Читать книгу Notice biographique sur Notre Saint-Père le pape Pie IX - Henri Bretonneau - Страница 5
ОглавлениеAVANT SON PONTIFICAT.
Jean-Marie Mastaï Ferretti appartient à la noble famille des comtes Mastaï. Il est né à Sinigaglia , dans la légation d’Urbino-et-Pesaro (États de l’Église), le 13 mai 1792.
Les premières années de sa jeunesse se passèrent dans le monde, où sa naissance, sa fortune, ses talents, la distinction de ses manières et de sa personne lui donnaient le droit de prétendre à tout.
Il a fait une partie de ses études classiques au collége de Volterra, où il est demeuré six ans consécutifs en qualité de pensionnaire. Aussi a-t-il permis que ce collège fut placé sous sa protection spéciale.
Vers l’âge de vingt ans, le jeune Mastaï, qui avait été destiné à l’état militaire, servait dans les gardes-nobles. Des accidents nerveux survinrent, qui firent craindre en peu de temps qu’il ne tombât dans l’épilepsie. Déjà les médecins le déclaraient incurable. Pie VII, ému de pitié, engagea le jeune homme à faire le voyage de Lorette, pour implorer le secours de la Sainte Vierge. Mastaï Ferretti suivit le conseil de la foi: il fut radicalement guéri, et, accomplissant le vœu qu’il avait fait, entra dans l’état ecclésiastique.
Il suivit ses cours de théologie à l’Institut des Jésuites, qui ne le crurent pas appelé à leur Ordre; néanmoins, après l’avoir minutieusement éprouvé, ils lui conseillèrent d’accepter les ordres sacrés. On raconte même qu’à cette occasion le supérieur du collège lui dit, comme par prévision de l’avenir: «Si la Providence vous réserve à de hautes destinées, n’oubliez pas les Jésuites.»
Ordonné prêtre, l’abbé Mastaï prit la direction de l’hospice Tata Giovanni: on nomme ainsi une maison qu’avait fondée, pour faire vivre et élever chrétiennement de petits et pauvres orphelins, un vieillard chrétien, maçon de son métier, dénué de toutes ressources, mais riche des trésors de la charité. Le jeune prêtre, touché de son dévouement, lui associa le sien; il consacra son temps, son travail, son argent, tout ce qu’il avait, à cette œuvre de piété et de bienfaisance. Le nouveau Pape a fait ainsi son apprentissage auprès des ouvriers, des pauvres et des orphelins; il l’a continué par l’apostolat.
Sous le pontificat de Pie VII, Mgr Muzi, aujourd’hui évêque de Città di Castello, ayant été envoyé vicaire apostolique au Chili, l’abbé Mastaï Ferretti le suivit en qualité d’auditeur (conseiller ou théologien). D’où résulte pour lui le rare avantage d’avoir visité l’ancien et le nouveau monde, et touché aux limites les plus éloignées de l’Église dont il devait être le chef.
Des différends survenus entre le vicaire apostolique et les gouvernants du Chili l’obligèrent bientôt, ainsi que Mgr Muzi, à quitter ce pays, et l’on dit que dans ces circonstances difficiles le jeune auditeur montra un courage et une fermeté qui frappèrent singulièrement le grand Pape Léon XII. Ce pontife le nomma prélat, chanoine de Sainte-Marie-in-Via-Lata, et puis président du grand hospice de Saint-Michel, à Ripa-Grande. Cet établissement, l’un des plus beaux du monde, est comme l’Hôtel-Dieu de Rome; le président en a la direction active.
Le 21 mai 1827, Léon XII le donna pour premier pasteur à Spolete, sa patrie, qu’il avait érigée en évêché. Mgr Maslaï occupa ce siège jusqu’en 1832. Il y mérita la confiance générale à ce point qu’une députation de son diocèse supplia Grégoire XVI de ne pas lui enlever son archevêque.
Nonobstant cette manifestation, il fut transféré, le 17 décembre 1832, à l’évêché d’Imola, poste important et qui, au milieu des agitations auxquelles était alors en proie la Romagne, demandait un homme de choix, un caractère aussi ferme que sage. L’évêque remplit les espérances de Grégoire XVI, et tout le monde savait en Italie combien il était vénéré et aimé dans tout son diocèse.
Pie IX occupait encore ce siège, lorsqu’il donna une preuve non douteuse de ses sympathies pour les idées françaises, en publiant le mandement célèbre du cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, sur les Libertés de l’Église, écrit pour le carême de 1846.
Réservé in petto dans le consistoire du 23 décembre 1839, et proclamé le 14 décembre 1840, il était cardinal du titre des saints Pierre et Marcellin. Sa réputation de talent et de piété était grande dans tous les États de l’Église, et à Rome, le peuple, qui l’avait connu, qui l’avait vu à l’œuvre, d’abord dans le pauvre établissement du pieux maçon, puis à Saint-Michel , le peuple, lorsque quelque devoir appelait dans la capitale de la chrétienté l’évêque d’Imola, qui bien rarement toutefois quittait son diocèse, disait en le voyant passer:
Voilà le futur Pape, Dieu nous le donnera!