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II

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Table des matières

Renaud avait alors quarante-quatre ans accomplis, mais il en paraissait trente-huit à peine.

Il était bien de sa personne, et, sans pouvoir passer pour ce qu’on nomme vulgairement un joli homme, était fort capable d’inspirer encore une passion sérieuse.

Sa physionomie, qui respirait la franchise, l’intelligence et la loyauté, ses yeux bleus, grands et doux, son sourire fin, sa démarche aisée, pleine de distinction, ses gestes francs, sa parole facile, sobre, aimable et remplie de délicatesse, son esprit élevé, son imagination vive, le sentiment artistique qui montait de son âme à ses lèvres et leur donnait l’éloquence qui convainc et captive, étaient bien faits pour plaider puissamment sa cause auprès de Ferrand et de Marguerite, et leur arracher à tous deux le oui si ardemment souhaité par lui.

Dès qu’il eut entrevu son union avec la nièce du peintre comme un véritable bonheur, Renaud mit tout en œuvre pour plaire à Ferrand et à Marguerite, sans négliger cependant Angèle, pour qui il avait senti naître en lui une vive amitié, et dont l’acquiescement à ses projets lui paraissait devoir être d’ailleurs indispensable à leur prompte et complète réussite, vu l’affection sans bornes qui unissait les deux cousines.

Ferrand se laissa prendre aisément au charme naturel de son propriétaire en qui, non-seulement il trouvait un adversaire au tric-trac et aux échecs,–les deux seules passions sérieuses qu’en dehors de son art, le digne homme se fût jamais permises,–mais encore un contradicteur qui, tout en comprenant l’art à la façon des êtres doués, dont il est le culte, prenait plaisir à soulever ou à soutenir à son sujet des discussions que l’oncle de Marguerite soutenait avec grand plaisir.

Tous deux apportaient, dans ces controverses fréquentes, une sorte d’entêtement, basé sur leurs convictions personnelles, quitouten lesanimant, ne les leur rendait que plus agréables.

Angèle, de son côté, ne chercha pas à dissimuler longtemps la sympathie que lui inspira Renaud.

Henri savait plaisanter avec elle, lui parlait des choses qui intéressaient la joyeuse jeune fille et trouvait toujours une repartie vive, quoique bienveillante, aux innocentes saillies dont elle l’accablait souvent.

Seule Marguerite ne partagea point tout de suite l’enthousiasme de son oncle et de sa cousine pour l’architecte.

Elle le considéra d’abord avec indifférence, puis bientôt l’intuition des filles d’Eve, cette féminine pénétration si profonde et qui ne se trompe jamais, lui révéla l’amour qu’éprouvait Renaud pour elle. Dès cet instant, elle se montra instinctivement pleine de défiance vis-à-vis de lui, et usa d’une diplomatie que nulle femme n’a jamais apprise, mais qu’elles savent toutes, comme le poisson sait nager, l’oiseau voler, et l’homme... rien!

Ce n’était point qu’Henri lui déplût le moins du monde, mais à la résistance innée chez la femme, qui fait que la plus innocente jeune fille se met en garde dès qu’elle découvre un homme épris d’elle, vint se joindre, chez Marguerite, une hésitation fondée sur un souvenir romanesque et terrible qui, à l’insu de tous, sauf d’Angèle, l’avait, croyait-elle, liée à une ombre.

Mademoiselle d’Alber, cette pure jeune fille, sur les lèvres de laquelle l’abeille de l’Hymète eût pu se poser aussi bien que sur celles de Platon, cette âme candide et naïve, miroir qui n’avait jamais reflété que les plus chastes pensées avait eu déjà cependant son roman d’amour.

Malgré cela, les tendres efforts de Renaud ne demeurèrent pas complètement sans résultat, et, tout en désirant échapper à leur influence, Marguerite ne put nier bientôt les progrès qu’Henri faisait chaque jour dans ses affections.

