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LE PÉLERINAGE DE CHILDE HAROLD, POÈME CHEVALERESQUE
À YANTHÉ
ОглавлениеDans ces climats que je viens de parcourir, et dont la beauté a long-tems paru sans rivale; dans ces visions qui découvrent au cœur des formes qu'il regrette, en soupirant, d'avoir seulement rêvées, rien ne m'a semblé, en réalité et en imagination, comparable à toi. Non; après t'avoir vue, j'essaierais vainement de peindre ces charmes qui sont aussi variés que brillans. Pour celui qui ne te voit pas, mes expressions seraient impuissantes; pour celui qui a le bonheur de te contempler, quel langage pourrait dignement les célébrer?
Ah! puisses-tu toujours être ce que tu es maintenant; ne pas rendre trompeuses les promesses de ton printems; être aussi belle dans tes formes suaves, avoir un cœur aussi tendre et aussi pur; être sur la terre l'image de l'amour sans ailes, et innocente au-delà des pensées de l'espérance! sans doute, celle qui maintenant élève si tendrement ta jeunesse, voit, dans toi, brillante de tant d'attraits; l'arc-en-ciel de ses jours à venir, devant les couleurs célestes duquel disparaissent toutes ses tristesses.
Jeune Péri de l'Occident! – c'est un bien pour moi que le nombre de mes années soit déjà le double des tiennes; mon regard sans amour peut s'arrêter sur toi, et voir briller, sans danger, tes beautés ravissantes. Heureux, si je ne les vois jamais dans leur déclin! et plus heureux encore, lorsque tant de jeunes cœurs seront déchirés, de sauver le mien du destin cruel que tes yeux préparent à ceux dont l'admiration pour toi naîtra dans l'avenir, mais qui éprouveront les tourmens qui se trouvent mêlés aux heures même les plus enivrantes, de l'amour!
Oh! que cet œil qui, vif comme celui de la gazelle, tantôt brillamment hardi, tantôt délicieusement modeste, séduit lorsqu'il s'égare, éblouit quand il se fixe; que cet œil s'arrête sur ces pages, et ne refuse pas à mes vers ce sourire pour lequel mon cœur soupirerait peut-être vainement, si je pouvais être pour toi quelque chose de plus qu'un ami. Cher enfant, accorde-moi cette grâce! Ne me demande pas pourquoi je dédie mes chants à une beauté si jeune; mais permets-moi de joindre à ma couronne passagère un lis impérissable et sans tache.
C'est ainsi que ton nom sera attaché à mes vers; et aussi long-tems que des yeux indulgens jetteront un regard sur les pages d'Harold, le nom d'Yanthé, consacré dans ces vers, sera vu le premier, et le dernier oublié. Mes jours une fois comptés, puisse cet ancien hommage attirer tes jolis doigts sur la lyre de celui qui t'a célébrée dans tout l'éclat de tes charmes! C'est tout ce que je puis désirer pour ma mémoire; l'espérance n'oserait réclamer autant, l'amitié pourrait-elle demander moins?