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VII

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aintenant les filles des Ouled-Ascars ne le rencontraient plus. Elles, ne sentaient plus ses regards s'attacher à elles, les déshabiller et les suivre; elles n'entendaient plus les propos dont elles aimaient à rire, ni la grande colère des vieilles qui les mettaient en joie.

Et on dit à Kradidja:

—Ou le génie des bons conseils a soufflé à l'oreille de ton fils, ou bien l'amour l'a pris.

Elle connaissait bien la passion qui l'étreignait, mais n'eût osé le dire. Pour le plaisir de ce fils, elle aurait tout sacrifié: les filles de la tribu, l'honneur des familles, Meryem, sa co-épouse, et son époux Ahmet.

Elle fit cependant une nouvelle tentative.

—O cheik, lui dit-elle, une nuit qu'il vint la trouver dans sa couche,—car la bienséance exige que l'homme donne également à chacune de ses femmes la part qui lui est due, et il est écrit: «Celui qui a deux femmes et qui se penche vers l'une plutôt que vers l'autre, paraîtra au Jugement avec des fesses inégales.»—O mon cher époux, je ne demande rien de mes droits, tu es mon seigneur et mon maître, conserve ta vigueur pour Meryem, car je sais ce que le Prophète a dit:

«Tu peux donner de l'espoir à celle que tu voudras, et recevoir dans ta couche celle que tu voudras, et celle que tu désires de nouveau après l'avoir négligée. Qu'elles ne soient jamais affligées, que toutes soient satisfaites de ce que tu leur accordes.»

Je suis satisfaite de ta bonne volonté; car que peuvent être pour toi mes charmes flétris, après l'enivrement des charmes de la belle Meryem. Je ne suis pas jalouse; j'ai eu ma part et ce fut la plus belle, puisque j'ai eu ta jeunesse et ta pleine virilité. Mais écoute un conseil de ta vieille et première épouse: Éloigne ton fils d'ici. Dans les plaines paisibles des Ouled-Ascars, les jeunes gens s'endorment dans l'oisiveté. Envoie-le aux Ksours chez le caïd des Nememchas; qu'il apprenne la science des tolbas ou qu'il entre dans ses mokalis, car ici il se perd avec les filles de la tribu et nous attirera quelque fâcheuse affaire.

Le cheik réfléchit un instant, puis répondit:

—Kradidja, bien-aimée, toi qui fus la fraîcheur de ma vue et qui es maintenant le repos de ma tête, ne sais-tu pas que tous les jeunes gens sont ainsi? C'est aux mères à garder leurs filles et non aux pères à garder leurs fils. Mais puisque tu tiens à ce que ton fils s'éloigne, ce ne peut être que pour son bien. Donc, plus tard, nous en reparlerons, quand la moisson sera faite. Viens donc, la nouvelle amie ne peut faire oublier l'ancienne.

—Hélas! pensa Kradidja, c'est pour éviter qu'il ne moissonne dans ton champ que je voudrais voir l'enfant partir. Maintenant, fais ce que tu veux.

Mais elle n'osait donner des paroles à ses pensées, de peur d'attirer sur la tête chérie du fils la malédiction du père.





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