Renaud possédait, du reste, sans le savoir, dans Ferrand et sa fille, de dévoués auxiliaires à ses projets. Dès qu’il n’était pas là, Angèle et le peintre ne tarissaient point d’éloges à son endroit, si bien que, malgré le scrupule de Marguerite, elle dut bientôt rendre justice aux nombreuses et brillantes qualités de l’architecte.

L’aveuglement inhérent à tout amour sincère vint s’ajouter à la timidité native de Renaud, ce qui fit que les premières hésitations de Marguerite ne furent même point soupçonnées par lui.

Les moindres paroles, les moindres gestes de mademoiselle d’Alber lui semblaient naturels et charmants, et déjà résolu à lui faire l’aveu deson amour, il remit chaque jour l’exécution de ce projet, trouvant un doux et extrême plaisir à prolonger son mutisme, afin de doubler le bonheur qu’il éprouverait en le disant tout à Marguerite.

Lorsqu’il n’y tint plus, ce fut à Ferrand qu’il s’adressa d’abord.

C’était un soir.

L’installation du peintre et des deux jeunes filles était complétement terminée depuis un mois.

Ferrand avait invité à dîner son cher propriétaire, ainsi qu’il nommait Henri.

Le repas achevé, le peintre et Renaud avaient allumé des cigares, tandis que les deux jeunes cousines étaient allées faire un tour de jardin.

Renaud, ce jour-là, s’était montré plus empressé encore que de coutume envers mademoiselle d’Alber.

Dès qu’il fut seul avec le peintre, sa physionomie devint grave, et ayant aspiré avec lenteur quelques bouffées du londrès qu’il tenait entre les lèvres, il le déposa sur la table; puis, arrêtant sur son hôte un regard interrogateur, il lui dit:

–Mon cher Ferrand, quel âge me donnez-vous?

–Pourquoi, diable! mon cher ami, me demandez-vous cela?

–Que vous importe! répondez-moi franchement, je vous en prie.

–Soit. Je sais que M. Richard, votre fils, a vingt-quatre ans; donc vous devez en avoir environ quarante-quatre.

–Parfaitement raisonné. C’est, en effet, mon âge, et pourtant votre réponse ne me satisfait point; car je ne vous ai pas demandé quel âge ai-je? mais quel âge me donnez-vous, c’est-à-dire quel âge parais-je avoir? puisqu’il faut vous mettre les points sur les i.

–De trente-sept à trente-huit ans.

–Sans flatterie?

–Trente-huit ans au plus, sans flatterie aucune. Après?

–Après, mon cher Ferrand, après.

Et Henri, au lieu de poursuivre, reprit son cigare qu’il se remit à fumer en silence pendant quelques secondes.

–Oui, après, répéta le peintre. C’est donc bien difficile à dire?

–Non. Après, mon cher Ferrand, c’est qu’avant de vous avoir pour locataire, je n’étais pas avec vos prédécesseurs dans des termes aussi affectueux que ceux dans lesquels je suis avec vous; c’est pourquoi au lieu de la haie qui séparait le jardin du chalet de celui de ma villa, j’avais fait construire le mur qui les divise. Or, ce diable de mur me prive d’une vue superbe, et si vous n’y voyiez pas d’inconvénient, je voudrais bien le faire abattre.

Fernand se mit à rire.

–Et vous me demandez quel âge vous paraissez avoir pour faire crouler votre muraille?

–Précisément.

–Connaissez-vous le problème du capitaine? Un trois-mâts ayant tant de longueur est parti de Rio depuis deux semaines, ayant à bord trente hommes d’équipage, trois mois de vivres, deux canons, etc., etc., on demande quel est l’âge du capitaine?

–Oui.

–Eh bien! mon ami, je vous ai dit l’âge du capitaine; pour Dieu, ne me parlez plus de son navire, c’est-à-dire de votre mur, car j’avoue que je m’y perds.

Henri sourit à son tour.

–Bah! je me risque, dit-il en s’armant de courage. Encore une question, mon ami, ce sera la dernière, et vous comprendrez tout.

–Parlez.

