Читать книгу La Céramique italienne : marques et monogrammes - Fernand de Mély - Страница 8
ОглавлениеCastel-Durante.
(1361-1757).
Plus encore que celle des autres fabriques, l’histoire artistique de Castel-Durante se trouve intimement unie à l’école métaurienne. Il est, pour ainsi dire, impossible de l’en séparer. Les majoliques s’écoulaient avec celles d’Urbino, se vendaient sous le même nom, et ce n’est qu’au moment où apparaissent les candelieri et les grotesques (Piccolpasso), un des décors caractéristiques de son ornementation, que nous pouvons les reconnaître. Sur un bleu profond, sur un jaune d’or parfois un peu dur, se roulent des sirènes mêlées aux amours. Tantôt de gros rinceaux de fleurs, tantôt des trophées médicis les remplacent. Tout cela d’une facture large, aisée, mais que la décadence atteindra rapidement. Ses bleus et ses jaunes procèdent de Caffagiolo, mais avec moins de vigueur. Au commencement du seizième siècle on peut encore avoir un moment d’hésitation, mais l’industrie en fera baisser promptement le niveau artistique.
Dans aucune fabrique nous ne retrouverons autant de bottega, autant de majolistes. Les archives d’Urbania nous donnent beaucoup de noms: avaient-ils tous assez l’amour de l’art pour ne pas sacrifier au commerce? Urbino, célèbre dans toute l’Italie, attire les grands artistes. Castel-Durante, fabrique voisine, suivait la même voie, et livrait couramment des produits similaires. Urbino, c’est Sèvres chez nous, la manufacture des princes, Castel-Durante, comme Clignancourt, la Courtille, travaille pour tous. Nous devons voir là, sans nul doute, une des causes de sa rapide décadence.
Nous n’avons parlé jusqu’ici que du seizième siècle. Le pape Urbain VIII, originaire de Castel-Durante, veut donner à sa ville natale un nouvel éclat. Il en change le nom, elle devient Urbania. Il veut faire reprendre à la majolique les grandes traditions de la renaissance; Hipp. Rombaldoni livre en vain, aux Barberini, ses grands vases décorés de sujets symboliques. La couleur est bonne, mais le dessin mou, le grand art a disparu, il ne peut revenir. Urbania végète et, au dix-huitième siècle, Giuseppe Bartolucci émigre à Pesaro; on n’entendra plus parler des majoliques de Castel-Durante.
ARTISTES DE CASTEL-DURANTE.
La longue liste des artistes qui tinrent boutique à Castel-Durante ou y travaillèrent commence en 1361 avec Giovanni dei Bistuggi, puis vint Gentili qui, d’après les documents du municipe, meurt en 1461.
1364. Maltempo.
Ici une lacune jusqu’en 1450 où nous trouvons Sabatino di Marforio, qui signe une pièce du British Museum et une autre du musée d’Urbino.
1490. Pietro del Vasaro, qui travaille avec François Marie, duc d’Urbin.
1508. Giovana Maria d’Urbino, qui signe un plat appartenant à M. Hope Zoua Maria Vro et Morelli.
1509. Guido et Savino, qui porteront plus tard à Anvers les secrets de Castel-Durante. Il est père de Guido et de Lorentzo.
1511. Marini.
1530. Piccolpasso, auteur d’un long travail sur la majolique italienne.
1545. Giovanni Tesco, Luzio Gatti, qui, d’après M. Jacquemart, émigrent à Corfou, Francesco del Vasaro.
1548. Giangiacomo.
1549. Pancicoli.
1550. Bucarelli.
1555. Calze.
1556. Baldi.
1560. Simone.
1566. Superchini.
1581. Oracleï.
1585. Episcopi.
1592. Ragionatelli.
1595. Mignini.
1596. Ugolanti.
1600. Lazari.
1608. Svolgi.
1611. Magini.
1614. Landrini.
Castel-Durante devient Urbania.
1639. Papi.
1647. Rombaldoni.
1648. Amantini.
1693. Giovanni Peruzzi.
1757. Guiseppe Bertoluccio, le dernier, qui émigre à Pesaro.
Commencement du seizième siècle. Per. Gratia. Recevuta. Ex-voto de Marforio. Plaque représentant le chemin de Damas au musée d’Urbino.
L’Enlèvement de Ganymède. École de Raphaël, d’un dessin lourd. Dans une branche d’arbre du paysage est suspendu un écu, qui porte de gueules au chef échiqueté d’argent et d’azur. Coupe n° 237 du Louvre.
La Vision des anges de Tobie. D’un grand fini de dessin, les jaunes sont très foncés. Plat marqué du revers, musée de Pesaro.
Un bacchus à cheval sur son tonneau. Deux latins à ses pieds. Cette marque se trouve au fond d’un vase placé entre ses jambes. Musée de Pesaro: fin du seizième siècle.
Le Rapt d’Hélène. Plat. Cette marque est répétée quatre fois au revers. British Museum.
1536. Jésus succombant sous la croix, frappé et entouré par un groupe de soldats. Un écu suspendu à une branche d’arbre porte d’or à une montagne à trois sommets de sinople, portant trois fleurs issant d’une mer d’azur. Assiette n° 412, Louvre, marqué au revers.
Joseph abandonnant son manteau. Plat; musée de Pesaro.
Fin du seizième siècle. Assiette armoriée. L’écu coupé d’argent, à l’aigle de sable, et d’azur, à la fleur de lis d’or, séparés par une fasce courbe d’argent, chargée d’une colombe portant un rameau. Assiette n° 271, au Louvre.
Hipollito Rombaldoni d’Urbania Pinse 1647.
Sous trois vases superbes de la galerie Barberini d’un mètre environ de hauteur. Joli coloris, mais facture lâchée; malgré les efforts d’Urbain VIII, on voit que cet artiste ne fera pas revivre les grandes traditions du seizième siècle; chaque vase porte deux sujets:
le premier, Discrétion et Innocence;
le deuxième, Justice et Amour;
le troisième, Espérance et Amour.
Cette marque est mentionnée par M. Chaffers comme étant de Castel-Durante. Il serait intéressant de la rapprocher de celle-ci qui se trouve sur le socle d’une statue de bénitier à Sainte-Marie des Anges, à Rome.