Читать книгу Mémoire sur la topographie médicale du IVe arrondissement de Paris - Henri Bayard - Страница 6

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CHAPITRE II.

Table des matières

TOPOGRAPHIE ANCIENNE.

§ III. — Pendant les trois premiers siècles qui suivirent la fondation de Lutèce, son étendue paraît avoir été bornée à celle de l’île de la Cité. Les abords de la Seine étaient couverts de marais, de bois. Pendant le quatrième et le cinquième siècles, des faubourgs furent bâtis au midi et au nord, et si on s’en rapporte aux preuves diverses fournies par d’anciens titres, une enceinte de murs aurait été construite sur la rive droite(); elle commençait à la Porte de Paris; continuait le long de la rue Saint-Denis, où il y avait une porte prés de la rue des Lombards, passait ensuite au cloître Saint-Médéric, où il y avait une autre porte; tournait par la rue de la Verrerie, entre les rues Bar-du-Bec et des Billettes; descendait rue des Deux-Portes; traversait la rue de la Tixeranderie et le cloître Saint-Jean, près duquel était une troisième porte, et finissait sur le bord de la rivière entre Saint-Jean et Saint-Gervais. Ces noms modernes font mieux comprendre quelle était cette enceinte.

Il suffit de jeter les yeux sur le plan (n° I) pour se rendre compte de l’étendue que pouvait occuper cette enceinte; on remarque que la rue Saint-Denis et l’emplacement de l’église Sainte-Opportune sont déjà indiqués par des constructions.

Childebert fit bâtir l’an 559, sur la rive droite de la Seine, une collégiale sous l’invocation de Saint-Vincent, et qui prit plus tard le nom de Saint-Germain-l’Auxerrois, lorsque, vers l’année 1010, le roi Robert fit reconstruire cette église qui avait été saccagée par les Normands.

Cette église fut dotée des terres qui l’environnaient, et par suite des constructions qui ne tardèrent pas à s’élever à l’entour, il y eut deux bourgs de Saint-Germain-l’Auxerrois (Voir le plan n° II).

Une chapelle, située dans le faubourg septentrional, et qu’on nommait Notre-Dame-du-Bois, fut rebâtie et pourvue de chanoines, lorsque le corps de l’abbesse d’Almenèche, sainte Opportune, y fut apporté en 931. Entre ces bourgs et la ville de Paris subsistaient encore de grandes campagnes, des marais qui furent desséchés, ensemencés ou convertis en jardin, et des prés et des vignes que les propriétaires avaient fait enclore de haies et de fossés pour se séparer les uns des autres. De là viennent tous les noms de Culture qui se sont conservés à certaines rues.

Entre ces jardins et ces marais, il y avait une certaine étendue de terre des domaines du roi, qui se trouve nommée dans les anciens titres latins Campela, Champeaux ou Petits-Champs. C’est une partie de ce terrain que les premiers rois donnèrent pour y faire le cimetière de Paris; n’estant pas permis en ce temps d’enterrer dans les villes. Sur une autre partie, se tenait le marché aux bestiaux. Ce cimetière et ce marché furent placés en cet endroit, parce qu’il était situé entre la cité, la ville, les bourgs de Saint-Germain-l’Auxerrois, la Culture-l’Evêque et le Bourg-l’Abbé, au milieu et assez proche de tous ces lieux. Philippe-Auguste fist bâtir dans ce marché deux grandes halles, qu’il fist clore, et y transféra une foire qu’il acheta des religieux de Saint-Lazare, l’an 1183, et il fit aussi clore de murs le cimetière de la ville, aujourd’huy des Saints-Innocens.

