Читать книгу La vallée maudite : derniers souvenirs de la Révolution en Artois - Gabriel de Beugny d'Hagerue - Страница 6
CHAPITRE IV
Unac.–Deux instituteurs.–Diable noir et diable blanc.–Bons conseils. –Un essai culinaire de Pélican.–Tentative de fuite.–Dents-d’Acier.
ОглавлениеA l’apparition du jeune Indien, les assistants se rapprochèrent pour le mieux voir. En ce moment, le foyer jetait de vives lueurs dont l’éclat permettait de distinguer les traits du prisonnier. C’était un enfant de douze à treize ans, au front haut, aux yeux noirs, au nez aquilin, à la bouche gracieuse, au regard vif et intelligent. Ses cheveux, longs sur les côtés du visage, retombaient en deux nattes jusque sur ses épaules et donnaient à ses traits une expression de douceur féminine. Il était robuste et bien pris. La couverture dont il s’enveloppait s’étant entr’ouverte, on vit sur sa poitrine un tatouage représentant un soleil, qui avait à son centre une tête de serpent.
«Bonté du ciel! senor, s’écria dona Gertrudis, cet enfant est-il véritablement un sauvage?
–Oui, ma bonne dame, un vrai sauvage!
–L’avez-vous donc pris en route?
–Non pas, le chemin est libre et sûr d’ici à Mérida; mais les Toltèques, descendus des montagnes, se sont avancés jusqu’à vingt lieues de la ville, brûlant et saccageant tout, selon leur coutume. Au bourg des Lagartos, ils sont tombés sur un bataillon de troupes nationales qui leur a infligé une rude leçon. Dans la bagarre, ce garçon est devenu prisonnier d’un soldat, qui, de retour à Mérida, l’a mis en vente sur la place du Marché. Je passais, et, pris de pitié, j’ai donné vingt piastres en échange de ce pauvre petit.»
Camille embrassa son grand-père, puis s’approcha du prisonnier:
«Venez,» lui dit-elle.
Il la regarda sans répondre ni bouger.
«Ne parle-t-il pas espagnol, grand-père? demanda la petite fille.
–Je ne sais trop; durant la route, j’ai cru deviner à certains mouvements de son visage qu’il comprend ce que l’on dit en cette langue; cependant il refuse de répondre lorsqu’on lui adresse la parole.
–Quel est son nom?
–Je l’ignore; peut-être me l’a-t-il dit, mais comment le saisir au milieu des phrases de son jargon?»
Le docteur s’était approché de l’enfant et l’examinait avec attention.
«Voilà donc, murmurait-il, un homme dans toute sa simplicité primitive; le drôle est beau, et ses yeux ont plus d’expression qu’on ne devrait s’y attendre, car les idées doivent être rares et confuses dans son cerveau. Ainsi, ce petit bonhomme, en sa qualité de sauvage, sait déjà piller une ferme, l’incendier, et, au besoin, couper la gorge de son semblable avec la même indifférence que celle d’un hanneton. Admirable, en vérité! Et comme ce gaillard est bâti! quelle poitrine! quelles jambes! comme il doit courir et sauter!»
Le docteur se tut un instant, puis reprit:
«Pauvre petit, plus de patrie, plus de famille; le voilà prisonnier. Peu à peu, les souvenirs de son enfance s’effaceront de sa mémoire; mais sa mère, l’oubliera-t-elle?»
En prononçant ces derniers mots, le docteur, selon son habitude lorsqu’une émotion le gagnait, enleva sa perruque. A la vue de cet homme se dépouillant de sa chevelure, le jeune Indien fit un bond en arrière; il eût fui, si Francisco ne l’eut retenu.
«Vilain Croquemitaine! s’écria Camille qui se rapprocha de son ami; veux-tu bien remettre tes cheveux sur ta tête et ne pas effrayer le petit garçon?»
