Читать книгу Une ascension au Mont-Blanc et études scientifiques sur cette montagne - Jean Falconnet - Страница 3

AVANT-PROPOS.

Оглавление

Table des matières

Au retour d’un voyage, on le raconte. C’est la coutume et c’est tout naturel. L’auteur de ce petit travail ne pouvait donc pas échapper au plaisir de narrer une course aussi extraordinaire que l’ascension du Mont-Blanc. Comme il en causait volontiers en mainte occasion, il lui fut dit par plusieurs: «Mais vous devriez l’écrire.» C’est pour répondre aux vœux d’un certain nombre d’amis, que ces pages sont aujourd’hui livrées au public.

Mais une difficulté se présentait tout d’abord: Valait-il mieux se mettre soi-même en scène, ou ne serait-il pas plus convenable de parler au nom de toute la caravane?

Suivre celle dernière méthode, c’était échapper à l’inconvénient d’un récit trop personnel, à ces je ou moi aussi détestables sous la plume de l’écrivain que dans la bouche de l’orateur; au défaut, enfin, de poser en héros, alors qu’on n’avait occupé dans l’expédition qu’un rang secondaire. Mais c’était aussi se créer une gène continuelle pour rendre ses propres impressions, pour dire tout ce qu’on avait vu de ses propres yeux, pour retracer les émotions très personnelles résultant d’un long et incomparable spectacle.

Nous en étions à hésiter entre les deux méthodes, lorsqu’un ami, dont le nom viendra plus loin, nous conseilla la première. L’habitude d’adopter aussitôt ce qu’il nous donne comme préférable, fit encore prévaloir ici son sentiment: qu’il en porte la responsabilité devant le lecteur! Nous y gagnons de pouvoir mener notre récit plus rondement et sans trop de précautions oratoires. La peinture de tant d’émotions si vivement éprouvées n’en sera que plus vraie et plus facile. Puissions-nous n’être pas resté trop au-dessous de notre tâche!

Jamais ascension du Mont-Blanc ne fut peut-être plus variée ni mieux réussie que la nôtre. On part allègrement par un temps superbe. On essuie, au déclin du jour et au sommet d’une aiguille qui se perd dans les cieux, les assauts furieux d’une horrible tempête. On voit un splendide lendemain succéder à celte soirée pleine de menaces. On fait d’une fois les deux seules routes aujourd’hui pratiquées. On subit vingt inconvénients plus ou moins inattendus et qui restent après coup pleins d’un certain charme dans la mémoire. Nos anges gardiens nous garent et nous tirent de toutes les difficultés et de tous les périls, et, comme autrefois Tobie, nous ramènent sains et saufs du voyage. Pourquoi le lecteur ne prendrait-il pas quelque intérêt à nous suivre? Qu’il le fasse du moins avec indulgence, comme nous le prions de nous être indulgent aussi pour les Etudes scientifiques qui suivent l’Ascension!

Au surplus, c’est la passion que l’on a si bien appelée l’ivresse des cimes, qui nous a rendu coupable de cet autre travail. Cette passion nous a littéralement subjugué et vaincu, après que nous eûmes foulé aux pieds la cime sans rivale. C’est-à-dire que nous avons goûté un plaisir invincible à glaner, par monts et par vaux couverts de glace, les épis de notre gerbe. En d’autres termes, celle-ci est faite des produits qui nous ont semblé les plus intéressants dans les champs neigeux des Bourrit, des Saussure, des Durier, des Stéphen d’Arve, des Rendu et des Payot.

On dira: Mais vous n’avez fait qu’une compilation!

C’est trop vrai, et c’est là, justement, la raison et l’excuse de ces Etudes. Tout le monde n’a pas sous la main les auteurs qui ont passé entre les nôtres. Les deux premiers surtout deviennent rares, ainsi que la savante brochure de Mgr Rendu, et le superflu manque souvent pour se procurer ceux que l’on trouverait encore en librairie. Une compilation est donc précisément ce qui peut le mieux convenir à quiconque serait bien aise d’apprendre ou de revoir quelque chose de ces ouvrages. On a surtout largement puisé, tout en ne partageant pas le sentiment de l’auteur en certains points, dans Le Mont-Blanc de M. Durier, qui brille au premier rang pour la grâce et l’harmonie de la phrase, comme pour le charme entraînant de ses tableaux toujours pittoresques ou dramatiques. Va donc pour la compilation, pourvu que, dans son parcours, elle ne donne au lecteur, — dans un sens que nous laissons à deviner, — d’autre misère que le mal des montagnes!

Une ascension au Mont-Blanc et études scientifiques sur cette montagne

Подняться наверх