Quelques historiens de Paris ont semblé hésiter à fixer l’époque à laquelle ils devaient faire remonter la construction du mur d’enceinte; un auteur en attribue la fondation à Louis-le-Gros. Nous pensons que l’on peut avoir quelque confiance dans le récit de Rigord , médecin et historiographe de Philippe-Auguste:

«..... L’occasion du voyage d’outre-mer, que ce prince

«entreprit l’an 1190, avec une puissante armée, luy parut

«favorable pour persuader aux Parisiens, sous prétexte

«de leur propre sûreté, d’entreprendre cette closture

«qui devoit les mettre à couvert de leurs ennemi

«pendant son absence. Pour leur en faciliter l’exécution,

«le roy se chargea d’indemniser les propriétaires des

«terres et de tous les autres lieux ou passeroient les fondations

«des murs et les fossez; le reste de la dépense fut

«faite par les bourgeois. L’ouvrage fut commencé la

«même année et continué sans interruption, tant en l’absence

«du roy, qui ne fut que d’un an, que depuis son

«retour jusqu’en 1211, qu’après vingt années de travail

«le tout se trouva achevé... »

Pour comprendre le développement de cette muraille et son étendue sur les terrains dont nous faisons la topographie, il est nécessaire de s’aider du nom des rues et des édifices actuels.

Le mur commençait sur le bord de la rivière en dehors de l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois qu’il protégeait, traversait les rues Saint-Honoré, des Deux-Ecus, l’emplacement actuel de la halle au Blé, les rues Coquillière, Montmartre, etc., et se terminait au-dessus du quai des Célestins, à travers la caserne de l’Ave-Maria.

Ces descriptions sont nécessaires pour remplir le but que nous nous proposons, et qui est d’étudier les conditions générales de salubrité dans lesquelles a dû se trouver la population des quartiers les premiers construits.

Si on examine le plan (n° III), il est facile de voir que les quartiers qui composent aujourd’hui le quatrième arrondissement se trouvaient presque complètement formés par les bourgs de Saint-Germain-l’Auxerrois qui furent enclos. Déjà cette partie de la ville était la plus peuplée.

Le cimetière des Innocens se trouva dans l’intérieur de la ville, il eut pour voisinage six petites rues, qui furent bâties, sous Philippe-Auguste, pour loger les juifs. Ainsi, dès cette époque (1220), il ne se trouvait plus que vers le nord des terrains en culture qu ne fussent pas couverts de maisons.

Un siècle à peine s’était écoulé, que les nouveaux accroissemens des. faubourgs forcèrent de les entourer. de fossés et de murs. Commencée en 1367 par Charles V, cette enceinte, dont la construction fut poussée activement par Hugues Aubriot, prévôt de Paris, fut enfin terminée en 1383 sous Charles VI.

Dès cette époque, les quartiers dont nous faisons l’histoire se trouvèrent non-seulement complétés, mais encore débordés par les constructions qui s’étendaient jusqu’au nouveau mur d’enceinte.

En effet, cette clôture commençait au bord de la Seine, rue Saint-Nicaise, traversait la rue Saint-Honoré, du Rempart, de Richelieu, le Palais-Royal, la place des Victoires, la rue des Fossés-Montmartre, rue Neuve-Saint-Eustache, du Petit-Carreau (voir le plan n° IV).

En se trouvant abrités des vents de l’ouest et du nord par toutes ces constructions nouvelles, les quatre quartiers du centre furent exposés à d’autres influences plus ou moins fâcheuses et que nous devons étudier.

§ IV. — II est facile de voir, sur chacun des plans qui accompagnent ce Mémoire, les diverses transformations qu’on subies certaines portions de quartiers. Ainsi en résumé, dès 508, l’emplacement de Sainte-Opportune et de quelques maisons avoisinant le Châtelet se trouvait entouré par la première enceinte sur la rive droite de la Seine; les habitans étaient exposés à toutes les influences marécageuses du sol qu’ils occupaient.

En 1180, tous les terrains au nord étaient couverts par les maisons qui s’étaient élevées autour de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, et formaient les deux bourgs de Saint Germain: le cimetière se trouvait à-peu-près au centre des bourgs qui chaque jour tendaient à détendre. Les bois environnans étaient défrichés et mis en culture; mais à l’ouest, et au sud, les bords de la rivière étaient occupés par des marais.

