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ASSENTIMENT GÉNÉRAL A L’ÉLECTION DE PIE IX.
ОглавлениеOn ne peut donner une idée des transports de joie dont l’élection de Pie IX a été le signal. A peine était-il assis sur le trône pontifical, que le peuple romain en avait déjà fait son idole. Ses grandes qualités inspirent partout la confiance. La vie renaît et circule de toutes parts. Magnifique spectacle que celui de tout un peuple qui, les regards tournés vers son chef, s’abandonne aux plus vives comme aux plus légitimes espérances!
Pie IX ne sort pas une fois, sans que la foule se précipite sur son passage en criant avec enthousiasme: Viva il nostra buon Papa Pio nono! Viva il padre del popolo!
Une métamorphose complète s’est opérée dans les États Romains. On n’y rencontre plus que des papalini; et de toutes les parties des provinces on accourt à Sinigaglia comme à un pélerinage pour visiter la chambre dans laquelle le Pape est né. Une grande partie de ces pélerins d’un nouveau genre montent l’escalier à genoux comme à la Scala-Sancta de Rome.
L’enthousiasme est à son comble; et ce qui est plus étonnant encore, c’est le calme, la tranquillité et l’ordre qui signalent ces manifestations de la joie publique. Loin d’aigrir les esprits, elles rapprochent et réunissent dans un commun sentiment d’amour et de reconnaissance les partis les plus hostiles. On se presse les mains, on fraternise avec une cordiale effusion, en répétant ces touchantes paroles: «Nous ne formons plus qu’une famille, nous sommes tous les enfants d’un seul père, qui est l’auguste et bien-aimé souverain Pie IX.»
Quelques rixes, il est vrai, ont eu lieu, comme il arrive toujours en Italie, dans des cabarets; mais il a suffi à quelqu’un des témoins de ces scènes de désordre de crier: Vive Pie IX! pour calmer tout à coup ces colères ardentes. On jette les couteaux et l’on s’embrasse.
La plus légère altération sur le visage du nouveau Pape excite de véritables angoisses: «Très-Saint Père, s’écrient quelquefois les femmes du peuple quand il passe, oh! ayez bien soin de votre santé ! Santo-Padre, obbiatevi cura della saluté.»
Un jour le bruit se répand que Pie IX est souffrant. A cette nouvelle, grande rumeur dans le Transtevere. Toute la population voulait se rendre au Quirinal pour voir le Pape et s’assurer par elle-même de l’état de sa santé. Mais cette visite devant être un peu bruyante pour un malade, on résolut de s’en remettre à une députation. En conséquence, quatre individus arrivent au Quirinal et demandent à voir le Pape. Ce n’était pas un jour d’audience publique, on fit des difficultés pour les admettre, preuve certaine pour eux de la gravité du mal. Enfin, on consulta le Saint-Père qui ordonna de les faire entrer. — Eh bien! mes enfants, leur dit-il en les voyant, que désirez-vous? — Rien, Santo-Padre. Nous voulions seulement vous voir; le bruit court au Transtevere que Votre Sainteté est malade, nous sommes venus nous assurer si cela est vrai. — Le Pape les remercie, les rassure, leur prouve qu’il se porte très-bien, puisqu’il travaille, et les congédie avec bonté. — Santo-Padre, lui dirent-ils en se retirant, Votre Sainteté sait que si jamais elle a besoin de nous, nous sommes là, siamo noi.
Des personnes timides et peut-être mal intentionnées, des politiques profonds, qui voient toujours un abîme derrière une acclamation, prophétisaient, il y a trois mois, que la papauté , après l’Hozanna, allait entendre retentir les cris du Tolle:
Ces prophètes eux-mêmes commencent à voir qu’ils se sont trompés, et ils sont tous ébahis de l’attitude fidèle et respectueuse des populations. Si jamais on tentait le moindre mouvement, le Pape n’aurait qu’un mot à dire, tant il est aimé et tant il paraîtrait odieux de contrister son cœur. Les résistances mêmes que rencontre Pie IX le servent plus qu’on ne pense; elles fortifient la confiance du peuple, qui dit: Il est clair qu’il veut bien faire, puisqu’ on cherche à l’arrêter.
Enfin, ces manifestations de joie ont pris un tel développement, que le gouvernement papal s’est vu dans la nécessité d’y mettre un terme. Une circulaire a été envoyée dans ce but à toutes les autorités des provinces. On leur recommande de faire cesser ces démonstrations dispendieuses et qui distraient les populations de leurs occupations domestiques. Cette circulaire est datée de Rome, le 8 octobre, et signée par le cardinal Gizzi, dont nous dirons un mot plus tard.
Malgré cette injonction, les démonstrations ont continué. Le même jour où cette mesure était résolue par le gouvernement, les habitants d’Albano et de Castel-Gandolfo, que le Pape visitait, ont fait des fêtes extraordinaires. Les populations étaient accourues de tous côtés. Pie IX a été obligé de monter sur une tribune pour donner la bénédiction papale et assister à l’ascension d’un ballon rempli de drapeaux et d’inscriptions en son honneur. Plus de quarante mille personnes sont allées à la rencontre du Pape, à son retour à Rome.
Tout cela ne porte-t-il pas le cachet manifeste de la divine Providence, et n’y a-t-il pas tout un monde nouveau dans cet avènement?
Aussi toutes les bouches appliquent-elles à Pie IX ces paroles des Livres saints: Ecce sacerdos magnas qui in diebus suis plaçait Deo, et inventas est justus, et in tempore IRACUNDIÆ factus est RECONCILIANS.