Читать книгу Grandes éphémérides de l'hôtel impérial des Invalides - Jean Gérard - Страница 9

Оглавление

CHAPITRE DEUXIÈME.

Table des matières

De 1715 à 1774.

C’est au gouvernement du Régent et à son édit du 17 février 1711 que le corps si savant et si recommandable de l’artillerie dut l’ouverture des portes de l’Hôtel à ses soldats invalides.

A la vérité, cette arme n’avait pas été exclue par Louis XIV, mais elle n’appartenait pas à proprement parler à l’armée; c’était une institution à part, ayant un grand maître, espèce de ministre et vivant de ses propres ressources.

Au commencement de ce règne l’Hôtel recevait fréquemment les visiteurs du plus haut rang.

En 1716 le czar Pierre Ier visita l’Hôtel avec un soin minutieux; il s’enquit de tous les détails de l’administration; il entra dans l’un des réfectoires, où il goûta le vin en portant un toast aux compagnons de gloire de Turenne et de Condé.

La fondation des Invalides de la Néva fut le résultat de cette visite.

A peine monté sur le trône d’Angleterre, qu’il venait d’usurper sur le mari de sa fille, le stathouder de Hollande, Guillaume d’Orange, l’ennemi et rival de Louis XIV, s’empressa de suivre son exemple, en dotant d’une semblable institution la marine de son royaume.

Le 19 juin 1718, dimanche de l’octave de la Fête-Dieu, Louis XV vint assister au salut. Contrairement à leurs privilèges, les invalides ne fournirent pas la garde du jeune roi, qui fut composée de sa maison militaire.

Les invalides murmurèrent hautement des procédés suivis à leur égard par la police du château.

Une gratification accordée aux sergents, caporaux et soldats calma un peu cette effervescence.

Peu de temps après cette visite du Roi, l’Hôtel fut doté de la magnifique esplanade qui complète la grandeur et la beauté de ce monument.

Le 1er juillet 1722 parut l’ordonnance du Roi portant établissement de la charge de secrétaire et garde des archives de l’Hôtel.

Le 10 février mourut le gouverneur, M. de Boyveau. Il servait depuis 1676 et s’était distingué, sous les yeux du Roi, au siège de Mons en 1691. Emporté par l’ardeur de son courage, il avait été criblé de blessures; l’une d’elles nécessita l’amputation du bras droit.

Il fut remplacé par M. de Beaujeu, maréchal de camp, le 22 mars suivant. Il servait également depuis 1676 et avait été blessé aux sièges de Valenciennes, Douai et Bouchain, et avait combattu à Malplaquet et à Denain.

Il mourut à l’Hôtel le 26 mai 1730.

M. le chevalier de Ganges lui succéda et exerça les fonctions de gouverneur pendant huit années.

M. de Saint-André, maréchal de camp des armées, le remplaça le 11 janvier 1738. Sous son gouvernement il fut déjà question de décentraliser les invalides et de les disperser dans les différentes places de guerre, où, suivant l’opinion de M. de Breteuil, ministre de la guerre, leur entretien devrait être moins dispendieux. Ce projet ne fut pas présenté à Louis XV, qui aimait les invalides et qui n’aurait jamais consenti à ce que l’on portât atteinte à la noble création de son aïeul.

M. de Saint-André mourut le 1er octobre 1742.

Il eut pour successeur M. de la Courneufve, qui, lui aussi, prit part à tout ce qui se fit d’avantageux pour l’Hôtel sous le ministère remarquable de Voyer-d’Argenson, successeur de M. de Breteuil.

La reprise des hostilités amena de nouveau un très-grand nombre de pensionnaires. Il fallait donc assurer le sort de tant de braves. La situation des officiers attira tout d’abord l’attention du gouverneur. Confondus avec ceux qu’ils avaient commandés sur les champs de bataille, les officiers de l’armée ne demandaient qu’à la dernière extrémité leur admission à l’Hôtel.

C’est alors que fut décrétée la construction des bâtiments dits Pavillons des officiers.

M. de la Courneufve mourut le 15 mai 1753, et fut remplacé par M. de La Serre. François d’Azemar-Pannat, comte de La Serre, était un héros de Fontenoy. Il avait commencé à servir comme volontaire en 1708, au régiment du Roi; il se conduisit bravement à la bataille de Denain, aux sièges de Quesnoy, de Douai et de Bouchain. De 1712 à 1717, il se trouva aux sièges de Fribourg et de Landau. Le 6 octobre 1733, aide major général de l’infanterie de l’armée d’Italie, il se trouva en cette qualité partout où cette armée se distingua: à la prise de Milan, aux deux batailles de Parme et de Guastalla, et obtint en 1736 une commission de colonel.

Il se distingua surtout à Fontenoy, où il chargea l’un des premiers sur le fameux corps anglais, et fut plusieurs fois blessé ; demandé par le maréchal de Saxe et nommé commandeur de Saint-Louis, il se trouva aux deux batailles de Raucour et de Lawefeld; à la suite de celles-ci le Roi lui remit lui-même les insignes de grand-croix de l’ordre.

Enfin il fut le compagnon du maréchal de Saxe et avait pris part à toutes les affaires militaires de son époque.

Il mourut en 1766, et fut remplacé par le baron d’Espagnac, qui joignait aux qualités du général quelques-unes de celles qui font l’écrivain. Sous son administration une ordonnance royale admit indistinctement, comme les catholiques, les protestants, qui jusqu’alors n’étaient pas reçus à l’Hôtel Cet acte de justice fut généralement approuvé par l’opinion publique,

A la même époque l’Hôtel reçut quelques visites royales: le 2 décembre 1768, celle du roi de Danemark. Christian VII, imitant Pierre le Grand, qui avait voulu voir les compagnons de Turenne, tint à se mêler à ceux de Raucour et de Lawefeld,

Par ordonnance royale du 16 février 1769, le nombre des sœurs de la charité fut porté de douze à trente.

En janvier 1771 le prince héréditaire de Suède, qui devait plus tard vaincre les Suisses sous le nom de Gustave III et tomber sous le poignard d’Ankarstroëm, vint visiter l’Hôtel et en emporta différentes idées qu’il mit à exécution; et si les armées suédo-norvégiennes ont aujourd’hui un lieu de retraite pour leurs vétérans, l’honneur doit en revenir à Gustave III et à Louis XIV.

Le 6 mai 1774 Louis XV mourut. On prit le deuil à l’Hôtel, mais ce ne fut qu’un deuil officiel, et les invalides virent avec indifférence passer le le cercueil du Roi.

Sous ce règne, l’institution de Louis XIV avait été religieusement respectée. Déjà elle comptait cent ans d’existence, et l’on pouvait la croire à l’abri de toute atteinte; mais il n’en fut pas ainsi sous le règne suivant et plus tard sous la Constituante, où les utopistes et les novateurs, qui, prenant le changement pour le progrès, tentèrent de la supprimer. Nous dirons à qui nous devons rendre grâces de la conservation de cet établissement; mais n’anticipons pas sur les événements.

Grandes éphémérides de l'hôtel impérial des Invalides

Подняться наверх