–Trouveriez-vous que je ferais une folie en avouant à une jeune fille de vingt ans dont je serais devenu amoureux, l’amour qu’elle m’aurait inspiré; et si, touchée par cet amour, elle daignait se laisser aimer par moi, ne paraîtrais-je ridicule aux yeux de personne le jour où je la prendrais pour femme?

–Nullement, fit le peintre avec conviction; et il ajouta à part lui: Enfin, nous y voilà!

–Ah! vos paroles m’encouragent, et je vais.

–Vous allez me dire que vous êtes amoureux fou de Marguerite, et que vous voulez l’épouser, n’est-ce pas? Eh bien, c’est inutile, je le sais, mon ami.

–Quoi ! vous avez surpris.

–Votre grand secret. Oui, mon cher Renaud, et votre étonnement prouve mieux encore que toutes les paroles que nous pourrions échan ger ne le feraient que la disproportion d’âge que vous redoutez n’existe pas: car, permettez-moi de vous le dire, il faut que vous ayez le cœur relativement aussi jeune que le visage pour douter, comme vous le faites, que votre amour pour ma nièce puisse être encore un secret pour aucun de nous.

–Eh quoi! mademoiselle Marguerite aussi sait?...

–Je ne l’ai pas interrogée sur ce point. Je la connais, ma chère nièce: c’est une sensitive qui m’eût fermé complètement son cœur si j’avais abordé sans nécessité ce sujet délicat; mais ma fille m’en a dit deux mots; et comme sa cousine n’a pas de secret pour elle, Marguerite a dû lui en parler. Ah! je comprends maintenant l’âge du capitaine et de votre mur. Si vous devenez mon neveu, de même que Louis XIV a dit: «Il n’y a plus de Pyrénées!» vous vous écrierez: «Plus de muraille entre nous!» et les maçons feront le reste.

–Puis, le jardinier rétablira la haie.

–Une haie bien basse.

–Parbleu !

–Parfait.

Rien n’était plus vrai que la supposition de Ferrand sur les confidences de Marguerite à Angèle; car au moment où il la faisait, voici ce que sa fille disait au jardin, à mademoiselle d’Alber:

–M. Renaud parlera bientôt, sois-en sûre. Eh bien! s’il demande ta main, que répondras-tu?

–Le sais-je? fit Marguerite, en proie à une forte hésitation.

–Tu ne le trouves donc pas aimable?

–Si fait.

–Spirituel?

–Je ne dis pas non.

–Joli homme?

–J’en conviens.

–Eh bien, alors?

–Que te dirai-je?

–Ah çà! voudrais-tu mourir vieille fille, par hasard?

–Non.

–Je ne te comprends plus.

–Ne t’ai-je pas tout dit cent fois?

–Et que t’ai-je répondu, cent fois aussi?

–Tu n’as rien juré, toi?

–N’es-tu pas déliée de ton serment?

–J’interroge Dieu chaque soir, dans ma prière, pour le savoir, et Dieu, jusqu’ici, nem’a pas répondu.

–Au contraire, puisqu’il a permis à un homme aussi parfait que M. Renaud de devenir amoureux de toi. Allons, plus d’hésitation, et embrasse-moi, madame.

–Mais es-tu sûre qu’il m’aime?

–Moins que tu n’en es convaincue toi-même, et je suis persuadée qu’il t’adore!

–Méchante e!

–Parce que je veux que tu te maries?

–Et pourquoi y tiens-tu?

–Tu es l’aînée, cela me portera bonheur.

–Tu n’aimes personne, cependant.

–Non, mais je compte bien aimer quelqu’un.

–Et quand réaliseras-tu ce beau projet?

–Lorsque je rencontrerai un second M. Renaud; mais, malheureusement pour moi, il n’y en a qu’un.

–Tu cherches à me rendre jalouse!

–Je veux ton bonheur, et surtout effacer de ton souvenir ce vilain fantôme que je hais sans le connaître.

–Angèle! Angèle! je t’en conjure, ne me parle plus jamais de lui!