Le docteur, interdit, se hâta d’obéir. En ce moment, le père Estevan parut. A la vue du vieillard, don Pedro se découvrit avec respect et lui baisa la main, déférence dont le chapelain voulut en vain se défendre. Après avoir échangé quelques mots avec le prêtre, don Pedro lui montra du doigt le nouveau venu.
«Approche, mon fils, dit le padre en langue maya, cet antique idiome encore en usage chez les modernes Toltèques, approche et dis-moi ton nom.»
En entendant parler le vieillard, le jeune Indien se rapprocha de lui, et ses regards se fixèrent avec curiosité sur les lèvres qui venaient de prononcer des mots de sa langue. Néanmoins il ne répondit pas, et une larme glissa sur sa joue brune.
«Pourquoi pleures-tu, mon enfant? demanda le chapelain avec sollicitude et en saisissant la main de l’Indien. Réponds, ne sais-tu pas la langue des mayas?
–C’est celle de ma nation, répliqua le jeune sauvage avec fierté. Mais vous, qui vous a appris à la parler?
–J’ai vécu parmi tes compatriotes, mon cher fils, et j’ai tenté de leur enseigner le nom et les commandements du vrai Dieu.
–Le vrai Dieu se nomme Téotl, et il habite les plaines enflammées du soleil, répondit sentencieusement le jeune garçon; puis, écartant sa couverture pour montrer l’image de l’astre dessiné sur sa poitrine, il ajouta: Je suis le petit-fils de Téotl.
–Ton père est un chef?
–Lorsqu’il vivait, la tribu entière des fils du Soleil lui obéissait.
–Tu ne m’as pas dit ton nom.
—Je suis Unac, fils d’Unac, petit-fils de Téotl.
–Je comprends, tu descends d’une famille de chefs et tu crois avoir le Soleil pour ancêtre; nous t’apprendrons que le Soleil a un maître.
–Veut-on me faire mourir?
–Rassure-toi; celui qui t’a amené et qui commande ici est juste et bon.
–Par le ciel, padre, s’écria tout à coup le châtelain qui ne comprenait mot à cette conversation, nous causerons demain. Songeons à souper, s’il vous plaît, j’ai faim.
–A qui voulez-vous confier cet enfant? demanda le chapelain.
–A vous d’abord, mon père, car il vous faudra vous occuper de son âme; quant à son corps, je suis tenté de le confier momentanément à Célestin, si toutefois le docteur y consent.
–Très volontiers, répondit celui-ci; grâce à Célestin. le malheureux pourra bientôt unir aux défauts des sauvages ceux de nos espèces civilisées.
–Soit! s’écria don Pedro. Nous savons ce que cela veut dire; par parenthèse, docteur, vous avez bien de la peine à vous corriger de vos. qualités. Je viens d’apprendre que, durant mon absence, vous avez sauvé, à force de veilles et de soins, deux de mes serviteurs.
–Mon devoir professionnel, dit le docteur, est de guérir les gens.»
Célestin, s’étant approché, reçut l’ordre de veiller sur le jeune Indien, de s’occuper de sa nourriture, de son coucher, et de le traiter avec la plus grande douceur.
«Très bien, dit l’ex-matelot; mais en quelle langue, s’il vous plaît, dois-je parler à mon pupille?
–Unac comprend-il la langue des blancs?» demanda le chapelain au jeune garçon.
Celui-ci demeura un instant silencieux; le padre répéta sa question.
«Oui, répondit enfin le prisonnier, quand les blancs traitent Unac comme un homme, il les comprend; il ne les comprend plus lorsqu’ils veulent le traiter comme un chien.»
Cette réponse fut faite en espagnol, avec lenteur, comme si le jeune Indien cherchait un peu ses mots.
«Par le Christ enfant, s’écria don Pedro, depuis douze jours que nous voyageons ensemble, tu aurais dû délier plus tôt ta langue. C’est non seulement en homme que je veux que tu sois traité, mais en frère. Tu n’as ici d’autre maître que moi, et c’est à moi que tu te plaindras si quelqu’un, sur mon domaine, te traite autrement que comme un enfant de la maison. Si le padre réussit à dissiper les ténèbres de ton esprit, tu deviendras mon filleul, c’est-à-dire mon fils. En attendant, sois docile et bon, je t’en prie.»