Sous Philippe-Auguste, en 1220, la nouvelle enceinte enveloppa les bourgs qui jusqu’alors se trouvaient en pleine campagne; et si les maisons furent garanties de la violence des vents d’ouest et nord par la hauteur des murailles, elles n’en furent pas moins exposées aux inconvéniens qui résultèrent des voisinages des marais qui bordaient la rive gauche, de l’influence des vents du sud, qui y portaient les effluves, et de la multiplicité des fossés qui devinrent de véritables cloaques. La malpropreté excessive des rues força à en paver quelques unes et à prescrire des mesures pour le nettoiement.

Le cimetière des Innocens fut entouré de murs ainsi que les halles, et tout à côté six rues fermées furent construites pour y loger les juifs, dont la malpropreté a toujours été proverbiale.

Des champs cultivés avoisinaient encore ces quartiers, qui bientôt devinrent un foyer de contagion.

Il nous suffira maintenant de mentionner quelques-uns des changemens qui se sont opérés dans la topographie partielle des quartiers que nous étudions; la délimitation qu’ils ont aujourd’hui était dépassée, avons-nous déjà dit, par les constructions qui s’étaient élevées; mais, jusqu’en 1589, le mur d’enceinte passait à peu de distance du quartier Saint-Honoré et du quartier Saint-Eustache; de ces côtés il y avait la proximité des champs et le renouvellement de l’air.

Il n’en était plus de même pour les quartiers des Halles, Saint-Germain-l’Auxerrois et Sainte-Opportune, dont les maisons s’étaient entassées, où l’accroissement de la population avait attiré un commerce très actif.

Les espaces libres et en culture au nord-est du quartier des Halles s’étaient à leur tour recouverts de pierres et avaient emprisonné ces quartiers.

En 1643, une partie de l’enceinte de Charles VI avait été détruite pour faire place aux nouveaux quartiers élevés par Henri IV et Louis XIII.

La construction du Pont-Neuf avait nécessité l’exhaussement des quais et des rues aboutissantes, et contribué un peu à la salubrité de celle partie du quartier; mais les Halles avaient toujours dans leur voisinage le cimetière des Innocens, qui depuis onze cents ans servait à l’inhumation de la plupart des paroisses de Paris! car les classés les plus riches avaient presque seules le privilège d’être enterrées dans les églises.

L’examen du plan (n° IV) fait voir combien les rues s’étaient multipliées par la subdivision des terrains.

En 1700, sous Louis XIV, de nombreux accroissemens se firent dans la ville, et les quartiers du centre s’en ressentirent; des rues furent alignées, reconstruites et leur terrain très exhaussé en raison du pavage et des pentes que nécessitaient l’écoulement des eaux et des conduites pour les fontaines. Le plan (n° V) permet de suivre tous ces détails.

Une description topographique plus minutieuse nous éloignerait du but de ce Mémoire.

Il nous suffit de décrire la division qui existait alors pour les quartiers suivans:

Le quartier Sainte-Opportune était borné par la rue Saint-Denis, l’Apport-Paris, la rue de la Ferronnerie, y compris les charniers des Innocens, les rues Saint-Honoré, des Prouvaires, du Roule, de la Monnaie, le quai de la Mégisserie.

Le quartier du Louvre ou de Saint-Germain-l’Auxerrois était borné à l’orient par le quartier précédent, au midi par les quais, au nord et à l’ouest par les rues Saint-Honoré et Froidmanteau.

Le quartier Saint-Eutache touchait les précédens au midi.

Le quartier des Halles comprenait la rue Saint-Denis jusqu’à la rue Mauconseil, la rue de la Tonnellerie, et au midi il joignait le quartier Sainte-Opportune.

On voit que les limites actuelles du quatrième arrondissement sont à-peu-près les mêmes que celles qui circonscrivaient alors ces divers quartiers réunis.

Mémoire sur la topographie médicale du IVe arrondissement de Paris

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