Читать книгу Le cheval : extérieur, régions, pied, proportions, aplombs, allures, âge, aptitudes - Eugène Alix - Страница 50
d. — GORGE.
ОглавлениеLa gorge, qui a pour base la partie inférieure du larynx, doit être aussi large que possible.
C’est cette région, ou les premiers anneaux de la trachée, que l’on comprime pour provoquer la toux du cheval.
De la tête en général.
Jusqu’ici nous n’avons étudié que les parties constituantes de la tête; il nous reste maintenant à examiner l’ensemble de ces parties et à voir quelles inductions pratiques on peut tirer de la forme, de la configuration générale, de la longueur, du volume, de l’attache et de de la direction de la tête, pour l’appréciation du cheval.
La tête, dans son ensemble, est d’autant plus importante à étudier qu’elle est la partie du corps qui indique le mieux le degré de noblesse, d’intelligence et d’énergie des animaux. Elle présente, d’un autre côté, cette particularité très remarquable qu’il y a entre ses régions un rapport de conformation, une harmonie qui n’existe pas ailleurs. S’il est fréquent, par exemple, de rencontrer un beau jarret et une hanche défectueuse, une belle épaule avec une mauvaise croupe, il est rare de voir coïncider un front large avec un œil petit, mal situé, des naseaux étroits avec des ganaches écartées, etc.; d’où il résulte que l’étude d’une seule région de la tête peut permettre d’apprécier presque sûrement toutes les autres.
La forme générale de la tête varie beaucoup suivant les races et chez les individus de même race.
Elle est dite carrée (fig. 17 du texte) lorsque sa face antérieure est large et plane. Comme cette forme de la tête coïncide généralement avec un grand développement du crâne, qu’elle est, d’un autre côté, l’apanage des races anglaise et arabe de pur sang, on a dit qu’elle indiquait la noblesse, la pureté de la race, l’intelligence, la valeur, l’énergie, le fond et même la bonté du tempérament(). Si cela est vrai dans la majorité des cas, il y a toutefois lieu de faire remarquer qu’on rencontre assez fréquemment de bons chevaux avec une configuration de la tête toute différente.
Suivant que la tête, dans la région crânienne, est plus large que longue ou plus longue que large, le cheval est dit brachycéphale (crâne court), ou dolichocéphale (crâne allongé), et quelques auteurs ont fait de la brachycéphalie et de la dolichocéphalie la principale, la seule vraie caractéristique des races. Tout en reconnaissant les avantages de cette méthode, nous sommes d’avis qu’il faut être moins absolu aujourd’hui, et que dans les races les mieux caractérisées, les moins abâtardies, les plus faciles à reconnaître par l’ensemble de leurs caractères, on peut quelquefois rencontrer des individus dont la tête n’est plus celle du type ordinaire. Nous reviendrons sur ce sujet quand nous décrirons chaque race en particulier (voy. IVe partie, Races).
La tête conique (fig. 18 du texte) est celle qui va en se rétrécissant de la partie supérieure au bout du nez. Autrefois à la mode, elle est aujourd’hui regardée, avec raison, comme présentant généralement des caractères opposés à la précédente. Aussi, les amateurs d’occasion qui veulent faire admirer la tête d’un cheval en disant qu’il pourrait boire dans un verre, indiquent-ils sans le savoir le point faible qui prouve précisément le contraire de ce qu’ils veulent démontrer.
Bien que de Solleysel, en conseillant de choisir la tête «le plus menu qu’il se pourra»() à son extrémité inférieure, ait contribué à répandre l’expression ci-dessus, qui implique une erreur de jugement, on ne peut guère l’accuser d’avoir mis la tête conique à la mode; car il a eu soin d’expliquer que, par une tête menue inférieurement, il entendait une tête peu charnue, peu chargée et que, d’un autre côté, il demande des naseaux très ouverts permettant de voir «le vermeil qui est au dedans».
Fig. 17. — Tête carrée.
Fig. 18. — Tête conique.
La tête camuse (fig. 19 du texte) présente une dépression sur sa face antérieure; elle coïncide généralement avec un front large.
Si la dépression porte seulement sur la région du chanfrein, la tète est dite de rhinocéros (fig. 20 du texte).
Tandis que la tête camuse est un caractère de race (chevaux bretons, arabes, etc.), et donne d’ordinaire une physionomie mutine, intelligente, à l’animal, la tête de rhinocéros résulte tout simplement d’une compression exercée sur le chanfrein par la muserolle, le caveçon, etc., compression allant quelquefois jusqu’à perforer les os sus-nasaux.
La tête busquée (fig. 21 du texte) est convexe sur toute sa face antérieure. Quand la convexité est limitée au front, la tête est dite de lièvre. Si, au contraire, cette convexité porte exclusivement sur le chanfrein, on a la tête moutonnée.