Après ce petit discours, don Pedro, faisant passer devant lui le padre et le docteur, pénétra dans le château,
Célestin se rapprocha d’Unac.
«Venez par ici, mon garçon, dit l’ex-matelot en prenant le bras de l’Indien pour le guider, vous avez fourni une longue course et vous devez avoir faim.
–Es-tu un chef? demanda Unac à son interlocuteur.
–Un chef? Pas précisément. Après tout, qui sait? Moi aussi, j’ai des petits soleils gravés sur la peau.»
Et retroussant sa manche gauche, Célestin montra son bras orné de ces tatouages chers aux marins et qui semblent à la mode aussi bien chez les nations civilisées que chez les sauvages.
Unac examina avec attention le dessin tracé sur le bras du matelot, dessin qui représentait un navire. Il réfléchit un moment, puis secoua la tête comme pour déclarer qu’il ne comprenait pas le sens de cet hiéroglyphe. Néanmoins, il parut considérer son guide avec respect; il se disposait à le suivre lorsqu’il fit un bond en arrière et poussa une exclamation de surprise: il venait de voir apparaître Pélican dont la bonne face, d’un magnifique noir, semblait pour lui un objet de terreur.
«Qui est celui-là? demanda-t-il d’une voix légèrement altérée.
–Personne autre que mon ami Pélican.
–Pourquoi est-il peint en noir?»
Célestin se mit à rire.
–Le pauvre garçon te prend sans doute pour le diable, Pélican, s.’écria l’ex-matelot; il est clair qu’il n’a jamais vu d’hommes de ta race.
–Hommes blancs plus pareils au diable qu’hommes noirs, dit Pélican avec conviction.
–Au Sénégal, c’est possible; en France, c’est une autre question; mais laissons cela et approche; il faut convaincre ce petit homme que tu n’es noir que par dehors, que tu as l’âme et le cœur d’un blanc.»
Pélican, sous prétexte de sourire, montra sa double rangée de dents et s’avança vers Unac.
«Pélican pas méchant, dit le nègre, et lui devenir l’ami à vous, si vous aimez lui.»
Unac murmura quelques mots dans sa langue, et se pressa contre Célestin, qui, le rassurant, le conduisit vers un des pavillons construits de chaque côté de la poterne, et dans lequel, dès son arrivée à Eden, il avait élu domicile avec Pélican. Un vieux créole, nommé Juan, qui servait en quelque sorte de concierge, occupait le second pavillon.
«Allez-vous sortir, senor Célestin? demanda le gardien en voyant paraître l’ex-matelot.
–Non, je viens dresser un lit pour le nouvel hôte du maître.
–Va-t-il coucher dans votre chambre?
–Parbleu! où voulez-vous que je le place?
–Gare qu’il ne vous coupe la gorge durant la nuit; c’est là une opération que ses pareils savent pratiquer à merveille.
–Merci de l’avis, Juan: mais nous ne sommes pas en guerre, ce garçon et moi; est-ce vrai, Unac?»
Sans répondre, le jeune Indien se pressa de nouveau contre son guide. Dents-d’Acier venait de se montrer et s’avançait en grognant.
«Tout beau, Dents-d’Acier, s’écria Célestin, c’est un camarade que je vous amène, et je vous engage à ne pas l’oublier. Silence, méchant chien, et laissez-nous passer.»
Dents-d’Acier obéit, grâce à Pélican qui s’interposa. Unac fut introduit dans le pavillon, composé de deux chambres dont l’une servait de cuisine et de salle à manger, l’autre de chambre à coucher. Un troisième lit, c’est-à-dire une épaisse natte de jonc, fut étendu dans un coin, et Pélican, qui, ce jour-là, remplissait les fonctions de cuisinier, posa sur une petite table une espèce de gigot rôti. Unac refusa de prendre place entre les deux amis; il s’empara de quelques galettes de maïs, puis alla s’étendre sur sa couche où il parut bientôt dormir.
