Читать книгу Correspondance de Chateaubriand avec la marquise de V - François-René vicomte de Chateaubriand - Страница 7

I

Оглавление

Table des matières

À M. le vicomte de Chateaubriand

Hlle, 14 novembre 1827.

Monsieur le Vicomte,

Depuis que je sais aimer et honorer quelque chose, vous avez tout mon respect et tout mon attachement; à mesure que votre caractère public s'est développé, ces sentiments se sont fortifiés dans mon cœur, et ils y ont enfin jeté de si profondes racines que je me crois quelques droits à votre bienveillance, parce que, depuis bien des années, les principaux événements de votre vie forment un des plus chers intérêts de la mienne.

Depuis que notre ami commun, M. Hyde de Neuville, est revenu des pays étrangers, il m'a donné de vos nouvelles de loin en loin. Mais le voilà trop occupé des élections pour que je puisse en attendre, ni même lui en demander.

Cependant, je viens de lire, dans le Journal des Débats du 9 novembre, la lettre que vous avez adressée au rédacteur du courrier. Mes yeux se sont mouillés de larmes en y voyant que «votre santé est altérée par un travail excessif et par les vives inquiétudes que vous cause une autre sauté qui vous est plus chère que la vôtre!»

En prenant, monsieur, la liberté de vous écrire et de vous dérober quelques minutes d'un temps toujours si précieux, et dans ce moment si péniblement employé, je serais coupable d'une indiscrète présomption, si le sentiment qui dicte ma lettre n'était pas de ceux qu'il est toujours doux et honorable d'inspirer, et d'accueillir. Vous êtes fait pour en être touché, et j'en suis si persuadée que j'ose vous en demander une preuve. Remettez ma lettre à votre secrétaire, et recommandez-lui de m'adresser, tous les quinze jours, deux lignes en forme de bulletin, qui me tirent d'inquiétude sur votre santé, et sur Mme de Chateaubriand!

Cependant, monsieur, si vous ne jugez pas à propos d'accorder un soin si obligeant à une personne qui vous est étrangère, et qui probablement ne vous verra jamais, je vous prie au moins de juger ma lettre d'après les circonstances qui me sont personnelles et non d'après les règles générales de la bienséance! Je ne crois cependant pas les enfreindre aujourd'hui; il me paraît simple de vous demander de vos nouvelles, et juste que vous m'en fassiez donner, car j'ai passé beaucoup d'années, je ne dis pas à vous admirer (l'admiration ne me donnerait aucun droit particulier auprès de vous), mais à vous chérir avec une attention que rien n'a pu détourner. D'ailleurs qui peut mieux que vous justifier une exception, et combien de fois ne devez-vous pas avoir reçu des marques d'attachement de personnes auxquelles le sort, ainsi qu'à moi, a refusé le bien de vous connaître et d'obtenir votre affection?

Recevez donc avec bienveillance l'assurance du profond attachement que je vous ai voué pour toujours, et celle des vœux que je ne cesse de former pour votre bonheur.

j'ai l'honneur d'être avec un tendre respect, monsieur le vicomte, votre très humble servante.

La marquise de V… née d'H.

H., 13 novembre 1827, près La Voulte en Vivarais.

Correspondance de Chateaubriand avec la marquise de V

Подняться наверх