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CHAPITRE TROISIÈME.

Table des matières

De 1774 à 1789.

A l’avénement de Louis XVI, l’institution des Invalides était dans une situation assez prospère. M. d’Espagnac se trouvait encore à la tête de l’Hôtel.

Le 11 février 1775, le prince Maximilien d’Autriche, frère de la reine de France, honora de sa visite l’hôtel des Invalides, sous le nom de comte de Burgo. Il était accompagné du comte de Muy, ministre de la guerre.

Le baron d’Espagnac avait fait relier aux armes de ce prince la Description de l’Hôtel, qui lui fut présentée par le ministre.

M. de Saint-Germain, ministre, avait paru d’abord prendre beaucoup d’intérêt aux vétérans de nos armées, lorsque tout à coup il ne vit que des abus dans l’administration qui présidait à leur glorieux asile. Aussi, fortement appuyé par le directeur de l’Hôtel, M. de la Ponce, qui avait toujours été partisan de la décentralisation, ne tarda-t-il pas à faire approuver par le Roi cette organisation dont on parlait tant et qui devait être si funeste au personnel des Invalides.

En effet, le 17 juin 1776 parut cette ordonnance, exécutoire en quatre jours, qui devait porter la perturbation parmi les vétérans de nos armées, dont la discipline ne fut plus assez puissante pour empêcher les murmures.

Ce ne fut pas sans beaucoup de peine que M. d’Espagnac put contenir son indignation; mais il était vieux soldat et regardait comme sacré un ordre du Roi. Toutefois, de jour en jour il fut dérogé à la sévérité de cette ordonnance.

Le 20 mars 1777, les plans-reliefs des places fortes de France, qui depuis un temps immémorial étaient au Louvre, furent transportés aux Invalides.

Le 20 avril, l’empereur Joseph II, frère de l’infortunée Marie-Antoinette, voyageant sous le nom de Falkenstein, honora de sa présence l’hôtel des Invalides; il voulait être traité en simple particulier. A l’exemple du czar Pierre Ier, il se fit instruire de tous les détails de l’administration. Il demanda qu’on lui présentât les soldats qui avaient fait la guerre de Bavière, et les entretint pendant longtemps; et, après avoir vidé sa bourse, il dit au comte d’Espagnac: «Ces Français-là ont donné à ma mère bien des ennuis; s’ils eussent été plus heureux, je ne sais ce que je serais; je ne puis trop leur savoir gré de ne pas nous avoir vaincus.»

Quelques jours après il vint visiter la galerie des plans-reliefs.

Cette année-là, le comte de Saint-Germain quitta le ministère de la guerre et y fut remplacé par le prince de Montbarey. En ce qui concernait les abus, il tint la main aux mesures ordonnées par son prédécesseur.

Ce fut lui qui fit acheter les planches en cuivre qui accompagnaient la Description de l’Hôtel (par Perrau); le libraire Desprez, quittant le commerce à cette époque, vendit les gravures et cent cinquante exemplaires de l’ouvrage pour la somme de dix mille francs.

Les planches en cuivre sont encore aujourd’hui à l’Hôtel, mais les descriptions furent données dans les visites que firent aux Invalides plusieurs personnages illustres.

En 1780, le prince de Montbarey eut pour successeur le marquis de Ségur.

Dès son arrivée au ministère, M. de Ségur se fit rendre compte de la législation qui régissait les Invalides. Déjà quelques archivistes s’étaient occupés de rassembler tous les documents législatifs et autres concernant l’Hôtel. M. Hecquet, titulaire depuis le 17 juin 1776, avait mis la dernière main à la collection des documents officiels, à partir du mois de janvier 1670 au 20 juin 1780; en 1781, le ministre fit publier, sous le nom de Recueil, les édits, déclarations, ordonnances, arrêts et règlements concernant l’hôtel des Invalides. On s’occupait d’un troisième volume quand la révolution de 1789 éclata et dispersa les archives.

En 1782, le grand-duc et la grande-duchesse de Russie, arrivés dans la capitale depuis peu, vinren visiter l’Hôtel. Le baron d’Espagnac fit hommage à la Princesse d’un exemplaire richement relié de la Description de l’établissement, par l’abbé Perrau.

Quelques jours après vint également madame la comtesse d’Artois, belle-sœur du Roi. Elle fut reçue par le gouverneur à la tête de son état-major.

M. d’Espagnac mourut le 8 décembre 1783. Il méritait à tous égards d’être inscrit solennellement parmi les hommes qui ont illustré l’institution des Invalides. Aussi lit-on sur une des colonnes de l’église:

LE BARON D’ESPAGNAC DE SAHUGUET D’ARMUZET,

LIEUTENANT GÉNÉRAL,

GRAND-CROIX DE SAINT-LOUIS,

GOUVERNEUR DE L’HOTEL DES INVALIDES DE 1766 A 1783.