–J’y consens, si tu me promets de répondre oui à M. Renaud lorsqu’il demandera ta main. Va, crois-moi, c’est ton bonheur que je veux, je te le répète.

–Eh bien, je te promets de dire oui.

–A la bonne heure!

La voix de Ferrand, qui parut sur le seuil du jardin, dont l’obscurité envahissait les massifs, se fit entendre.

–Marguerite! Angèle! que faites-vous donc?

–Nous causons, mon père.

–La nuit est un peu fraîche, nos cigares sont terminés: venez, mes enfants, venez!

Quelques minutes après, les deux jeunes filles rentrèrent dans la salle où Renaud était resté seul pendant quelques instants.

Ce ne fut pas sans une vive émotion que Henri vit reparaître celle qu’il aimait; car Ferrand, après lui avoir donné son consentement à son mariage avec Marguerite, tout en lui déclarant qu’il laisserait celle-ci complétement libre de son choix, l’avait fortement engagé à interroger le soir même la jeune fille.

La conversation fut d’abord banale, et se ressentit beaucoup de la visible contrainte de Renaud et de Marguerite.

Au bout d’une demi-heure, le peintre pria Angèle de faire le thé.

Celle-ci sortit immédiatement pour aller prendre ce qu’il fallait afin d’exécuter cet ordre.

Dès qu’elle eut disparu Ferrand la suivit, et ainsi Henri se trouva tout à coup seul avec Marguerite.

Mademoiselle d’Alber brodait.

Au bruit qne fit la porte en se refermant sur son oncle, Marguerite sembla prise d’une activité nouvelle, et elle parut apporter dans son travail une extrême attention.

Au contraire de Petit-Jean, en cas semblable, ce qu’un amoureux sait le moins, c’est son commencement.

Il y eut d’abord un long silence, qui parut être un siècle à Renaud et à la jeune fille, puis il fit un suprême effort, et d’un ton relativement assuré, dans lequel il s’efforca de cacher le trouble extrême qui l’agitait, il lui dit, sans préambule:

–Mademoiselle Marguerite, je vous aime, vous le savez. Voulez-vous être ma femme?

Cet aveu franc, suivi de la question directe, qui ne laissait à Marguerite aucune échappatoire fit éclore une vive rougeur sur son beau et pur visage.

–Monsieur Renaud... balbutia-t-elle.

–De grâce, reprit Henri, ne me faites pas languir. Soyez franche et loyale; bannissez-moi, s’il le faut, et je ne vous en voudrai pas un instant, quoique vous m’aurez causé la plus profonde douleur que je puisse éprouver ici-bas ou accueillez-moi, c’est-à-dire ouvrez-moi le ciel, et je vous jure de vous aimer tant toute ma vie, que vous ne pourrez jamais regretter une seconde votre dévouement... je devrais dire peut-être... votre sacrifice.

–Oh!monsieur...

–Votre oncle consent à notre union; c’est de son aveu que je vous dis mon amour. Parlez! Oh! parlez! de grâce, je vous en conjure! Vous vous taisez!... Mon Dieu! que pourrais-je faire pour vous convaincre? Oh! je vous en supplie, répondez-moi!...

Marguerite, touchée par ces paroles que Renaud avait prononcées avec une sincérité convaincante, releva la tête, et lui adressa un regard affectueux.

–Oh! je comprends, reprit Henri, je vous en-demande trop... l’ineffable pudeur de votre âme vous ordonne le mutisme. En Lien! ne me répondez pas encore; je dirai à Ferrand de vous interroger; et demain,–après-demain, dans quelques jours seulement, si vous l’exigez, je reviendrai connaître mon sort. Est-ce bien?

–Oui, oui, monsieur.

–Je m’en vais!

Et Henri se leva; mais il revint presque aussitôt vers la jeune fille en s’écriant:

–Non, c’est impossible... le doute d’une nuit me tuerait, je le sens... Ah! par grâce, ne m’imposez pas cette horrible souffrance!

–Mais vous répondre ainsi, tout de suite...

