Читать книгу Le cheval : extérieur, régions, pied, proportions, aplombs, allures, âge, aptitudes - Eugène Alix - Страница 57
e. — CROUPE.
ОглавлениеLa croupe forme réellement le premier rayon des membres postérieurs et correspond, anatomiquement, à l’épaule. Mais, sous le rapport de l’extérieur, cette région n’étant pas nettement distincte du tronc, auquel elle est unie, d’ailleurs, de la manière la plus intime, nous la comprenons dans les régions du corps.
La croupe fait suite aux reins et a pour base les deux coxaux, composés chacun, ainsi que nous l’avons vu, de trois parties: 1° l’ilium, qui s’appuie sur le sacrum; 2° le pubis, compris entre les deux autres; 3° l’ischium, qui, au lieu de suivre la direction oblique de haut en bas et d’avant en arrière de l’ilium, se relève et se porte en arrière (voy. IIIe partie, Bassin, et pl. XIV).
Ces trois parties, en se réunissant, forment inférieurement, et de chaque côté, une cavité dite cotyloïde, dans laquelle se trouve logée la tête du fémur correspondant.
De cette disposition résulte l’articulation coxo-fémorale, servant de point d’appui au levier représenté par chaque coxal.
La belle croupe doit être longue, légèrement inclinée, d’une largeur moyenne, et bien musclée.
La longueur est la première condition de beauté ; car le grand développement de la région, d’avant en arrière, est en rapport avec la longueur des muscles qui s’y attachent (muscles fessiers et ischio-tibiaux), et, par conséquent, avec l’étendue de leur contraction.
La longueur de la croupe se mesure de la hanche à la pointe de la fesse (tubérosité postérieure et externe de l’ischium). Cette longueur, indispensable à la rapidité des allures, a son effet d’autant plus marqué, pour le saut ou le galop surtout, qu’elle réside principalement dans les dimensions des ischiums, c’est-à-dire des bras de levier qui s’étendent de l’articulation coxo-fémorale à la pointe de la fesse, et sur lesquels agissent les muscles ischio-tibiaux chargés de faire basculer le coxal, et avec lui toute la partie antérieure du corps, sur la tête du fémur (fig. 35 du texte).
L’importance du grand développement de la croupe, d’avant en arrière, n’a pas échappé à l’esprit d’observation des Arabes: «Le cheval dont la croupe est aussi longue que le dos et les reins réunis, disent-ils, prends-le les yeux fermés: c’est une bénédiction.» Fitz-Émilius, par exemple, était dans ces conditions, et l’on sait quels grands moyens ce petit cheval a montrés en toute circonstance.
Fig. 35. — Croupe longue et croupe courte (fig. théorique).
Fig. 36. — Croupe horizontale et croupe oblique (fig. théorique).
La bonne direction de la croupe a été et est encore très discutée. Pour les uns, on doit la rechercher horizontale (fig. 37 du texte); pour les autres, l’obliquité est préférable (fig. 38 du texte). La vérité est que la croupe horizontale, entraînant de longs muscles ischio-tibiaux et ilio-trochantériens avec des attaches ischiatiques et trochantériennes plus perpendiculaires, des membres postérieurs plus reportés en arrière, un angle coxo-fémoral plus fermé, et, partant, une plus grande extension de la cuisse, favorise l’étendue des mouvements, l’impulsion en avant, la vitesse; tandis que la croupe oblique, comportant un angle coxo-fémoral plus ouvert(), des muscles plus courts, permet des mouvements moins étendus, une extension moins grande du fémur, et convient conséquemment moins bien pour les allures rapides que la conformation précédente (fig. 36 du texte).
D’un autre côté, la croupe oblique coïncidant le plus souvent avec des membres postérieurs fortement engagés sous le tronc, une partie de la détente de ceux-ci est employée en pure perte à soulever le corps jusqu’au moment où l’effort peut se transmettre intégralement au rachis dans le sens du mouvement. D’où, en somme, nouvel inconvénient de l’obliquité de la croupe pour la vitesse.
Fig. 37. — Croupe horizontale.
Fig. 38. — Croupe oblique.
