier pratiqué dans l'épaisseur de la muraille.

Les deux étrangers que Jocelyn avait introduits dans la salle basse du château, d'après les ordres de son maître, y entraient à peine lorsque le marquis de Loc-Ronan se présenta à eux. Ils échangèrent tous trois un salut cérémonieux.

—Monsieur le marquis, dit l'un des deux personnages, nous devons faire un appel à votre indulgence; nous eussions dû arriver à une heure plus convenable, et nous l'eussions fait (ayant pris nos mesures en conséquence), si la tempête qui nous a assaillis dans la montagne n'était venue mettre une entrave à notre marche.

—Je joins mes excuses à celles du chevalier de Tessy, dit le second des deux étrangers en s'avançant à son tour.

—Je les reçois, comte de Fougueray, répondit le marquis avec une extrême hauteur.

Après cet échange de paroles, les trois hommes demeurèrent quelques moments silencieux. Le marquis froissait dans sa main droite avec une colère sourde la lettre que lui avait remise Jocelyn, et qui avait précédé l'introduction des deux gentilshommes. Enfin, se calmant peu à peu, il reprit:

—Je ne crois pas, messieurs, que vous ayez fait une centaine de lieues pour venir me trouver, sans un autre motif que celui d'en appeler à mon indulgence pour votre arrivée inattendue. Nous avons à causer ensemble; vous plaît-il que cela soit immédiatement?

—Nous craindrions d'être indiscrets et de vous fatiguer, répondit le chevalier de Tessy.

—Aucunement, messieurs. A cette heure avancée, nous n'en serons que moins troublés, et c'est, je crois, ce qu'il faut avant tout pour la conversation que nous allons avoir?

—Cette salle me paraît fort convenable, monsieur, dit le comte de Fougueray en regardant autour de lui. Seulement, notre souper ayant été des plus mauvais, je vous serais infiniment obligé de nous faire servir quoi que ce soit...

—Dites plutôt, interrompit brusquement le marquis, que vous connaissez la vieille coutume bretonne qui veut qu'un homme soit sacré pour celui sous le toit duquel il a brisé un pain.

—Quand cela serait?

—Vous osez en convenir?

—Eh! pourquoi diable me gênerais-je? Ne sommes-nous pas de vieilles connaissances? Vous savez bien, marquis, qu'entre nous il n'y a pas de secret!...

Le comte appuya sur ce dernier mot. Le marquis de Loc-Ronan se mordit les lèvres avec une telle violence que quelques gouttelettes de sang jaillirent sous sa dent convulsive. Il agita une sonnette. Jocelyn parut.

—Servez à ces messieurs ce que vous trouverez de meilleur à l'office, dit-il.

Le domestique s'inclina et sortit. Cinq minutes après il rentra.

—Eh bien? lui demanda son maître.

—Monseigneur, je n'ai rien trouvé à l'office; mais, en revanche, il y avait cette paire de pistolets tout chargés sur la table de votre chambre, et je vous les apporte.

—Est-ce un guet-apens? s'écria le chevalier en portant la main à la garde de son épée.

—Ce serait tout au plus un duel, répondit tranquillement le marquis, car vous voyez que votre digne compagnon a pris ses précautions...

Le comte, en effet, tenait un pistolet de chaque main. Jocelyn s'avança près de son maître en levant son pen-bas. Mais le marquis, posant froidement ses pistolets sur un meuble voisin, ordonna au serviteur de sortir. Jocelyn hésita, mais il obéit.

—Nous nous passerons donc de souper? demanda le comte en remettant ses armes à sa ceinture.

—Finissons, messieurs! s'écria le marquis; si nous continuions longtemps sur ce ton, je sens que la colère me dominerait bien vite. Vous êtes venu ici pour me proposer un marché. Ce marché est infâme, je le sais d'avance; mais n'importe! détaillez-le. J'écoute.

—Mon cher marquis, fit le chevalier en attirant à lui un siége et s'y installant sans façon, vous avez une façon d'exprimer votre pensée qui ne nous semblerait nullement parlementaire (comme le dit si bien Mirabeau du haut de la tribune de l'Assemblée nationale), si nous vous connaissions moins. Mais nous ne verrons dans vos paroles que ce qu'il faut y voir, c'est-à-dire que vous êtes prêt à nous donner toute votre attention.

Le comte fit un geste brusque d'assentiment, tandis que le marquis, se laissant tomber dans un vaste fauteuil, passait une main sur son front, où perlait une sueur abondante.

—Comte, continua le chevalier, vous plairait-il d'entamer l'entretien?

—Nullement, mon très-cher. Vous parlez à merveille, et vous avez, comme l'on dit, la langue fort bien pendue. J'imiterai M. de Loc-Ronan; je vous écouterai.

—Avec votre permission, monsieur le marquis, je commence. Laissez-moi cependant vous dire que, pour établir correctement l'affaire que nous allons avoir l'honneur de débattre avec vous, il est de toute utilité de bien poser tout de suite les jalons de départ. Puis il n'est peut-être pas moins essentiel que vous sachiez jusqu'à quel point nous sommes instruits, le comte de Fougueray et moi...

Le marquis ne répondant pas, le chevalier ajouta:

—Je vais donc faire un appel à vos souvenirs et vous prier de remonter avec moi jusqu'à l'époque où, après avoir perdu votre père et recueilli son immense héritage, vous vous décidâtes à venir présenter vos hommages à Sa Majesté Louis XV. Vous aviez, je crois, vingt-deux ans alors, et vous étiez véritablement fort beau.

—Monsieur le marquis n'a jamais cessé de l'être! interrompit le comte.

