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LE SALUT DE CEUX QUI L’ÉCOUTENT EST LE MOTIF DU PRÉDICATEUR.

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Lorsqu’un groupe d’hommes viennent dans une contrée voisine qui leur est cependant inconnue, comme nous le faisons aujourd’hui, mes frères, étrangers parmi des étrangers, et qu’ils s’établissent chez eux, élèvent un autel, ouvrent une école, invitent et même exhortent tous les habitants à venir les entendre, il est naturel que ceux qui les voient et qui sont portés à s’occuper d’eux, demandent: Quel motif les amène ici? qui leur a dit de venir? que veulent-ils? que prêchent-ils? quelles garanties offrent-ils? que promettent-ils? — Vous avez le droit, mes frères, de nous poser ces questions.

Mais bien des gens, croyant pouvoir les résoudre facilement eux-mêmes, ne s’arrêteront pas à nous les adresser. Il en est un grand nombre qui y répondraient sans hésitation et avec assurance, selon leur manière habituelle d’envisager les choses et d’après leurs propres principes, c’est-à-dire d’après les idées du monde. Les manières de voir, les principes du monde, les fins vers lesquelles il tend, sont choses parfaitement définies, reconnues en tous lieux, et qui servent généralement de mobile aux actions des hommes. Ces données offrent toujours un moyen tout prêt pour expliquer la conduite des autres, quels qu’ils soient, et ces explications sont assez infailliblement vraies dans la plupart des cas, pour qu’elles se trouvent probables et plausibles dans quelques-uns particuliers. Quand on veut se rendre compte des effets dont on est témoin, on les rapporte à des causes connues. Ce ne serait pas en rendre compte, que de les attribuer à des causes imaginaires, ignorées de tous. Le monde juge donc naturellement et nécessairement les autres d’après lui-même. Les hommes qui vivent de la vie du monde, qui se conduisent d’après ses mobiles, qui vivent et agissent avec ceux qui font comme eux, attribuent inévitablement les actions des autres, quelque différentes qu’elles soient des leurs, à l’un ou à l’autre des motifs qui déterminent leurs propres actions; car il faut qu’ils leur assignent un motif, et ils n’en sauraient imaginer d’autres que ceux dont ils subissent l’influence.

Nous savons comment le monde procède, surtout dans ce pays: il est actif, laborieux, infatigable. Il se met à l’œuvre avec enthousiasme, et marche à son but avec ardeur. Voulez-vous connaître le monde? il est fidèlement dépeint dans les publications qui sont destinées à lui plaire; la vous verrez quels sont les mobiles qui le mènent, quelles sont les idées qui le gouvernent; vous y verrez les grands et persévérants efforts qu’il fait dans un but temporel, quelquefois bon, quelquefois mauvais, mais toujours temporel. Il poursuit sans cesse un but mondain, bien que parfois désintéresse; il s’agit généralement de position, de considération, de pouvoir, d’intérêts matériels, de luxe; mais quelquefois aussi du soulagement des misères de l’humanité ou de la société, telles que l’ignorance ou les maladies, la pauvreté ou le vice. — Quoi qu’il en soit, le principe moteur et animateur de tous ces efforts est un but temporel. Ce but produit souvent une émotion si agréable, si séduisante, qu’il est à lui-même sa récompense; d’autant plus que les hommes, oubliant la fin pour laquelle ils prennent tant de peine, trouvent leur plaisir dans cette peine même, et sont suffisamment payés de leurs travaux par leurs travaux, dans les efforts qu’ils font pour surmonter les obstacles et vaincre leurs rivaux, dans les difficultés qui mettent leur habileté à l’épreuve, dans le déploiement de toutes les ressources de leur esprit, dans les vicissitudes et les hasards, dans les incidents imprévus et les péripéties de l’entreprise qu’ils ont commencée, bien qu’elle n’arrive jamais à fin.

Telle est la conduite du monde. C’est pourquoi, dis-je, il ne faut pas s’étonner qu’en voyant quelques hommes se mettre au travail avec ardeur, s’efforcer d’en rassembler d’autres autour d’eux, agir en apparence comme il agit lui-même, quoiqu’avec une tendance différente, et bien qu’ils soient engagés dans une profession religieuse, on leur impute sans hésiter des intentions semblables à celles qui dirigent ou dirigeraient des enfants du monde. Assez souvent, par manière de blâme, mais souvent aussi sans y attacher cette idée, le monde reconnaît, comme un simple fait qu’il ne croit pas pouvoir nier, que ses enfants sont ambitieux, inquiets, avides de distinctions, désireux du pouvoir. Il n’en sait pas davantage, et il se fâche et s’irrite si, par la suite, quelque circonstance de la vie de ceux qu’il critique vient donner un démenti à l’hypothèse d’après laquelle il avait d’abord jugé si lestement leur position et leurs tendances. Il les a examinés superficiellement, et a cru les voir à fond; sur un ou deux de leurs actes venus à sa connaissance, il a jugé toute leur conduite et a déterminé le principe qu’il croit être leur mobile; mais maintenant, le voilà obligé d’abandonner l’hypothèse qu’il avait imaginée, et d’en adopter une autre, et il s’ingénie à expliquer d’une autre façon leur caractère et leur conduite. O mes chers frères, le monde ne peut s’empêcher d’agir ainsi, parce qu’il ne nous connaît pas; il sera toujours irrité contre nous de ce que nous ne sommes pas du monde, parce qu’il est le monde. Il ne comprend nécessairement pas les raisons qui exercent une action toute-puissante sur nos cœurs, et las enfin de chercher dans ses physiognomonies et dans ses tablettes une esquisse de nos personnes, plein de dégoût, après tant de conjectures vaines, il déclare que nous sommes des êtres inexplicables, ou il se met à nous haïr comme des êtres mystérieux et trompeurs.

