Читать книгу La fille du pirate - H. Emile Chevalier - Страница 10
VII
ОглавлениеIl était midi. Le soleil, voilé depuis le matin par de légères brumes, perçait à l'orient. Aux teintes blanchâtres de l'atmosphère succédait peu à peu un azur limpide, dont les réverbérations sur la nappe aqueuse se doraient aux tièdes rayons de l'astre du jour.
La nature semblait sourire en déployant ses grandeurs célestes et marines.
L'homme s'élevait à la contemplation de ce beau spectacle.
Rien, à notre avis ne parle plus éloquemment à l'esprit et au coeur que le tableau du ciel et de la pleine mer.
Immensité sous immensité!
Mystère contre mystère!
Ou suis-je? que suis-je?
Ces deux questions se pressent sur vos lèvres.
Soyez chrétien, musulman, païen, idolâtre, déiste, panthéiste, polythéiste, rationaliste, matérialiste, nihiliste,—soyez ce que vous voudrez,—si votre vue n'a plus d'autre limite que le firmament et l'eau, vous rougirez de votre petitesse, et un moment, une minute, une seconde, vous douterez! Non, il n'y a pas de croyance humaine qui résiste à l'infini! Notre nature est trop bornée pour cela.
En tout, pour comprendre, pour être fort, il nous faut du tangible, du palpable, du malléable.
Nous nous impatientons malgré nous, contre ce qui cesse de frapper nos sens.
Et cette impatience nous amène à dire avec Montaigne:
—Que sais-je?
Puis avec Shakspeare:
—Suis-je ou ne suis-je pas!