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B. LES DYNASTIES DES DEMI-DIEUX ET DES MANES

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Après cette période divine, qui est celle de la constitution du pays, il en vient une autre qui paraît n’avoir pas été moins longue, mais qui a un caractère diffèrent: ici on ne trouve plus une série bien nette de rois-dieux ayant chacun sa personnalité marquée, mais des groupes d’êtres dont le rôle nous échappe aussi bien que le nom, et dont les Egyptiens eux-mêmes n’avaient gardé qu’un souvenir vague, des demi-dieux d’abord, puis de simples hommes, qui peuvent se répartir en cinq dynasties, au dire de Manéthon; les fragments de Turin confirment en une certaine mesure son témoignage.

La première de ces dynasties mythiques, qui suivit immédiatement celle des dieux, se composait de demi-dieux qui régnèrent 1.255 ans en tout; les Egyptiens avaient conservé de ces souverains une liste qui était inscrite au papyrus de Turin, mais qui, à part un ou deux signes, a disparu entièrement aujourd’hui; cette liste devait se trouver aussi dans le livre original de Manéthon, mais les copistes ne nous l’ont pas transmise de façon très claire; les Excerpta Barbari en ont conservé le premier nom, celui d’Anubis, et par là nous voyons que cette dynastie de demi-dieux se rattachait directement au cycle osirien, Anubis étant un fils d’Osiris et de Nephthys, son autre sœur, bien que celle-ci fût en réalité la femme de Set.

La liste de neuf dieux, telle que nous la trouvons dans la copie de Georges le Syncelle, paraît très corrompue, et elle contient des répétitions de noms de divinités figurant déjà dans la première dynastie et qui sont extrêmement douteux: on peut reconnaître en effet, à travers les formes grecques de ces noms, Horus fils d’Isis, Anhour, Anubis, Khonsou, Horus d’Edfou, Ammon, Thot, Shou et Ammon-Rà, ce dernier revenant donc deux fois dans la même série. Ce chiffre de neuf dieux nous montre tout au moins que cette dynastie formait, comme la première, une ennéade, calquée sans doute sur la deuxième ennéade des dieux héliopolitains, que nous connaissons très peu.

Ici je crois devoir intervertir l’ordre donné par Manéthon d’après la copie d’Eusèbe, qui place, après trois dynasties de rois-hommes, un groupe de mânes et de demi-dieux ayant régné ensemble pendant 5.813 ans; outre qu’il serait peu naturel de voir des êtres divins ou tout au moins semi-divins succéder à des hommes, nous voyons très clairement dans les fragments de Turin que ce sont ces derniers qui précédèrent immédiatement Ménès. La place normale de ces mânes semble donc être après la première dynastie des demi-dieux. On a reconnu dans ces Nekyes ou mânes les Khouou des textes religieux égyptiens, divinités secondaires qui constituent la troisième ennéade héliopolitaine, d’abord les quatre génies funéraires, les Enfants d’Horus, Amset, Hapi, Douamoutef et Kebhsenouf, puis un autre Horus, Khent-Khiti, et ses quatre fils.

Après les dynasties divines et semi-divines, calquées sur le modèle des trois cycles de dieux héliopolitains, et qui servent en quelque sorte de cadre aux souvenirs relatifs à ces époques très anciennes, Manéthon en énumère trois autres qui sont composées de rois d’une essence plus rapprochée de la nôtre, et considérés sans doute comme de simples hommes: d’abord ce sont des rois dont il n’indique ni l’origine ni le nombre et qui régnèrent en tout 1.817 ans, puis trente rois memphites, pendant 1.790 ans et enfin dix rois thinites, dont les règnes successifs durèrent 350 ans. Au papyrus de Turin, la division de cette période était un peu différente, et dans le fragment qui s’y rapporte, on peut reconnaître qu’il avait parlé de six dynasties au moins; les noms des rois n’étaient pas donnés, mais seulement la mention qu’ils s’étaient succédé de père en fils et que parmi eux se trouvaient sept femmes ayant régné; les chiffres, donnant la somme des années de chaque dynastie, sont trop mutilés pour que nous puissions en tenir compte.

Histoire de la civilisation égyptienne des origines à la conquête d'Alexandre

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