Mes frères, nous avons des vues secrètes, — secrètes pour les enfants du siècle, s’entend, — secrètes pour les politiques, secrètes pour les esclaves de Mammon, pour tous les hommes ambitieux, avides, égoïstes et voluptueux. Car la religion elle-même, comme son divin auteur et propagateur, est, ainsi que je l’ai déjà dit, une chose ignorée du monde, et, ne la connaissant pas, il ne peut s’en servir comme d’une clef pour expliquer la conduite de ceux qui subissent sa divine influence. Les hommes du monde ne connaissent pas les idées et les motifs que la religion inspire aux esprits qu’elle éclaire de sa lumière. Ils ne les conçoivent pas, ils ne les admettent pas, même quand on les leur a expliqués; ils ne peuvent croire que d’autres se laissent influencer par ces idées, même lorsqu’ils les professent ouvertement. Il leur est impossible de se mettre à la place d’un homme qui s’efforce de plaire à Dieu dans toutes ses actions; ils ont une intelligence si bornée, un esprit si commun, que lorsqu’un catholique professe telle ou telle doctrine de l’Église sur le péché, le jugement dernier, le paradis, l’enfer, le sang de Jésus-Christ, les mérites des Saints, la puissance de Marie, ou la présence réelle, et qu’il dit que ces vérités inspirent son cœur, dirigent ses actions de la journée, ils ne peuvent croire qu’il parle sérieusement; car ils sont convaincus que ces points de croyance doivent être et sont précisément ce qui embarrasse son esprit, qu’il ne les accepte comme vrais qu’en faisant violence à sa raison, qu’il y pense le moins possible, et qu’enfin ils n’exercent aucune influence sur sa vie. Ne soyons donc point surpris de ce que les sensuels, les mondains, les incrédules, regardent avec défiance les hommes qu’ils ne peuvent comprendre, ni de ce qu’ils assignent à leur conduite des motifs si étranges, si détournés, quand ils ne peuvent admettre l’explication naturelle qu’on leur en donne. Il en a toujours été ainsi depuis le commencement. Les Juifs eurent la mauvaise foi d’attribuer les actes de Notre-Seigneur et de son précurseur à d’autres motifs que le désir d’accomplir la volonté de Dieu. Ils étaient, ainsi qu’il l’a dit lui-même, ils étaient semblables à des enfants assis sur la place du marché, et criant à leurs camarades: «Nous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé ; nous avons chanté des airs lugubres, et vous ne vous êtes pas affligés.» Ensuite, il en dit la raison: «Je vous rends grâces, mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et de ce que vous les avez révélées aux simples et aux petits. Oui, mon Père, car ainsi il vous a plu de faire.»

Laissez le monde agir à sa façon; laissez-le parler de nous comme bon lui semble, mes frères, cela ne nous empêchera pas de dire ce que nous pensons et ce que le Dieu éternel pense et dit du monde. Nous avons le droit de nous former un jugement sur le monde, autant que le monde a le droit d’en former un sur nous, et nous entendons user de ce droit. Car si, d’une part, nous savons qu’il nous juge mal, de l’autre nous savons, par le témoignage de Dieu, que nous le jugeons bien. Tandis qu’il s’efforce de rapporter notre zèle à un motif, à un principe qui lui appartient, je vais vous prouver sans beaucoup de peine, si vous voulez me prêter votre attention, que c’est notre horreur pour ces motifs et ces principes, notre compassion pour les âmes soumises à leur influence, qui nous rendent si industrieux, si actifs, qui nous décident à nous établir dans une ville qui ne nous offre aucun avantage temporel, mais où les erreurs religieuses abondent, et dont la nombreuse population nous est chère par ses âmes que nous voudrions sauver.