«Qu’as-tu fait de ton jaguarété? demanda Célestin à son compagnon.
–Lui dans une cage.
–Tu veux l’apprivoiser? C’est une éducation qui te donnera quelque peine. Mais quelle viande est-ce donc là? Voilà une heure que je mâche ce morceau qui résiste à mes dents.»
Pélican sourit.
«Lui un peu dur, dit-il.
–Et Dents-d’Acier refuse sa part? Est-il malade?
–Non; seulement, lui pas aimer jaguarété.
–Comment, s’écria Célestin en se levant, ce rôti est du?–»
L’ex-matelot, bien que son estomac fût solide, ne put achever. Il s’empara d’une bouteille d’eau-de-vie de canne à sucre, s’en gargarisa longtemps le gosier et reprit:
«Que le diable t’emporte, Pélican, de me faire goûter une pareille viande!
–Oui, lui pas bon, répondit le nègre qui cherchait à faire bonne contenance et ne pouvait avaler le morceau qu’il avait dans la bouche; décidément, lui pas bon.»
Un jambon fut posé sur la petite table, et les deux convives mangèrent alors avec appétit. Leur souper terminé, ils fumèrent une ou deux pipes en devisant, et se couchèrent après avoir expulsé Dents-d’Acier. Les deux amis dormaient depuis une heure environ, lorsque Unac redressa la tête; une faible lueur, venant d’une fenêtre sans vitres, éclairait la vaste pièce. Le jeune Indien se leva, et, à pas sourds, se dirigea vers la porte. Après quelques tâtonnements, il réussit à faire jouer la pièce de bois qui la fermait et s’élança dehors.
La nuit était sombre; à peine le seuil franchi, Unac demeura immobile. Il promena ses regards autour de lui, retenant sa respiration et cherchant à percer les ténèbres. Un profond silence régnait dans l’immense cour du château; nul autre bruit que la plainte mélancolique produite par les deux palmiers plantés de chaque côté de la poterne, et dont la brise agitait doucement les larges feuilles. De loin en loin un cri sourd, étouffé, venait du bois; parfoi aussi un insecte lumineux traversait l’air comme une étoile filante, et disparaissait happé sans doute par un oiseau de nuit.
Unac, le corps penché en avant, fit enfin deux ou trois pas et s’arrêta. Peu à peu, ses yeux s’accoutumèrent à l’obscurité; il distingua la grande porte par laquelle il avait pénétré dans l’enceinte du château, courut aussitôt vers cette issue et poussa une exclamation de désappointement en la voyant close. Il promena ses mains sur les énormes poutres, à la recherche d’un verrou semblable à celui dont le mécanisme peu compliqué venait de lui permettre de sortir de la chambre de Célestin. Mais la porte d’entrée se fermait à l’aide d’une traverse de fer assujettie par un cadenas, et, durant un quart d’heure, Unac se fatiguales doigts à tirer, à pousser, à tordre ce cadenas. A la fin, le jeune Indien se cramponna aux poutres et se mit à grimper. Arrivé au faîte de la porte, il rencontra la muraille qui surplombait; bientôt convaincu qu’il ne pourrait franchir cet obstacle, il redescendit.
Il allait sauter sur le sol, lorsqu’il vit briller deux yeux flamboyants: c’étaient ceux de Dents-d’Acier, qui, tranquillement assis, paraissait observer avec curiosité les mouvements du fugitif. Tout à coup, le chien s’élança en grognant; s’il ne se fût hâté de regrimper, Unac eût été atteint par les crocs du terrible mâtin.
