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ÉCOLE MÉTAURIENNE.

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Nous nous trouvons ici en présence de quatre grands ateliers, auxquels leur origine, leur voisinage, ont donné un tel air de famille, qu’il est parfois fort difficile d’en faire la distinction. Aussi, avant d’étudier chacun d’eux en particulier, nous faut-il classer sous le nom général d’école métaurienne les produits de ces fabriques qui ne nous donnent pas pour les reconnaître une marque certaine. Passeri semble s’arrêter à cette idée. Quand il parle d’Urbino, il signale, mais en passant rapidement, les faïences de la province métaurienne, dont le Métaure, le fleuve aux fines argiles, va fournir, pendant plusieurs siècles, la matière première aux artistes de ce pays.

La bienveillance des ducs d’Urbin, ces protecteurs éclairés des arts, s’étendait sur chacune de ces fabriques; les artistes voyageaient bien de bottega en bottega, mais s’éloignaient rarement de la province de leur souverain, à moins qu’une amitié princière ne vînt les prier d’aller porter leur science et leur talent dans une manufacture nouvelle.

C’est alors qu’une marque de boutique, une date, un nom, deviennent indispensables pour indiquer la provenance des pièces de cette école.

Elle commence avec le quinzième siècle à Pesaro, mais ce sont d’abord des produits aux figures raides, à la tournure archaïque. Elle dure jusqu’à la fin du dix-septième siècle et de nos jours le commandant Fabbri, syndic de Gubbio, essaye dans ses ateliers de continuer la tradition de M° Giorgio.

Ses œuvres, facilement reconnaissables, sont de vrais tableaux, des peintures complètes, presque sans réserves. A peine à travers les détails du sujet aperçoit-on une partie d’émail blanc. Les perspectives sont assez bien observées, les arbres finement étudiés, les figures généralement assez bien modelées. Nous rencontrons ici, rarement cependant, des plats du commencement du seizième siècle représentant des scènes contemporaines de l’artiste, où les paysages nous semblent tellement fantaisistes, que nous avons peine à les comprendre. Ces entassements de cônes montagneux, couronnés, les uns de bois de sapins, les autres de châteaux forts, véritables nids d’aigles, paraissent un souvenir des dessins de la porcelaine chinoise. Pourtant il n’en est rien. On dirait que la nature a voulu, dans cette partie des Apennins, réunir les paysages les plus extraordinaires: des remparts d’Urbino, on compte onze crêtes de montagnes à l’horizon. Les seigneurs, souvent en guerre, construisaient de véritables aires, d’où il était impossible de les déloger et les artistes, vivant toujours au milieu de cette nature bizarre, n’avaient qu’à copier la vue de la fenêtre de leur atelier, pour trouver ces fonds, que nous croyons le produit d’une imagination un peu trop indépendante.

Plat d’Urbino, à reflets métalliques. Collection Rey de Nalpes.


Pour s’en rendre compte, il ne faut qu’examiner les armes de toutes les villes de cette partie de l’Italie. Chacune a ses pics. Gubbio en a cinq, semblables à des pains de sucre accumulés, Urbino, trois; Urbania, d’abord Castel-Durante, en porte aussi, et les dessins des peintres ne sont que ce sujet primitif, orné et décoré de ce que la main des hommes a pu y ajouter.

L’école tout entière est ici généralisée. Chaque fabrique, dans la plénitude de son succès, finit par posséder une gamme de couleurs, un genre de composition, qui, dans certaines pièces non marquées, devient un signe caractéristique de leur provenance. A Pesaro, les amatorie, les devises de chevalerie; à Urbino, les grands sujets d’histoire, la fable, les copies de Raphaël; à Castel-Durante, les rinceaux de fleurs, les entrelacs d’amours, les décors guerriers; à Gubbio enfin, les magnifiques reflets qui vont illustrer la cité d’adoption du grand patricien Giorgio Andreoli.

Sur beaucoup de pièces de cette école nous retrouverons, mêlé aux décors, le S. P. Q. R. (senatus populusque romanus). Il est vrai que nous le retrouvons aussi à Faenza et à Caffagiolo; dans cette dernière fabrique, il alterne presque toujours avec S. P. Q. F.(senatus populusque florentinus). Quant aux majoliques de Faenza, elles sont si facilement reconnaissables qu’on peut ainsi presque donner ces quatre lettres comme un signe de reconnaissance des majoliques métauriennes. En 1519, M° Giorgio les inscrit dans un cartouche chez le baron A. de Rothschild, Xanto les trace, en 1539, chez le baron G. de Rothschild; nous les trouvons au Louvre, à Cluny, dans le musée de Pesaro, dans celui d’Urbino; nous ne les donnons pas comme marque, mais comme un renseignement utile.

La Céramique italienne : marques et monogrammes

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