O mes frères, le monde, si préoccupé de ses intérêts matériels et des plaisirs des sens, ne comprend guère quel est le véritable état de l’âme humaine, quelle est sa position vis-à-vis de Dieu, quelle est son histoire dans le passé, quelles sont ses espérances dans l’avenir. Le monde se crée une manière particulière d’envisager les choses et n’en sort pas. Il ne se donne jamais la peine de rechercher si cette manière de voir est juste, il ne s’enquiert pas s’il existe quelque règle extérieure, quelque source d’information pour arriver à savoir la vérité sur les choses qui forment le sujet de ses jugements. Il admet comme exact tout jugement formé à la première vue, bien qu’il ne soit porté que sur des apparences. Il ne se donne pas la peine de penser à Dieu; il vit au jour le jour, et (dans la mauvaise acception du mot) «il n’a pas de souci du lendemain.» Ce qu’il voit, ce qu’il goûte, ce qu’il touche, suffit à ses désirs; là est la limite de ses connaissances et de ses inspirations; ce qui exerce quelque influence sur la société, ce qui est utile est seul respectable à ses yeux. L’efficacité est pour lui la règle du devoir; le succès est la preuve de la vérité. Il croit à ce qu’il voit; il nie ce qu’on ne peut lui faire voir. Il enseigne, par conséquent, qu’il ne faut pas de grands efforts pour être sauvé ; qu’il n’a pas commis de grands péchés, ou que ces péchés lui ont été pardonnés; qu’il peut avoir pour l’éternité une entière confiance en la miséricorde de Dieu, et qu’il doit éviter tout ce qui ressemble à l’abstinence, à l’abnégation, à l’empire sur soi-même, à la mortification, comme étant des pratiques outrageantes et de nature à discréditer cette miséricorde. Voilà, sur notre condition dans cette vie terrestre, la doctrine que le monde enseigne, par ses nombreuses sectes et ses philosophies. Mais, d’un autre côté, quelles sont les doctrines de l’Église sur cette même question?

L’Église enseigne que l’homme fut fait dans l’origine à l’image de Dieu, qu’il était le fils adoptif de Dieu, l’ami de Dieu, l’héritier de Dieu, l’héritier de la gloire éternelle, et qu’en attendant les béatitudes de l’éternité, il jouissait dans cette vie de grâces nombreuses et de priviléges étendus. Elle enseigne en outre que, maintenant, l’homme est un être déchu, placé sous la malédiction du péché originel, privé de la grâce divine; il est l’enfant de colère, et, ne pouvant par lui-même arriver au ciel, il est dans un danger imminent de tomber en enfer. Je ne veux pas dire qu’il est condamné à la perdition par quelque loi nécessaire, car il ne peut périr que par sa volonté et ses péchés, et Dieu lui accorde, même dans son état de nature, une foule d’inspirations et de secours pour le conduire à la foi et à l’obéissance. Il n’y a pas un seul fils d’Adam qui ne puisse être sauvé, en tant que son salut dépend de l’assistance divine; mais lorsqu’on considère la puissance des tentations, la force des passions, l’ascendant de l’amour-propre et de la volonté, l’empire de l’orgueil et de la paresse dans chacun de ses enfants, qui oserait affirmer, de telle âme en particulier, qu’elle sera capable de se maintenir dans l’obéissance sans une abondance, une profusion de grâce sur laquelle on ne peut raisonnablement compter? car une pareille faveur ne serait point en rapport, je ne dis pas avec les droits (car il n’y en a pas), mais avec les besoins stricts de la nature humaine. On peut prévoir presque en toute assurance que l’homme né dans le monde, s’il arrive à l’âge de raison, tombera en péché mortel et perdra son âme, malgré les secours généraux de la grâce de Dieu. Ce n’est pas une faible assistance, un secours de peu de valeur que celui par lequel l’homme est arraché en quelque sorte de ses propres mains et délivré de ses passions. Il a besoin pour cela d’un remède plus qu’ordinaire. Quelle pensée sérieuse! quelle lumière cette pensée jette sur l’état actuel de l’homme! Qu’elle nous le présente sous un aspect différent de celui sous lequel le monde le considère! Qu’elle est poignante, qu’elle est puissante sur le cœur de ceux qui l’acceptent!

Examinez de près, mes frères, examinez avec attention l’histoire d’une âme née dans le monde et élevée selon ses principes, et vous acquerrez la conviction et la preuve de ce que je vous dis. Le pauvre enfant passe ses deux, trois ou cinq années d’innocence, heureux en ce qu’il ne peut encore pécher; mais enfin (jour redoutable!) il commence à faire la distinction entre le bien et le mal. Hélas! un peu plus tôt, un peu plus tard, car il n’arrive pas toujours au même âge, ce jour cruel doit venir. L’enfant acquiert la faculté, la grande, la terrible, l’effrayante faculté de juger qu’une chose est mauvaise et de la faire malgré cela. Il sait très-positivement qu’il offensera son Créateur et son juge en agissant ainsi; et, quoiqu’il soit réellement capable de s’abstenir du péché, il est cependant libre de le commettre. Il jouit de la terrible liberté de commettre un péché mortel. Jeune comme il est, il a néanmoins de son péché une notion aussi nette que celle de l’Esprit malin au moment de sa chute, et il y succombera avec un consentement aussi parfait que le sien. Le jour est venu et ne se passera peut-être pas; ses premières heures ne seront peut-être pas écoulées sans que le jeune homme exerce cette redoutable faculté, ne fasse ce qu’il ne devrait pas faire, ce qu’il n’a pas besoin de faire, mais ce qu’il est cependant libre d’accomplir!