IL FUT LE COMPAGNON D’ARMES,

L’AMI ET L’HISTORIEN

DU MARÉCHAL MAURICE DE SAXE.

LE COMTE DE GUIBERT LUI SUCCÉDA.

Bien que M. de Guibert n’ait fait que passer au gouvernement des Invalides du 1er mars 1783 au 8 décembre 1786, il mérite à juste titre une mention particulière.

Il naquit en 1715 à Montauban, fit ses études militaires aux Cadets-Gentilshommes de Metz, et parvint de grade en grade, en 1742, à la charge de major dans le régiment d’Auvergne, où il connut d’Assas.

Il fit avec ce régiment les campagnes d’Italie, la guerre de Corse, les campagnes de Bohême et de Flandre.

En 1757, il occupa de hautes fonctions dans l’état-major des armées. Le duc de Broglie, qui l’estimait particulièrement, ne voulut point d’autre major général.

Une circonstance malheureuse devait lui valoir une grande célébrité. Il fut fait prisonnier à la bataille de Rosbach, et resta dix-huit mois en Prusse. Il mit à profit sa captivité ; il suivit et étudia les manœuvres des officiers du grand Frédéric.

A sa mort, le 8 décembre 1786, le Roi permit qu’il fût inhumé dans les caveaux de l’église.

Sur un des pilastres de l’église est gravée cette inscription:

A LA MÉMOIRE DE CHARLES BENOIT,

COMTE DE GUIBERT,

LIEUTENANT GÉNÉRAL DES ARMÉES DU ROI,

GRAND ÉCUYER DE L’ORDRE DE SAINT-LOUIS,

GOUVERNEUR DES INVALIDES,

DÉCÉDÉ EN CET HOTEL LE 8 DÉCEMBRE 1786.

Ce monument, simple et pieux, a été consacré par sa veuve et par ses enfants, avec la permission du Roi, sous le ministère de M. le maréchal de Ségur, son compagnon d’armes.

Le 23 juin 1788, la reine Marie-Antoinette est venue à l’Hôtel. Elle a été reçue par le gouverneur, qui lui a rendu les mêmes honneurs qu’au Roi.

Sa Majesté était accompagnée de Madame, fille du Roi, de Madame Élisabeth et des dames de leur suite.

La Reine est arrivée à dix heures et demie du matin à la hauteur du pont que l’on avait jeté sur le fossé en face du dôme. Le comte de Brienne, secrétaire d’État de la guerre, les membres du conseil de la guerre, et plusieurs autres officiers généraux ont reçu Sa Majesté, qui est entrée par la porte royale du dôme.

Le curé des Invalides, à la tête du clergé, a harangué Sa Majesté, qui lui a répondu:

«Il y a longtemps que je désirais voir cet établissement intéressant; la manière dont le Roi y a été reçu a bien augmenté mon désir.»

De là Sa Majesté est allée aux réfectoires des officiers et les a traversés au bruit de leurs acclamations; MM. les officiers s’étaient levés en voyant paraître Sa Majesté, qui les a invités avec bonté à s’asseoir et à continuer leur dîner.

Pendant tout le temps de cette visite, la Reine a toujours tenu par la main Madame, fille du Roi, et a saisi toutes les occasions d’imprimer dans son cœur des sentiments d’humanité et de bienfaisance; l’attendrissement qu’excitait dans le cœur de cette jeune Princesse un spectacle aussi nouveau pour elle s’était vivement empreint sur son visage, et annonçait l’aurore des vertus les plus touchantes.

Avant de sortir de l’Hôtel, la Reine a fait remettre à l’administration une somme d’argent pour être distribuée aux sous-officiers et soldats, et elle a chargé le ministre de la guerre de demander au Roi une gratification d’un mois de solde pour les officiers. La Reine a en outre donné à la sœur Lamague, supérieure des filles de la Charité, une montre ornée du chiffre de Sa Majesté, et dans laquelle étaient gravés ces mots: Donné par la Reine à la sœur Lamague, 1788.

Sa Majesté a fait encore espérer qu’elle donnerait de nouvelles preuves de bienveillance en s’occupant des moyens de procurer des secours durables aux pauvres filles des invalides, auxquelles elle a bien voulu en accorder de momentanés. Sa Majesté a ajouté : «S’il m’était possible de l’oublier, ma fille m’en rappellerait le souvenir.»

Cette mémorable et touchante visite de Marie-Antoinette termine la première période de l’histoire de l’Hôtel et le premier livre de notre ouvrage.

Grandes éphémérides de l'hôtel impérial des Invalides

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