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AU Xe SIÈCLE

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Table des matières

L’ORIGINE de Surgères est assez obscure.

La division géographique et politique du pays d’Aulnis ne fut énoncée qu’à la fin du Xe siècle.

La charte la plus ancienne qui cite la région surgérienne date de l’an 936.

D’après le cartulaire de l’abbaye de Saint-Jean-d’Angély, sous le règne de Hugues Capet (987), il existe un marais nommé «Girum» et une saline appelée «Girea». Ce marais reçoit les eaux qui descendent de la région du «castrum surgeriacum », dont parle, en 992, une charte de l’abbaye de Saint-Maixent.

Pour s’opposer aux incursions des Normands qui, au IXe et au Xe siècle, descendaient sur les côtes de l’Aulnis, pillaient et dépouillaient les habitants de leurs biens et de leurs moissons, et portèrent même leurs ravages jusqu’à Saint-Jean-d’ Angély, le duc de Poitou construisil une forteresse — «castrum» — à la tête du marais «Girum». Cette forteresse, comme toutes celles du IXe siècle, fut, à ses débuts, un simple donjon entouré de fossés où résidait une garnison d’hommes d’armes.

En 911, le roi de France, Charles III, donna au chef des Normands, Rollan, par le traité de Saint-Clair-sur-Epse, une portion de la Neustrie, appelée depuis Normandie. Les gens du Nord cessèrent dès lors leurs visites en Aulnis. Ils peuplèrent la Neustrie: par contre-coup le «castrum surgeriacum » devint bientôt inutile.

Ces renseignements historiques nous permettent de fixer l’étymologie de Surgères. Le «castrum surgeriacum» est établi plus haut que le cours de la rivière. Il est bâti sur la première assise de la colline, dans une situation élevée par rapport à une autre plus basse, ce qui est le sens du latin «super», d’où le mot «sur» tire son origine. Le castrum, étant construit dans un lieu plus élevé que le marais «girum » et la saline «girea», s’appela «surgeriacum», au-dessus de la saline, du marais, de la rivière de «Gir» ou de «Ger». Ce dernier mot, indéclinable dans Pline, est le nom d’un fleuve de la Mauritanie — (le Maroc). Peut-être est-ce par analogie que la rivière surgérienne reçut son nom?

Le prieuré de Saint-Gilles.

Guillaume, comte de Poitou, distraya des propriétés environnant la forteresse surgérienne une bonne partie des terres dont il fit don à l’abbaye de Maillezais, alors très florissante. Il fonda par là le prieuré de Saint-Gilles, qui relevait de Maillezais. La charte de cession de cette donation fut signée et ratifiée par le duc d’Aquitaine, l’abbé de Maillezais et le pape Sergius IV en l’année 1009.

Les Maingot, sires de Surgères.

Les Maingot, premiers seigneurs de Surgères, auraient eu pour ancêtre, Emerson, vicomte d’Aulnay, comte de Poitou, mort en 866.

Ils seraient issus d’un cadet de ce comte.

On lit, pour la première fois, le nom de Maingot en 903, au bas d’une charte où il est qualifié de vicomte, et où il signe aussitôt après le comte Ebles de Poitou, 10e année du roi Charles.

On trouve également d’autres signatures sur des chartes de 907, et de 963.

L’orthographe du nom change. C’est tantôt Maingot, Maëngot, Meingot. «La baronnerie» des Maingot en Aulnis s’appelait de castro surgeriaco.»

Jusqu’à Hugues Capet, les nobles n’ajoutaient rien à leur nom patronymique. Plus tard, pour se distinguer les uns des autres, ils firent suivre leur signature du nom des terres qu’ils possédaient; quelques-uns même de leur sobriquet, dit Vialart.

Les Maingot apposèrent leurs signatures sur les chartes aussitôt après les ducs d’Aquitaine, les comtes de Poitou, leurs suzerains. Ils prirent rang parmi les premières et plus anciennes maisons de France. Messire Vialart, prêtre, prieur de Montournais en Poitou, qui écrivit l’histoire généalogique de la maison de Surgères en Poitou en 1717, dit qu’il «y a peu de maisons en France, quelques anciennes et illustres qu’elles soient, qui puissent apporter de plus anciens titres.» Il ajoute: «de l’antiquité des noms des Maëngot de Surgères, il ne faut pas attendre des preuves écrites, mêmes les maisons souveraines ne les ont pas; elles n’ont pour ressources que les documents conservés, les chartes.»

On suppose qu’à la fin du Xe siècle un Maingot acquit de son parent, le comte de Poitou, le «castrum surgeriacum » et la partie des terres, situées autour du château fort, qui restaient libres, depuis la donation faite par Guillaume de Poitou du prieuré de Saint-Gilles, à l’abbaye de Maillezais.

A partir du XIe siècle, les chartes parlent souvent du «castellum surgeriacum».

Le Prieuré de Saint-Gilles.

Le Prieuré de Saint-Gilles, dont nous venons d’indiquer l’origine, fut donc fondé par un comte de Poitou. Les Maingot s’intéressèrent certainement à cette fondation; il est assez difficile de dire dans quelle mesure.

Le prieuré fut confié à un prieur séculier et à des chanoines.

Son église collégiale fut dédiée à Saint-Gilles. Elle était construite à 420 mètres de l’église Notre-Dame de Surgères.

Au XIe siècle, le peuple chrétien avait une grande dévotion pour le saint moine Gilles. Saint Gilles était né à Athènes. Il était de race royale. Après la mort de ses parents, Gilles avait distribué aux pauvres son patrimoine. Sa charité était telle qu’un jour il se dépouilla de sa propre tunique pour en couvrir un malade dans l’indigence. Celui-ci recouvra la santé aussitôt. D’autres miracles rendirent saint Gilles tellement populaire qu’il résolut de laisser la Grèce. Il vint à Arles auprès de Césaire, renommé lui aussi par sa sainteté.