Parmi les personnes de notre connaissance, s’en trouve-t-il une dont nous puissions affirmer que si elle était restée dans l’état de nature, elle aurait fait usage de la grâce à elle accordée, et que si elle se trouve actuellement dans cet état, elle a profité de celle qui lui est départie, de manière à éviter le crime d’offenser Dieu et la punition attachée à ce crime? Non, mes frères. Une ville aussi grande que celle où nous sommes présente un spectacle effrayant. En parcourant ses rues, combien ne rencontrons-nous pas de nos semblables qui n’ont peut-être jamais été baptisés! Et le reste, comment se compose-t-il, si ce n’est d’hommes qui, quoique baptisés, sont pour la plupart ou des pécheurs qui n’ont pas su conserver la grâce que Dieu leur a donnée, ou même qui, dès les premières années de leur vie, se sont échappés du bercail, seul lieu de salut! La raison et le péché se sont développés ensemble, et ont dès le principe marché de concert. Pauvre enfant! il n’est point changé aux yeux de son père et de sa mère! ils ne s’aperçoivent pas de ce qui s’est passé dans son cœur; et peut-être que, s’ils le savaient, ils ne s’en effraieraient pas, car ils sont, comme lui, en état de péché mortel. Eux aussi, avant de se connaître, ont commis des péchés, des péchés mortels, et ils ne se sont jamais réconciliés avec leur Dieu; ils ont vécu de longues années dans cet état, sans en comprendre l’horreur. Puis ils se sont unis par les liens du mariage; ce jour fut un jour de joie pour eux; mais ce fut un jour de deuil pour les anges. Leur condition est modeste ou brillante, leur existence temporelle est heureuse ou malheureuse; mais leur union n’a pas obtenu les bénédictions de Dieu. Ils ont donné le jour à un enfant; ce dernier n’a pas été condamné à l’enfer dès son berceau, mais il est né sous de mauvais auspices. On pouvait facilement prévoir qu’il suivrait la voie de toute chair; le moment fatal est arrivé ; nos présages funestes vont se réaliser. Cet enfant a mangé du fruit défendu; il a dévoré avec délices le fruit de l’arbre de mort et de péché ; les portes de l’enfer se sont ouvertes pour lui, mais il n’a pas entendu le bruit qu’elles ont fait en tournant sur leurs gonds; il ne les a pas vues s’entre-bâiller; il n’a pas d’yeux pour voir ses flammes; mais les habitants de l’abîme fixent leurs regards sur lui; sa place est irrévocablement marquée parmi eux; à moins que son Créateur n’intervienne par quelque moyen extraordinaire, il est jugé.

Cependant, quoiqu’il soit l’esclave du péché, son esprit se développe toujours; son intelligence s’ouvre; le temps passe; il apprend peut-être une foule de choses; il a de belles dispositions; on s’applique à les cultiver. Il peut avoir des manières engageantes; son humeur surtout est légère et enjouée comme celle de la plupart des enfants. Il est élevé pour le monde; il forme ses jugements; il arrête ses principes; il se fait des opinions et un certain caractère. Ce caractère est plus ou moins aimable; il possède plus ou moins de vertu naturelle; peu importe: le cœur est atteint d’un mal interne qui croît et s’étend. Le démon est déchaîné et règne en maître dans son âme. Autrefois, il avait l’habitude de prier de temps en temps; maintenant, il s’est affranchi de ce devoir; ses prières n’étaient qu’un balbutiement des lèvres, le cœur n’y avait aucune part, pourquoi continuer d’en dire? A quoi servent-elles? Sont-elles obligatoires, par hasard? C’est ainsi qu’il a raisonné en lui-même, et il a agi selon ce raisonnement: il a cessé de prier. Son premier péché, ce péché mortel qui l’a mis hors la grâce, ce fut peut-être cette incrédulité du pouvoir de la prière. Étant enfant, il refusait de prier, alléguant pour excuse qu’il était trop âgé, et que d’ailleurs ses parents ne priaient pas. En conséquence, il renonça à la prière, et le démon entra dans son cœur, en prit possession, s’y établit comme dans sa demeure.

