Читать книгу La fille du pirate - H. Emile Chevalier - Страница 7

IV

Оглавление

La corvette, poussée par une fraîche brise nord-ouest, nageait rapidement, toutes voiles déferlées, depuis ses royales jusqu'à ses focs et ses bonnettes hautes et basses.

C'était un magnifique navire de guerre cambré, svelte, élancé comme un yacht, portant fièrement son encolure, et plus fièrement encore ses trois flèches qui ployaient comme des baleines sous le fardeau de ses toiles gonflées.

A la proue un immense corbeau, les ailes déployées, semblait prêt à fondre sur sa proie.

Deux caronades, du plus fort calibre, avançaient leurs gueules béantes au-dessus de l'envergure au menaçant volatile, perché immédiatement sous le beaupré.

Les vingt sabords du Corbeau étaient garnis de vingt canons.

La gueule de ces vingt canons avait été peinte en rouge comme la ligne de la préceinte.

Sur le pont, au pied des mâts, se tenaient des groupes d'hommes armés jusqu'aux dents.

Tous étaient vêtus de chemises rouges, à large collet rabattu, bordé d'un filet noir, et de pantalons gris de fer, serrés à la taille par une ceinture de cuir, dans laquelle étaient passés des pistolets, un poignard, et une hache à double tranchant.

Ils avaient la tête et les bras nus.

Au moment où le canot détaché de l'Alcyon approchait du Corbeau, ce dernier amenait sa voilure et préparait ses grappins d'abordage.

Le capitaine François héla, et peu après son esquif était hissé par les palans du Corbeau.

Un homme se promenait seul sur la dunette.

Il avait la physionomie dure, le visage bronzé, les yeux pleins d'un feu sombre et une épaisse barbe noire. Sa stature était élevée, ses membres noués à des attaches souples, nerveuses, ses mouvements brusques, impérieux.

Un chapeau de toile cirée, sans ornement, couvrait son chef, mais sa veste en velours brun, ainsi que son pantalon, de même étoffe, étaient galonnés d'argent.

A son côté pendait un sabre turc, et à la main droite il tenait un porte-voix.

Ce personnage paraissait avoir trente ans environ.

Le capitaine de l'Alcyon marcha bravement à lui.

—Comment s'appelle ta coquille de noix? fit le pirate avec un accent gascon très-prononcé.

—L'Alcyon.

—De quoi se compose la cargaison!

—De vins.

—Et puis?

—Des conserves.

—As-tu des passagers?

—Une vingtaine, pour lesquels je suis venu réclamer votre pitié.

Le forban sourit ironiquement.

—Où allais-tu?

—A la Nouvelle-Orléans. Mais le mauvais temps…

—Et tu venais!

—De Marseille.

—Ah! de Marseille, fit l'autre avec une certaine émotion.

Ensuite, il se tourna, leva un doigt en l'air; et quatre hommes se jetèrent sur le capitaine François, le terrassèrent et lui garottèrent les pieds et les poings. Les rameurs qui l'avaient suivi subirent le même sort.

La fille du pirate

Подняться наверх