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Guillaume Ier, abbé. — (1233-1251).

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L’abbé Vullierme ou Guillaume assista, en 1233, au vidimus d’un acte relatif à l’abbaye d’Aulps , et mit son sceau à une vente faite en faveur de l’abbaye d’Abondance, en 1237, par Béatrix de Greysier, veuve d’Henry d’Allinges. Cette dernière, la même qui prit en fief Coudrée, appartenait à la. maison de Faucigny .

L’abbé Guillaume, dont on ignore l’origine et le nom de famille, ne jouissait pas seulement de la confiance et de la bienveillance des seigneurs du voisinage; mais les plus hauts personnages, les maisons religieuses même, ne craignaient pas, au besoin, de lui confier le soin des plus graves intérêts. C’est ainsi que, l’an 1238, il est délégué par le saint-siège, pour forcer à la restitution Pierre Veluz d’Allinges qui s’était emparé des dîmes de l’abbaye d’Aulps, rière Lully. Il porta une sentence le lundi de l’octave de l’Epiphanie (1238), et obtint à l’usurpateur une nouvelle investiture des biens contestés . En 1241, il assista à la cession faite, en faveur du même monastère, par Rodolphe et Vuillerme de Ballaison, de leurs hommes Christin, Martin et Pierre de Nanteru, et mit son sceau à une donation de Turumbert de Ballaison, d’un nommé Vuillerme Blanc de Nicodex, de ses biens et de sa postérité , toujours en faveur de l’abbaye d’Aulps. En juin 1242, soit l’année suivante, on le trouve parmi les témoins de la cession faite, à la même maison, par Henry de Sciez, de tous ses droits sur les terres dites les Combes et Chevallet (Reyvroz) .

Il montra une fidélité constante à défendre les intérêts du monastère des Alpes, partout où ils étaient menacés. En 1243, il ratifie encore l’acte de l’official de Genève qui venait de débouter un nommé Thomas de ses prétentions sur les terres de cette dernière abbaye sises à Miserier, Biolley et Ponchery . Il figure, en 1244, dans la vente de la terre de Pagery faite, au même monastère, par Rodolphe et Vuillerme de Ballaison, et en 1245, dans celle que passa Pierre de Nernier, toujours avec la même maison, au sujet de ses domaines de St-Cergues près d’Annemasse ....

Il ne soutint pas, avec moins d’énergie, les droits de son abbaye contre le prévôt de Mont-Joux. Celui-ci avait cédé jadis, au chapitre et au monastère de Filly, la grange de Camerata, moyennant la redevance annuelle de six octanes d’huile et de six livres de cire. Cette grange, située dans la paroisse de Margencel, comprenait des hommes et possessions àJusinges, Chessez, Menaydes et Mesinges . L’évêque de Genève avait confirmé cette convention. L’abbé Guillaume refusa de servir cette rente, sous prétexte que ces biens étaient beaucoup moins fertiles qu’on ne l’avait assuré, que Filly se trouvait alors privé de son abbé, et que c’était dix-huit livres de cire annuelles qu’on avait osé exiger! Après maints débats, la cause fut portée par devant le pape Innocent IV, pendant son séjour à Lyon.

Celui-ci commit son chapelain, Me Jean Astens, auditeur général des causes du palais, pour trancher la contestation; et, par sentence portée au mois d’octobre 1248, le contrat fut déclaré de nulle valeur. Bien plus, le prévôt de Mont-Joux, qui l’avait passé, paraît-il, à l’insu de ses frères en religion, se vit condamner à payer quinze livres de Vienne pour les dépens, en présence de Messires Robert d’Argentio, avocat de la curie romaine, Ramald de Londres, procureur du roi d’Angleterre, et d’autres personnages de l’époque. Innocent IV confirma cette sentence par bulle du 2 des nones de novembre 1248 . Ce ne fut pas le seul acte de bienveillance de ce Pontife vis-à-vis de notre abbaye: par bulle du 9 septembre 1250, huitième année de son pontificat, il lui soumit complètement les églises de Sciez, d’Excenevex, d’Yvoire, de Perrignier, de Burdignin, ainsi que les chapelles de Nernier et de Chavanex . L’Abbé et le couvent pourront en prendre possession sans demander l’agrément de l’évèque diocésain. Il s’agit évidemment là des intérêts temporels, et non d’une dispense de l’institution de l’Ordinaire.

L’abbé Guillaume paraît aussi avoir augmenté considérablement les richesses de son abbaye. En janvier 1245, Jean, comte de Bourgogne et seigneur de Salins en Franche-Comté, donne à Dieu, et au monastère de Ste-Marie de Filly, à l’abbé , et aux chanoines réguliers de la dite maison, une redevance annuelle de six charges de sel à prendre dans son puits de Salins. Les religieux lui promettent, en retour, un anniversaire solennel à célébrer annuellement à Filly pour le repos de son âme. Le 31 mars 1258, Jean de Ravorée déclare avoir reçu, de l’abbé et du couvent de Filly, 160 livres genevoises pour prix des terres que lui et son père Girod possédaient dans la paroisse de Sciez, et qui portaient le nom d’albergement de Mariniens. Comme quittance, il leur délivre solennellement une charte revêtue du sceau d’Agnès, dame de Faucigny . Il s’agit ici de la Tour de Mariniens dont nous aurons à parler plus tard.

Mais voici qui est moins consolant.

Des difficultés s’étaient élevées entre Filly et le Chapitre de Genève. Celui-ci prétendait avoir certains droits dans les élections du monastère, dans la visite et correction à faire parmi les membres de la communauté qui lui devaient obéissance, etc... Il se fondait sur deux actes d’où pendait le sceau de Filly. L’abbé et son couvent repoussaient ces réclamations. Enfin, après bien des contestations, on en vint à une sentence arbitrale, qui fut rendue par Jean, archevêque de Vienne. Elle porte qu’à l’avenir, Filly notifiera par écrit au chapitre, huit jours à l’avance, le moment fixé pour l’élection d’un abbé, et désignera, dans le Chapitre de Genève, deux chanoines qui prendront part à cette élection, revêtus de leur costume, et y obtiendront quatre voix. Mais ceux-ci seront tenus de se conduire fidèlement dans cette circonstance, de prêter aide et conseil pour qu’un abbé capable soit nommé de la communauté de Filly, s’il y a possibilité, sinon d’un autre couvent, mais toujours de l’ordre de St-Augustin. Les chanoines de Filly, qui sont de cet ordre, ne pourront changer de règle sans le consentement du Chapitre de Genève . Cette transaction fut conclue le ] septembre 1258, vers la fin de l’épiscopat d’Aymon de Grandson qui n’y fut probablement pas étranger .

. Il est difficile d’apprécier les motifs et de connaître la portée des griefs qui déterminèrent cette sentence; on peut toutefois remarquer les phrases de la fin du document, dans lesquelles l’archevêque de Vienne statue que l’abbé de Filly sera toujours de l’ordre de St-Augustin, et qu’on ne pourra changer de règle sans le consentement du chapitre.

Cette clause laisserait supposer qu’on craignait le retour des hommes et des événements qui avaient porté Filly à se soumettre à Aulps et à Ainay.

L’abbé Guillaume touchait à la fin de son règne abbatial. Il figure une dernière fois, en juin (janvier?) 1260, dans une vente de cinq coupes annuelles de froment, faite, à l’abbaye d’Aulps, par Ne Pierre de Jussier et dame Ambrosie son épouse , et, la même année, parait son successeur, l’abbé Henry.

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