Pauvre enfant, chaque jour la liste de ses péchés mortels grossit; chaque jour les instances de la grâce ont moins de prise sur son cœur; il respire l’air empoisonné du mal, et la corruption fait chez lui des progrès effrayants. Il a rejeté loin de lui la pensée de Dieu, et y a substitué sa propre personne. Il a repoussé les traditions de la religion qui apparaissent autour de lui, pour embrasser les traditions du monde qui sont plus en harmonie avec ses goûts, et c’est à elles qu’il livre la conduite de sa vie. Il est plein de confiance en sa sagesse, et ne soupçonne pas que le mal est devant lui, sur son chemin. Il s’accoutume à rire des hommes sérieux et des choses sérieuses; il recueille avec avidité toutes les plaisanteries qu’on en fait. Il en parle avec assurance, quoiqu’il n’ait aucun moyen de connaître ce qu’il avance. Moins il croit aux vérités révélées, plus il pense être sage et savant. Ou bien, si son naturelle préserve de tant d’endurcissement, il n’en répète pas moins, par laisser-aller et par esprit d’imitation, à mesure que l’occasion s’en présente, les moqueries qu’il entend débiter contre les personnes et les choses saintes. Il est railleur, plaisant, enjoué, et il consacre ses talents à la cause de Satan. Il a une antipathie secrète contre les vérités et les pratiques de la religion; elles lui inspirent un dégoût dont il s’aperçoit à peine, et dont il ne saurait dire la cause, si on la lui demandait. C’est ainsi que pensait Caïn, le fils aîné d’Adam, qui tua son frère parce que ses œuvres étaient justes. Ainsi pensaient ces malheureux enfants de Bethel qui se moquaient du grand prophète Élisée et lui criaient: «Monte, monte, tête chauve!» Il n’y a pas de particularité, si insignifiante qu’elle soit, qui ne puisse devenir un sujet de risée, d’insulte pour l’homme, quand il est irrité par la vue de la religion.

O mes frères! je pourrais énumérer les autres défauts du jeune homme pécheur, les vices cachés et honteux qui se développent, se multiplient et grandissent en son cœur à mesure qu’il avance en âge et que sa vie s’écoule. Hélas! qui pourrait sonder les profondeurs du mal qui n’a pour fin que la mort? Oh! que ce monde déchu offre un spectacle douloureux à contempler! Il est brillant et séduisant à la surface; il a l’apparence de la sincérité dans ses manières; il a honte de ses péchés et les cache, et cependant on ne trouve en lui qu’une masse de corruption! Il a honte de ses péchés; mais il ne s’avoue pas à lui-même que ce sont des péchés; il les détend contre sa conscience, qui parfois les lui reproche, et peut-être a-t-il l’audace de dire, ou tout au moins d’insinuer que si un instinct est bon en lui-même, il ne saurait être mauvais en se manifestant chez un individu, et que d’ailleurs la satisfaction que nous éprouvons en y cédant prouve qu’il n’est pas mauvais; il ajoute enfin que la tentation est la voix de Dieu. Pourquoi est-ce que j’entreprendrais d’analyser l’influence combinée de l’orgueil et de la concupiscence, — la concupiscence qui explore la route du mal, et l’orgueil qui la fraie et l’aplanit — lorsque les vérités les plus élémentaires de la révélation sont regardées comme des contes de nourrice? Non; j’ai voulu seulement vous montrer comment une nature pervertie entre dans la voie de la perdition, et je l’abandonne maintenant, mes frères, à vos réflexions, aux critiques individuelles que chacun de vous peut faire sur l’esquisse que je viens de tracer, esquisse que vous achèverez, chacun selon votre jugement et selon votre conscience, d’une manière plus parfaite que mes paroles ne pourraient le faire.

