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ÉLECTION DE PIE IX.
ОглавлениеDeux grands événements se sont accomplis pendant le cours de l’année 1846: Dieu a appelé à lui le Pontife éminent qui, sous le nom de Grégoire XVI, gouvernait l’Église depuis quinze ans; et, après deux jours seulement de conclave et seize jours de vacance du Saint-Siège, la Chaire de saint Pierre était occupée par le cardinal Jean-Marie Mastaï Ferretti, archevêque-évêque d’Imola, proclamé Pape sous le nom de Pie IX .
Au moment d’expirer, Grégoire XVI avait dit: Je veux mourir en moine, et non en souverain: Voglio morir da frate, non da sovrano; — De son côté, Pie IX écrivait à ses trois frères, le soir même de son élection, un quart d’heure avant minuit:
«Il a plu à Dieu, qui exalte et qui humilie, de m’élever de mon insignifiance à la dignité la plus sublime de la terre. Que sa volonté soit faite! Je sens toute l’immensité de ce fardeau et toute la faiblesse de mes moyens. Faites faire des prières et priez, vous aussi, pour moi.
«Si la ville voulait faire quelque démonstration publique à cette occasion, je vous prie, car je le désire, de faire en sorte que la totalité de la somme destinée à cet objet soit appliquée à des objets jugés utiles à la ville par le gonfaloniere (maire) et par les anziani (adjoints).
«Quant à vous-mêmes, mes chers frères, je vous embrasse de tout mon cœur en Jésus-Christ. Ne vous enorgueillissez pas, mais prenez plutôt en pitié votre frère, qui vous donne sa bénédiction apostolique.»
Telles sont les véritables grandeurs du Vatican: elles projettent sur le monde l’ombre de la croix; le roseau du Christ est le sceptre de la Papauté, et sa couronne d’épines se fait sentir sous l’éclat de la tiare.
Cette élection de Pie IX, l’une des plus extraordinaires dont l’histoire des Papes fasse mention, manifeste visiblement l’assistance de l’Esprit-Saint. En proclamant Pie IX d’un accord presque unanime, les membres du Sacré-Collège ont prouvé au monde combien les intérêts de l’ambition, que la politique se plaît toujours à mettre en jeu, sont demeurés étrangers à leur choix. A peine si les puissances temporelles ont eu le temps d’ourdir leurs intrigues accoutumées; à peine ont-elles pu dicter leurs instructions à leurs ambassadeurs et envoyer à Rome les cardinaux des Couronnes.
Le premier jour, en effet, un parti nombreux s’était groupé autour d’un cardinal puissant, le cardinal Lambruschini, et avait semblé lui promettre la triple couronne; mais la Providence avait choisi son candidat, et en quelques heures elle a opéré un changement qu’aucune puissance humaine n’aurait eu le temps de combiner.
Il y avait longtemps qu’on n’avait vu un conclave durer si peu, et un pape si jeune revêtu des insignes du souverain Pontificat.
Pie IX n’avait que cinquante-quatre ans. Vers la fin du siècle dernier, une noble et illustre famille des États Pontificaux s’était rendue, selon sa coutume, dans les jours d’automne, à une maison de campagne qu’elle possédait à environ six milles de la ville. Parmi les membres de cette famille se trouvait un vif et charmant enfant qui s’appelait Giovanni. Un jour l’enfant s’en va chercher un jeune contadino de vingt ans attaché au service de sa famille, et, tout en se promenant à travers la campagne, ils arrivent sur le bord d’un fossé d’une assez grande profondeur, rempli d’eau stagnante. L’enfant s’arrête, aperçoit des petits poissons qui se remuaient dans l’eau, s’amuse de leurs ébats, veut les prendre dans ses mains, s’approche de plus en plus du bord sans s’apercevoir du danger, fait quelques pas sur ce terrain glissant et fangeux..... tout à coup le pied lui manque, il tombe dans l’eau et disparaît! Il allait se noyer, mais la Providence, qui dans le secret de ses conseils veillait sur cette vie précieuse, l’arrache au péril. Le brave paysan le sauve et le ramène au bord.
Ce nouveau Moïse sauvé des eaux, c’était GIOVANNI DES COMTES MASTAI, c’était le Souverain-Pontife Pie IX, actuellement régnant.
Certes, le pauvre contadino de Mondolfo ne se doutait guères du service immense qu’il rendait à Rome et à l’univers catholique.
Aujourd’hui cet enfant est investi de l’autorité la plus auguste qui ait jamais été confiée à l’homme; il est le deux-cent-cinquante-cinquième successeur légitime et direct de saint Pierre; il règne sur la Ville Éternelle, prédestinée depuis des siècles à devenir le centre de l’unité, le dépôt de la tradition, la chaire de la doctrine infaillible. Le monde entier a les yeux sur lui; il en attend sa délivrance et sa régénération.