Mais hâtons-nous de faire remarquer que «les conséquences de l’obliquité de la croupe sont subordonnées à la longueur, à la direction des ischiums, et aux rapports qui existent entre l’avant-main et l’arrière-main. Une croupe oblique, si elle est longue, puissamment musclée et élevée, et si l’avant-main est bas et léger, chassera fortement la masse en avant().» Par suite, en effet, d’un simple déplacement du centre de gravité en avant, tout se trouve changé dans l’individu, et la projection peut s’opérer horizontalement, même chez l’animal à croupe oblique, pourvu qu’il soit bas et léger du devant ou, tout simplement, que l’encolure se relève, que la tête se porte en arrière, qu’en un mot la plus grande partie du poids du corps soit répartie sur les extrémités postérieures.
Il y a donc lieu de faire entrer en ligne de compte, pour l’appréciation de telle ou telle direction de la croupe, la conformation de l’avant-main. C’est ainsi que, chez les chevaux anglais, généralement bas du devant, on ne fait aucune différence, pour la vitesse, entre un cheval à croupe horizontale et son concurrent à croupe oblique. «Si le premier a des avantages dans un sens, le second en a dans l’autre, dit M. Richard, et il en résulte une compensation qui peut niveler leurs conditions de vitesse comme structure, sinon comme sang().»
Fig. 39. — Croupe tranchante ou de mulet.
Avec la plupart des auteurs, nous admettons que la croupe oblique facilite d’ordinaire les allures enlevées(), non pas que nous croyions que cette direction soit favorable par elle-même à l’impulsion verticale; mais parce que, coexistant généralement, comme nous l’avons vu, avec des membres postérieurs plus ou moins engagés sous le centre de gravité, la détente de ceux-ci a d’abord pour résultat de projeter le tronc en haut avant que l’effort puisse se transmettre au rachis dans le sens du mouvement en avant.
L’obliquité de la croupe est, d’ailleurs, favorable aussi à la force: par suite de l’inclinaison des rayons et de la fermeture des angles articulaires du membre abdominal, que nous savons être très souvent la conséquence de l’abaissement de la croupe, les attaches musculaires sont plus perpendiculaires à leurs bras de levier et permettent à l’animal de leur faire produire des efforts d’une grande intensité.
Fig. 40. — Croupe double.
Donc, d’une façon générale, la direction de la croupe doit être horizontale pour les services rapides; oblique chez les chevaux destinés aux allures enlevées et chez ceux de gros trait lent; moyennement inclinée, enfin, pour tous les services mixtes.
Cette direction répond à peu près à une ligne qui unirait la hanche à la pointe de la fesse.
Si la croupe est trop oblique, on la dit avalée, en pupitre, ou coupée. Cette dernière expression indique que le défaut est porté à l’excès et que les ischiums sont en même temps courts.
Sous le rapport de ses dimensions, la croupe peut être non seulement longue ou courte, mais large ou étroite.
La croupe large est une beauté pour tous les services et doit être surtout recherchée pour les juments poulinières. Par contre, la croupe étroite est très défectueuse; elle indique que la région est mal musclée, sans force, et fait dire du cheval qu’il est pointu du derrière.
Relativement à la direction de sa ligne supérieure et à sa musculature, la croupe reçoit également différentes dénominations.
Lorsque l’épine sus-sacrée est très saillante et que les muscles fessiers s’abaissent de chaque côté, de manière à former un plan incliné, elle est dite tranchante ou de mulet (fig. 39 du texte). Cette conformation, commune chez les chevaux barbes, andalous, et du midi de la France, n’est défectueuse que si la région est en même temps étroite et mal musclée.
Quand, au contraire, l’épine sus-sacrée est figurée par un sillon limité de chaque côté par les muscles de la croupe trop fortement développés, on a la croupe double (fig. 40 du texte), qui ne convient que pour le service du gros trait.
Si, enfin, les éminences osseuses sont plus développées et plus saillantes que d’habitude, la croupe est dite anguleuse et dénote généralement des leviers d’une grande puissance. La saillie formée par les angles internes de l’ilium est quelquefois désignée sous la dénomination particulière de bosse du saut.