Le pécheur avance dans sa carrière temporelle; l’enfant est devenu homme; il a embrassé une profession ou un métier; il y réussit; il se marie, comme fit son père avant lui. Il joue un rôle sur la scène de cette vie mortelle; le cercle de ses relations sociales s’étend à mesure qu’il avance en âge; il jouit d’une certaine réputation et d’une certaine influence dans la classe à laquelle il appartient; sa réputation, son influence, sont celles d’un homme sensé, prudent et habile. Ses enfants grandissent autour de lui; il a passé l’âge de virilité, et son astre commence à s’incliner vers l’horizon. Aux yeux du monde, et selon le criterium du monde, il est parvenu à une honorable et vénérable vieillesse; il a été homme du monde, le monde le loue et l’honore. Mais qu’est-il dans la balance du ciel? quel est le jugement de Dieu sur lui? que dirons-nous de son âme? oui, de l’état de son âme? Ah! son âme! il l’a oubliée; il n’a pas songé qu’il a une âme placée, du premier jour au dernier, sous les regards de son Créateur. Posuisti sæculum nostrum in illuminatione vultûs tui, «vous avez placé notre vie à la lumière de votre visage.» Hélas! hélas! en ce qui touche son âme, le monde ne sait rien et ne se soucie pas de rien savoir. Le monde ne croit pas à l’existence de l’âme; le monde ne croit qu’à une intelligence unie à un corps mortel; il s’occupe de l’homme tant qu’il est ici-bas; il l’oublie une fois qu’il a quitté cette terre. Cependant le temps approche où il va abandonner le séjour d’ici-bas, où il va disparaître parmi les ombres de ce monde inconnu et invisible, sur l’existence duquel le monde est si sceptique. Mais, nous qui croyons fermement à ce monde invisible, nous nous empressons de lui demander avec inquiétude: Quel est l’état de son âme? Hélas! cet homme a joui des plaisirs et des honneurs du monde; il a laissé un nom honorable parmi les hommes; il a modifié ses opinions sceptitiques en avançant en âge; il commençait à croire que l’ordre et la religion sont de bonnes choses, qu’il faut rendre un certain hommage au culte de son pays, et assister parfois à ses cérémonies; mais il n’est encore, malgré cela, selon la parole de notre Sauveur, qu’un sépulcre blanchi. Il est rempli au dedans d’ossements en décomposition et de toutes sortes d’impuretés. Tous les péchés de sa jeunesse, dont il ne s’est jamais repenti, dont il ne s’est jamais lavé, son ancienne mondanité, ses vices, ses antipathies, ses idolâtries, le souillent encore de leur corruption; seulement, ces vieux péchés sont recouverts de plusieurs couches de fautes plus récentes. Son cœur est un séjour de ténèbres; il a été souillé, gouverné, possédé par les esprits du mal; c’est un être sans foi et sans espérance. S’il admet l’existence de quelque vérité, ce n’est chez lui qu’une simple opinion; et s’il jouit d’une sorte de calme et de repos, ce n’est pas la paix du ciel, mais de l’inertie, de l’affaissement et de la dissolution. Son vieil ennemi a écarté loin de lui son bon ange, et en a pris la place; il est assis près de lui, joyeux de sa victoire, et attendant patiemment sa proie. Il ne le pousse pas à de nouveaux péchés, de peur de réveiller sa conscience endormie et d’y porter le trouble; il le laisse parfaitement tranquille; il le laisse s’amuser d’un simulacre de foi, d’une ombre de piété, d’un semblant de culte; il l’aide à se créer un simulacre de religion capable de satisfaire sa raison affaiblie, sachant bien que cette parodie ne doit pas avoir une longue durée, que la mort n’est plus qu’une affaire de temps, et qu’il pourra bientôt l’entraîner avec lui dans sa demeure embrasée.

Moment redoutable! l’heure inévitable est enfin venue; il meurt, il meurt avec calme; ses amis sont édifiés de sa fin. Ils remercient le Seigneur de l’avoir appelé à lui, de l’avoir délivré des peines de la vie et des souffrances de la maladie. «C’était un bon père, disent-ils, un bon voisin; on le regrette sincèrement; il est pleuré par ses nombreux amis.» Ils ajoutent peut-être: «Il est mort avec une parfaite confiance en la miséricorde de Dieu.» De plus, il a manqué de quelque chose qui est au-delà de cette miséricorde; il a manqué de quelque attribut sans lequel il n’y a pas de perfection, et qui n’est pas et ne peut pas être dans le Dieu de toute gloire et de toute sainteté : je veux dire d’une confiance aux promesses de l’Évangile, qu’il n’a jamais partagée, ou qu’il a perdue de très-bonne heure. Puis, après sa mort, de temps à autre, on rappelle son souvenir avec respect ou avec regret, tandis que lui, cependant, — bien que les enfants du monde ne veuillent pas l’entendre dire, qu’ils se récrient, protestent et s’indignent quand on leur insinue une si solennelle vérité, — lui, depuis longtemps il a levé les yeux en haut, étant dans les tourments et enseveli dans l’enfer!

Telle est l’histoire d’un homme dans l’état de nature ou celui de péché, d’un homme pour qui l’Evangile n’a jamais été une réalité, en qui la bonne semence n’a jamais pu germer, sur qui Dieu a vainement répandu sa grâce; d’un homme, enfin, que la grâce n’a jamais pu amener à chercher la face de Dieu et à implorer les faveurs d’un ordre élevé qui nous ouvrent le paradis. Telle est sa triste histoire. Mais je n’ai parlé que d’un pécheur isolé ; hélas! mes chers frères, c’est l’histoire de milliers de personnes; c’est, d’une manière ou d’une autre, l’histoire de tous les enfants du monde. «Dès qu’ils sont nés, dit le sage, ils ont cessé