Il l’abandonna peu après pour vivre en ermite sur les confins d’une forêt. Gilles se nourrissait de légumes et du lait d’une biche. Un jour, cette biche fut poursuivie par la meute du roi de France, qui chassait près de l’ermitage. Le roi frappé de la sainteté de Gilles, lui proposa de fonder, à côté de son ermitage, un monastère dont il prendrait la direction. Le saint moine y consentit.

Après la mort de Gilles, les miracles se multiplièrent sur son tombeau, à tel point qu’après Rome et Compostelle, Saint-Gilles était considéré comme l’un des trois grands pèlerinages de l’Occident.

Ces faits expliquent pour quelles raisons le prieuré de Surgères fut placé sous le patronage de saint Gilles.

L’Aulmônerie de Saint-Gilles.

En l’année 1083, Guy Geoffroy Guillaume VIII, duc d’Aquitaine, vint à Surgères.

Guillaume VIII était un véritable roi.

L’étendue de ses états était considérable; la plus grande partie du midi de la France reconnaissait sa suzeraineté. Il l’exerçait sur le comté du Poitou, qui comprenait la baronnie de Surgères.

Pendant son séjour à Surgères, Guillaume fit don au prieuré de Saint-Gilles d’une maison située près du prieuré, pour y établir un hôpital où seraient recueillis les vieillards miséreux de la région.

Il joignit au don de cette maison des terres et indiqua l’usage que les chanoines du prieuré de Saint-Gilles feraient de ces revenus: Ils les affecteraient à l’entretien des vieillards reçus dans la maison aulmônière. Le duc choisit comme protecteur de l’hospice Hugues Maingot.

Cette fondation prit le nom de «Maison Aulmônière de Saint-Gilles». Cette maison était la seconde «Aulmônerie» de France, d’après l’ordre chronologique.

Plus tard, l’Aulmônerie de Saint-Gilles fut enrichie d’autres terres offertes, à diverses époques, par les descendants du duc d’Aquitaine, par les seigneurs de Surgères, par le roi d’Angleterre, Richard.

L’Aulmônerie de Surgères fut considérée comme étan une fondation royale. Un différend qui s’éleva au XIVe siècle, entre les chanoines du prieuré de Saint-Gilles et les héritiers des sires de Surgères, permit de préciser ce point d’histoire Le prieur de Saint-Gilles disait ne relever que du roi de France et en aucune façon des Maingot de Surgères et de leurs héritiers. Le procès fut plaidé en 1567. Le prieur le perdit.

La maison aulmônière de Saint-Gilles fut seule reconnue de fondation royale. Le prieuré de Saint-Gilles ne le fut pas. Les juges déclarèrent qu’il avait pour fondateur un comte de Poitou et les sires de Surgères. Aussi quand, en 1600, le prieur et les chanoines de Saint-Gilles abandonnèrent le prieuré, la cession du domaine fut-elle faite et signée par le baron de Fonsèque, héritier des comtes de Surgères.

Nous venons d’indiquer la version de Délayant sur l’origine de l’Aumônerie de Saint-Gilles.

Mais Arcère, dans des notes manuscrites, déclare que le fondateur de l’Aumônerie de Saint-Gilles aurait été Guillaume IX, duc d’Aquitaine, et non pas Guy-Geoffroy Guillaume VIII mort en 1086. Il s’appuie sur ce fait qu’au XVIIe siècle les minimes de Saint-Gilles recherchèrent la date de la fondation de leur Aumônerie. Ils apportèrent comme preuve une charte du Cartulaire de leur couvent. Cette charte dit que l’Aumônerie de Saint-Gilles fut fondée sous l’épiscopat de Rodulphe, évêque de Saintes de 1083 à 1107.

Ils ajoutèrent qu’une charte de Richard, duc d’Aquitaine et plus tard roi d’Angleterre, datée de 1179, déclarait que la fondation de l’Aumônerie de Saint-Gilles était due à son bisaïeul Guillaume IX, duc d’Aquitaine. La voici reproduite par Massiou: «Sachez tous, présents et à venir, que l’Aumônerie de Surgères a été fondée sur mon territoire, ainsi qu’il est justifié par une charte de la reine Aliénor, ma mère, et par celle de Guillaume, mon bisaïeul, comte du Poitou, que le même Guillaume en la bâtissant sur son propre domaine, l’affranchit de tous les droits en usage dans l’étendue de sa souveraineté, particulièrement du droit de pacage pour les bestiaux que l’Aumônerie enverrait paître dans la forêt d’Argenton, et lui permit en outre de prendre, dans la même forêt, tout le bois nécessaire soit pour la construction et la réparation de ses bâtiments et pour le chauffage des pauvres qui y seraient reçus, soit pour tous autres usages. Sachez tous aussi que je prends sous ma protection et sauvegarde la même aumônerie avec ses habitants et ses dépendances et que j’entends qu’elle soit libre de toutes charges et que je l’en tiens quitte, comme l’ont tenue tous mes prédécesseurs.»

Devenu roi d’Angleterre, Richard fit de nouvelles donations à l’Aumônerie de Saint-Gilles. En 1188 et 1189, il lui confirma tous les privilèges déjà accordés.

Massiou écrit, avec raison, que «cet hospice, enrichi des offrandes des barons, des princes et des rois, devint un des établissement les plus importants du duché d’Aquitaine.»

Surgères dans le passé

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