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Touët de Beuil, et la vallée du Var.


CHAPITRE II

Table des matières

LA VALLÉE DU VAR

La Mescla. - Touët de Beuil et les Gorges du Cians. Puget-Théniers. - Entrevaux et le Pont de Gueydan.

Merveilleux début! La Route des Alpes suit d’abord la Promenade des Anglais. Pendant ce parcours de plus de cinq kilomètres au long de la mer caressante, la vue sur la côte orientale change et se modifie à chaque tour de roue. On dirait un diorama mouvant: c’est d’abord l’échiné du Mont-Boron qui s’allonge, puis derrière elle, la presqu’île de Saint-Jean qui révèle peu à peu ses villas et ses hôtels, plus loin le Cap Martin avec ses belles futaies, plus loin encore l’au delà-de Menton, les Rochers Rouges et Bordighera, chaque langue de terre s’avançant à son tour pour renouveler la joie des yeux.

Aux abords de l’Hippodrome, la route quitte la plage, coupe un instant la plaine en passant sous la ligne du chemin de fer et vient s’asseoir sur la digue gauche du Var.

La Mescla.


On a perdu de vue la mer, et le décor des Alpes se présente aux regards: à droite, des coteaux cultivés s’étageant graduellement, à gauche, des collines plus abruptes au pied du majestueux escarpement du Baou de St-Jeannet, puis au milieu, la sombre fissure par laquelle s’échappe le fleuve et qui va servir d’accès. Ce fond de tableau s’approche avec rapidité, les remparts latéraux se resserrent, et on se trouve emporté dans un large corridor où la route voisine avec la voie du chemin de fer Sud-France qui vient la rejoindre par un tunnel.

Au pied du Baou de St-Jeannet, qui maintenant paraît formidable, on voit se dédoubler la ligne ferrée, l’une de ses branches traversant le fleuve et remontant sur sa rive droite vers le village de Gattière dont les maisons s’éparpillent sur la pente et plus loin vers la vieille ville de Vence, l’ancien évêché du poète Godeu.

A Saint-Martin-du-Var, quelques usines ternissent un moment le paysage qu’anime d’autre part le confluent de l’Estéron: le vallon commence à prendre des allures de gorge, et des routes aux lacets pressés arrivent de part et d’autre, à droite de la Roquette, à gauche par le pont Charles Albert de Roquestéron, tous deux noms éloquents témoignant de la prédominance des roches.

Vieille porte à Vence.


Puget-Théniers.


Le spectacle ambiant devient plus borné et plus sévère: subitement la paroi de droite s’entr’ouvre et laisse passer le flot de la Vésubie, c’est la rencontre de deux gorges étroites, aux murailles escarpées, aux flots mugissants. Un pont de quatre arches permet de franchir l’affluent, puis deux routes divergent: l’une, à l’Est, remonte la Vésubie et conduit, suivie d’une voie ferrée, à St-Jean-de-la-Rivière, à Lantosque et à Saint-Martin-de-Vésubie. L’autre, notre Route des Alpes, toujours accompagnée de la ligne du Sud-France pénètre dans les Gorges inférieures du Var au défilé du Ciaudan.

Dès lors, sa chaussée va être à chaque instant portée sur des travaux d’art. L’étroite fente, sciée par le travail millénaire des eaux, laissait à peine le passage du Var et la route aussi bien que le chemin de fer ont dû s’ouvrir le leur à force de tunnels et de viaducs.

Lavoir public à Puget-Théniers.


Une nouvelle fissure, un nouveau torrent qui s’en échappe, la Tinée, apportant au Var les écoulements des plus hauts pics de la frontière! Ce confluent, dont l’aspect est particulièrement grandiose a reçu le nom expressif de la Mescla. Là aussi une route et une ligne ferrée annexe ont été tracées par l’industrie des hommes, remontant vers Clans et Saint-Sauveur. La route principale franchit le Var et s’incruste désormais sur sa rive droite, dans la continuation toujours aussi sauvage et grandiose du défilé des Gorges du Var. La direction qui depuis l’Hippodrome était toujours vers le Nord, s’incurve à l’Ouest à partir de la Mescla (100 m.).

Les gorges du Cians.


Bientôt les murailles abruptes, qui encaissaient la route, s’adoucissent, et aux escarpements succèdent des pentes moins accentuées. Une route stratégique traverse le fleuve et monte en lacets au fort de Picciarvet (600 m. environ), puis après un nouvel étranglement, qui oblige la gorge et la route à un double contour, la vallée s’élargit et le site du pont de Malaussène annonce une sorte de petite plaine allongée qui fut jadis un ancien lac. Le berceau qui s’étend à l’Ouest offre un coup d’œil agréable, occupé par la culture et encadré de vignes parsemées de figuiers. A une certaine hauteur, sur la droite, on aperçoit le village de Touèt de Beuil, curieusement perché sur une corniche abrupte, avec un rocher en forme d’auvent qui semble le recouvrir. Son unique rue, passant parfois sous les maisons, commence à être désertée et les habitants sont descendus au pied de la pente-fonder le Touèt du Var, qui, pourvu d’un bon hôtel, sert de point de départ pour l’excursion des gorges du Cians.

Eglise de Puget-Téniers.


A moins d’un kilomètre, en effet, les pentes septentrionales sont coupées par une échancrure qui livre passage à l’impétuosité du Cians. Parmi toutes les longues gorges auxquelles a donné naissance le travail des eaux sur des roches analogues, celle du Cians est une des plus curieuses. Sur une longueur de 20 kilomètres, à deux reprises, elle entaille à près de 400 mètres de profondeur le plateau calcaire, et la partie supérieure, celle qui atteint le village de Beuil, est à la fois la plus étroite et celle qui est forée dans les roches aux plus vives couleurs. Au-dessus de Beuil, elle s’irradie en berceau dont les pentes ne sont pas compatibles avec le prolongement d’une voie carrossable. Elle est donc une impasse qui ne peut se greffer sur le trajet de la Route des Alpes, mais c’est une des plus belles excursions d’auto-car du rayon de Nice.

En amont de l’entrée des gorges du Cians, la vallée du Var s’ouvre assez largement et la route se prolonge dans un paysage sans grand caractère jusqu’à Puget-Théniers qui offre aux visiteurs les restes d’une vieille église bâtie dit-on par les Templiers, et un château fort en ruines.

Entrevaux.


Le berceau qui s’était ouvert après les gorges du Cians, consacré à la culture des vignes, des oliviers et des amandiers, se resserre, et à l’entrée d’un défilé rocheux la route se heurte à l’étrange décor d’Entrevaux.

Sentinelle chargée de monter la garde au débouché des vallons supérieurs du Var, Entrevaux constituait une citadelle imprenable à l’époque des projectiles à courte portée. Entourée de murs crénelés qui remontent de chaque côté jusqu’au château sommital, trouée de rues enchevêtrées dont l’étroitesse est inaccessible aux voitures, reliée seulement à la rive droite par un pont fortifié muni de deux herses, elle formait un camp retranché dédaigneux des assauts.

La route continue à suivre la direction de l’Ouest, et à 8 kilomètres d’Entrevaux parvient au Pont de Gueydan, carrefour où divergent la Route des Alpes d’été et la Route d’hiver.

Porte d’Entrevaux.


La route des Alpes françaises

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