«d’être; ils sont incapables de montrer aucun signe

«de vertu, et ils sont consumés dans leur méchan-

«ceté.» Qu’ils soient riches ou pauvres, savants ou ignorants, polis ou grossiers, décents et réguliers dans leur conduite ou désordonnés et immoraux, au fond, ils sont tous semblables; ils n’ont point de foi, ils n’ont point d’amour, ils sont impurs ou ils sont orgueilleux, le plus souvent ils sont l’un et l’autre; ils s’entendent très-bien entre eux dans leurs opinions et dans leur conduite; ils s’aperçoivent de cette ressemblance, ils s’en félicitent, et regardent cet accord comme une preuve de la bonté de leur conduite et de la justesse de leurs opinions. Tel arbre, tels fruits. Il n’est pas surprenant que les fruits soient les mêmes quand ils viennent de la même tige, de la même nature non régénérée, non renouvelée. Ils les considèrent comme bons et sains, parce qu’un grand nombre de cœurs donnent les mêmes produits; mais ils rejettent comme odieuse, insupportable et horrible, la pure et céleste doctrine de la révélation, parce qu’elle pèse trop lourdement sur eux. Personne n’aime les mauvaises nouvelles, personne n’accueille avec joie l’arrêt qui le condamne. Le monde, pour se disculper de ses fautes, calomnie la Vérité qui l’accuse.

Mes frères, s’il en est ainsi, ou plutôt si nous croyons fermement, nous autres catholiques, qu’il en est ainsi, car c’est ce dont il est question; si nous le croyons avec une telle fermeté que nous aimerions mieux mourir que d’en douter, y a-t-il lieu de s’étonner de notre conduite et de nous demander à ce sujet de longues explications? Peut-on s’étonner de ce que des hommes tels que nous viennent au milieu d’une population comme celle-ci, où l’erreur religieuse est toute-puissante, où la corruption des mœurs est la cause et la conséquence de cette erreur? Pourquoi s’étonner de ce que nous venons au milieu d’une population qui, en vérité, n’est pas pire que le reste du monde, mais qui n’est certes pas meilleure? Je dis qu’elle n’est pas meilleure, parce qu’elle ne possède pas le trésor de la vérité catholique, et j’ajoute qu’elle n’est pas plus pure, parce qu’elle ne possède pas ce don de grâce qui est le seul capable de détruire l’impureté. Nous venons au milieu d’une population pécheresse, adonnée, j’en suis sûr, à des plaisirs défendus, chargée de crimes et exposée à la perdition éternelle, parce qu’elle ne jouit pas de la présence du Verbe incarné, qui répand dans les cœurs la douceur, la tranquillité et la chasteté. Y a-t-il lieu de s’étonner que nous nous mettions à instruire par nos prédications une population pareille, pour laquelle Jésus-Christ est mort sur la croix, et que nous nous efforcions de la convertir à sa foi et à son Eglise? Est-il nécessaire de demander les raisons qui nous font agir? Est-il nécessaire de nous attribuer des motifs mondains pour expliquer une conduite si naturelle chez ceux qui croient aux avertissements de l’autre vie et à ce qu’elle exige de nous? Mes chers frères, si nous sommes convaincus que notre très-saint Rédempteur a versé son sang pour tous les hommes, n’est-il pas parfaitement simple et naturel que nous, ses serviteurs, ses frères, ses prêtres, nous voyions avec regret son précieux sang être versé en vain, gaspillé pour ainsi dire, en ce qui regarde vos âmes? N’est-il pas naturel que nous tâchions de vous faire partager les bienfaits dont nous jouissons? Est-il nécessaire que des voix s’élèvent pour nous accuser d’être animés d’une vaine ambition, pour nous traiter d’hommes inquiets, avides de pouvoir et d’autorité, rancuniers, partiaux, quand notre empressement et notre zèle ont des motifs si puissants, si influents, si réels? Peut-il y avoir, pour un prédicateur, un plus bel encouragement que la ferme conviction de prêcher la vérité ? Peut-il y avoir un stimulant plus fort à convertir les âmes que la pensée qu’elles sont en état de péché et en péril de mort? Peut-il y avoir un plus grand mobile à attirer les âmes dans le giron de l’Eglise, que la conviction que c’est là le moyen dont Dieu se sert pour opérer le salut de ceux que le monde entretient dans le péché et l’incrédulité ? Admettez seulement que nous croyons ce que nous enseignons (et ce n’est pas vous demander grand’chose, car qu’avons-nous fait qui vous autorise à penser le contraire?), admettez, dis-je, que nous croyons ce que nous professons, et vous comprendrez facilement notre conduite. Nous venons parmi vous parce que nous croyons qu’il n’y a qu’une voie de salut tracée dès le commencement des choses, et que vous ne la suivez pas. Nous venons parmi vous en qualité de ministres de cette grâce extraordinaire de Dieu, dont vous avez besoin; nous venons parmi vous, parce que nous avons reçu nous-mêmes un grand don de Dieu, et que nous voudrions vous en faire partager la jouissance. Il est écrit: «Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.» Or, nous ne voulons pas tenir enveloppées dans un mouchoir les miséricordes et les grâces que Dieu nous a accordées, non pour notre salut seulement, mais aussi pour le salut des autres.

