Читать книгу De l'idéal dans l'art - Hippolyte-Adolphe Taine - Страница 5
III
ОглавлениеConsidérons pour cela les diverses parties de la définition que nous avons obtenue. Rendre dominateur un caractère notable; voilà le but de l’œuvre d’art. C’est pourquoi plus une œuvre se rapprochera de ce but, plus elle sera parfaite; en d’autres termes, plus elle remplira exactement et complétement les conditions indiquées, plus elle sera haut placée dans l’échelle. Il y a deux de ces conditions; il faut donc que le caractère soit le plus notable possible et le plus dominateur possible. Étudions de près ces deux obligations de l’artiste. Pour abréger le travail, je n’examinerai que les arts d’imitation, la sculpture, la musique dramatique, la peinture et la littérature, principalement ces deux dernières. Cela suffira; car vous connaissez le lien qui joint les arts qui imitent et les arts qui n’imitent pas . Les uns et les autres cherchent à rendre dominateur quelque caractère notable. Les uns et les autres y arrivent en employant un ensemble de parties liées dont ils combinent ou modifient les rapports. La seule différence est que les arts d’imitation, la peinture, la sculpture et la poésie, reproduisent des liaisons organiques et morales et font des œuvres correspondantes aux objets réels, tandis que les autres arts, la musique proprement dite et l’architecture, combinent des rapports mathématiques, pour créer des œuvres qui ne correspondent pas aux objets réels. Mais une symphonie, un temple, ainsi constitués, sont des êtres vivants comme un poëme écrit ou une figure peinte; car ils sont aussi des êtres organisés dont toutes les parties sont mutuellement dépendantes et régies par un principe directeur; ils ont aussi une physionomie, ils manifestent aussi une intention, ils parlent aussi par une expression, ils aboutissent aussi à un effet. A tous ces titres, ils sont des créatures idéales du même ordre que les autres, soumises aux mêmes lois de formation comme aux mêmes règles de critique; ils ne sont qu’un groupe distinct dans la classe totale, et, avec une restriction connue d’avance, les vérités que l’on trouve à côté d’eux s’appliquent à eux.