—Sans doute, reprit l'orateur: mais, en outre, à cette époque, le marquis possédait le charme entraînant de la première jeunesse. Croyez bien que je n'ai nullement l'intention de détailler ici vos nombreux succès, mon cher hôte; je les mentionne seulement en masse, afin de vous rendre la justice qui vous est due...

—Au fait! dit le marquis d'une voix impatiente.

—J'y arrive. A cette époque donc, après avoir fait tourner bien des têtes féminines, il arriva que la vôtre devint elle-même le point de mire des traits du petit dieu malin. Le 15 août 1776, jour d'une grande fête, celle du roi, pardieu! à l'occasion de je ne sais quel tumulte et quelle perturbation causée par la foule en démence, vous eûtes le bonheur de sauver et d'emporter dans vos bras une jeune fille, belle comme la déesse Vénus elle-même. En échange de la vie que vous lui aviez conservée, elle vous ravit votre coeur et vous donna le sien...

—Dorat n'aurait pas mieux dit, interrompit de nouveau le comte.

Le marquis demeurait toujours impassible. Évidemment il avait pris le parti d'écouter jusqu'au bout ses deux interlocuteurs et de ne leur point mesurer le temps.

—Cette jeune fille, dont la beauté avait fait sur vous une si vive impression, appartenait à une famille honorable de vieux gentilshommes de Basse-Normandie, dont M. le comte de Fougueray et moi avons l'honneur d'être les uniques représentants mâles. Il s'agit donc de notre soeur qui, vous le savez aussi bien que nous, se nomme Marie-Augustine. Il est inutile, je le pense, de vous rappeler que vous vous fîtes présenter dans la famille, que vous demandâtes la main de Marie-Augustine, et qu'enfin, d'heureux fiancé devenant heureux époux, vous conduisîtes cette chère enfant aux pieds des autels, où vous lui jurâtes fidélité et protection... Cela nous conduit tout droit à la fin de l'année 1777.

«Vous êtes d'une humeur un peu jalouse, mon cher marquis; les adorateurs qui papillonnaient autour de votre femme vous donnèrent quelques soucis... En véritable femme jolie et coquette qu'elle était, Marie-Augustine se prit à vous rire au nez lorsque vous lui proposâtes de quitter Versailles. Malheureusement la pauvre enfant ne savait pas encore ce que c'était qu'une cervelle bretonne. Elle ne tarda guère à l'apprendre.—Sans plus de cérémonies, vous fîtes enlever la marquise, et huit jours après votre départ clandestin, vous étiez installés tous deux dans ce vieux château de vos ancêtres. Marie-Augustine pleura, pria, supplia. Vous l'aimiez et vous étiez jaloux; double raison pour demeurer inébranlable dans votre résolution de vivre isolé avec elle dans cette farouche solitude.

Vous n'aviez oublié qu'une chose, mon cher marquis, c'était l'histoire de notre grand'mère Ève et celle du fruit défendu... Marie-Augustine se voyant en prison, ne rêva plus qu'évasion et liberté. Tous les moyens lui semblèrent bons, et elle n'hésita pas même à se compromettre pour voir tomber les barreaux et les grilles. Comment s'y prit-elle? Par ma foi, je l'ignore. Toujours est-il qu'elle trouva moyen d'entretenir une correspondance active avec un beau gentilhomme de Quimper, qui jadis avait été votre compagnon de plaisirs...

—Comment elle s'y prit? s'écria le marquis en se levant brusquement. Je vais vous l'expliquer!... A prix d'or, cette misérable femme, indigne du nom que je lui avais donné, séduisit le valet et parvint à se ménager plusieurs entrevues avec son amant, car vous oubliez de le dire, messieurs, votre soeur était devenue la maîtresse du baron d'Audierne!

—Vous l'avez dit depuis, mais nous ne l'avons jamais cru! répondit le comte de Fougueray.

—En voulez-vous les preuves? J'ai les lettres ici.

—Inutile, continua le chevalier. Que notre soeur soit coupable ou non, là n'est pas la question. Permettez-moi d'achever. Donc les deux... comment dirais-je? les deux amants, puisque vous le voulez absolument, ayant pris d'avance toutes leurs mesures, attendaient une nuit favorable pour accomplir leur projet. Ils ne savaient pas, qu'instruit de tout, vous les faisiez épier, et que vous attendiez le moment d'agir... Aussi, la nuit où la fuite devait avoir lieu, vous trouvèrent-ils sur leur passage. Le baron tira son épée; Marie-Augustine s'évanouit. Ils ne vous connaissaient pas encore!... Vous emportâtes votre femme dans vos bras en priant le baron de vous suivre. Le gentilhomme, sommé par vous au nom de son honneur, obéit.

Ah! pardon, fit le chevalier en s'interrompant, j'oubliais, pour la clarté de ce qui va suivre, de mentionner ici que votre mariage avait eu lieu sur les terres mêmes de mon frère, et que les témoins d'usage assistaient seuls à la cérémonie...

—C'était le comte de Fougueray qui l'avait voulu ainsi, répondit le marquis.

—Je m'empresse de le reconnaître, ajouta le comte en s'inclinant. Continuez, chevalier.

—C'est moi seul qui continuerai! s'écria le marquis. Écoutez-moi tous deux à votre tour. Lorsque je tins entre mes mains la misérable qui avait déshonoré mon nom, et son indigne complice, ma première pensée fut de les tuer tous les deux. Cependant j'hésitai!... Mon mépris pour cette femme était tellement profond, que ma main dédaigna de verser son sang!... D'ailleurs, j'avais mieux à faire!

—Oui, c'était fort ingénieux ce que vous avez trouvé, fit observer le comte en chiffonnant coquettement la dentelle de son jabot.


Marcof le Malouin

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