Ce zèle, quelque faible et quelque misérable qu’il soit en nous, a été la vie de l’Eglise, le soutien de ses prédicateurs et de ses missionnaires dans tous les temps. Ce fut ce zèle, ce feu sacré, qui fit descendre Notre-Seigneur du ciel, et c’est ce zèle qu’il tâchait de communiquer à tous ceux qui l’entouraient. «Je suis venu jeter le feu sur la terre,» dit-il, «et qu’est-ce que je désire, sinon qu’il s’allume?» Tel était aussi le sentiment du grand apôtre à qui son Maître apparut pour lui départir ce feu. «Je vous envoie aux Gentils,» lui avait-il dit lors de sa conversion, «pour leur ouvrir les yeux, afin qu’ils se convertissent des ténèbres à la lumière, et du pouvoir de Satan au pouvoir de Dieu.» Et, conformément à cette recommandation, il se mit à leur prêcher de faire pénitence et de se tourner vers Dieu avec de dignes fruits de pénitence; «car,» dit-il, «l’amour de Jésus-Christ nous presse,» et il se faisait «tout à tous pour les sauver tous,» et il supportait tout pour les élus, afin qu’ils pussent obtenir leur salut, qui est en Jésus-Christ, avec la gloire céleste.» Telle est aussi l’ardeur du zèle de ces premiers apôtres, auxquels nous, Anglais, devons notre foi chrétienne. Quel motif les amena de Rome dans cette île lointaine, chez un peuple barbare, à travers mille craintes et mille souffrances, si ce n’est le désir tout-puissant, irrésistible, de sauver ceux qui périssent et d’unir les membres et les esclaves de Satan au corps de Jésus-Christ? Tel a été le secret de la propagation de l’Eglise depuis le commencement; telle en sera la cause jusqu’à la fin. Voilà pourquoi l’Eglise, avec la grâce de Dieu, au grand étonnement du monde, convertit les nations, tandis qu’aucune secte ne peut en faire autant. Voilà pourquoi les missionnaires catholiques pénètrent si courageusement au milieu des tribus les plus sauvages, s’exposent aux plus cruels tourments: c’est qu’ils connaissent le prix de l’âme; c’est qu’ils croient fermement à la réalité du monde à venir; c’est qu’ils aiment tendrement leurs frères sans même les avoir jamais vus; c’est qu’ils frémissent à la pensée des peines éternelles; c’est qu’ils désirent multiplier les fruits de la passion de leur Seigneur et les triomphes de sa grâce.

Quant à nous, mes frères, nous ne sommes pas dignes d’être nommés à côté des évangélistes, des saints et des martyrs; nous venons à vous dans un temps de paix et de civilisation, au milieu d’une société régulière et policée, sous la sauvegarde de ce respect et de cette vénération que, quoi qu’ils en disent, la plupart des Anglais, ou un grand nombre d’entre eux, sentent encore pour la religion de leurs pères, pour cette religion qui a laissé dans ce pays tant de traces de son ancienne puissance. Il ne faut pas une grande dose de zèle ni de charité pour venir à vous sans péril, vous prier de quitter le sentier de la mort et d’entrer dans celui du salut. Il ne faut pas de grands efforts pour cela; il ne faut pas un courage surhumain, il ne faut pas être des saints; il suffit d’avoir la conviction profonde, et nous l’avons, que la religion catholique vient de Dieu, et que toutes les autres religions sont des parodies. Il suffit d’avoir la foi, d’avoir un but unique, un cœur honnête et une manière de s’exprimer claire et précise. Nous venons à vous au nom de Dieu; nous ne vous demandons pas autre chose que de nous écouter; nous n’exigeons de vous que de vouloir bien examiner si ce que nous disons est la parole de Dieu ou non. Cette parole restera avec vous, que nous soyons ou non les prêtres et les prophètes de Dieu. Ce n’est pas trop demander; mais c’est plus que la plupart des hommes ne veulent donner, car ils n’osent pas venir nous entendre; ils sont nos ennemis par préjugé ; ils ont peur des convictions que nous voudrions leur inculquer. Oui! il y en a un certain nombre qui auraient de grandes raisons de venir nous entendre, à qui nous avons le droit d’adresser nos exhortations, qui devraient avoir une certaine confiance en nous, et qui pourtant ferment les oreilles, détournent la tête, et préfèrent s’exposer à perdre la vie éternelle plutôt que d’écouter nos conseils.

Que cette pensée est désolante! Mais vous n’êtes pas, vous ne pouvez pas être de ce nombre. Nous ne vous demandons pas votre confiance, mes frères, car vous ne nous avez jamais vus; nous ne vous demandons pas d’admettre sans examen tout ce que nous avons à vous dire, car nous vous sommes étrangers. Nous vous prions seulement de considérer que vous avez vos âmes à sauver, et nous vous engageons ensuite à juger par vous-mêmes si, Dieu ayant révélé une religion qui doit sauver les âmes, cette religion n’est pas celle que nous vous prêchons.

Conférences adressées aux protestants et aux catholiques

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