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PRÉFACE

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Table des matières

Une Egypte immuable, figée dans sa civilisation hiératique depuis l’aube la plus lointaine de l’histoire jusqu’au moment où elle tombe entre les mains des Grecs, une Egypte entièrement séparée du reste de l’humanité et n’ayant exercé aucune influence sur le développement du monde ancien, telle est la double légende qui, dans le public lettré d’aujourd’hui, est encore considérée presque comme un axiome, comme une de ces vérités élémentaires devant lesquelles on s’incline sans discuter. Et pourtant cette légende, si l’on en cherche l’origine, repose sur bien peu de chose, sur les impressions de quelques voyageurs qui parcoururent la vallée du Nil à une époque où l’état de la science ne permettait pas encore une étude rationnelle et fructueuse des monuments.

Les Grecs, si fiers de leur supériorité sur les autres peuples, n’ont cependant jamais rangé les Egyptiens parmi les barbares; bien plus, ils reconnaissent hautement, à l’occasion, la part prédominante de l’Egypte dans la naissance et le développement de leur propre civilisation et ne font aucune difficulté pour avouer qu’à la base même de la culture grecque, on trouve des racines égyptiennes. Il eût été du reste bien invraisemblable qu’un pays qui comme l’Egypte était arrivé à un très haut degré de civilisation alors que ses voisins en étaient encore à l’état primitif, n’exerçât pas sur eux une influence considérable. En effet, plus nous apprenons à connaître l’Egypte et les peuples méditerranéens anciens, plus nous retrouvons de traces de cette influence; tous ont puisé à cette source la force nécessaire pour se développer, et s’ils ont transformé ce qu’ils ont emprunté, chacun suivant son génie naturel, il n’en est pas moins vrai que c’est la civilisation égyptienne qui a le plus contribué à faire prospérer toutes les autres, et que par suite nous avons envers elle une lourde dette de reconnaissance.

Depuis la découverte des hiéroglyphes, tous les travaux entrepris au sujet des monuments anciens de l’Egypte montrent clairement que la civilisation de ce pays, comme partout ailleurs, eut ses alternatives de croissance, de grandeur et de décadence, et plus les travaux se spécialisent, plus les différences entre les époques s’accusent. Jusqu’ici cependant, la tendance de certains ouvrages d’ensemble a été d’insister sur la ligne générale, de chercher à présenter un tout homogène plutôt que de différencier les périodes, ce qui ne pouvait qu’accréditer toujours davantage dans le public la vieille légende de l’Egypte immuable.

Le but de ce petit livre est de réagir contre ces idées erronées, d’étudier successivement toutes les grandes étapes de la civilisation égyptienne, de montrer les progrès réalisés peu à peu malgré les secousses et les changements de régime, en groupant les résultats acquis autour d’un rapide aperçu de l’histoire elle-même, comme aussi d’indiquer la naissance des arts, des industries, des différentes branches de la civilisation égyptienne, leur expansion progressive dans les pays limitrophes, et la part qui leur revient dans le développement de la culture générale.

G. J.


Fig. 1. Quelques lignes de la Pierre de Rosette (d’après Lepsius. Auswahl der wichtigsten Urkunden, pl. XVII).

Histoire de la civilisation égyptienne des origines à la conquête d'Alexandre

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