–C’est vrai... Eh bien! ne me répondez pas, reprit Henri, à qui une ingénieuse pensée venait de faire concevoir un moyen de sortir d’indécision, sans forcer Marguerite à lui faire, du moins de vive voix, la réponse qu’il implorait. Je vais me mettre à cette fenêtre, je ne regarderai pas; vous sortirez de cette chambre, si, lorsque j’y serai seul, je retrouve votre broderie sur cette table, je saurai que vous êtes ma fiancée; si vous l’emportez, au contraire, j’apprendrai qu’il me faut renoncer au plus cher espoir de ma vie. Consentez-vous à faire ce que je vous propose?

Marguerite hésita un instant, puis:

–J’y consens, dit-elle; mais vous ne jetterez les yeux sur cette table que lorsque cette porte se sera refermée sur moi.

–Je vous le jure.

–C’est bien.

Henri s’éloigna et alla s’accouder à la fenêtre qui était restée ouverte.

Son cœur battait à se rompre dans la poitrine.

La porte se referma.

Renaud bondit vers la table.

La broderie y était.

–Ah! s’écria-t-il, elle m’aime! elle m’aime! C’est donc bien vrai?

Et il porta avidement à ses lèvres le tissu sur lequel s’étalait l’habile travail de Marguerite.

Ferrand revint en cet instant avec Angèle, et entendit l’exclamation triomphante de son nouvel ami.

–Oui, certainement, elle vous aime, dit-il, et j’avais raison de vous engager à parler.

–Ah! mon ami! fit Henri en embrassant le peintre et en serrant la main de sa fille. Mon Dieu! que je suis heureux!

Marguerite n’osait pas reparaître.

Il fallut qu’Angèle allât la chercher.

Lorsqu’elle revint, Henri s’agenouilla devant elle et lui dit:

–Merci, chère Marguerite, merci, mon âme. Je vous devrai tant d’heureux jours que, dès aujourd’hui, je jure de vous aimer, à la fois, comme un ami, un amant et un père...

Mademoiselle d’Alber lui tendit la main etlui adressa le plus ravissant sourire.

Renaud allait embrasser cette main avec transport, lorsque Ferrand s’écria:

–Sur le front, donc! sur le front, jeune homme! Je vous le permets.

Henri obéit en tremblant, et lorsqu’il eut effleuré de ses lèvres les beaux cheveux de Marguerite, il la considéra d’un air radieux pendant quelques secondes.

Il comprit alors, pour la première fois, la cause du violent amour que lui avait inspiré la jeune fille, car il lui sembla qu’il retrouvait en Marguerite une autre Geneviève.

Après vingt ans, la morte lui parut avoir placé sur sa route, pour le chérir ainsi qu’elle l’avait fait jadis elle-même, la sœur cadette de celle qu’il avait tant aimée.

L’organe, l’expression du regard, ce rien, vrai monde pourtant lorsqu’un œil épris en sonde tous les mystères, et jusqu’à la simplicité de mademoiselle d’Alber, tout en elle offrait de nombreux points de ressemblance avec celle qui n’était plus.

Cette soirée fut un long enivrement pour Renaud.

Ferrand, lorsque onze heures sonnèrent, le rappela à la réalité par ces paroles:

–Allons, mon futur neveu, je n’ai plus vingt ans comme vous, moi, et il se fait tard.

–Je m’en vais, mon ami.

Et Henri gagna la porte après avoir serré la main d’Angèle et déposé, sur un signe de Ferrand, un second baiser, tout aussi brûlant que le premier, sur le front de Marguerite

–Ah! à propos, Renaud, fit le peintre, n’oubliez pas de commander les maçons.

–Les maçons?

–Sans doute; maintenant, n’allez-vous pas faire abattre votre mur bientôt?

–Ah ! dès demain, mon ami.

–Demain, ce serait trop tôt. Dans quinze jours.

Quinze jours après, en effet, Marguerite était la femme d’Henri, et la haie.dont nous avons parlé remplaçait le gros mur.

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