La convexité de la tête, quels que soient son siège et son degré, est regardée comme une défectuosité. Très recherchée au siècle dernier, sous le règne de Louis XV surtout, la tête busquée est actuellement plus que démodée; on l’accuse de prédisposer au cornage et à d’autres maladies plus ou moins graves, la morve par exemple. Pour M. de Curnieu, le cheval à tête busquée serait l’idiot de l’espèce. Il y a là beaucoup de vrai mélangé à non moins d’exagération.
Si la tête convexe coïncide généralement avec des naseaux étroits, une poitrine resserrée, etc., il n’en est pas moins certain que beaucoup de chevaux à tête busquée sont de bons, agréables et même brillants serviteurs. La convexité du chanfrein n’implique pas toujours, en effet, un rétrécissement des cavités nasales, et il est nombre de cas où elle existe avec un bon développement de toutes les parties de l’appareil respiratoire.
Fig. 19. — Tête camuse.
Fig. 20. — Tête de rhinocéros.
D’un autre côté, nous ne croyons pas qu’elle prédispose plus que la tête la mieux conformée au cornage chronique, cette affection n’ayant généralement pas son siège dans les cavités nasales. Quant à son influence sur la morve, il est à peine utile, en l’état actuel de la science, de dire qu’elle ne peut être qu’imaginaire.
La tête longue (fig. 22 du texte) est celle qui présente un excès de longueur relativement aux autres parties du corps. On l’accuse surtout d’être lourde et de peser trop à la main du cavalier. Pour nous, elle n’est même pas toujours disgracieuse, et ne devient une réelle défectuosité que quand ses parties constituantes, prises isolément, ne sont pas dans de bonnes conditions de conformation. La nature, dit M. Richard, a donné à l’encolure assez de puissance pour supporter le poids de la tête, quelque lourde qu’elle soit, sans le soutien de la bride. Il y a là une autre cause qui tient, soit au dressage, soit à un vice de conformation de l’avant-main, soit à l’espèce du cheval. C’est entièrement notre avis, et nous sommes persuadé que la tête longue n’est souvent lourde que parce qu’on la rencontre généralement chez des individus mous, lymphatiques, ou encore parce qu’elle est fréquemment grosse et dans une mauvaise direction. La tête longue, bien portée, chez un cheval énergique, peut êt-re tout aussi légère que la plus belle tête carrée.
Fig. 21. — Tête busquée.
Fig. 22. — Tête longue.
La tête décharnée, ou de vieille, est longue, peu volumineuse, et d’une extrême sécheresse.
Les têtes grosses et grasses (fig. 23 du texte), sont disgracieuses et réellement trop pesantes. D’ailleurs, elles indiquent un animal grossier, mou, lymphatique, et ne conviennent que pour le service du gros trait.
Pour le trait léger et la selle, on doit rechercher une tête peu volumineuse et sèche, où les saillies osseuses, les reliefs musculaires, les vaisseaux et les nerfs sous-cutanés sont bien dessinés.
Relativement à sa direction, la tête doit être portée obliquement de haut en bas et d’arrière en avant, de manière à former avec le sol un angle d’environ 45 degrés (fig. 24 du texte).
Si elle est trop horizontale (fig. 25 du texte), le centre de gravité se trouve déplacé en haut et en avant, et le cheval porte au vent. Ce défaut nuit à la bonne action du mors, qui se rapproche des molaires et ne prend plus qu’une faible partie de son appui sur les barres. Le cheval se soustrait, de cette manière, à la volonté de celui qui le conduit et prend facilement, selon l’expression consacrée, le mors aux dents; de plus, il ne voit pas, en général, les obstacles près de lui, et se trouve d’autant plus exposé à butter ou à tomber que l’avant-main est toujours un peu surchargé.
Fig. 23. — Tète grosse et encolure épaisse.
Fig. 24. — Tête bien portée et encolure droite, bien dirigée.
Lorque, au contraire, le cheval porte la tête verticale (fig. 26 du texte), le centre de gravité se déplace en arrière et l’animal s’encapuchonne, c’est-à-dire qu’il rapproche le menton du poitrail. Il ne voit plus alors les obstacles que lorsqu’il lui est impossible de les éviter, et se soustrait bientôt à l’action de la main; mais, nous doutons fort qu’il prenne réellement un point d’appui sur le poitrail avec les branches du mors, comme la plupart des auteurs l’avancent.
Fig. 25. — Tête horizontale et encolure de cerf.
Fig. 26. — Tête verticale et encolure rouée.
Enfin, la tête peut être bien attachée, mal attachée ou plaquée.
On la dit bien attachée quand elle se trouve séparée du sommet de l’encolure par une légère dépression de la région parotidienne; mal attachée, quand cette dépression est trop accentuée; plaquée, lorsque le sillon parotidien est, au contraire, effacé.
Les mouvements de la tête bien attachée sont faciles et étendus; ceux de la tête plaquée sont très restreints. Il s’en suit que le cheval à tête mal attachée est non seulement disgracieux, mais encore peu propre au service de la selle.