Читать книгу Notes pour servir à l'histoire de l'imprimerie à Niort et dans les Deux-Sèvres - Henri Clouzot - Страница 3
AVERTISSEMENT
ОглавлениеLes livres imprimés à Niort et dans les Deux-Sèvres avant la Révolution, sont d’une excessive rareté. Le protestantisme ayant été, dans ce pays, la seule cause de l’établissement de l’imprimerie et sa seule raison d’être, presque tous les produits de ses presses sont des manuels de piété, des traités théologiques ou polémiques, des catéchismes, des livres de prières ou de liturgie à l’usage de ceux de la Religion réformée. On sait avec quelle rigueur furent pourchassés au XVIIe. et au XVIIIe siècle tous les livres de ce genre et les peines sévères portées contre ceux qui les imprimaient, contre ceux qui les débitaient, contre ceux même qui les achetaient. Comment s’étonner après cela que leur nombre en soit si restreint, que si peu aient échappé et la confiscation, au bâcher? On trouve encore assez fréquemment des psautiers, imprimés par les Bureau au XVIIe siècle; on rencontre aussi quelques livres du premier imprimeur niortais Thomas Portau, et plus souvent encore les œuvres de d’Aubigné et de Duplessis Mornay imprimées à Maillé et à la Forêt-sur-Sèvre; mais à part ces quelques titres, la plupart des ouvrages cités dans notre étude n’existent qu’à quelques exemplaires, disséminés dans les bibliothèques de Paris, de Poitiers, de Niort, de la Rochelle, de Bordeaux, et dans quelques collections particulières. Il y a même une dizaine de livres que nous n’avons décrits que de seconde main n’ayant jamais pu nous en procurer d’exemplaires.
Nous savions donc quelle tâche ingrate nous allions entreprendre, en essayant de retracer des origines typographiques si peu connues, mais, chemin faisant, une découverte en amenant une autre, notre bagage s’est singulièrement accru, et si maintenant, tel que nous le livrons au public, il n’est encore ni très considérable, ni très intéressant, il a du moins le mérite d’être nouveau et inédit, personne ou à peu près n’ayant parlé de l’imprimerie à Niort, à Thouars ou à Saint-Maixent. Déplus, si nous n’avons pas à revendiquer pour ces villes la gloire d’avoir produit des initiateurs comme les Marnef ou les Haultin, nos recherches nous ont fait connaître bon nombre de travailleurs intelligents et éclairés dont le nom et la marque figurent sur de curieux ouvrages, distingués par leur forme comme par leur contenu. Nous n’avons certes pas la prétention de les avoir tous retrouvés et les particularités de leur existence ne se sont livrées à nous que bien parcimonieusement, mais tels qu’ils sont, nous avons tenu à les présenter à nos lecteurs, pour leur faire partager, si faire se peut, le profond intérêt que nous ont inspiré ces premiers artisans du grand art, ces maîtres imprimeurs et marchands libraires, si courageux, si savants, si dignes de servir d’exemple à tous ceux qui, comme nous, s’honorent d’appartenir àla vieille famille des disciples de Guttemberg.
Notre travail se compose de deux parties distinctes: les biographies et les descriptions bibliographiques, rejetées à la fin de chaque notice pour ne pas embarrasser le lecteur. Il se termine par une liste chronologique des libraires et imprimeurs de 1789 à 1870, conduisant notre étude jusqu’à la date très importante de l’abolition des brevets. Dans la partie biographique nous nous sommes attaché avant tout à ne nous laisser aller à aucune hypothèse, toujours dangereuse, à ne procéder que par des faits et des documents, à citer toujours nos sources. Dans la partie bibliographique, nous avons cherché à rendre nos descriptions aussi exactes et aussi complètes que possible, à donner toutes les indications qui peuvent guider l’amateur ou le bibliophile, à réunir toutes les particularités intéressant la publication de l’ouvrage, les supercheries, les saisies, les éditions détruites, etc.; nous avons même parfois ajouté quelques mots sur les auteurs lorsque ni la France protestante, ni l’Histoire littéraire du Poitou, ni les autres dictionnaires n’en parlaient. Malgré tout, nous avons laissé dans notre travail bien des lacunes et bien des obscurités, nous avons omis bien des ouvrages: c’est au lecteur à nous signaler nos erreurs et nos oublis afin que nous puissions y remédier dans un prochain supplément.
Aux pages qui vont suivre on ne pourra pas donner le nom d’étude, même incomplète. Ce sont des notes que nous livrons au public, en disant avec le fabuliste:
«On le peut; je l’essaie; un plus savant le fasse.»
Niort, le 15 décembre 1890.