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SCÈNE PREMIÈRE

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ROBERT DE CORBIE, GILLES MARCEL, JEAN SOREL, PHILLIPPE GIFFART, JEAN DE LISLE, PIERRE BOURDON, JEAN BELOT, PIERRE GILLES, SIMON LE PAUMIER, ÉLIE BAUGIS, COLART DE COURLIÉGIS, GUILLAUME D’AVALON, JEAN DE SAINTE-HAUDE, LOUVET, JEAN DE BEAULIEU, GUILLAUME DE LA QUARRIÈRE, NICOLAS LE CHANTEUR, MAITRE RÉGNAUT MARIAVALE, DE MARCHIÈRES, MAITRE GUILLAUME DE MONS, JAMIN DARIOT, GRIMER, puis MAILLART, TOUSSAC, GUILLAUME CALLE, etc., etc.

JEAN SOREL

De la réunion de ce soir savez-vous

Quel est l’objet, Messieurs?

JEAN DE LISLE.

Je crois qu’aucun de nous

N’en sait encore rien.

PIERRE BOURDON.

Dans quel but ce mystère?

Ce n’est point du prévôt la façon ordinaire...

JEAN SOREL.

Craindrait-il maintenant la lumière et le bruit,

Qu’il nous a convoqués par cette heure de nuit?

ROBERT DE CORBIE, s’approchant.

Étranges questions, Messieurs!... Les temps sont graves;

Nous sommes entourés de piéges et d’entraves,

Et plus nous avançons dans l’accomplissement

De notre mission, plus il faut sagement

Préparer nos projets dans l’ombre et le silence.

Ainsi le veut du moins la vulgaire prudence.

J’approuve donc Marcel.

JEAN SOREL.

Pourquoi nous réunir

Dans ce nouvel hôtel qu’il s’en vient d’acquérir?

(Avec hésitation.)

La superstition n’est pas mon fait...

ROBERT DE CORBIE.

Achève.

JEAN SOREL.

Mais l’hôtel aux Piliers est bien près de la Grève 1.

ROBERT DE CORBIE, avec force.

Cet hôtel aux Piliers deviendra le palais

Où le pouvoir nouveau trônera désormais.

Je prédis à ces murs une haute fortune,

Car Paris offre enfin, dans sa maison commune,

Un toit inviolable aux hardis défenseurs

Des droits qu’ont trop longtemps lésés nos oppresseurs

PLUSIEURS VOIX.

Bien dit!

JEAN DE LISLE.

Quand des États généraux la puissance

Triomphe, que peut-on craindre?

ROBERT DE CORBIE, vivement.

Leur existence,

Qui vous la garantit?

GILLES MARCEL.

Croyez-vous que le roi

Puisse illégalement prononcer leur renvoi?

ROBERT DE CORBIE, fièrement.

S’il l’osait, n’écoutant, Messieurs, que votre audace,

N’engageriez-vous pas la lutte face à face?

PIERRE BOURDON.

Nous préserve le Ciel d’un pareil embarras!

Que pourriez-vous. Messieurs, opposer à son bras?

ROBERT DE CORBIE, avec hauteur.

Tout un peuple invoquant ses libertés publiques.

PIERRE BOURDON.

Faible argument devant des lances et des piques!

GIFFART, survenant.

Eh! Messieurs, le roi Jean nous laisse en paix ici.

Il a pour le moment un plus grave souci:

C’est en vain qu’il poursuit de ses troupes royales

Le fameux Prince Noir, ou mieux prince de Galles2. Ne craignez rien de lui tandis qu’il court les champs, D’autant plus que l’Anglais l’occupera longtemps.

MAILLART, entrant.

Bonsoir, Messieurs.

PLUSIEURS VOIX.

Maillart!...

ROBERT DE CORBIE, allant à lui.

Eh bien! quelles nouvelles?

MAILLART.

D’importantes, ma foi.

ROBERT DE CORBIE.

Parle.

GIFFART.

Quelles sont-elles?

MAILLART.

Devant Bourges, Messieurs, campe le Prince Noir.

Déjà même, dit-on, il aurait, sans surseoir,

Brûlé tous ses faubourgs... Mais la ville résiste.

(Émotion générale.)

GILLES MARCEL.

Événement fatal.

GIFFART.

Que le Ciel nous assiste!

ROBERT DE CORBIE.

Et pendant ce temps-là, Maillart, que fait le roi?

MAILLART.

Il vient de quitter Chartre et s’avance, je croi,

Sur Poitiers, dans le but de couper la retraite

A ces damnés Anglais... Cette fois, leur défaite

Est certaine.

GIFFART.

Qui sait?

MAILLART.

On n’en saurait douter...

Sept ou huit mille Anglais pourraient-ils résister

Au choc de notre armée? Ayez donc confiance,

Messieurs: car, si le roi fait bonne diligence,

Ces Anglais sont perdus.

ROBERT DE CORBIE.

Puisse Dieu nous aider!

MAILLART, fièrement.

Ah! rien ne nous doit plus, Messieurs, intimider.

L’avenir est à nous.

ROBERT DE CORBIE.

Peut-être!...

JEAN SOREL.

Un mot encore.

Dans quel but sommes-nous réunis?

MAILLART.

Je l’ignore.

Marcel et monseigneur Lecoq nous l’apprendront.

( Le groupe se sépare à droite et à gauche. — Les députés et les échevins vont et viennent. — Entre Toussac; il est accompagné de Guillaume Calle, qui le suit avec timidité, enveloppé piteusement dans un vieux manteau.)

GUILLAUME CALLE, à voix basse et craintif.

Où me conduisez-vous, maître?

TOUSSAC, bas à Guillaume.

Lève le front,

Sois sans crainte, Guillaume, et reprends confiance.

Promène tes regards d’abord sur l’assistance.

Echevins, députés du Tiers, réformateurs

De tout abus, voici tes premiers protecteurs.

ROBERT DE CORBIE, à Giffart.

Quel est cet inconnu? Le sais-tu?

MAILLART, à part.

Je m’en doute.

GIFFART, à Corbie.

Interrogeons Toussac.

(Il va à lui.)

TOUSSAC, l’arrêtant.

Un moment.

(A Guillaume Calle, en l’entraînant dans un coin de la salle.)

Donc, écoute,

Et, si tu pèses bien ce qui va se passer,

Toute prévention chez toi devra cesser.

Les hommes que tu vois remplissent de grands rôles,

Et ton cœur bondira de joie à leurs paroles.

Étienne Marcel, prévôt des marchands

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