Après cette démonstration hostile, Dents-d’Acier, comme s’il considérait que la proie qu’il semblait convoiter ne pouvait lui échapper, se rassit paisiblement. A deux ou trois reprises, Unac tenta de se rapprocher de terre; aussitôt le chien grondait menaçant. Au bout d’un quart d’heure, sentant ses bras se lasser, le pauvre Unac essaya de saisir un des poteaux qui soutenaient la porte, avec l’espoir d’atteindre un des palmiers. En étendant la main, il sentit une chaîne et la tira, voulant s’assurer qu’elle pouvait le porter. Aussitôt, à son grand effroi, une cloche se mit à tinter; c’était celle qui, pourvue d’un double cordon, servait de jour à sonner les heures pour les travailleurs occupés dans les champs, et, la nuit venue, de signal pour réclamer l’ouverture de la poterne.
DEUX OU TROIS FOIS UNAC TENTA DE METTRE PIED A TERRE.
Ce bruit sonore, inconnu pour lui, terrifia Unac qui faillit se laisser choir, et d’autre part exaspéra Dents-d’Acier, lequel, comme la plupart de ses pareils, avait horreur du son des cloches. Le chien se mit à hurler d’une façon lugubre. Une minute après, Juan sortait en grommelant de son pavillon.
«Qui nous arrive si tard? disait le vieux gardien. Holà! Dents-d’Acier, vous tairez-vous, que je puisse interroger celui qui a sonné?».
Célestin se montra.
«Est-ce la caravane qui nous arrive, Juan? demanda l’ex-matelot.
–Par mon saint patron, les mules n’auraient pu marcher par cette nuit noire, puis le maître eût prévenu; d’un autre côté tout le monde est rentré.
–Peut-être y a-t-il quelque événement au village? Ouvrez vite le guichet.
–Faites taire le chien, alors, afin que je puisse parler et entendre ce que l’on me répondra.
–A la façon dont il aboie, Juan, je ne crois pas que nous ayons affaire à un ami. Ici, méchante bête!. Eh mais, une lumière; vite, il y a quelqu’un là.»
Le vieux gardien disparut. Il rapporta bientôt une torche enflammée dont le rouge éclat montra le malheureux Unac cramponné à une poutre de la poterne et à bout de forces.
«Quoi! mon aimable pupille! s’écria Célestin avec stupéfaction. Parbleu, j’aurais dû prévoir cela. A bas, Dents-d’Acier, et silence!»
Le mâtin se tut, et Célestin aida Unac à regagner le sol.
«Vous avez voulu fuir, garçon, reprit l’ex-matelot; voilà une mauvaise inspiration, et vous devez remercier le ciel de n’être pas, à l’heure qu’il est, à demi dévoré par Dents-d’Acier, qui n’entend guère les plaisanteries de ce genre. Regagnez votre lit, Juan, je vais clore ma porte assez solidement pour vous épargner toute nouvelle alerte.»
Célestin ramena Unac dans le pavillon et alluma une petite lampe.
«Pourquoi vous déjà levé? demanda Pélican qui se dressa sur sa natte et regarda son ami avec surprise.
–Oui, il est bien temps de se frotter les yeux, répondit Célestin. Tu dors trop solidement, Pélican, je t’en préviens. Si ce n’est pas la paresse qui t’a tenu dans ton lit, si tu n’as entendu ni notre pupille ouvrir la porte, ni Dents-d’Acier aboyer, ni la cloche tinter, tu n’es plus digne de ta réputation, et, à notre première excursion dans les bois, tu seras croqué par quelque bête sauvage.
–Dans les bois, Pélican dormir d’un seul œil; dans la maison, Pélican dormir sur ses deux oreilles.
–Voilà des choses dont je te défie, mon brave ami, attendu que les yeux se ferment et s’ouvrent de compagnie, et que tes oreilles sont placées de chaque côté de ta tête, comme celles du premier venu. Mais voici la porte bien assujettie, et tu peux maintenant dormir comme il te plaira. Couchez-vous, enfant, dit le matelot au jeune Indien, vous devez être convaincu que vous ne pouvez fuir.»
Unac, sans répondre, s’étendit sur sa natte; accablé par la fatigue, il s’endormit bientôt profondément.