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PRISE DE POSSESSION DE PIE IX.

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Le peuple romain avait dit vrai: l’évêque d’Imola est assis sur le trône pontifical, et nous allons assister à sa prise de possession du siège apostolique.

Cette cérémonie a eu lieu le 8 novembre 1846.

D’après les anciens usages, les prélats composant le tribunal de la Rote devaient figurer à cheval dans le cortége; mais Pie IX a voulu réduire le cérémonial à la forme suivie par Pie VII: au lieu de se rendre à cheval à la basilique de Saint-Jean-de-Latran, les membres du Sacré-Collége s’y rendront en voiture. La solennité ne perdra rien pour cela de sa pompe; plus conforme à l’esprit des temps modernes, elle n’en sera que plus grave et plus imposante.

Vers les deux heures, le Pape est arrivé sur la place de Saint-Jean-de-Latran. Le prince Orsini, sénateur de Rome, accompagné des conservateurs, des principaux magistrats du Capitole, de toutes les personnes de leur suite et d’un bataillon de la milice urbaine, attendait Sa Sainteté à l’oratoire de l’archiconfrérie du Très-Saint-Sacrement, près de la Scala Sancta, où une espèce de portique richement décoré avait été dressé. Le grand-écuyer a ouvert la portière de la voiture du Pape, et le prince-sénateur, au nom du peuple romain, a exprimé à Sa Sainteté, dans un discours latin, l’hommage d’obéissance et de fidélité. A quelques pas de là, le vénérable chapitre de Saint-Jean-de-Latran est venu à la rencontre du Pape; la chaîne qui ferme l’entrée du grand escalier de la basilique s’est abaissée; le Saint-Père est descendu de voiture et s’est avance jusqu’à la grille du grand portique. Là le cardinal Barberini, archiprêtre de la basilique, lui a présenté la croix, qu’il a respectueusement baisée à genoux, tandis que le clergé chantait l’antienne: Ecce Sacerdos magnus.

Le Sacré-Collége, le corps diplomatique, plusieurs membres de la noblesse romaine étaient déjà réunis sous le portique, autour du trône qui avait été élevé près de la Porte-Sainte. Dès que le Pape y a été assis, le cardinal-archiprêtre s’est avancé, a fait une inclination profonde, a harangué le Saint-Père et lui a présenté les clefs de la basilique, qu’un prélat portait à côté de lui, dans un bassin d’or. Sa Sainteté a tendu la main pour les recevoir, et ensuite les a rendues au même prélat. Les cardinaux-évêques portant la chape et la mitre blanches, les cardinaux-prêtres la chasuble, et les cardinaux-diacres la dalmatique de la même couleur, se sont rangés, ainsi que les évêques et les prélats, autour du trône du Pape, pendant que le chapitre et le clergé de Saint-Jean-de-Latran étaient admis au baisement du pied.

Après l’adoration, le Pape est entré dans la basilique par la porte majeure, où le doyen du Sacré-Collége est venu lui présenter l’encens et l’eau bénite. La procession s’est avancée dans l’intérieur de l’église; le Pape était porté sur son trône, placé sous le baldaquin, comme dans les grandes solennités. Le chœur de la chapelle pontificale a entonné le Te Deum. Arrivé devant l’autel de Martin V, où le Saint-Sacrement était exposé, Pie IX est descendu de son trône, s’est mis à genoux sur le prie-dieu et a adoré quelque temps le Seigneur, tandis que le chœur chantait le verset Te ergo quæsumus. La procession remise en marche s’est arrêtée une seconde fois devant la tribune où reposent les têtes de saint Pierre et de saint Paul. Après avoir vénéré ces insignes reliques, le Saint-Père est allé s’asseoir sur le trône pontifical, au centre de l’abside de la basilique. Les cardinaux se sont avancés par rang d’ancienneté, pour la cérémonie de l’obédience, et, au moment où ils lui ont baisé la main, le Pape a déposé dans leur mitre entr’ouverte deux médailles que monseigneur le trésorier, à genoux près du trône, présentait à Sa Sainteté. L’obédience terminée, le Pape est allé de son trône à l’autel papal; il y a déposé l’offrande d’usage renfermée dans une bourse brodée en or. La munificence de Pie IX s’est montrée en cette circonstance: il a fait don à l’église d’une somme de 4,000 piastres (environ 24,000 fr.) et d’un calice en or massif. Après cette offrande, le visage tourné vers le peuple et la tête découverte, il a donné la bénédiction apostolique, puis il est remonté sur le trône portatif: c’est alors qu’il a pris pour la première fois la tiare. Il a été ainsi porté processionnellement, précédé de la prélature, des évêques, des patriarches et des cardinaux, jusqu’au grand balcon de la principale façade de la basilique. En ce moment, l’aspect de l’auguste Pontife, apparaissant pour la première fois avec la triple couronne sur sa tête, a électrisé l’immense multitude qui couvrait au loin la place de Saint-Jean, les larges avenues de Sainte-Croix-de-Jérusalem, jusqu’au mur d’enceinte de la ville. L’enthousiasme populaire a éclaté avec un élan qu’il est impossible de rendre.

Ces vives acclamations de tout un peuple ivre de joie, cette masse de plus de cinquante mille hommes agitant des mouchoirs ou des drapeaux de toutes les fenêtres, de toutes les tribunes élevées sur la place, de tous les côtés de cette immense enceinte, avaient quelque chose d’électrique; puis toutes ces voix ont fait silence, tout ce peuple est tombé à genoux: le Pape, debout sur son trône, la tiare en tête, les bras étendus, était bien en réalité le Pontife pacificateur suspendu entre le ciel et la terre: il a béni Rome et le monde, et cette bénédiction solennelle, reçue dans un profond recueillement, a été suivie de nouvelles et plus vives acclamations mêlées aux fanfares militaires, au son des cloches, au bruit de seize pièces de canon rangées sur la pelouse de Sainte-Croix-de-Jérusalem.

On évalue à plus de cinquante mille le nombre des étrangers qui sont arrivés à Rome à cette occasion, de toutes les parties des États pontificaux et des États voisins.

Notice biographique sur Notre Saint-Père le pape Pie IX

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